BELLONA. — Bellone, déesse guerrière, qui doit probablement être identifiée avec une divinité de la Sabine, Nerio.
Elle est tantôt comme celle-ci appelée l'épouse de Mars, et tantôt sa
soeur. Son culte paraît avoir été porté à Rome par la famille sabine
des Claude, qui avaient pris d'elle, à ce qu'il semble, le surnom de Nero.
Dès l'an 493 av. J.-C., le consul Appius Claudius Regillus consacra à
Rome, dans un temple de Bellone, les images de ses ancêtres : en 296
av. J.-C., Appius Claudius Caecus en bâtit un autre pour accomplir un
voeu qu'il avait fait pendant la guerre contre les Étrusques et les
Samnites. Ce temple était situé en dehors de la ville à l'extrémité du
Champ de Mars : c'est pourquoi il avait été choisi comme lieu de
réception, et le sénat y attendait les généraux vainqueurs qui
réclamaient les honneurs du triomphe et les ambassadeurs des
nations étrangères, quand celles-ci n'avaient pas avec Rome des
liens qui permissent de les accueillir dans l'enceinte du
Pomoerium. Devant ce temple était la colonne d'où le fécial lançait une
javeline en signe de déclaration de guerre.
Bellone était
représentée armée d'une lance, d'un fouet ou d'une torche. C'est elle,
pense-t-on, qu'il faut reconnaître, au revers de la tête de Mars, sur
des médailles de la Lucanie et du Bruttium. La déesse italienne y a
tous les traits de la déesse grecque Enyo,
avec qui les Romains purent justement l'identifier ; mais ils
appelèrent aussi Bellone la grande déesse lunaire dont le culte,
répandu dans toute l'Asie Mineure, dans le Pont et en Thrace. avait son
principal foyer à Comane, en Cappadoce. Ce culte fut introduit à Rome après les guerres contre Mithridate. Un temple fut alors élevé à la divinité étrangère, volontairement confondue avec la Bellona italienne; il était desservi par un collège de prêtres et de prêtresses cappadociens, que l'on trouve désignés sous le nom de bellonarii ou fanatici de aede Bellonae pulvinensis. Aux jours de fête de la déesse, ils couraient par la ville au bruit des trompettes et des tambourins, vêtus d'habits noirs et portant des bonnets de laine noire sur la tête, armés d'une hache à double tranchant. On voit ici l'effigie
d'un bellonaire, d'après une pierre funéraire, dont l'inscription fait
connaître que ce personnage était cistophore du temple de Bellone.
La ciste est à ses pieds ; il porte deux haches dans une de ses mains,
et dans l'autre une branche de laurier; sa tête est ceinte du même
feuillage; de sa couronne, ornée de médaillons, pendent des
bandelettes; à son col est un collier, qui a la forme d'un serpent
à deux têtes. Winckelmann a aussi reconnu une image de
Bellone dans un fragment de bas-relief où l'on voit la statue mutilée
d'une femme armée, debout sur un cippe; à ses pieds
se tiennent une prêtresse prête à sacrifier un coq, et un homme nu,
sans doute un bellonaire, qui danse et semble se lacérer lui-même avec
un glaive.
Une médaille de Comane, qui
appartient à l'époque impériale, nous montre les traits sous
lesquels on se représentait alors la divinité asiatique, la tête
environnée de rayons, tenant une massue d'une main et de l'autre un bouclier. E. SAGLIO.
Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines
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