consilium


CONSILIUM. - Un conseil était, dès l'origine de Rome, placé près de tout magistrat, et pouvait être réclamé par un juge, pour l'aider des lumières des consiliarii ou membres du consilium. Sous la royauté, le roi lui-même avait pour conseil le Sénat, qui joua plus tard, sous la république, le même rôle près des consuls. En guerre ceux-ci consultaient les sénateurs qui se trouvaient à leur portée, ou bien on leur donnait par avance, pour les éclairer, un comité de dix membres du Sénat. Les préteurs avaient un conseil pour les aider à exercer leur juridiction, in jure, avant de délivrer l'action et de renvoyer les parties devant un juge ou devant des recuperatores ou les centuviri. Les édiles eux-mêmes avaient leur consilium, et les gouverneurs en eurent un en province. Le magistrat n'était pas lié par l'avis de son conseil, et conservait la responsabilité de sa décision, mais l'usage ne lui permettait guère de statuer, dans les cas graves, sans l'avoir consulté. On mentionne souvent qu'il a décidé consilii sententiā. La loi Ælia Sentia en organisa un spécial pour autoriser certains affranchissements. Le père de famille, pour exercer sa puissance sur les enfants ou sur la femme s'entourait du conseil de ses proches (consilium propinquorum ou consilium domesticum). Le juge juré pouvait aussi, en matière civile, s'éclairer des avis d'un jurisconsulte ou d'un expert. En matière criminelle, le consul ou le préteur, en présence du droit de provocatio, n'avait pas besoin de conseil, mais le proconsul ou le propréteur en usait naturellement en province.

Le mot consilium se disait quelquefois d'une section du tribunal des centumvirs.

Le collège ou conseil formé en vertu de la loi 
Ælia Sentia pour assister le préteur à Rome ou le proconsul en province dans l'exercice de sa juridiction gracieuse, se composait, à Rome, de cinq sénateurs et cinq chevaliers, et en province, de vingt recuperatores choisis par le gouverneur, dans la réunion appelée conventus et réunis le dernier jour des assises; quelquefois ils sont appelés judices.

En matière administrative, il est rare qu'un magistrat Rome consulte un autre conseil que le Sénat, et pourtant ce n'est point sans exemple. Les censeurs ont un conseil spécial; mais, en province, le proconsul ou propréteur consulte aussi bien ses officiers en conseil de guerre que ses associés ou comices en affaires même non contentieuses. En 69 de J.-C., le proconsul de Sardaigne prononce un décret ex consilio sur un procès de limites entre deux communes. En matière religieuse, non seulement pour l'art augural, le magistrat s'entoure d'experts, mais l'augur lui-même a son consilium, et quelquefois le collège des pontifes joue, en matière de judicatio, le rôle de consilium à l'égard de son chef.

En matière répressive, on reprochait à Tarquin le Superbe d'avoir statué sans conseil. Sous la république, dans les cas où le magistrat pouvait décider sans provocatio le conseil était exigé, more majorum, comme dans certaines qu
æstiones extraordinariæ. Après l'institution des cours d'assises on nomma consilium la section des juges jurés appelés à connaître d'un crime. Mais dans ce cas le préteur ou président (judex quaestionis) était lié par la décision de la majorité des jurés qu'il était tenu de proclamer. Il en fut de même sous l'empire après l'abolition des quæstiones perpetuæ, pour le præfectus urbi et les gouverneurs, dont les ascenseurs formaient le consilium. L'empereur eut ses conseillers, et le préfet du prétoire et les autres magistrats leurs assesseurs organisés régulièrement et pourvus de traitements.
                                                                                                                  G. Hermas.

Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines