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αὐτίκα
παῖς εὐθὺς γενόμενος ἄνθρωπος πᾶς ἡγεῖται πάντα ἱκανὸς εἶναι
γιγνώσκειν, [727β]
καὶ τιμᾶν οἴεται ἐπαινῶν τὴν αὑτοῦ ψυχήν, καὶ προθυμούμενος
ἐπιτρέπει
πράττειν ὅτι ἂν ἐθέλῃ · τὸ δὲ νῦν λεγόμενόν ἐστιν ὡς δρῶν ταῦτα βλάπτει
καὶ οὐ τιμᾷ · δεῖ δέ, ὥς φαμεν, μετά γε θεοὺς δευτέραν. οὐδέ
γε ὅταν
ἄνθρωπος τῶν αὑτοῦ ἑκάστοτε ἁμαρτημάτων μὴ ἑαυτὸν αἴτιον ἡγῆται καὶ τῶν
πλείστων κακῶν καὶ μεγίστων, ἀλλὰ ἄλλους, ἑαυτὸν δὲ ἀεὶ ἀναίτιον
ἐξαιρῇ, τιμῶν τὴν αὑτοῦ ψυχήν, ὡς δὴ δοκεῖ, ὁ δὲ [727ξ]
πολλοῦ δεῖ δρᾶν τοῦτο· βλάπτει γάρ. οὐδ᾽ ὁπόταν ἡδοναῖς παρὰ λόγον τὸν
τοῦ νομοθέτου καὶ ἔπαινον χαρίζηται, τότε οὐδαμῶς τιμᾷ, ἀτιμάζει δὲ
κακῶν καὶ μεταμελείας ἐμπιμπλὰς αὐτήν. οὐδέ γε ὁπόταν αὖ τἀναντία τοὺς ἐπαινουμένους
πόνους καὶ φόϐους καὶ ἀλγηδόνας καὶ λύπας μὴ διαπονῇ
καρτερῶν ἀλλὰ ὑπείκῃ, τότε οὐ τιμᾷ ὑπείκων · ἄτιμον γὰρ αὐτὴν ἀπεργάζεται δρῶν
τὰ τοιαῦτα σύμπαντα.
οὐδ᾽ ὁπόταν
[727δ] ἡγῆται
τὸ ζῆν πάντως ἀγαθὸν εἶναι, τιμᾷ, ἀτιμάζει δ᾽ αὐτὴν καὶ τότε· τὰ γὰρ ἐν
Ἅιδου πράγματα πάντα κακὰ ἡγουμένης τῆς ψυχῆς εἶναι, ὑπείκει καὶ οὐκ
ἀντιτείνει διδάσκων τε καὶ ἐλέγχων ὡς οὐκ οἶδεν οὐδ᾽ εἰ τἀναντία
πέφυκεν μέγιστα εἶναι πάντων ἀγαθῶν ἡμῖν τὰ περὶ τοὺς θεοὺς τοὺς ἐκεῖ.
οὐδὲ μὴν πρὸ ἀρετῆς ὁπόταν αὖ προτιμᾷ τις κάλλος, τοῦτ' ἔστιν οὐχ
ἕτερον ἢ ἡ τῆς ψυχῆς ὄντως καὶ πάντως ἀτιμία. ψυχῆς γὰρ σῶμα
ἐντιμότερον οὗτος ὁ λόγος φησὶν εἶναι, [727e]
ψευδόμενος · οὐδὲν γὰρ γηγενὲς Ὀλυμπίων ἐντιμότερον,
ἀλλ' ὁ περὶ ψυχῆς ἄλλως δοξάζων ἀγνοεῖ ὡς
θαυμαστοῦ τούτου κτήματος ἀμελεῖ.
Platon, les lois, 5, 727a, etc.
C'est ainsi que chaque homme dès l'enfance, se croyant capable de tout
connaître et pensant honorer son âme en la louant, s'empresse de lui
accorder la liberté de faire ce qu'elle veut. Mais nous, nous disons
que se comporter ainsi, c'est nuire à son âme, au lieu de l'honorer,
car il faut, disons-nous, lui accorder le premier rang après les dieux.
Ce n'est pas non plus l'honorer de ne jamais reconnaître ses fautes et
la plupart de ses défauts, même les plus considérables, d'en rendre les
autres responsables, et de se tirer toujours du nombre des coupables,
croyant par là honorer son âme, alors qu'il s'en faut de beaucoup, et
qu'on ne fait que lui nuire. On ne l'honore pas du tout non plus,
lorsqu'au mépris des prescriptions et des recommandations du
législateur, on s'abandonne aux plaisirs; on la déshonore, au
contraire, en la remplissant de maux et de remords. De même, lorsqu'on
ne se donne pas la peine de surmonter les travaux loués au contraire
par le législateur, les craintes, les douleurs et les chagrins, et
qu'on y cède, on ne l'honore pas du tout, puisque en s'abandonnant à
toutes ces faiblesses, on la rend indigne d'être honorée. On ne
l'honore pas davantage, lorsqu'on se persuade que la vie est de toutes
manières un bien; au contraire, on la déshonore par là; car, si l'âme
se persuade qu'il n'y a que du mal dans l'Hadès, on cède à cette idée
sans résister, et l'on fait voir et l'on démontre qu'on ne sait pas si
les dieux de là-bas ne nous réservent pas au contraire les plus grands
des biens. De même préférer la beauté à la vertu, ce n'est pas autre
chose que déshonorer son âme réellement et entièrement; c'est, en
effet, dire, contre toute vérité, que le corps est plus estimable que
l'âme; car rien de ce qui est né de la terre n'est plus estimable que
ce qui vient du ciel, et quiconque pense autrement de son âme ignore
quel admirable bien il dédaigne.
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παῖς εὐθὺς γενόμενος : dès l'enfance.
τὸ δὲ νῦν λεγόμενόν : ce qui est dit maintenant.
καὶ οὐ τιμᾷ : et ne pas l'honorer (au lieu de l'honorer)
τιμάω-ῶ : évaluer; honorer, estimer; récompenser.
(τιμάομαι) τιμῶμαι : réclamer une pein de.
πολλοῦ τιμᾶσθαι : estimer haut, attribuer une grande valeur.
πλείονος τιμᾶσθαι, μείζονος τιμᾶσθαι : évaluer plus cher, estimer
davantage.
δεῖ δέ (τιμᾷ), ὥς φαμεν, μετά γε θεοὺς δευτέραν : car il faut,
disons-nous, lui accorder le *deuxième rang après celui des dieux.
πολὺ δεύτερος μετά τι : qui vient tout à fait en seconde ligne après
quelque chose, de beaucoup inférieur à quelque chose.
ὁ δὲ πολλοῦ δεῖ δρᾶν τοῦτο : il s'en faut de beaucoup qu'il fasse cela.
δράω-ῶ (imparf. ἔδρων, futur δράσω ; aor. ἔδρασα, parf. δέδρακα; passif
aor. ἐδράσθην, parf. δέδραμαι) : faire, exécuter.
βλάπτω (imparf. ἔϐλαπτον, futur βλάψω, aor. ἔϐλαψα, parf. βέϐλαφα;
passif futur βλαϐήσομαι, aor.1 ἐϐλάφθην, aor.2 ἐϐλάϐην, parf.
βέϐλαμμαι) : léser, endommager, nuire.
γηγενής, ής, ές : né de la terre; issu de la
terre.
Ὀλύμπιος, α ou
ος, ον : de l’Olympe, Olympien ou
Olympique; par ext. du ciel.
memento
o Ὀλύμπιος : l'Olympien, Zeus.
ἔντιμος, ος, ον : qui a de la valeur; estimé, considéré, honoré.
ἐντιμότερος : plus estimé.
θαυμαστός, ή, όν : étonnant, merveilleux, extraordinaire. --- cf. dico Bailly version établie par
Gérard Gréco.
ἀμελέω, -ῶ (futur ἀμελήσω, aor. ἠμέλησα, parf. ἠμέληκα) : ne pas
s’inquiéter, négliger.
οὐδὲν γὰρ γηγενὲς Ὀλυμπίων ἐντιμότερον, ἀλλ' ὁ περὶ ψυχῆς
ἄλλως δοξάζων ἀγνοεῖ ὡς θαυμαστοῦ τούτου κτήματος ἀμελεῖ : car rien de
ce qui est né de la terre n'est plus estimable que
ce qui vient du ciel, et quiconque pense autrement de son âme ignore
quel admirable bien il dédaigne.
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Le vrai Stoïcien
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Τηρεῖτε
οὕτως ἑαυτοὺς ἐν οἷς ἐπράσσετε καὶ εὑρήσετε τίνος ἔσθ' αἱρέσεως. τοὺς
πλείστους ὑμῶν Ἐπικουρείους εὑρήσετε ... Στωικὸν δὲ δείξατέ μοι, εἴ
τινα ἔχητε. ποῦ ἢ πῶς; ἀλλὰ τὰ λογάρια τὰ Στωικὰ λέγοντας μυρίους. τὰ
γὰρ Ἐπικούρεια αὐτοὶ οὗτοι χεῖρον λέγουσι; τὰ γὰρ Περιπατητικὰ οὐ καὶ
αὐτὰ ὁμοίως ἀκριϐοῦσιν;
τίς οὖν ἐστι Στωικός; ὡς λέγομεν ἀνδριάντα
Φειδιακὸν τὸν τετυπωμένον κατὰ τὴν τέχνην τὴν Φειδίου, οὕτως τινά μοι
δείξατε κατὰ τὰ δόγματα ἃ λαλεῖ τετυπωμένον. δείξατέ μοί τινα νοσοῦντα
καὶ εὐτυχοῦντα, (κινδυνεύοντα καὶ εὐτυχοῦντα,)
ἀποθνῄσκοντα καὶ
εὐτυχοῦντα, πεφυγαδευμένον
καὶ εὐτυχοῦντα, ἀδοξοῦντα καὶ εὐτυχοῦντα.
δείξατ'· ἐπιθυμῶ τινα νὴ τοὺς θεοὺς ἰδεῖν Στωικόν. ἀλλ' οὐκ ἔχετε τὸν τετυπωμένον
δεῖξαι · τόν γε τυπούμενον
δείξατε, τὸν ἐπὶ ταῦτα κεκλικότα.
εὐεργετήσατέ με· μὴ φθονήσητε ἀνθρώπῳ γέροντι ἰδεῖν θέαμα, ὃ μέχρι νῦν
οὐκ εἶδον. οἴεσθε ὅτι τὸν Δία τὸν Φειδίου δείξετε ἢ τὴν Ἀθηνᾶν,
ἐλεφάντινον καὶ χρυσοῦν κατασκεύασμα, ψυχὴν δειξάτω τις ὑμῶν ἀνθρώπου
θέλοντος ὁμογνωμονῆσαι τῷ θεῷ καὶ μηκέτι μήτε θεὸν μήτ'
ἄνθρωπον
μέμφεσθαι, μὴ ἀποτυχεῖν τινος, (μὴ περιπεσεῖν
τινι,) μὴ ὀργισθῆναι, μὴ
φθονῆσαι, (μὴ ζηλοτυπῆσαι) .... θεὸν ἐξ ἀνθρώπου ἐπιθυμοῦντα
γενέσθαι
καὶ ἐν τῷ σωματίῳ τούτῳ τῷ νεκρῷ περὶ τῆς πρὸς τὸν Δία κοινωνίας
βουλευόμενον.
Epictète, Entretien, II, 19, 20-27
Observez
vous-mêmes en tout ce que vous faites, et vous découvrirez de quelle
école vous êtes. Vous découvrirez que la plupart d'entre vous sont
Épicuriens. ... Mais montrez-moi un un Stoïcien, si vous en avez. Où et
comment ? Oui, je sais, des gens qui récitent les maximes stoïciennes,
vous en avez des milliers : au fait, ces mêmes gens récitent-ils plus
pal les maximes épicuriennes ? Qu'est-ce donc qu'un Stoïcien ? De même
que nous appelons "phidiaque" une statue qui porte la statue qui porte
la marque de l'art de Phidias, ainsi montrez-moi un homme qui porte la
marque des opinions qu'il proclame. Montrez-moi un homme malade et
heureux, en danger et heureux, mourant et heureux, exilé et heureux,
méprisé et heureux. Montrez-le : j'ai le désir, par les dieux, de voir
un Stoïcien. Mais vous ne pouvez montrer l'homme qui porte cette
marque; du moins celui qui se modèle, celui qui est déjà orienté dans
cette direction. Faites-moi cette faveur : ne refusez pas à un vieil
homme la vue d'un spectacle que je n'ai pas vu jusqu'ici. Vous vous
imaginez que vous devez me montrer le Zeus de Phidias ou l'Athéna, une
œuvre d'ivoire et d'or ? C'est une âme que l'un de vous doit me
montrer, l'âme d'un homme qui veuille accorder sa volonté à celle de
Dieu, ne plus récriminer ni contre Dieu ni contre un homme, ni plus se
mettre en colère, ni plus envier, qui désire, d'homme qu'il est,
devenir dieu et, dans ce misérable corps de mort, aspire à la société
de Zeus.
trad. P. Poulain; éd. J. de Gigord (collection A. Dain)
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s.. |
τηρέω-ῶ (futur τηρήσω, aor. ἐτήρησα, parf.
τετήρηκα) : observer, épier,
guetter; garder, avoir la garde de.
οὕτω, devant
une voyelle, οὕτως, adv. : ainsi, de cette façon.
οὕτως ... ὥστε : tellement.... que.
τηρεῖτε οὕτως ἑαυτοὺς ἐν οἷς ἐπράσσετε : ainsi donc observez vous-mêmes
en tout ce que vous faites.
αἵρεσις, εως (ἡ) : choix, préférence; secte (philosophique); cf. hérésie.
εὑρήσετε τίνος ἔσθ'
αἱρέσεως : vous
découvrirez de quelle école vous êtes.
τοὺς πλείστους ὑμῶν Ἐπικουρείους εὑρήσετε : vous découvrirez que la
plupart
d'entre vous sont Épicuriens.
