canaba


CANABA. — Ce mot (écrit aussi kanaba, cannaba, canapa, canava) ne se rencontre pas dans les auteurs de la bonne latinité, mais bien dans les glossaires de basse époque; on le trouve dans les inscriptions dès le temps des Césars. Il désigne des constructions légères, également faciles à élever et à enlever rapidement, particulièrement les baraques des vivandiers et des marchands qui venaient s'établir dans le voisinage des camps. Plusieurs inscriptions parmi celles qui contiennent les noms de canabae ou de canabenses, c'est-à-dire qui mentionnent ces baraquements et ceux qui les habitaient, y ajoutent le mot legionis, indiquant ainsi expressément que ces agglomérations s'étaient formées autour des légions; il est clair qu'auprès de toutes il dut en exister de semblables. Lorsqu'elles eurent des stations fixes, les boutiques et les magasins des marchands à leur suite, qui n'étaient aussi jusqu'alors que des camps volants, prirent vite le caractère et l'aspect de villages et de bourgs; des soldats des cohortes auxiliaires, des légionnaires même, qui avaient reçu l'honesta missio et le conubium, mariés par conséquent à des femmes étrangères et pouvant transmettre à leurs enfants la qualité de citoyen romain, grossissaient la population des canabae. Lorsque ceux-ci avaient acquis une importance suffisante, ils recevaient une administration semblable à celle du vicus. Toutefois il est probable que pendant longtemps les canabenses, organisés en collèges, ne furent pas citoyens et ne jouirent d'aucun des privilèges attachés à cette qualité, pas plus que les canabae n'eurent droit au titre et à l'organisation du municipium. Il en fut probablement ainsi jusqu'à Hadrien. A partir de ce moment les établissements les plus importants formés autour des stations militaires reçurent successivement l'organisation municipale.
                                                                                                            E. Saglio

Dictionnaires des Antiquités Grecques et Romaines