patricia luna


[454] 1 Apud Romanos nihil notius quam " διαφέρειν δοκοῦντας εὐγενείᾳ " solitos in calceis ferre " σεληνίδας " autore Plutarcho.
[454] 2 Philostratus de consule verba faciens, ait eum tulisse : " ἐν ὑποδήμασι ξύμβολον τῆς εὐγενείας" illud autem quale fuerit sic explicat, τοῦτο δέ ἐστιν ἐπισφύριον ἐλεφάντινον μηνοειδὲς, talare eburneum lunae imaginem praeferens. [454] 3 Hinc Papinius eleganter " patritiam lunam " indigitat, et Poëta vetus alter generis dignitatem adumbrans ita canit : " […] nobilis et generosus // Appositam nigrae Lunam subtexit alutae ".

[454] On sait bien que chez les Romains, " ceux qui passaient pour être d'une naissance supérieure " avaient l'habitude de porter sur leurs chaussures des " lunules " comme en témoigne Plutarque.
[455] Philostrate parlant d'un consul dit de lui qu'il portait " sur ses chaussures le symbole de la noblesse " et il explique qu'il s'agissait de " sur-chevilles en ivoire de la forme d'un croissant de lune ", c'est-à-dire de " talonnières " en ivoire ayant la forme de la lune. [456] Papirius Statius mentionne à son tour avec élégance " la lune patricienne " et un autre poète de l'antiquité suggérant la dignité de cette classe la chante en ces termes : " (sort-on d'une famille antique et illustre : on a la gloire d'attacher le croissant à sa chaussure noire ".



1. Citation Plutarque, Moralia, " Aetia Romana et Graeca " ; [282] [a]  ( fr.76)  Διὰ τί τὰς ἐν τοῖς ὑποδήμασι σεληνίδας οἱ διαφέρειν δοκοῦντες εὐγενείᾳ φοροῦσιν ; Πότερον, ὡς Κάστωρ φησί, (Fr. Gr. Hist. 250 F. 16) σύμβολόν ἐστι τοῦτο τῆς λεγομένης οἰκήσεως ἐπὶ τῆς σελήνης καὶ ὅτι μετὰ τὴν τελευτὴν αὖθις αἱ ψυχαὶ τὴν σελήνην ὑπὸ πόδας ἕξουσιν, ἢ τοῖς παλαιοτάτοις τοῦθ´ ὑπῆρχεν ἐξαίρετον; Οὗτοι δ´ ἦσαν Ἀρκάδες τῶν ἀπ´ Εὐάνδρου Προσελήνων λεγομένων. Ἤ, καθάπερ ἄλλα πολλά, καὶ τοῦτο τοὺς ἐπαιρομένους καὶ μέγα φρονοῦντας ὑπομιμνήσκει τῆς ἐπ´ ἀμφότερον : τῶν ἀνθρωπίνων μεταβολῆς παράδειγμα ποιουμένους τὴν σελήνην, ὡς " Ἐξ ἀδήλου πρῶτον ἔρχεται νέα // πρόσωπα καλλύνουσα καὶ πληρουμένη, // χὤταν περ αὑτῆς εὐγενεστάτη φανῇ,// πάλιν διαρρεῖ κἀπὶ μηδὲν ἔρχεται; " Ἢ πειθαρχίας ἦν μάθημα βασιλευομένους μὴ δυσχεραίνειν, ἀλλ´ ὥσπερ ἡ σελήνη προσέχειν ἐθέλει τῷ κρείττονι καὶ δευτερεύειν " Ἀεὶ παπταίνουσα πρὸς αὐγὰς ἠελίοιο " κατὰ τὸν Παρμενίδην οὕτω τὴν δευτέραν τάξιν ἀγαπᾶν χρωμένους τῷ ἡγεμόνι καὶ τῆς ἀπ´ ἐκείνου δυνάμεως καὶ τιμῆς ἀπολαύοντας; (fin.)
▬ Traduction : Plutarque, Moralia, trad. Ricard, TII, 1844. 76. Pourquoi les citoyens d'une naissance distinguée portent-ils sur leurs souliers de petites lunes? Est-ce, comme le dit Castor, pour marquer le séjour qu'on prétend que nous faisons au-dessus de la lune, et qu'après la mort, les âmes auront encore la lune sous leurs pieds? Est-ce une marque distinctive des anciennes familles qui descendent des Arcadiens venus avec Évandre, et qu'on disait être nés avant la lune ? Est-ce, comme bien d'autres usages de cette nature, pour avertir les hommes enflés de leur puissance que la fortune est sujette à changer? Vicissitude désignée par la lune, " 'Qui, faible dans sa nouveauté, // S'accroît en peu de jours, et sa face arrondie // Brille de tous ses feux ; mais bientôt affaiblie, // En aussi peu de jours elle perd sa clarté ". Est-ce une leçon d'obéissance qu'on a voulu leur donner en leur insinuant que, comme la lune se tient dans la dépendance du soleil, " Qu'elle a toujours les yeux fixés sur ses rayons ", comme dit Parménide, ils doivent de même se contenter de la seconde place, obéir aux magistrats et recevoir d'eux la portion de pouvoir qu'ils jugent à propos de leur communiquer ? ".