εὑρίσκω (imparf. ηὕρισκον, futur εὑρήσω, aor. 2 ηὗρον, parf. ηὕρηκα;
passif futur εὑρεθήσομαι, aor. ηὑρέθην, parf. ηὕρημαι) : trouver,
découvrir; obtenir, se procurer.
σωμάτιον, ου (τὸ) : petit corps; corpuscule; pauvre corps, corps
misérable.
νεκρός, ά, όν : mort.
νεκρὴ θάλασσα : la mer Morte.
ἐν τῷ σωματίῳ τούτῳ τῷ νεκρῷ : dans ce misérable corps voué à la mort.
κοινωνία, ας (ἡ) : association, participation
περὶ τῆς πρὸς τὸν
Δία κοινωνίας βουλευόμενος : qui désire s'associer avec Zeus.
μὴ ζηλοτυπῆσαι θεὸν ἐξ ἀνθρώπου ἐπιθυμοῦντα γενέσθαι καὶ ἐν τῷ σωματίῳ
τούτῳ τῷ νεκρῷ περὶ τῆς πρὸς τὸν Δία κοινωνίας βουλευόμενον : ne plus
récriminer ni contre Dieu ni contre un homme, ni plus se mettre en
colère, ni plus envier, qui désire, d'homme qu'il est, devenir dieu et,
dans ce misérable corps de mort, aspire à la société de Zeus.
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Un
messager décrit à Clytemnestre le prodige qui s’est produit
au moment
où les Grecs allaient sacrifier sa fille Iphigénie pour favoriser leur
départ vers Ilion.
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Ἐς γῆν δ’ Ἀτρεῖδαι πᾶς στρατός τ’ ἔστη βλέπων.
Ἱερεὺς δὲ φάσγανον λαϐὼν ἐπεύξατο
λαιμόν
τ’ ἐπεσκοπεῖ θ’ ἵνα πλήξειεν ἄν.
Ἐμοὶ δέ τ’ ἄλγος οὐ μικρὸν εἰσῄει φρενὶ
5. κἄστην νενευκώς· θαῦμα δ’ ἦν αἴφνης ὁρᾶν.
Πληγῆς κτύπον γὰρ πᾶς τις ᾔσθετ’ ἂν σαφῶς,
τὴν παρθένον δ’οὐκ εἶδενοὗ γῆς εἰσέδυ.
Βοᾷ δ’ ἱερεύς, ἅπας δ’ ἐπήχησε στρατός,
ἄελπτον εἰσιδόντες ἐκ θεῶν τινος
10. φάσμ’, οὗ γε μηδ’ὁρωμένου πίστις παρῆν·
ἔλαφος
γὰρ ἀσπαίρουσ’
ἔκειτ’ ἐπὶ χθονὶ
ἰδεῖν μεγίστη διαπρεπής τε τὴν θέαν,
ἧς αἵματι βωμὸς
ἐραίνετ’ ἄρδην τῆς θεοῦ.
Κἀν τῷδε Κάλχας – πῶς δοκεῖς; – χαίρων ἔφη·
15. « Ὦ τοῦδ’ Ἀχαιῶν κοίρανοι κοινοῦ στρατοῦ,
ὁρᾶτε τήνδεθυσίαν, ἣν ἡ θεὸς
προύθηκε βωμίαν, ἔλαφον ὀρειδρόμον;
Ταύτην μάλιστα τῆς κόρης ἀσπάζεται,
ὡς μὴ μιαίνῃ βωμὸν εὐγενεῖ φόνῳ.
20. Ἡδέως τε τοῦτ’ ἐδέξατο καὶ πλοῦν οὔριον
δίδωσιν ἡμῖν Ἰλίου τ’ ἐπιδρομάς. »
πρὸς ταῦτα πᾶς τις θάρσος αἶρε ναυϐάτης
χώρει τε πρὸς ναῦν.
Euripide, Iphigénie
à Aulis, 1577-1599
Les Atrides et toute l'armée restent immobiles, les yeux baissés vers
la terre. Le prêtre saisit le glaive, dit une prière, et examine
l'endroit de la gorge où il doit frapper à coup sûr. Et moi, j'avais le
cœur serré d'une poignante angoisse j'étais là, baissant la tête.
Soudain, ô miracle ! chacun entend distinctement le bruit du coup, et
personne ne voit où a disparu la jeune fille. Le prêtre pousse un cri,
que répète l'armée entière, au spectacle inattendu d'un prodige
accompli par quelque dieu : on le voit, et l'on ne peut y croire. Sur
le sol est étendue, palpitante, une biche de grande taille, d'une
remarquable beauté, dont le sang arrosait à flots l'autel de la déesse.
Alors Calchas s'écrie, je te laisse à penser avec quelle joie ! « Chefs
de cette grande armée achéenne, et vous, peuples, vous voyez la victime
que la déesse a fait apparaître sur son autel, cette biche des
montagnes. Elle l'agrée de préférence à la jeune vierge, pour ne pas
souiller l'autel d'un sang généreux. C'en est la rançon, qu'elle
accepte avec faveur; et maintenant elle nous accorde un vent propice et
l'assaut d'Ilion. Que tous les matelots reprennent donc courage et
courent à leurs navires.
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ἵστημι (au sens tr., impf. ἵστην, f.
στήσω, aor.1 ἔστησα, parf. inus. ;
passif fut. σταθήσομαι; aor. ἐστάθην, parf. inus. ; au sens intr.,
ao.2 ἔστην, parf. ἕστηκα, ας, ε, plur.
ἕσταμεν, ἕστατε, ἑστᾶσι ; impér.
ἕσταθι, subj. ἑστῶμεν, opt. ἑσταίην, inf. ἑστάναι, part. ἑστώς, ῶσα, ός
(non ώς) ; pl.q.pf. ἑστήκειν, att. εἱστήκη) : mettre debout, rester
immobile.
Ἐς γῆν δ’ Ἀτρεῖδαι πᾶς στρατός τ’ ἔστη βλέπων : les Atrides et toute
l'armée restent immobiles, les yeux baissés vers
la terre.
βλέπω (impf. ἔϐλεπον, fut. βλέψομαι, postér. βλέψω, aor. ἔϐλεψα, parf.
inus. ; parf. passif βέϐλεμμαι) : jouir de la vue, voir, regarder.
φάσγανον, ου (τὸ) : coutelas; épée; glaïeul.
ἐπεύχομαι : adresser une prière, prier, supplier.
ἱερεύς, έως (ὁ) : prêtre.
ἱερεύς ἐπεύξατο : le prêtre adressa une prière.
λαιμός, οῦ (ὁ) : gorge, gosier.
ἐπισκέπτομαι : aller examiner ou visiter.
πλήσσω, att. πλήττω
(futur rare
et poét. πλήξω, aor. ἔπληξα, parf.2 πέπληγα) : frapper.
ἐπεσκοπεῖ ἵνα πλήξειεν ἄν : il examina l'endroit où il devait frapper.
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Belles pensées à
mon réveil.
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[1]
Ὄρθρου, ὅταν δυσόκνως ἐξεγείρῃ, πρόχειρον ἔστω ὅτι ἐπὶ ἀνθρώπου ἔργον ἐγείρομαι.
Ἔτι οὖν δυσκολαίνω, εἰ πορεύομαι ἐπὶ τὸ ποιεῖν, ὧν ἕνεκεν
γέγονα καὶ ὧν χάριν προῆγμαι εἰς τὸν κόσμον; ἢ ἐπὶ τοῦτο κατεσκεύασμαι,
ἵνα κατακείμενος ἐν στρωματίοις ἐμαυτὸν θάλπω ; [2]
" Ἀλλὰ τοῦτο ἥδιον." Πρὸς τὸ ἥδεσθαι οὖν γέγονας, ὅλως δὲ πρὸς πεῖσιν,
οὐ πρὸς ἐνέργειαν; Οὐ βλέπεις τὰ φυτάρια, τὰ στρουθάρια,
τοὺς μύρμηκας,
τοὺς ἀράχνας, τὰς μελίσσας
τὸ ἴδιον ποιούσας, τὸ καθ᾽ αὑτὰς
συγκοσμούσας κόσμον; [3] Ἔπειτα σὺ
οὐ θέλεις τὰ ἀνθρωπικὰ ποιεῖν ; Οὐ τρέχεις ἐπὶ τὸ κατὰ τὴν σὴν φύσιν ; [4] "
ἀλλὰ δεῖ καὶ ἀναπαύεσθαι."
Δεῖ· φημὶ κἀγώ.
Ἔδωκε μέντοι καὶ τούτου
μέτρα ἡ φύσις, ἔδωκε μέντοι καὶ τοῦ ἐσθίειν καὶ πίνειν, καὶ ὅμως σὺ
ὑπὲρ τὰ μέτρα, ὑπὲρ τὰ ἀρκοῦντα προχωρεῖς, ἐν δὲ ταῖς πράξεσιν οὐκ ἔτι,
ἀλλ᾽ ἐντὸς τοῦ δυνατοῦ. [5] Οὐ γὰρ
φιλεῖς σεαυτόν, ἐπεί τοι καὶ τὴν φύσιν ἄν σου καὶ τὸ βούλημα ταύτης
ἐφίλεις. [6] Ἄλλοι
δὲ τὰς τέχνας ἑαυτῶν φιλοῦντες συγκατατήκονται
τοῖς κατ᾽ αὐτὰς ἔργοις ἄλουτοι
καὶ ἄσιτοι ·
σὺ τὴν φύσιν τὴν σαυτοῦ ἔλασσον τιμᾷς ἢ ὁ τορευτὴς
τὴν τορευτικὴν ἢ ὁ ὀρχηστὴς τὴν ὀρχηστικὴν ἢ ὁ φιλάργυρος
τὸ ἀργύριον ἢ
ὁ κενόδοξος τὸ δοξάριον ; [7] Καὶ
οὗτοι, ὅταν προσπαθῶσιν, οὔτε φαγεῖν οὔτε κοιμηθῆναι θέλουσι μᾶλλον ἢ
ταῦτα συναύξειν, πρὸς ἃ διαφέρονται· σοὶ δὲ αἱ κοινωνικαὶ
πράξεις εὐτελέστεραι
φαίνονται καὶ ἥσσονος σπουδῆς ἄξιαι;
Marc-Aurèle, Pensées pour moi-même, V, 1-7.
[5,1]
Le matin, quand il te coûte de te réveiller, que cette pensée te soit
présente : c'est pour faire œuvre d'homme que je m'éveille. Vais-je
donc être encore être de mauvaise humeur; parce que je pars accomplir
ce à cause de quoi je suis fait, en vue de quoi j'ai été mis au monde ?
Suis-je constitué à cet effet, de rester couché et de me tenir au chaud
sous mes couvertures ? — [2] C'est
plus agréable ! Es-tu donc fait pour l'agrément ? Et, en général, es-tu
fait pour la passivité ou pour l'activité ? Ne vois-tu pas que les
plantes, les passereaux, les fourmis, les araignées et les abeilles
font leurs tâches propres et contribuent pour leur part au bon
agencement du monde ? [3] Alors
toi, tu ne veux pas faire ce qui convient à l'homme ? Tu ne cours pas à
la tâche qui est conforme à ta nature ? --- [4]
Il faut bien se reposer. ---- Oui, d'accord; mais la nature a donné des
bornes au repos : mais elle en a donné pour le manger et le boire. Et
toi cependant, tu vas au-delà des bornes, et tu dépasses ce qu’il te
faut; au contraire, quand tu agis, tu n’en fais pas autant; et tu
restes en deçà de ce que tu pourrais faire.
[5] C'est que tu ne te chéris pas toi-même. Sinon, tu
chérirais ta nature et son dessein. [6]
D'autres, qui aiment leur métier, se consument aux travaux qui s'y
rapportent sans se baigner et sans manger. Toi, estimes-tu moins ta
nature que le ciseleur son art, le danseur la danse, l'avare son
argent, le vaniteux la gloriole ? [7]
Ces gens-là, quand la passion les tient, ne veulent ni manger ni
dormir, mais bien plutôt accroître à mesure l'objet de leurs efforts.
Pour toi, les actions utiles à la communauté te paraissent-elles être
inférieures et valoir moins de soin ?
pour une
grande partie trad. Trannoy; éd. les belles lettres
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ὄρθρος, ου (ὁ) : le point du jour, l’aurore.
δυσόκνως adv. : avec regret, avec peine
δυσκολαίνω : être chagrin, être mécontent, être bourru.
τρέχω
(futur δραμοῦμαι, aor.2 ἔδραμον) : courir.
ἀναπαύω : faire cesser, arrêter, suspendre; faire se reposer; se
reposer; moyen
s’arrêter, cesser, se reposer, être couché.
οὐ
τρέχεις ἐπὶ τὸ κατὰ τὴν σὴν φύσιν ; ---
ἀλλὰ δεῖ καὶ ἀναπαύεσθαι : tu ne cours pas à la tâche qui est conforme
à ta nature ? --- Il faut bien
se reposer.
μέτρον, ου (τὸ) : mesure, juste mesure.
ὑπέρ adv. et
prép. : au-dessus, au dessus de.
συγκατατήκομαι (seul. prés.)
: se consumer ou s’épuiser avec, + datif.
συγκατατήκονται τοῖς κατ᾽ αὐτὰς ἔργοις : ils s’épuisent dans les
travaux qui les concernent.
προσπαθέω-ῶ : avoir un goût passionné pour, être pris par la passion.
διαφέρω : différer de, l'emporter sur.
διαφέρει,
impers. : il importe.
διαφέρομαι (fut. διοίσομαι, aor. διηνέχθην) : différer d'avis, se
disputer, se battre.
μᾶλλον ἢ ταῦτα
συναύξειν, πρὸς ἃ διαφέρονται : plutôt accroître les biens pour
lesquels ils se battent
memento
διαφέρειν τῷ πλούτῳ : être supérieur par la richesse.
memento
Κροῖσος ἁπάντων τῶν ἄλλων βασιλέων διέφερε τῷ πλούτῳ : Crésus
était supérieur par sa richesse à tous les autres rois.
κοινωνικός, ή, όν : disposé à partager, à donner une part de + gén.;
qui communique volontiers avec d’autres, communicatif, sociable.
τῶν ὄντων κοινωνικός : toujours prêt à partager ce qu'il possède.
τὸ κοινωνικόν : la sociabilité. --- voir
dico Bailly;
version établie par Gérard Gréco.
εὐτελής, ής, ές : voir
Bailly
compar.
εὐτελέστερος; superl.
εὐτελέστατος.
σοὶ δὲ αἱ κοινωνικαὶ
πράξεις
εὐτελέστεραι φαίνονται καὶ ἥσσονος σπουδῆς ἄξιαι; : pour toi, les actions utiles à la
communauté te paraissent-elles être
inférieures et valoir moins de soin ?
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[28]
Ἐκ τούτων ἐγίνετο πολλοῖς ἐπαχθής, καὶ οἱ μετὰ Κλωδίου συνέστησαν ἐπ´
αὐτόν, ἀρχὴν τοιαύτην λαϐόντες. Ἦν Κλώδιος ἀνὴρ εὐγενής, τῇ μὲν ἡλικίᾳ
νέος, τῷ δὲ φρονήματι θρασὺς καὶ αὐθάδης.
Οὗτος ἐρῶν Πομπηίας τῆς
Καίσαρος γυναικός, εἰς τὴν οἰκίαν αὐτοῦ παρεισῆλθε
κρύφα,
λαϐὼν ἐσθῆτα
καὶ σκευὴν ψαλτρίας· ἔθυον γὰρ ἐν τῇ Καίσαρος οἰκίᾳ τὴν ἀπόρρητον
ἐκείνην καὶ ἀθέατον
ἀνδράσι θυσίαν αἱ γυναῖκες, καὶ παρῆν ἀνὴρ οὐδείς·
ἀλλὰ μειράκιον ὢν ἔτι καὶ μήπω γενειῶν ὁ Κλώδιος ἤλπιζε λήσεσθαι
διαδὺς
πρὸς τὴν Πομπηίαν διὰ τῶν γυναικῶν. Ὡς δ´ εἰσῆλθε νυκτὸς εἰς
οἰκίαν
μεγάλην, ἠπόρει τῶν διόδων, καὶ πλανώμενον αὐτὸν ἰδοῦσα θεραπαινὶς
Αὐρηλίας τῆς Καίσαρος μητρός, ᾔτησεν ὄνομα. φθέγξασθαι δ´ ἀναγκασθέντος
αὐτοῦ καὶ φήσαντος ἀκόλουθον Πομπηίας ζητεῖν Ἄϐραν τοὔνομα, συνεῖσα
τὴν
φωνὴν οὐ γυναικείαν οὖσαν ἀνέκραγε καὶ συνεκάλει τὰς γυναῖκας. Αἱ δ´
ἀποκλείσασαι τὰς θύρας καὶ πάντα διερευνώμεναι, λαμϐάνουσι τὸν Κλώδιον,
εἰς οἴκημα παιδίσκης ᾗ συνεισῆλθε καταπεφευγότα.
τοῦ δὲ πράγματος περιϐοήτου
γενομένου, Καῖσάρ τε τὴν Πομπηίαν ἀφῆκε, καὶ
δίκην τις ἀσεϐείας
ἐγράψατο τῷ Κλωδίῳ.
Plutarque, vie de Cicéron, 28
[28] Cette habitude de
railler le rendit odieux à bien des gens, et souleva surtout contre lui
Clodius et ses partisans. Je vais dire à quelle occasion. Clodius,
jeune Romain d'une grande naissance, mais insolent et audacieux, aimait
Pompéia, femme de César : déguisé en musicienne, il se glissa
secrètement dans la maison de César, le jour que les femmes romaines y
célébraient un sacrifice mystérieux, interdit à tous les hommes. Il
n'en était pas resté un seul dans cette maison; mais Clodius, si jeune
encore qu'il n'avait pas de barbe au menton, espéra qu'il pourrait se
glisser, parmi les autres femmes, dans l'appartement de Pompéia, sans
être reconnu. Entré de nuit dans une maison très vaste, il s'égara, et
il errait de côté et d'autre, lorsqu'il fut rencontré par une des
femmes d'Aurélia, mère de César, qui lui demanda son nom. Forcé de
répondre, il dit qu'il cherchait une des femmes de Pompéia, qui se
nommait Abra. La suivante, ayant reconnu aisément que ce n'était pas la
voix d'une femme, appelle à grands cris les autres femmes, qui, étant
accourues, ferment toutes les portes, et font de si exactes recherches
qu'elles trouvent Clodius dans la chambre de l'esclave avec laquelle il
était entré. Le bruit que fit cet événement obligea César de répudier
Pompéia, et de citer Clodius devant les tribunaux, pour crime d'impiété.
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ἐπαχθής, ής, ές : lourd, pesant; qui est à
charge,
importun,
insupportable, odieux.
τὸ ἐπαχθές : caractère insupportable, caractère odieux.
compar.
ἐπαχθέστερος; superl.
ἐπαχθέστατος.
étym.
ἐπί, ἄχθος, εος-ους (τὸ) : charge, fardeau.
γίγνομαι (imparf. ἐγιγνόμην, futur γενήσομαι, aor.2 ἐγενόμην, parf.
γέγονα et γεγένημαι) : devenir, être fait; avec attrib.
être (avec aor ou parf.).
έκ τούτων ἐγίνετο πολλοῖς ἐπαχθής : à la suite de ces propos il était
devenu odieux pour bien des gens.
συνίστημι, anc. att. ξυνίστημι : réunir, rassembler; se réunir
(contre), se concerter (contre), comploter.
imparf. συνίστην, futur συστήσω, aor.1 συνέστησα, parf. συνέστακα
οἱ μετὰ Κλωδίου συνέστησαν ἐπ´ αὐτόν : les partisans de Clodius se
concertèrent contre lui.
λαμϐάνω (futur λήψομαι, aor.2 ἔλαϐον, parf. εἴληφα ; passif futur
ληφθήσομαι, aor. ἐλήφθην, parf. εἴλημμαι) : prendre; prendre de force,
saisir, arrêter; surprendre (à mal faire); recevoir; accueillir (bien
ou mal).
οἱ μετὰ Κλωδίου : ceux avec Clodius = l’entourage de Clodius, voire simplement
Clodius.
ἀρχὴν λαμϐάνειν est une périphrase
pour ἄρχειν : commencer.
l’intérêt
de la périphrase est de faire porter l’adjectif τοιαύτην sur le nom
ἀρχὴν.
ἀρχὴν τοιαύτην
λαμϐάνειν : prendre un tel commencement (de leur
haine).
οἱ
μετὰ Κλωδίου ... ἀρχὴν τοιαύτην λαϐόντες : ceux avec
Clodius prenant un tel commencement (de leur haine).
ἡλικία, ας (ἡ) : âge; jeunesse; génération, époque.
νέος, α, ον : nouveau, jeune.
ἡλικίᾳ ἔτι τότε ὢν νέος, Thc. 5, 43 : étant alors encore jeune.
θρασύς, εῖα, ύ : hardi, résolu, courageux; arrogant, audacieux.
φρόνημα, ατος (τὸ) : sagesse, pensée profonde, sentiment; courage,
grandeur d'âme, noblesse, sentiment élevé; orgueil, arrogance, fierté.
τῷ φρονήματι θρασὺς καὶ αὐθάδης : arrogant et audacieux.
τὸ τῶν Αἰτωλῶν φρόνημα, Pol. 4, 64, 8 : les fiers Étoliens.
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Hercule entre le
vice et la vertu
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[2.1.21]
καὶ Πρόδικος δὲ ὁ σοφὸς ἐν τῷ συγγράμματι τῷ περὶ Ἡρακλέους, ὅπερ δὴ
καὶ πλείστοις ἐπιδείκνυται,
ὡσαύτως περὶ τῆς ἀρετῆς ἀποφαίνεται, ὧδέ
πως λέγων, ὅσα ἐγὼ μέμνημαι. φησὶν γὰρ Ἡρακλέα, ἐπεὶ ἐκ παίδων εἰς ἥϐην
ὡρμᾶτο, ἐν ᾗ οἱ νέοι ἤδη αὐτοκράτορες γιγνόμενοι δηλοῦσιν εἴτε τὴν δι᾽
ἀρετῆς ὁδὸν τρέψονται ἐπὶ τὸν βίον εἴτε τὴν διὰ κακίας, ἐξελθόντα εἰς
ἡσυχίαν καθῆσθαι
ἀποροῦντα ποτέραν τῶν ὁδῶν τράπηται· [2.1.22]
καὶ φανῆναι αὐτῷ δύο γυναῖκας προσιέναι μεγάλας, τὴν μὲν ἑτέραν εὐπρεπῆ
τε ἰδεῖν καὶ ἐλευθέριον φύσει, κεκοσμημένην τὸ μὲν σῶμα καθαρότητι, τὰ
δὲ ὄμματα αἰδοῖ, τὸ δὲ σχῆμα σωφροσύνῃ, ἐσθῆτι δὲ λευκῇ, τὴν δ᾽ ἑτέραν
τεθραμμένην μὲν εἰς πολυσαρκίαν τε καὶ ἁπαλότητα, κεκαλλωπισμένην δὲ τὸ
μὲν χρῶμα ὥστε λευκοτέραν τε καὶ ἐρυθροτέραν τοῦ ὄντος δοκεῖν
φαίνεσθαι, τὸ δὲ σχῆμα ὥστε δοκεῖν ὀρθοτέραν τῆς φύσεως εἶναι, τὰ δὲ
ὄμματα ἔχειν ἀναπεπταμένα,
ἐσθῆτα δὲ ἐξ ἧς ἂν μάλιστα ὥρα διαλάμποι·
κατασκοπεῖσθαι δὲ θαμὰ ἑαυτήν, ἐπισκοπεῖν δὲ καὶ εἴ τις ἄλλος αὐτὴν
θεᾶται, πολλάκις δὲ καὶ εἰς τὴν ἑαυτῆς σκιὰν ἀποϐλέπειν. [2.1.23] ὡς
δ᾽ ἐγένοντο πλησιαίτερον
τοῦ Ἡρακλέους, τὴν μὲν πρόσθεν ῥηθεῖσαν
ἰέναι
τὸν αὐτὸν τρόπον, τὴν δ᾽ ἑτέραν φθάσαι βουλομένην προσδραμεῖν τῷ
Ἡρακλεῖ καὶ εἰπεῖν· Ὁρῶ σε, ὦ Ἡράκλεις, ἀποροῦντα ποίαν ὁδὸν ἐπὶ τὸν
βίον τράπῃ. ἐὰν οὖν ἐμὲ φίλην ποιησάμενος, [ἐπὶ] τὴν ἡδίστην τε καὶ
ῥάιστην ὁδὸν ἄξω σε, καὶ τῶν μὲν τερπνῶν οὐδενὸς ἄγευστος ἔσει, τῶν δὲ
χαλεπῶν ἄπειρος διαϐιώσῃ. [2.1.24]
πρῶτον μὲν γὰρ οὐ πολέμων οὐδὲ πραγμάτων φροντιεῖς, ἀλλὰ σκοπούμενος
διέσῃ τί ἂν κεχαρισμένον
ἢ σιτίον ἢ ποτὸν εὕροις, ἢ τί ἂν ἰδὼν ἢ
ἀκούσας τερφθείης ἢ τίνων ὀσφραινόμενος ἢ ἁπτόμενος, τίσι δὲ παιδικοῖς
ὁμιλῶν μάλιστ᾽ ἂν εὐφρανθείης, καὶ πῶς ἂν μαλακώτατα
καθεύδοις, καὶ πῶς
ἂν ἀπονώτατα
τούτων πάντων τυγχάνοις. [2.1.25]
ἐὰν δέ ποτε γένηταί τις ὑποψία σπάνεως ἀφ᾽ ὧν ἔσται ταῦτα, οὐ φόϐος μή
σε ἀγάγω ἐπὶ τὸ πονοῦντα καὶ ταλαιπωροῦντα
τῷ σώματι καὶ τῇ ψυχῇ ταῦτα
πορίζεσθαι, ἀλλ᾽ οἷς ἂν οἱ ἄλλοι ἐργάζωνται, τούτοις σὺ χρήσῃ, οὐδενὸς
ἀπεχόμενος ὅθεν ἂν δυνατὸν ᾖ τι κερδᾶναι.
πανταχόθεν γὰρ ὠφελεῖσθαι
τοῖς ἐμοὶ συνοῦσιν ἐξουσίαν ἐγὼ παρέχω. [2.1.26]
καὶ ὁ Ἡρακλῆς ἀκούσας ταῦτα, Ὦ γύναι, ἔφη, ὄνομα δέ σοι τί ἐστιν; ἡ δέ,
Οἱ μὲν ἐμοὶ φίλοι, ἔφη, καλοῦσί με Εὐδαιμονίαν, οἱ δὲ μισοῦντές με ὑποκοριζόμενοι
ὀνομάζουσι
Κακίαν.
