decennalia


Fêtes publiques qu'on célébrait tous les dix ans, sous l'empire romain. On avait institué à Rome des jeux et des sacrifices solennels pour demander aux dieux la conservation de la santé de l'empereur (pro salute Caesaris) : c'étaient les fêtes des voeux publics qu'on célébrait tous les ans [VOTUM].

Mais, de ces voeux annuels il faut distinguer ceux qui ne revenaient périodiquement qu'après un nombre d'années déterminé; ceux-ci s'appellent quinquennalia, decennalia, quindecennalia, vicennalia... selon qu'ils sont célébrés tous les cinq ans, tous les dix ans, tous les quinze ans, tous les vingt ans... L'origine des decennalia paraît remonter jusqu'à l'époque républicaine, car Tite Live raconte que sous le consulat de C. Popillius Laenas, en 582 de Rome (172 av. J.-C.), le sénat décréta des jeux et des sacrifices en l'honneur de Jupiter, pour que la république restât dix ans dans la même situation prospère.

Quoi qu'il en soit, l'organisation régulière des decennalia ne remonte qu'à Auguste qui les institua en l'an de Rome 727 (27 av. J.-C.), lorsque le pouvoir souverain lui fut prorogé d'abord pour dix années (decennium), puis successivement tous les dix ans jusqu'à sa mort. Tibère, bien qu'il ne voulût point se soumettre à la même épreuve décennale, continua néanmoins de faire célébrer tous les dix ans les fêtes instituées par Auguste. Les historiens de l'antiquité ne parlent point des decennalia sous les successeurs immédiats de Tibère, mais on en retrouve la trace à partir d'Antonin le Pieux, le premier qui les ait inscrits sur ses monnaies. Les premiers decennalia de cet empereur sont ainsi annoncés sur les médailles : PRIMI DECENNALES; ils datent du IVè consulat de l'empereur, c'est-à-dire de l'an 148 de notre ère. Les seconds decennalia d'Antonin le Pieux sont ainsi mentionnés : VOTA SOL. DEC. II; les troisièmes: VOTA SUSCEPTA DEC. III.

A partir de ce moment, les decennalia se rencontrent constamment et jusqu'à la chute de l'empire sur les médailles, en concurrence avec les autres fêtes périodiques que nous avons mentionnées. On trouve quelquefois : VOT. X. ; sur des monnaies de Constantin, on a : FELICIA DECENNALIA. Les mots suscepta et soluta qu'on rencontre souvent à la suite du mot decennalia se rapportent, l'un au commencement, l'autre à la fin de la période décennale, c'est-à-dire au moment où les voeux sont formés (suscepta), et du moment où ils sont accomplis (soluta). La couronne de laurier qui figure sur les médailles frappées en souvenir de ces fêtes, est celle qu'on offrait à l'empereur.
                                                                                                                                 E. Babelon.


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