▬ Isidore de Séville prétend lui que la lunula représentait la lettre C, c'est à dire le nombre des cent premiers sénateurs, créés par Romulus. Voir Etymologies, XIX, 34. Jules Lacroix explique que c'était une boucle ou une agrafe ; selon les uns on la portait sur le devant ; selon d'autres sur l'arrière de la cheville… (Site de Philippe Remacle). (Cressolle en utilisant " talare " suggère cette seconde interprétation).

2.→ [400] " ἐν ὑποδήμασι " = in calceis " ξύμβολον " : symbole " Εὐγενείας " = nobilitatis " " τοῦτο δέ ἐστιν " = hoc est " ἐπισφύριον " = talare " ἐλεφάντινον "= eburneum " μηνοειδὲς " = lunae imaginem praeferens Talare, is, n sg de Tălārĭa, ĭum, n : chevilles (du pied) ; talonnières, sandales avec des ailes […].
Citation Flavius Philostrate, Vitae sophistarum, éd. Carolus Ludovicus Kayser, Claudius Galenus, 1838. (p. 62) Livre II, " Hérode Atticus " 1° discours, ch.VIII, § 555. Philostrate raconte un épisode de la vie d'Hérode qui est accusé d'avoir fait tuer sa femme Regilla par son affranchi Alcimédon. C'est Braduas le frère de Regilla qui porte l'accusation devant le tribunal romain. Braduas, est consul ordinarius en 160. Philostrate écrit alors de Braduas " il était très réputé à la cour et portait adapté à sa chaussure le symbole de la noblesse, " un couvre cheville " en ivoire, en forme de lune ". ("Βραδούας ὁ τῆς Ῥηγίλλης ἀδελφὸς εὐδοκιμώτατος ὢν ἐν ὑπάτοις καὶ τὸ ξύμβολον τῆς εὐγενείας περιηρτημνος τῷ ὑποδήματι, τοῦτο δέ ἐστιν ἐπισφύριον ἐλεφάντινον μηνοειδές"). Comme Braduas n'apportait pas d'argument efficace mais se vantait de sa haute noblesse, Hérode lui lança alors : " toi tu portes ta noblesse sur tes talons " ("Σὺ, ἔφη, τὴν εὐγένειαν ἐν τοῖς ἀστραγάλοις ἔχεις").
Article Dominique Côté, " Sophistique et pouvoir chez Philostrate ", Cahiers des études anciennes. En ligne [ http://etudesanciennes.revues.org/157].

3.→ [454] Indigito = indĭgĕto, āre (tr) : invoquer selon le rituel une divinité ; prononcer, adresser une prière Adumbrare : esquisser Generis = " la naissance ". Aluta, alutae, f : […] soulier en cuir souple Subtexo, ĕre, texŭi, textum (tr) : tisser sous, dessous; par-devant ; dans, avec, ajouter en tissant […].
Citation 1) Stace, Silves, V, 2, " Exhortation à Crispinus ", Vers 27-28 " Sic te, clare puer, genitum sibi curia sensit, // primaque patricia clausit uestigia luna ". // ▬ Vers 27-28 " Ainsi, noble enfant, le sénat te sentit né pour lui, et enferma dès lors tes premiers pas dans la chaussure patricienne. Trad. Ed. M.Nisard, Paris,1851 (Site Itinera Electronica). Publius Papinius Statius ( 45 -96 ap. J.C.) .
Citation 2) Juvénal, Sat VII, "Misère des gens de lettres " Juvénal Satire VII, vers 191-192 " Felix, et sapiens, et nobilis, et generosus, // Appositam nigrae lunam subtexit alutae " ▬ " Qu'on naisse heureux, on a beauté, courage; on sort // D'une famille antique, illustre; on a la gloire // D'attacher le croissant à sa chaussure noire " trad. Jules Lacroix (Site de Philippe Remacle).
                                                                                             Jean-Paul Woitrain