Xénophon, Mémorable, 2, 1, 21-26
Le
sage Prodicus, dans son ouvrage sur Hercule, dont il a fait plusieurs
lectures publiques, exprime les mêmes idées sur la vertu. Voici à peu
près ce qu'il dit, autant que je me le rappelle. Il raconte qu'Hercule,
à peine sorti de l'enfance, à cet âge où les jeunes gens, déjà maîtres
d'eux-mêmes, laissent voir s'ils entreront dans la vie par le chemin de
la vertu ou par celui du vice, se retira dans la solitude et s'assit
incertain sur la route qu'il allait choisir. Deux femmes de haute
taille se présentent à ses yeux : l'une décente et noble, le corps paré
de sa pureté naturelle, les yeux pleins de pudeur, l'extérieur modeste,
les vêtements blancs; l'autre chargée d'embonpoint et de mollesse, la
peau fardée pour se donner une apparence de couleurs plus blanches et
plus vermeilles, cherchant par son maintien à paraître plus droite
qu'elle ne l'est naturellement, les yeux largement ouverts, une parure
étudiée pour faire briller ses charmes, se contemplant sans cesse,
observant si quelque autre la regarde, et tournant souvent la tête afin
de voir son ombre. Arrivées plus près d'Hercule, tandis que la première
conserve la même démarche, la seconde, voulant la prévenir, court vers
le jeune héros et lui dit : " Je te vois, Hercule, incertain de la
route que tu dois suivre dans la vie : si tu veux me prendre pour amie,
je te conduirai par la route la plus agréable et la plus facile, tu
goûteras tous les plaisirs, et tu vivras exempt de peine. D'abord tu ne
t'occuperas ni de guerres, ni d'affaires, mais tu ne cesseras
d'examiner quels mets et quelles boissons t'agréent le plus, les objets
qui peuvent réjouir tes yeux et tes oreilles, flatter ton odorat ou ton
toucher, quelles affections auront le plus de charmes pour toi, comment
tu dormiras avec le plus de mollesse, comment avec le moins de peine tu
pourras te procurer toutes ces jouissances. Si jamais le soupçon te
vient de manquer de ce qui est nécessaire pour te donner des douceurs,
ne crains pas que je t'engage à travailler et à peiner du corps et de
l'esprit pour les acquérir; tu tireras profit du labeur des autres, et
tu ne t'abstiendras de rien de ce qui pourra t'apporter quelque gain :
car je donne à ceux qui me suivent la faculté de prendre leurs
avantages partout." Hercule, après avoir entendu ces mots : "Femme,
dit-il, quel est ton nom ? Mes amis, répond-elle, me nomment la
Félicité, et mes ennemis, pour me donner un nom odieux, m'appellent la
Perversité"
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ἐκ παίδων : au sortir de la catégorie des
enfants,
au moment d'entrer
dans l'adolescence.
ἐκ παίδων εὐθύς, Plat. Leg. 694 d : dès la plus tendre enfance.
τοῦ ὄντος ... τῆς φύσεως : (plus que) la réalité, nature (complément de
comparatifs).
ὥστε λευκοτέραν τε καὶ ἐρυθροτέραν τοῦ ὄντος δοκεῖν φαίνεσθαι, τὸ δὲ
σχῆμα ὥστε δοκεῖν ὀρθοτέραν τῆς φύσεως εἶναι : pour se donner une
apparence de couleurs plus blanches et plus vermeilles, cherchant par
son maintien à paraître plus droite que nature.
ἡδύς, ἡδεῖα, ἡδύ, gén. ἡδέος, ἡδείας, ἡδέος : agréable, doux.
compar.
ἡδίων, rarement
ἡδύτερος; superl.
ἥδιστος, rarement
ἡδύτατος.
[ἐπὶ] τὴν ἡδίστην τε καὶ ῥάιστην ὁδὸν ἄξω σε : je te conduirai par la
route la plus agréable et la plus facile.
ῥάϊστος, α, ον, superl. dorien de
ῥᾴδιος.
ῥᾴδιος, α, ον : facile, aisé, commode; d'humeur facile, accommodant,
complaisant.
compar. ῥᾴδιώτερος, ou
ῥᾳδιέστερος;
superl. ῥᾷστος.
χαλεπός, ή, όν : difficile; d'humeur difficile, emporté, hargneux.
τὰ χαλεπά : les difficultés (de la vie).
διαϐιόω-ῶ : passer sa vie.
ἄπειρος, ος, ον : sans expérience de, ignorant de,
τῶν χαλεπῶν ἄπειρος : sans expérience des difficultés (de la vie).
κοσμέω-ῶ : mettre en ordre; ordonner, gouverner, maintenir l'ordre;
équiper, parer; louer, célébrer.
καθαρότης, ητος (ἡ) : pureté; netteté, limpidité; pureté morale;
probité, désintéressement.
τὴν μὲν ... κεκοσμημένην τὸ μὲν σῶμα καθαρότητι, τὰ
δὲ ὄμματα αἰδοῖ : l'une ... le
corps paré de sa pureté naturelle, les yeux pleins de pudeur.
ὄμμα, ατος (τὸ) : œil, regard.
αἰδώς, όος-οῦς (ἡ) : sentiment de l’honneur, honneur, pudeur, honte
(qui empêche de mal faire).
τὸν αὐτὸν τρόπον (acc. adverbial)
: de la même façon.
Οἱ μὲν ἐμοὶ φίλοι, ἔφη,
καλοῦσί με Εὐδαιμονίαν, οἱ δὲ μισοῦντές με
ὑποκοριζόμενοι ὀνομάζουσι
Κακίαν : mes amis,
répond-elle, me nomment la
Félicité, et mes ennemis, pour me donner un nom odieux, m'appellent la
Perversité.
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Accusé
pour refus de servir,
le fils d'Alcibiade ne saurait se prévaloir des mérites de son père.
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(16) Ἡγοῦμαι δέ, ὦ ἄνδρες δικασταί, περὶ
μὲν τοῦ νόμου καὶ αὐτοῦ τοῦ πράγματος οὐχ ἕξειν αὐτοὺς ὅ τι λέξουσιν·
ἀναϐαίνοντες δ' ὑμᾶς ἐξαιτήσονται καὶ ἀντιϐολήσουσιν, οὐκ ἀξιοῦντες τοῦ
Ἀλκιϐιάδου ὑέος τοσαύτην δειλίαν καταγνῶναι, ὡς ἐκεῖνον πολλῶν ἀγαθῶν
ἀλλ' οὐχὶ πολλῶν κακῶν αἴτιον γεγενημένον· (ὃν) εἰ τηλικοῦτον
ὄντα ἀπεκτείνατε, ὅτε πρῶτον εἰς ὑμᾶς ἐλάϐετε ἐξαμαρτάνοντα, οὐκ ἂν
ἐγένοντο συμφοραὶ τοσαῦται τῇ πόλει.
(17) δεινὸν δέ μοι δοκεῖ, ὦ ἄνδρες δικασταί, εἶναι, εἰ αὐτοῦ
μὲν ἐκείνου θάνατον κατέγνωτε, τοῦ δὲ ὑέος ἀδικοῦντος δι' ἐκεῖνον ἀποψηφιεῖσθε,
ὃς αὐτὸς μὲν οὐκ ἐτόλμα μεθ' ὑμῶν
μάχεσθαι, ὁ δὲ πατὴρ
αὐτοῦ μετὰ τῶν πολεμίων ἠξίου στρατεύεσθαι. καὶ ὅτε μὲν παῖς ὢν οὔπω
δῆλος ἦν ὁποῖός τις ἔσται, διὰ τὰ τοῦ πατρὸς ἁμαρτήματα
ὀλίγου τοῖς
ἕνδεκα παρεδόθη · ἐπειδὴ δὲ πρὸς τοῖς ἐκείνῳ πεπραγμένοις ἐπίστασθε καὶ
τὴν τούτου πονηρίαν, διὰ τὸν πατέρα ἐλεεῖν αὐτὸν ἀξιώσετε;
(18) οὐκ οὖν δεινόν, ὦ
ἄνδρες δικασταί, τούτους μὲν οὕτως εὐτυχεῖς εἶναι ὥστ', ἐπειδὰν ἐξαμαρτάνοντες
ληφθῶσι, διὰ τὸ αὑτῶν γένος σῴζεσθαι, ἡμᾶς δέ, εἰ ἐδυστυχήσαμεν
διὰ τοὺς οὕτως ἀτακτοῦντας, μηδένα ἂν δύνασθαι παρὰ τῶν
πολεμίων ἐξαι τήσασθαι μηδὲ διὰ τὰς τῶν προγόνων ἀρετάς;
(19) καίτοι πολλαὶ καὶ μεγάλαι καὶ ὑπὲρ ἁπάντων τῶν Ἑλλήνων
γεγόνασι, καὶ οὐδὲν ὅμοιαι τοῖς ὑπὸ τούτων περὶ τὴν πόλιν πεπραγμένοις,
ὦ ἄνδρες δικασταί. εἰ δ' ἐκεῖνοι δοκοῦσι βελτίους εἶναι σῴζοντες τοὺς
φίλους, δῆλον ὅτι καὶ ὑμεῖς ἀμείνους δόξετε εἶναι τιμωρούμενοι
τοὺς ἐχθρούς.
Lysias, contre Alcibiade, 14, 16-18
(16) Sur la loi, juges, et sur l'affaire même, je pense que
mes adversaires n'auront rien à dire. Mais ils viendront à la tribune
intercéder pour l'accusé et vous conjurer de lui faire grâce. Ils ne
voudront pas qu'on reconnaisse coupable d'une telle lâcheté le fils
d'Alcibiade, d'un homme à qui vous devez tant ! Comme si, au contraire,
il ne vous avait pas fait beaucoup de mal ! Ah, si vous l'aviez exécuté
la première fois que vous l'avez pris en faute, à l'âge où est son
fils, vous auriez épargné bien des malheurs à la cité.
(17) Il
serait étrange, me semble-t-il, qu'après avoir condamné à mort son
père, vous alliez, en souvenir de lui, acquitter son fils également
coupable. Celui-ci n'a pas eu le courage de combattre à vos côtés; le
père avait osé marcher contre vous aux côtés des ennemis. Tout enfant,
quand on ne voyait pas encore ce qu'il serait un jour, cet homme a
failli être livré aux Onze à cause des crimes paternels, et
aujourd'hui, sachant qu'à ces crimes il a ajouté sa propre indignité,
vous vous croirez tenus d'avoir pitié de lui en souvenir de son père !
(18) N'est-ce pas inadmissible, juges ?
Ces gens-là, quand on les prend en faute, sont assez heureux pour se
tirer d'affaire, grâce à leur naissance; mais vous autres, si leur
indiscipline vous fait éprouver quelque revers, rien ne peut fléchir
vos ennemis, pas même les exploits de vos ancêtres.
(19) Et pourtant ces exploits furent
nombreux, éclatants, ils intéressaient tous les Grecs, et ils ne
ressemblent pas du tout à la conduite de ces gens-là envers la cité,
juges. Et, si eux, on les estime davantage de chercher à sauver leurs
amis, il est évident qu'on aura aussi plus d'estime pour vous si vous
punissez vos ennemis.
trad. Gernet et Bizos;
éd. les belles lettres
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οὐκ
ἂν ἐγένοντο συμφοραὶ τοσαῦται τῇ πόλει : vous
auriez épargné bien des malheurs à la cité.
Ἡγοῦμαι ... οὐχ ἕξειν αὐτοὺς ὅ τι λέξουσιν : j'estime que ... nos
adversaires n'auront rien à dire (qu'ils ne sauront pas ce qu'ils
diront).
ἔχω : tenir, avoir, garder; comprendre, connaître
imparf. εἶχον ; futur ἕξω ou σχήσω ; aor.2 ἔσχον, d’où impér. σχές,
subj. σχῶ, opt. σχοίην, inf. σχεῖν, participe. σχών ; parf. ἔσχηκα ;
pl.q.parf. ἐσχήκειν; passif prés. ἔχομαι, imparf. εἰχόμην, futur
ἕξομαι, aor. ἐσχέθην, parf. ἔσχημαι.
explétivement
au participe
ληρεῖς ἔχων, AR. Av. 341 ; ἔχων ληρεῖς, Plat. Gorg. 497 a : tu
plaisantes ; φλυαρεῖς ἔχων, Plat. Gorg. 490 e ; ἔχων φλυαρεῖς, Plat.
Euthyd. 295 c, tu dis des sottises.
ἔχω +
infinitif : je peux, j'ai à.
οὐδὲν εἰπεῖν ἔχω : je n'ai rien à dire.
avec inter. indirecte οὐκ
ἔχω τί φῶ : je ne sais que dire.
voir
hors site Bailly
version établie par Gérard Gréco.
ἀξιόω-ῶ (imparf. ἤξιουν, futur ἀξιώσω, aor., ἠξίωσα, parf. ἠξίωκα) :
juger digne de
καταγιγνώσκω (futur καταγνώσομαι, aor.2 κατέγνων, etc.) : remarquer,
juger, connaître en observant; accuser, blâmer; condamner.
δειλία, ας (ἡ) : lâcheté.
οὐκ ἀξιοῦντες τοῦ Ἀλκιϐιάδου ὑέος τοσαύτην δειλίαν καταγνῶναι : ne
jugeant pas digne de vous voir accuser d'une telle lâcheté le fils
d'Alcibiade.
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Contre
la loi sur l'ostracisme
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[3]
Ἄξιον δὲ μέμψασθαι τὸν θέντα τὸν νόμον, ὃς ἐναντία τῷ ὅρκῳ τοῦ δήμου
καὶ τῆς βουλῆς ἐνομοθέτησεν· ἐκεῖ μὲν γὰρ ὄμνυτε μηδένα μήτε ἐξελᾶν
μήτε δήσειν μήτε ἀποκτενεῖν ἄκριτον, ἐν δὲ τῷδε τῷ καιρῷ οὔτε
κατηγορίας γενομένης οὔτε ἀπολογίας ἀποδοθείσης {οὔτε} διαψηφισαμένων κρύϐδην
τὸν ὀστρακισθέντα
τοσοῦτον χρόνον δεῖ στερηθῆναι τῆς πόλεως.
[4] Εἶτα ἐν τοῖς
τοιούτοις οἱ
τοὺς ἑταίρους
καὶ συνωμότας κεκτημένοι πλέον φέρονται τῶν ἄλλων· οὐ γὰρ
ὥσπερ ἐν τοῖς δικαστηρίοις οἱ λαχόντες κρίνουσιν, ἀλλὰ τούτου τοῦ
πράγματος ἅπασιν Ἀθηναίοις μέτεστι. Πρὸς δὲ τούτοις τῷ μὲν ἐλλείπειν τῷ
δ' ὑπερϐάλλειν
ὁ νόμος μοι δοκεῖ· τῶν μὲν γὰρ ἰδίων ἀδικημάτων
μεγάλην
τιμωρίαν ταύτην νομίζω, τῶν δὲ δημοσίων μικρὰν καὶ οὐδενὸς ἀξίαν
ἡγοῦμαι ζημίαν, ἐξὸν κολάζειν χρήμασι καὶ δεσμῷ καὶ θανάτῳ.
[5] Ἔτι δ' εἴ τις διὰ
τοῦτο
μεθίσταται ὅτι πονηρὸς πολίτης ἐστίν, οὗτος οὐδ' ἀπελθὼν ἐνθένδε
παύσεται, ἀλλ' ὅπου ἂν οἰκῇ, ταύτην τὴν πόλιν διαφθερεῖ, καὶ τῇδε οὐδὲν
ἧττον ἐπιϐουλεύσει, ἀλλὰ καὶ μᾶλλον δικαιότερον ἢ πρὶν ἐκϐληθῆναι.
Οἶμαι δὲ καὶ τοὺς φίλους ὑμῶν ἐν ταύτῃ μάλιστα τῇ ἡμέρᾳ λυπεῖσθαι καὶ
τοὺς ἐχθροὺς ἥδεσθαι, συνειδότας ὡς ἂν ἀγνοήσαντες ἐξελάσητε τὸν
βέλτιστον, δέκα ἐτῶν ἡ πόλις οὐδὲν ἀγαθὸν ὑπὸ τούτου τοῦ ἀνδρὸς
πείσεται.
[6] Ῥᾴδιον δὲ καὶ
ἐντεῦθεν
γνῶναι τὸν νόμον πονηρὸν ὄντα· μόνοι γὰρ αὐτῷ τῶν Ἑλλήνων χρώμεθα, καὶ
οὐδεμία τῶν ἄλλων πόλεων ἐθέλει μιμήσασθαι. Καίτοι ταῦτα διέγνωσται
ἄριστα τῶν δογμάτων, ἃ καὶ τοῖς πολλοῖς καὶ τοῖς ὀλίγοις ἁρμόττοντα
μάλιστα τυγχάνει καὶ πλείστους ἐπιθυμητὰς ἔχει.
[7] Περὶ μὲν οὖν τούτων
οὐκ οἶδ' ὅ τι δεῖ μακρότερα λέγειν· πάντως γὰρ οὐδὲν ἂν πλεῖον εἰς τὸ
παρὸν ποιήσαιμεν· δέομαι δ' ὑμῶν τῶν λόγων ἴσους καὶ κοινοὺς ἡμῖν ἐπιστάτας
γενέσθαι, καὶ πάντας ἄρχοντας περὶ τούτων καταστῆναι, καὶ μήτε τοῖς
λοιδορουμένοις μήτε τοῖς ὑπὲρ καιρὸν χαριζομένοις ἐπιτρέπειν, ἀλλὰ τῷ
μὲν θέλοντι λέγειν καὶ ἀκούειν εὐμενεῖς εἶναι, τῷ δὲ ἀσελγαίνοντι καὶ θορυϐοῦντι χαλεπούς. Ἀκούσαντες γὰρ ἕκαστον τῶν ὑπαρχόντων
ἄμεινον βουλεύσεσθε περὶ ἡμῶν.
Andocide, contre Alcibiade, 3-7
[3] Il est juste
de blâmer l'auteur de cette loi. Elle est contraire au serment du
Peuple et du Conseil. Par ce serment vous jurez de n'exiler, de
n'emprisonner, de ne faire mourir personne sans jugement; et, dans le
cas présent, sans accusation préalable, sans qu'il ait été permis de se
défendre, un vote secret condamne un citoyen frappé d'ostracisme à
être, pour longtemps, privé de sa patrie.
[4] Ensuite, en
pareille circonstance, ceux qui ont pour eux l'appoint de leurs
hétairies et leurs affidés politiques ont l'vantage sur les autres, car
il n'en va pas comme dans les tribunaux, où les juges sont désignés par
le sort : ici, tous les Athéniens ont part à la décision. Au surplus,
la loi, ce me semble, d'un côté reste en deçà de la mesure, et,
de l'autre, va bien au delà. S'il s'agit de torts faits aux
particuliers, je trouve le châtiment bien rigoureux; s'il est question
de délits envers l'Etat la peine me semble légère et insignifiante,
quand on peut punir d'amende, de prison ou de mort.
[5] Et celui qu'on
expulse comme étant un mauvais citoyen ne cessera pas de l'être pour
avoir été banni : quelque cité qu'il habite, il lui causera du mal,et,
contre la nôtre, il ne tramera pas moins d'intrigues, mais plutôt
davantage, et plus justement qu'avant d'en avoir été chassé. Je crois
qu'en ce jour, plus que jamais, vos amis s'affligent et vos ennemis se
réjouissent, sachant bien que si, par méprise, vous chassez le
meilleur, dix ans se passeront sans que la Cité reçoivent de cet homme
aucun service.
[6] Et voici qui nous
prouve encore que cette loi est mauvaise : nous sommes les seuls des
Grecs à en user, et aucune des autres cités ne songe à nous l'emprunter
: or, les institutions reconnues les meilleures sont celles qui se
trouvent ajustées aussi bien au peuple qu'à l'aristocratie et qui sont
les plus recherchées.
[7] Aussi bien je ne vois
aucune nécessité d'en dire davantage : le débat présent n'y gagnerait
absolument rien. Mais je vous prie d'être pour nos discours des
épistates impartiaux et équitables, de prendre tous ici la charge
d'archontes, de ne souffrir ni qu'on injurie ni qu'on flatte à l'excès,
mais d'être bienveillants à qui veut parler et écouter, sévères pour
les insolents et les perturbateurs. Car si vous écoutez chacun de ceux
qui sont ici prêts à vous instruire, vous déciderez mieux de notre
sort.
trad. Georges Dalmeyda; éd. les belles
lettres
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καίτοι ταῦτα διέγνωσται
ἄριστα τῶν δογμάτων, ἃ καὶ τοῖς πολλοῖς καὶ τοῖς ὀλίγοις ἁρμόττοντα
μάλιστα τυγχάνει καὶ πλείστους ἐπιθυμητὰς ἔχει : pourtant on reconnaît comme les meilleures
institutions celles qui se trouvent convenir le mieux au peuple et à
l'aristocratie et qui sont le plus recherchées.
μέμφω d’ord.
moy. μέμφομαι (f. μέμψομαι, aor. ἐμεμψάμην, aor. passif au
sens actif ἐμέμφθην, parf. inus.) : blâmer, reprocher, se
plaindre de.
Ἄξιον δὲ μέμψασθαι τὸν θέντα τὸν νόμον, ὃς :
mais il est juste de
blâmer celui qui a porté cette loi, qui (parce qu'il)
νομοθετέω-ῶ (futur νομοθετήσω, aor. ἐνομοθέτησα, parf. νενομοθέτηκα) :
donner des lois; au moyen se
donner des lois.
ἐναντία, adv.
(cf. ἐναντίος) : contraire à, en désaccord avec.
ἐναντίος, α, ον : situé en face de; opposé à, contraire à.
συνωμότης, anc.
att. ξυνωμότης ου (ὁ) : conjuré, complice.
κτάομαι-ῶμαι (futur κτήσομαι, aor. ἐκτησάμην, parf. κέκτημαι, d’où sbj.
κέκτωμαι, opt.
κεκτῄμην, ῇο, ῇτο : acquérir.
memento
parf. κέκτημαι : je possède, j'ai (pour moi).
ὁ κεκτημένος : le maître (litt. celui
qui possède)
ἑταῖρος, ου (ὁ) : ami, camarade, compagnon.
εἶτα ἐν τοῖς τοιούτοις οἱ τοὺς ἑταίρους καὶ συνωμότας κεκτημένοι
πλέον φέρονται τῶν ἄλλων : ensuite, dans ces sortes de luttes, ceux qui
ont pour eux les
membres des associations l'emportent sur les autres.
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Un
citoyen athénien traître à sa patrie
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[38]
Ἐν οἷς Λεωκράτης οὑτοσὶ καὶ αὐτὸς ἐκ τῆς πόλεως ἀποδρὰς ᾤχετο, καὶ τὰ
χρήματα τὰ ὑπάρχοντα ἐξεκόμισε, καὶ τὰ ἱερὰ τὰ πατρῷα μετεπέμψατο,
καὶ
εἰς τοσοῦτον προδοσίας ἦλθεν, ὥστε κατὰ τὴν τούτου προαίρεσιν ἔρημοι
μὲν ἂν ἦσαν οἱ ναοί τῶν ἱερέων, ἔρημοι δ' αἱ φυλακαὶ τῶν τειχῶν, ἐξελέλειπτο
δ' ἡ πόλις καὶ ἡ χώρα. [39]
Καίτοι κατ' ἐκείνους τοὺς χρόνους ὦ ἄνδρες τίς οὐκ ἂν τὴν πόλιν
ἠλέησεν, οὐ μόνον πολίτης, ἀλλὰ καὶ ξένος ἐν τοῖς ἔμπροσθεν χρόνοις
ἐπιδεδημηκώς; Τίς δ' ἦν οὕτως ἢ μισόδημος τότ' ἢ μισαθήναιος, ὅστις
ἐδυνήθη ἂν ἄτακτον τὸν αὑτὸν ὑπομεῖναι ἰδεῖν; Ἡνίκα ἡ μὲν ἧττα καὶ τὸ
γεγονὸς πάθος τῷ δήμῳ προσηγγέλλετο, ὀρθὴ δ' ἦν ἡ πόλις ἐπὶ τοῖς
συμϐεϐηκόσιν, αἱ δ' ἐλπίδες τῆς σωτηρίας τῷ δήμῳ ἐν τοῖς ὑπὲρ
πεντήκοντ' ἔτη γεγονόσι καθειστήκεσαν, [40]
ὁρᾶν δ' ἦν ἐπὶ μὲν τῶν θυρῶν γυναῖκας ἐλευθέρας, περιφόϐους
κατεπτηχυίας καὶ πυνθανομένας, εἰ ζῶσιν, τὰς μὲν ὑπὲρ ἀνδρός, τὰς δ'
ὑπὲρ πατρός, τὰς δ' ὑπὲρ ἀδελφῶν, ἀναξίως αὑτῶν καὶ τῆς πόλεως
ὁρωμένας, τῶν δ' ἀνδρῶν τοὺς τοῖς σώμασιν ἀπειρηκότας καὶ ταῖς ἡλικίαις
πρεσϐυτέρους καὶ ὑπὸ τῶν νόμων τοῦ στρατεύεσθαι ἀφειμένους ἰδεῖν ἦν
καθ' ὅλην τὴν πόλιν τότ' ἐπὶ γήρως ὀδῷ περιφθειρομένους,
διπλᾶ τὰ
ἱμάτια ἐμπεπορπημένους.
Lycurgue, contre Léocrate, 38-40
[38] C'est le
moment
que choisit Léocrate pour la quitter en fuyard : il s'échappe lui-même,
il emporte ses biens, il se fait envoyer ses dieux domestiques, il
pousse la trahison au point que, s'il n'eût tenu qu'à lui, les temples
étaient déserts, les remparts dégarnis de leurs défenseurs, la ville et
le pays laissés à l'abandon. [39] Et
pourtant, juges, en ces temps dont je parle, qui n'aurait eu pitié de
la ville, je ne dis pas quel citoyen, mais quel étranger, pour peu
qu'il y eût autrefois séjourné ? Qui eût poussé assez loin la haine du
peuple et d'Athènes pour refuser de prendre sa part de la défense,
lorsqu'on nous annonce la défaite et le récent désastre, que la
ville
s'était comme dressée d'effroi à la nouvelle des événements, que toutes
les espérances de salut ne reposaient plus que sur des hommes âgés de
plus de cinquante ans, [40] que
l'on voyait se presser aux portes les femmes athéniennes, anxieuses,
consternées, et demander : "Vivent-ils ?" en parlant d'un mari, d'un
père, de leurs frères, donnant un spectacle indigne d'elles et de la
république, que l'on voyait enfin les hommes au corps affaibli, avancés
en âge, affranchis par les lois du service militaire, circuler dans
toute la ville, tout fourbus qu'ils fussent et sur le seuil du tombeau,
le manteau doublé et agrafé à l'épaule ?
trad. Félix Durrbach; éd. les belles lettres.
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ὅς, ἥ, ὅ : qui, lequel (= qui, quæ, quod) --- voir hors site
pronom relatif
Ἐν οἷς : dans ces circonstances.
ὅπλα κτῶνται, οἷς ἀμυνοῦνται τοὺς ἀδικοῦντας, Xén. Mem. 2, 1, 14 : ils
se procurent des armes, avec lesquelles ils puissent se défendre contre
ceux qui leur feraient du mal.
καὶ ὁ ᾿Αριστοτέλης δὲ ἔφη τοὺς ἐραστὰς εἰς οὐδὲν ἄλλο τοῦ σώματος τῶν
ἐρωμένων ἀποϐλέπειν ἢ τοὺς ὀφθαλμούς, ἐν οἷς τὴν αἰδῶ κατοικεῖν, Ath.
Deips. 13, 16 : et Aristote affirme que les amoureux ne regardent du
corps de leur bien-aimé que les yeux, là où se niche la pudeur.
εἰς τοσοῦτον προδοσίας ἦλθεν, ὥστε + indicatif
(l'intention de Léocrate est considérée comme réalisée)
οἴχομαι (imparf. ᾠχόμην, futur οἰχήσομαι, aor. inus., parf. ᾤχημαι,
parf. de forme active οἴχωκα et ᾤχωκα) : aller, venir; s'en aller,
partir, se mettre en route.
οἴχεται φεύγων : il s’en va en fuyant.
ἀποδιδράσκω (futur ἀποδράσομαι, aor.2 ἀπέδραν, parf. ἀποδέδρακα) :
s’enfuir secrètement.
αὐτὸς ἐκ τῆς πόλεως ἀποδρὰς ᾤχετο : il quitta la ville en fuyard.
ἔρημος, ος, ον, poét. ἐρῆμος, η, ον :
désert, solitaire. --- cf. ermite.
ἔρημοι μὲν ἦσαν ... ἔρημοι δ' : étaient déserts ... étaient abandonnés.
Τίς δ' ἦν οὕτως ἢ μισόδημος τότ' ἢ μισαθήναιος, ὅστις
ἐδυνήθη ἂν ἄτακτον τὸν αὑτὸν ὑπομεῖναι ἰδεῖν; : qui eût poussé assez
loin la haine du
peuple et d'Athènes pour refuser de prendre sa part de la défense,
lorsqu'on nous annonce la défaite et le récent désastre ?
ὅστις
ἐδυνήθη ἂν ἄτακτον τὸν αὑτὸν ὑπομεῖναι ἰδεῖν : qui était assez hostile
à la démocratie pour être capable de prendre sa part
ἐλεέω-ἐλεῶ (imparf. ἠλέουν, futur ἐλεήσω, aor. ἠλέησα, parf. inus. ;
parf. passif ἠλέημαι) : s’apitoyer, avoir pitié.
τίς οὐκ ἂν τὴν πόλιν
ἠλέησεν : qui n'aurait eu pitié
de la ville ?
cf.
Κύριε
ἐλέησον : seigneur, prends pitié.
καίτοι κατ' ἐκείνους τοὺς χρόνους, ὦ ἄνδρες, τίς οὐκ ἂν τὴν πόλιν
ἠλέησεν, οὐ μόνον πολίτης, ἀλλὰ καὶ ξένος ἐν τοῖς ἔμπροσθεν χρόνοις
ἐπιδεδημηκώς; : et pourtant, juges, en ces temps dont je parle, qui
n'aurait eu pitié
de la ville, je ne dis pas quel citoyen, mais quel étranger, pour peu
qu'il y eût autrefois séjourné ?
ἐπιδημέω-ῶ : résider dans le pays, séjourner.
φθείρω (futur φθερῶ, aor. ἔφθειρα, parf. ἔφθαρκα, parf.2 ἔφθορα : faire
périr, détruire, ruiner.
moyen
futur au sens passif φθεροῦμαι, futur 2 φθαροῦμαι.
ἐμπορπάω-ῶ (seul.
au passif participe parfait ἐμπεπορπημένος, Lycurg. 153, 5 :
agrafer.
περιφθειρομένους, διπλᾶ τὰ
ἱμάτια ἐμπεπορπημένους : (hommes) sur le
seuil du tombeau, le manteau doublé et agrafé à l'épaule.
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Léocrate
déserteur a perdu tout droit à la pitié
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[143]
Καὶ αὐτίκα μάλ' ὑμᾶς ἀξιώσει ἀκούειν αὐτοῦ ἀπολογουμένου
κατὰ τοὺς νόμους· ὑμεῖς δ' ἐρωτᾶτε αὐτὸν ποίους; Οὓς ἐγκαταλιπὼν ᾤχετο;
Καὶ ἐᾶσαι αὐτὸν οἰκεῖν ἐν τοῖς τείχεσι τῆς πατρίδος· ποίοις; Ἃ μόνος
τῶν πολιτῶν οἷς οὐ συνδιεφύλαξε; Καὶ ἐπικαλέσεται τοὺς θεοὺς σώσοντας
αὐτὸν ἐκ τῶν κινδύνων· τίνας; Οὐχ ὧν τοὺς νεὼς καὶ τὰ ἕδη καὶ τὰ τεμένη
προὔδωκε; Καὶ δεήσεται καὶ ἱκετεύσει ἐλεῆσαι αὐτόν· τίνων; Οὐχ οἷς τὸν
αὐτὸν ἔρανον εἰς τὴν σωτηρίαν εἰσενεγκεῖν οὐκ ἐτόλμησε; Ῥοδίους
ἱκετευέτω· τὴν γὰρ ἀσφάλειαν [144]
ἐν τῇ ἐκείνων πόλει μᾶλλον ἢ ἐν τῇ ἑαυτοῦ πατρίδι ἐνόμισεν εἶναι. Ποία
δ' ἡλικία δικαίως ἂν τοῦτον ἐλεήσειε; Πότερον ἡ τῶν πρεσϐυτέρων; Ἀλλ'
οὐδὲ γηροτροφηθῆναι,
οὐδ' ἐν ἐλευθέρῳ τῷ ἐδάφει τῆς πατρίδος αὐτοῖς
ταφῆναι τὸ καθ' αὑτὸν μέρος παρέδωκεν. Ἀλλ' ἡ τῶν νεωτέρων; Καὶ τίς ἂν ἀναμνησθεὶς
τῶν ἡλικιωτῶν τῶν ἐν Χαιρωνείᾳ ἑαυτῷ
συμπαραταξαμένων καὶ
τῶν κινδύνων τῶν αὐτῶν μετασχόντων, σώσειεν τὸν τὰς ἐκείνων θήκας
προδεδωκότα, καὶ τῇ αὐτῇ ψήφῳ τῶν μὲν ὑπὲρ τῆς ἐλευθερίας τελευτησάντων
παράνοιαν καταγνοίη, τὸν δ' ἐγκαταλιπόντα τὴν πατρίδα ὡς εὖ φρονοῦντα
ἀθῷον ἀφείη; [145] Ἐξουσίαν ἄρα
δώσετε τῷ βουλομένῳ, καὶ λόγῳ καὶ ἔργῳ τὸν δῆμον καὶ ὑμᾶς κακῶς ποιεῖν.
Οὐ γὰρ μόνον νῦν οἱ φεύγοντες κατέρχονται, ὅταν ὁ ἐγκαταλιπὼν τὴν
πόλιν, καὶ φυγὴν αὐτὸς ἑαυτοῦ καταγνούς, καὶ οἰκήσας ἐν Μεγάροις ἐπὶ
προστάτου πλείω πέντ' ἢ ἓξ ἔτη, ἐν τῇ χώρᾳ καὶ ἐν τῇ πόλει ἀναστρέφηται,
ἀλλὰ καὶ ὁ μηλόϐοτον τὴν Ἀττικὴν ἀνεῖναι φανερᾷ τῇ ψήφῳ καταψηφισάμενος,
οὗτος ἐν ταύτῃ τῇ χώρᾳ σύνοικος
ὑμῶν γεγένηται.
Lycurgue, contre Léocrate, 143-145
[143] Dans un
instant,
il va vous prier d'entendre sa défense, conformément aux lois.
Demandez-lui donc au nom de quelles lois ? il les a répudiées par sa
fuite. Il vous suppliera de l'admettre à vivre à l'abri des murs
de la patrie. Mais quoi ! seul de tous les concitoyens, il s'est refusé
à les défendre avec vous. Il va invoquer le secours des dieux dans le
péril. Mais quels dieux ? Ceux dont il a livré les temples, les autels,
les enceintes sacrées ! Il vous demandera, il vous conjurera de le
prendre en pitié. Votre pitié ? lui qui n'a pas eu le cœur de
contribuer pour sa part avec vous au salut commun ! Qu'il aille
implorer les Rhodiens, puisqu'il a pensé trouver chez eux plus de
sécurité que dans son propre pays !
[144] Quel âge lui devrait la pitié ? Les vieillards ? Mais,
autant qu'il dépendaient de lui, il les a privés des derniers soins que
réclame la vieillesse et de la sépulture qu'il leur est réservée dans
le sol libre de la patrie. Les jeunes gens ? Mais lesquels d'entre eux,
au souvenir des camarades qui ont combattu à leurs côtés à Chéronée, et
qui ont pris part aux mêmes dangers, voudraient sauver le lâche qui a
livré le tombeau des braves, tandis que, par le même suffrage, ils
taxeraient de démence ceux qui sont tombés pour la liberté, et
absoudraient, justifieraient celui qui a déserté sa patrie ? [145] Ce serait donner
licence à qui voudrait, par la parole ou par les
actes, nuire à l'Etat et à vous-mêmes. Il ne s'agit pas
aujourd'hui d'un simple retour d'exilés, mais d'un homme qui , après
avoir abandonné la ville, après s'être condamné lui-même à l'exil et
avoir résidé pendant plus de cinq ou six ans à Mégare sous la
tutelle d'un patron, s'en revient vivre dans le pays et à Athènes
: n'est-ce pas comme si l'ennemi qui vota à bulletin ouvert
qu'on ferait de l'Attique un pâturage pour les troupeaux,
venait dans ce pays cohabiter avec nous ?
trad.
Félix Durrbach; éd. les belles lettres.
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αὐτίκα adv. : à l’instant même, aussitôt,
immédiatement; tout de même,
pareillement, par exemple.
μάλ' αὐτίκα ou
αὐτίκα μάλα : tout de suite.
αὐτίκα δὴ μάλα : par exemple maintenant.
μάλα : (compar.
μᾶλλον et superl.
μάλιστα) adv. : tout à fait, très, fort, beaucoup.
μάλ' εὖ : très bien, tout à fait.
ἀξιόω-ῶ (imparf. ἤξιουν, futur ἀξιώσω, aor. ἠξίωσα, parf. ἠξίωκα):
évaluer, apprécier, juger digne.
ὑμᾶς ἀξιώσει ἀκούειν αὐτοῦ ἀπολογουμένου κατὰ τοὺς
νόμους : il va vous prier d'entendre sa défense, conformément
aux lois.
ὑμεῖς δ' ἐρωτᾶτε αὐτὸν ποίους; demandez-lui donc au nom de quelles lois
?
(τοὺς
νόμους) Οὓς ἐγκαταλιπὼν ᾤχετο : (les lois) il les a répudiées
par sa fuite.
οἴχομαι (imparf. ᾠχόμην, futur οἰχήσομαι, aor. inus.,
parf. ᾤχημαι, parf.
de forme active οἴχωκα et ᾤχωκα) :
aller, venir; s’en aller, partir, se mettre en route.
ἐγκαταλείπω (aor.2 ἐγκατέλιπον, parf. ἐγκαταλέλοιπα) : laisser dans;
laisser derrière soi; abandonner, délaisser.
ἐάω-εῶ (imparf. εἴων, futur ἐάσω, aor. εἴασα, parf. εἴακα; passif aor.
εἰάθην, parf. εἴαμαι) : laisser, souffrir, négliger; permettre.
ποῖος, α, ον ; (ὁποῖος) quel ? de quelle sorte ? (= qualis ?) --- voir hors
site
ποῖος
ποίοις; : de quelle sorte (de dieux) ?
ἐλεέω-ἐλεῶ
(imparf. ἠλέουν, futur ἐλεήσω, aor. ἠλέησα, parf. inus. ; parf. passif
ἠλέημαι) : s’apitoyer, avoir pitié.
τίς
οὐκ ἂν τὴν πόλιν ἠλέησεν : qui n'aurait eu pitié de la ville ?
cf. Κύριε
ἐλέησον : seigneur, prends pitié.
Καὶ δεήσεται καὶ ἱκετεύσει ἐλεῆσαι αὐτόν : il vous demandera, il
viendra vous supplier de le prendre en pitié.
δέω (imparf. ἔδεον, futur δεήσω, aor. ἐδέησα, parf. δεδέηκα) : manquer,
avoir besoin de.
moyen
δέομαι (futur δεήσομαι, aor. ἐδεήθην, parf. δεδέημαι) : avoir besoin;
demander, prier.
ἱκετεύω (imparf. ἱκέτευον, futur ἱκετεύσω, aor. ἱκέτευσα, parf. inus.)
: venir comme suppliant, venir supplier.
ἀσφάλεια, ας (ἡ) : le fait de ne pas glisser, allure ferme; stabilité;
sûreté, sécurité.
νομίζω (futur νομίσω, att. νομίῶ, aor. ἐνόμισα, parf. νενόμικα) : avoir
en usage, pratiquer; penser, croire, regarder comme; reconnaître (les
dieux).
τούτους (τοὺς θεοὺς) πάντες οἱ Σκύθαι νενομίκασι : voilà les dieux que
reconnaissent tous les Scythes.
Ῥοδίους ἱκετευέτω· τὴν γὰρ ἀσφάλειαν ἐν τῇ ἐκείνων πόλει μᾶλλον ἢ ἐν τῇ
ἑαυτοῦ πατρίδι ἐνόμισεν εἶναι : qu'il aille implorer les Rhodiens,
puisqu'il a pensé trouver chez eux plus de sécurité que dans son propre
pays !
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Les
juges ne doivent pas se laisser prendre à la comédie
pseudo-démocratique de Démosthène
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Οὗτος
κλάει μὲν ῥᾷον ἢ ἄλλοι γελῶσιν, ἐπιορκεῖ δὲ πάντων προχειρότατα
ἀνθρώπων. Οὐκ ἂν θαυμάσαιμι δὲ εἰ, μεταϐαλλόμενος,
τοῖς ἔξω
περιεστηκόσι λοιδορήσεται,
φάσκων τοὺς μὲν ὀλιγαρχικοὺς ὑπ' αὐτῆς τῆς
ἀληθείας διηριθμημένους ἥκειν πρὸς τὸ τοῦ κατηγόρου βῆμα, τοὺς δὲ
δημοτικοὺς πρὸς τὸ τοῦ φεύγοντος. (208)
Ὅταν δὴ ταῦτα λέγῃ, πρὸς μὲν τοὺς στασιαστικοὺς λόγους ἐκεῖνο αὐτῷ
ὑποϐάλλετε, ὅτι, Ὦ Δημόσθενες, εἰ σοὶ ἦσαν ὅμοιοι οἱ ἀπὸ Φυλῆς φεύγοντα
τὸν δῆμον καταγαγόντες, οὐκ ἄν ποθ' ἡ δημοκρατία κατέστη· νῦν δὲ
ἐκεῖνοι μὲν, μεγάλων κακῶν συμϐάντων, ἔσωσαν τὴν πόλιν, τὸ κάλλιστον ἐκ
παιδείας ῥῆμα φθεγξάμενοι, Μὴ μνησικακεῖν· σὺ δὲ ἑλκοποιεῖς, καὶ μᾶλλόν
σοι μέλει τῶν αὐθημερὸν λόγων, ἢ τῆς σωτηρίας τῆς πόλεως· ὅταν δ',
ἐπίορκος ὢν, εἰς τὴν τῶν ὅρκων πίστιν καταφυγγάνῃ, ἐκεῖνο
ἀπομνημονεύσατε αὐτῷ, ὅτι τῷ πολλάκις μὲν ἐπιορκοῦντι, ἀεὶ δὲ μεθ'
ὅρκων ἀξιοῦντι πιστεύεσθαι, δυοῖν θάτερον ὑπάρξαι δεῖ, ὧν οὐδέτερόν
ἐστι Δημοσθένει ὑπάρχον, ἢ τοὺς θεοὺς καινούς, ἢ τοὺς ἀκροατὰς μὴ τοὺς
αὐτούς. (209) Περὶ δὲ τῶν δακρύων
καὶ τοῦ τόνου τῆς φωνῆς, ὅταν ὑμᾶς ἐπερωτᾷ. Ποῖ καταφύγω, ἄνδρες
Ἀθηναῖοι; Εἰ περιεγράψατέ με ἐκ τῆς πολιτείας, οὐκ ἔστιν ὅπη
ἀναπτήσομαι· ἀνθυποϐάλλετε αὐτῷ. Ὁ δὲ δῆμος ὁ Ἀθηναίων ποῖ καταφύγῃ,
Δημόσθενες; Πρὸς ποίαν συμμάχων παρασκευήν; Πρὸς ποῖα χρήματα; Τί
προϐαλλόμενος ὑπὲρ τοῦ δήμου πεπολίτευσαι; Ἃ μὲν γὰρ ὑπὲρ σεαυτοῦ
βεϐούλευσαι, ἅπαντες ὁρῶμεν. Ἐκλιπὼν μὲν τὸ ἄστυ, οὐκ οἰκεῖς, ὡς
δοκεῖς, ἐν Πειραιεῖ, ἀλλ' ἐξορμεῖς ἐκ τῆς πόλεως, ἐφόδια δὲ πεπόρισαι
τῇ σαυτοῦ ἀνανδρίᾳ τὸ βασιλικὸν χρυσίον, καὶ τὰ δημόσια δωροδοκήματα.
[210] Ὅλως δὲ τί τὰ δάκρυα;
Τίς ἡ
κραυγή; Τίς ὁ τόνος τῆς φωνῆς; Οὐχ ὁ μὲν τὴν γραφὴν φεύγων ἐστὶ
Κτησιφῶν; Ὁ δὲ ἀγὼν οὐκ ἀτίμητος· σὺ δ' οὔτε περὶ τοῦ σώματος, οὔτε
περὶ τῆς ἐπιτιμίας ἀγωνίζῃ;
Eschine, contre Ctésiphon, 207-210
Celui-là pleure plus facilement que les autres ne
rient
pour se parjurer. Il n'a pas son pareil, et je ne serais pas étonné
qu'il se retourne contre le cercle de l'auditoire pour l'invectiver, et
prétende que les partisans de l'oligarchie se trouvent répartis comme
le veut elle-même la vérité, en s'étant mis du côté de la tribune de
l'accusateur, et ceux de la démocratie du côté de celle de l'accusé. (208) Quand
il tiendra ce genre de propos, répliquez à son langage de division ceci
: "Démosthène, si ceux qui ont rapatrié de Phylé les démocrates en exil
avaient été semblables à toi, jamais la démocratie n'aurait été
rétablie. Mais en fait ceux-là trouvèrent la cité qui avait connu de
grands malheurs en prononçant la plus belle parole qui se puisse
enseigner, de ne pas tenir rancune, alors que toi, tu envenimes les
plaies, et tu te soucies plus de tes discours faits au jour le jour que
du salut de la cité. Quand il se parjurera et se réfugiera derrière la
confiance que procurent les serments, rappelez-lui alors que celui qui
se parjure souvent et prétend chaque fois, serments à l'appui, obtenir
la confiance doit avoir l'une des deux possibilités dont Démosthène n'a
ni l'un ni l'autre, ou bien des dieux renouvelés ou bien des auditeurs
qui ne soient pas les mêmes. (209)
S'agissant de ses larmes et du ton de sa voix quand il demandera : "Où
me réfugier, Athéniens ? Vous m'avez enfermé, je n'ai nulle part pour
m'envoler", vous lui répondrez du tac au tac : "Et le peuple d'Athènes,
où se réfugiera-t-il, Démosthène ? Vers quels alliés prêts à le
secourir ? Vers quels biens ? Quel rempart pour protéger le peuple nous
vaut ta politique ? Car tes résolutions pour protéger ta personne, nous
les voyons tous. Si tu as quitté la Ville, ce n'est pas pour
t'installer, il me semble, au Pirée, mais pour être sur ton départ
d'Athènes, et pour payer le voyage tu réserves à ta lâcheté l'or du roi
et le prix de tes malversations politiques". [210]
En somme pourquoi ces larmes ? Pourquoi ces cris ? Pourquoi ce ton de
la voix ? N'est-il pas vrai que ce soit Ctésiphon l'accusé dans ce
procès, sans que la peine en soit déterminée d'avance par une loi ? Au
lieu que pour toi l'enjeu n'est ni ton argent, ni ta personne, ni tes
droits de citoyen.
trad. Lucien Pernée,
cahiers 128, éd. Armand Colin.
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κλαίω, att.
κλάω (imparf. ἔκλαιον, att. ἔκλαον, futur κλαύσομαι, att.
κλαιήσω ou κλαήσω, aor. ἔκλαυσα, parf. inus. ; passif aor. ἐκλαύσθην,
parf. κέκλαυμαι, postér. κέκλαυσμαι): pleurer; pleurer sur, déplorer.
γελάω-ῶ (imparf. ἐγέλων ; futur γελάσομαι, postér. γελάσω; aor. ἐγέλασα
; parf. inus. ; passif futur γελασθήσομαι, aor. ἐγελάσθην : briller;
rire (qui illumine le visage)
ἐπιορκέω-ῶ (f. ἐπιορκήσω, aor. ἐπιώρκησα, parf. ἐπιώρκηκα) : faire un
faux serment; jurer faussement.
πρόχειρος, ος, ον : devant la main, à la portée de tous, prêt, facile,
naturel.
χείρ, gén.
χειρός, dat.
plur. χερσί (ἡ) : main.
ἐπιορκεῖ δὲ πάντων προχειρότατα
ἀνθρώπων : il fait un faux serment le plus naturellement du monde
θαυμάζω (futur θαυμάσομαι, rarement
θαυμάσω, aor. ἐθαύμασα, parf. τεθαύμακα; passif aor. ἐθαυμάσθην, parf.
τεθαύμασμαι) : s’étonner, voir avec étonnement ou admiration, admirer,
vénérer, honorer.
λοιδορέω-ῶ : insulter, invectiver, injurier, gourmander durement;
reprocher.
οὐκ ἂν θαυμάσαιμι δὲ εἰ, μεταϐαλλόμενος, τοῖς ἔξω περιεστηκόσι
λοιδορήσεται : je ne serais pas étonné qu'il se retourne contre le
cercle de l'auditoire pour l'invectiver.
περιΐστημι (aor.1 περιέστησα), parf. περιέστηκα, participe parfait
περιέστηκῶς : placer autour, se placer autour.
ἔξω, adv. et prép. : au dehors, dehors, hors.
ἀτίμητος, ος, ον : non honoré, méprisé; non évalué, non estimé.
ἀγὼν ἀτίμητος : procès sans estimation.
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Démosthène,
avant Chéronée, a empêché la paix
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(148)
Φιλίππου γὰρ οὐ καταφρονοῦντος τῶν Ἑλλήνων, οὐδ' ἀγνοοῦντος (οὐ γὰρ ἦν
ἀσύνετος) ὅτι περὶ τῶν ὑπαρχόντων ἀγαθῶν ἐν ἡμέρας μικρῷ μέρει
διαγωνιεῖται, καὶ διὰ ταῦτα βουλομένου ποιήσασθαι εἰρήνην, καὶ
πρεσϐείας ἀποστέλλειν μέλλοντος, καὶ τῶν ἀρχόντων τῶν ἐν Θήϐαις
φοϐουμένων τὸν ἐπιόντα κίνδυνον εἰκότως (οὐ γὰρ ῥήτωρ ἀστράτευτος καὶ
λιπὼν τὴν τάξιν αὐτοὺς ἐνουθέτησεν, ἀλλ' ὁ Φωκικὸς πόλεμος, δεκέτης
γεγονὼς ἀείμνηστον παιδείαν αὐτοὺς ἐπαίδευσε)· (149)
τούτων ἐχόντων οὕτως αἰσθόμενος Δημοσθένης καὶ τοὺς Βοιωτάρχας
ὑποπτεύσας μέλλειν εἰρήνην ἰδίᾳ ποιεῖσθαι, χρυσίον ἄνευ αὑτοῦ παρὰ
Φιλίππου λαβόντας, ἀβίωτον ἡγησάμενος εἶναι εἴ τινος ἀπολειφθήσεται
δωροδοκίας, ἀναπηδήσας ἐν τῇ ἐκκλησίᾳ, οὐδενὸς ἀνθρώπων λέγοντος, οὔθ'
ὡς δεῖ ποιεῖσθαι πρὸς Φίλιππον εἰρήνην, οὔθ' ὡς οὐ δεῖ, ἀλλ' ὡς ᾤετο,
κήρυγμά τι τοῦτο τοῖς Βοιωτάρχαις προκηρύττων, ἀναφέρειν αὑτῷ τὰ μέρη
τῶν λημμάτων, διώμνυτο τὴν Ἀθηνᾶν,
[150] ἣν, ὡς ἔοικε,
Φειδίας
ἐνεργολαϐεῖν ἠργάσατο καὶ ἐνεπιορκεῖν Δημοσθένει, ἦ μήν, εἴ τις ἐρεῖ ὡς
χρὴ πρὸς Φίλιππον εἰρήνην ποιήσασθαι, ἀπάξειν εἰς τὸ δεσμωτήριον
ἐπιλαϐόμενος τῶν τριχῶν, ἀπομιμούμενος τὴν Κλεοφῶντος πολιτείαν, ὃς,
ἐπὶ τοῦ πρὸς Λακεδαιμονίους πολέμου, ὡς λέγεται, τὴν πόλιν ἀπώλεσεν. Ὡς
δ' οὐ προσεῖχον αὐτῷ οἱ ἄρχοντες οἱ ἐν ταῖς Θήϐαις, ἀλλὰ καὶ τοὺς
στρατιώτας τοὺς ὑμετέρους πάλιν ἀνέστρεψαν ἐξεληλυθότας, ἵνα
βουλεύσησθε περὶ τῆς εἰρήνης, (151)
ἐνταῦθ' ἤδη παντάπασιν ἔκφρων ἐγένετο, καὶ, παρελθὼν ἐπὶ τὸ βῆμα,
προδότας τῶν Ἑλλήνων τοὺς Βοιωτάρχας ἀπεκάλεσε, καὶ γράψειν ἔφη
ψήφισμα, ὁ τοῖς πολεμίοις οὐδεπώποτ' ἀντιβλέψας, πέμπειν ὑμᾶς πρέσβεις
εἰς Θήϐας, αἰτήσοντας Θηϐαίους δίοδον ἐπὶ Φίλιππον.
Ὑπεραισχυνθέντες δὲ
οἱ ἐν Θήϐαις ἄρχοντες, μὴ δόξωσιν ὡς ἀληθῶς εἶναι προδόται τῶν Ἑλλήνων,
ἀπὸ μὲν τῆς εἰρήνης ἀπετράποντο, ἐπὶ δὲ τὴν παράταξιν ὥρμησαν.
Eschine, contre Ctésiphon, 148-151
(148) Philippe
ne
méprisait pas les Grecs; il n'était pas dénué de bon sens et n'ignorait
pas qu'il allait risquer sa fortune présente dans le court espace d'une
journée. Aussi désirait-il faire la paix, et se disposait à nous
envoyer des ambassadeurs. A Thèbes, les magistrats étaient effrayés du
péril menaçant : à juste titre, car ce n'était pas un politicien
étranger à la guerre et déserteur de son poste qui leur donnait des
avertissements, mais la guerre de Phocide,qui avait duré dix ans, leur
avait laissé un enseignement inoubliable.
(149) Démosthène que
telle
était la situation, il souçonna que les Béotarques allaient conclure
une paix séparée, en touchant de l'argent de Philippe, sans qu'il en
eût sa part, il pensa alors que la vie était intolérable s'il devait
manquer un profit, et il bondit à la tribune. A ce moment personne ne
parlait ni pour ni contre la paix avec Philippe, mais il pensait
adresser par ce discours un avertissement solennel aux Béotarques de
lui attribuer sa part du gain et il jura par Athéna,
[150] --- cette
déesse que
Phidias avait sans doute sculptée pour qu'elle servît aux
prévarications et aux faux serments d'un Démosthès, --- il jura de
saisir par les cheveux et de traîner en prison quiconque viendrait dire
qu'il fallait faire la paix avec Philippe. Il imitait en cela
fidèlement la politique de ce Ctésiphon qui, à l'époque de la guerre
avec Spartes, avait, dit-on, causé la ruine de la république. Mais les
magistrats de Thèbes ne l'écoutèrent pas, et firent même volte-face à
vos troupes qui étaient déjà en route, afin que vous délibériez sur la
paix.
(151) Alors il perd
tout à
fait la raison, il monte à la tribune, il appelle les Béotarques
traîtres aux Héllènes, et qui n'a jamais regardé l'ennemi en face, il
déclare qu'il va vous faire décréter l'envoi d'une ambassade à Thèbes
pour demander le libre passage des troupes contre Philippe. Accablés de
honte à l'idée qu'ils pourraient réellement paraître trahir la cause
des Grecs, les magistrats de Thèbes renoncent à la paix et s'empressent
de préparer le combat.
trad. Victor Martin et Guy
de Budé; éd. les belles lettres
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ἀποτρέπω ((futur ἀποτρέψω, aor.2 ἀπἔτραπον) :
détourner, écarter,
dissuader.
moyen
futur. ἀποτρέψομαι, futur 2 ἀποτραπήσομαι, aor.2 ἀπετραπόμην) :
se détourner.
παράταξις, εως (ἡ) : action de ranger une armée en bataille.
Ὑπεραισχυνθέντες δὲ
οἱ ἐν Θήϐαις ἄρχοντες, μὴ δόξωσιν ὡς ἀληθῶς εἶναι προδόται τῶν Ἑλλήνων,
ἀπὸ μὲν τῆς εἰρήνης ἀπετράποντο, ἐπὶ δὲ τὴν παράταξιν ὥρμησαν : accablés de
honte à l'idée qu'ils pourraient réellement paraître trahir la cause
des Grecs, les magistrats de Thèbes renoncent à la paix et s'empressent
de préparer le combat..
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Un esprit sain dans
un corps sain
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εὖ γὰρ ἴσθι ὅτι οὐδὲ ἐν ἄλλῳ οὐδενὶ ἀγῶνι
οὐδὲ ἐν πράξει οὐδεμιᾷ μεῖον
ἕξεις διὰ τὸ βέλτιον τὸ σῶμα παρεσκευάσθαι· πρὸς πάντα γὰρ ὅσα
πράττουσιν ἄνθρωποι χρήσιμον τὸ σῶμά ἐστιν· ἐν πάσαις δὲ ταῖς τοῦ
σώματος χρείαις πολὺ διαφέρει ὡς βέλτιστα τὸ σῶμα ἔχειν· ἐπεὶ καὶ ἐν ᾧ
δοκεῖ ἐλαχίστη σώματος χρεία εἶναι, ἐν τῷ διανοεῖσθαι, τίς οὐκ οἶδεν
ὅτι καὶ ἐν τούτῳ πολλοὶ μεγάλα σφάλλονται διὰ τὸ μὴ ὑγιαίνειν τὸ σῶμα;
καὶ λήθη δὲ καὶ ἀθυμία καὶ δυσκολία καὶ μανία πολλάκις πολλοῖς διὰ τὴν
τοῦ σώματος καχεξίαν εἰς τὴν διάνοιαν ἐμπίπτουσιν οὕτως ὥστε καὶ τὰς
ἐπιστήμας ἐκϐάλλειν. τοῖς δὲ τὰ σώματα εὖ ἔχουσι πολλὴ ἀσφάλεια καὶ
οὐδεὶς κίνδυνος διά γε τὴν τοῦ σώματος καχεξίαν τοιοῦτόν τι παθεῖν,
εἰκὸς δὲ μᾶλλον πρὸς τὰ ἐναντία τῶν διὰ τὴν καχεξίαν γιγνομένων {καὶ}
τὴν εὐεξίαν χρήσιμον εἶναι· καίτοι τῶν γε τοῖς εἰρημένοις ἐναντίων
ἕνεκα τί οὐκ ἄν τις νοῦν ἔχων ὑπομείνειεν; αἰσχρὸν δὲ καὶ τὸ διὰ τὴν
ἀμέλειαν γηρᾶναι, πρὶν ἰδεῖν ἑαυτὸν ποῖος ἂν κάλλιστος καὶ κράτιστος τῷ
σώματι γένοιτο· ταῦτα δὲ οὐκ ἔστιν ἰδεῖν ἀμελοῦντα· οὐ γὰρ ἐθέλει
αὐτόματα γίγνεσθαι.
Xénophon, Mémorables, 3, 12
Sache bien que, dans aucune autre lutte, dans aucun acte de la vie, tu
ne te trouveras mal d'avoir bien exercé ton corps : en effet, dans
toutes les actions que font les hommes, le corps a son utilité, et dans
tous les usages où nous l'employons il est essentiel qu'il soit
constitué le mieux possible. Il y a plus, dans les fonctions même où tu
crois qu'il a le moins de part, je veux dire celles de l'intelligence,
qui ne sait que la pensée commet souvent de grandes fautes, parce que
le corps est mal disposé ? Le défaut de mémoire, la lenteur d'esprit,
la paresse, la folie, sont souvent la suite d'une disposition vicieuse
du corps, qui atteint l'intelligence, au point de nous faire perdre ce
que nous savons. Si, au contraire, le corps est sain, il y a toute
sûreté, et il n'y a pas de danger que l'homme en arrive là, faute d'une
bonne constitution; il est même vraisemblable que la vigueur de son
tempérament sera excellente pour produire en lui des effets contraires
à ceux d'une constitution mauvaise. Et que ne fera pas un homme de bon
sens pour arriver au contraire de ce qui vient d'être dit ? D'ailleurs,
il est honteux de vieillir dans cette négligence, sans savoir jusqu'où
pourraient s'étendre la beauté et la force de son corps : or c'est ce
qu'on ne peut connaître sans exercice; car rien de cela ne vient de
soi-même.
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οὐδέ : et ne, et non; et… non pas même, ni
même (lat.
ne…
quidem)
μείων, ων, ον, gén. ονος : moindre, plus petit; inférieur ou moindre en
force, en puissance, en crédit.
μεῖον ἕξεις : tu te trouveras en pire état (sans les négations).
παρασκευάζω (futur παρασκευάσω, aor. παρεσκεύασα, parf. παρεσκεύακα) :
préparer, apprêter, disposer.
ταῦτα δὲ οὐκ ἔστιν ἰδεῖν ἀμελοῦντα : on ne peut le savoir si on le
néglige.
ἀμελέω-ῶ (futur ἀμελήσω, aor. ἠμέλησα, parf. ἠμέληκα) : ne pas
s’inquiéter, négliger.
ἐθέλω (imparf. ἤθελον, futur ἐθελήσω, aor. ἠθέλησα, parf. ἠθέληκα,
pl.q.parf. ἠθελήκειν) : vouloir, vouloir bien, consentir à.
αὐτόματος, η, ον : qui se meut de soi-même.
οὐ γὰρ ἐθέλει
αὐτόματα γίγνεσθαι : car cela ne vient pas tout seul.
οὐ γὰρ ἐθέλει
αὐτόματα γίγνεσθαι : car cela ne vient pas de
soi-même.
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Qualités
militaires de Cléarque
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(1.3.17) ἐγὼ
γὰρ ὀκνοίην
μὲν ἂν εἰς τὰ πλοῖα ἐμϐαίνειν ἃ ἡμῖν δοίη, μὴ ἡμᾶς αὐταῖς
τριήρεσι καταδύσῃ, φοϐοίμην δ' ἂν τῷ ἡγεμόνι ὃν δοίη ἕπεσθαι, μὴ ἡμᾶς
ἀγάγῃ ὅθεν οὐκ ἔσται ἐξελθεῖν · βουλοίμην δ' ἂν ἄκοντος ἀπιὼν Κύρου
λαθεῖν αὐτὸν ἀπελθών · ὃ οὐ δυνατόν ἐστιν.
(2.1.14) ἄλλους δέ τινας
ἔφασαν
λέγειν ὑπομαλακιζομένους,
ὡς καὶ Κύρῳ πιστοὶ ἐγένοντο καὶ βασιλεῖ ἂν
πολλοῦ ἄξιοι γένοιντο, εἰ βούλοιτο φίλος γενέσθαι · καὶ εἴτε ἄλλο τι
θέλοι χρῆσθαι εἴτ᾽ ἐπ᾽ Αἴγυπτον στρατεύειν, συγκαταστρέψαιντ᾽
ἂν αὐτῷ.
(2,1,20) Κλέαρχος
δὲ πρὸς
ταῦτα εἶπεν· -- ἀλλὰ ταῦτα μὲν δὴ σὺ λέγεις · παρ᾽ ἡμῶν δὲ ἀπάγγελλε
τάδε, ὅτι ἡμεῖς οἰόμεθα, εἰ μὲν δέοι βασιλεῖ φίλους εἶναι, πλείονος ἂν
ἄξιοι εἶναι φίλοι ἔχοντες τὰ ὅπλα ἢ παραδόντες ἄλλῳ, εἰ δὲ δέοι
πολεμεῖν, ἄμεινον ἂν πολεμεῖν ἔχοντες τὰ ὅπλα ἢ ἄλλῳ παραδόντες.
(2.1.21) ὁ δὲ Φαλῖνος
εἶπε · "ταῦτα
μὲν δὴ ἀπαγγελοῦμεν
· ἀλλὰ καὶ τάδε ὑμῖν εἰπεῖν ἐκέλευσε βασιλεύς, ὅτι
μένουσι μὲν ὑμῖν αὐτοῦ σπονδαὶ εἴησαν, προϊοῦσι δὲ καὶ ἀπιοῦσι
πόλεμος". εἴπατε οὖν καὶ περὶ τούτου πότερα μενεῖτε καὶ σπονδαί
εἰσιν
ἢ ὡς πολέμου ὄντος παρ᾽ ὑμῶν ἀπαγγελῶ.
[2, 6, 1] οἱ μὲν
δὴ στρατηγοὶ
οὕτω ληφθέντες ἀνήχθησαν ὡς βασιλέα καὶ ἀποτμηθέντες
τὰς κεφαλὰς
ἐτελεύτησαν, εἷς μὲν αὐτῶν Κλέαρχος ὁμολογουμένως
ἐκ πάντων τῶν ἐμπείρως
αὐτοῦ ἐχόντων δόξας γενέσθαι ἀνὴρ καὶ πολεμικὸς καὶ
φιλοπόλεμος ἐσχάτως. (2.6.2) καὶ
γὰρ δὴ ἕως μὲν πόλεμος ἦν τοῖς Λακεδαιμονίοις πρὸς τοὺς Ἀθηναίους παρέμενεν,
ἐπειδὴ δὲ εἰρήνη ἐγένετο, πείσας τὴν αὑτοῦ πόλιν ὡς οἱ
Θρᾷκες ἀδικοῦσι τοὺς Ἕλληνας καὶ διαπραξάμενος
ὡς ἐδύνατο παρὰ τῶν
ἐφόρων ἐξέπλει ὡς πολεμήσων τοῖς ὑπὲρ Χερρονήσου καὶ Περίνθου
Θρᾳξίν. (2.6.3) ἐπεὶ
δὲ μεταγνόντες πως οἱ ἔφοροι ἤδη ἔξω ὄντος ἀποστρέφειν
αὐτὸν ἐπειρῶντο
ἐξ Ἰσθμοῦ, ἐνταῦθα οὐκέτι πείθεται, ἀλλ᾽ ᾤχετο πλέων εἰς
Ἑλλήσποντον. (2.6.4) ἐκ
τούτου καὶ ἐθανατώθη ὑπὸ τῶν ἐν Σπάρτῃ τελῶν ὡς ἀπειθῶν. ἤδη δὲ φυγὰς
ὢν ἔρχεται πρὸς Κῦρον, καὶ ὁποίοις μὲν λόγοις ἔπεισε Κῦρον ἄλλῃ
γέγραπται, δίδωσι δὲ αὐτῷ Κῦρος μυρίους δαρεικούς
· (2.6.5) ὁ
δὲ λαϐὼν οὐκ ἐπὶ ῥᾳθυμίαν
ἐτράπετο,
ἀλλ᾽ ἀπὸ τούτων τῶν χρημάτων συλλέξας
στράτευμα
ἐπολέμει τοῖς Θρᾳξί, καὶ μάχῃ τε ἐνίκησε καὶ ἀπὸ
τούτου δὴ ἔφερε καὶ ἦγε τούτους καὶ πολεμῶν διεγένετο
μέχρι Κῦρος
ἐδεήθη τοῦ στρατεύματος· τότε δὲ ἀπῆλθεν ὡς ξὺν ἐκείνῳ αὖ
πολεμήσων. (2.6.6) ταῦτα
οὖν φιλοπολέμου
μοι δοκεῖ ἀνδρὸς ἔργα εἶναι, ὅστις ἐξὸν μὲν εἰρήνην
ἄγειν ἄνευ αἰσχύνης καὶ βλάϐης αἱρεῖται πολεμεῖν, ἐξὸν δὲ ῥᾳθυμεῖν
βούλεται πονεῖν ὥστε πολεμεῖν, ἐξὸν δὲ χρήματα ἔχειν ἀκινδύνως αἱρεῖται
πολεμῶν μείονα ταῦτα ποιεῖν · ἐκεῖνος δὲ ὥσπερ εἰς παιδικὰ ἢ εἰς ἄλλην
τινὰ ἡδονὴν ἤθελε δαπανᾶν εἰς πόλεμον. (2.6.7) οὕτω
μὲν φιλοπόλεμος
ἦν · πολεμικὸς δὲ αὖ ταύτῃ ἐδόκει εἶναι ὅτι φιλοκίνδυνός
τε ἦν καὶ ἡμέρας καὶ νυκτὸς ἄγων ἐπὶ τοὺς πολεμίους καὶ ἐν τοῖς δεινοῖς
φρόνιμος, ὡς οἱ παρόντες πανταχοῦ πάντες ὡμολόγουν. (2.6.8) καὶ
ἀρχικὸς δ᾽ ἐλέγετο εἶναι ὡς δυνατὸν ἐκ τοῦ τοιούτου τρόπου οἷον
κἀκεῖνος εἶχεν. ἱκανὸς μὲν γὰρ ὥς τις καὶ ἄλλος φροντίζειν ἦν ὅπως ἔχοι
ἡ στρατιὰ αὐτῷ τὰ ἐπιτήδεια καὶ παρασκευάζειν
ταῦτα, ἱκανὸς δὲ καὶ ἐμποιῆσαι
τοῖς παροῦσιν ὡς πειστέον εἴη Κλεάρχῳ. (2.6.9) τοῦτο
δ᾽ ἐποίει ἐκ τοῦ χαλεπὸς εἶναι· καὶ γὰρ ὁρᾶν στυγνὸς ἦν καὶ τῇ φωνῇ
τραχύς, ἐκόλαζέ
τε ἰσχυρῶς,
καὶ ὀργῇ ἐνίοτε, ὡς καὶ αὐτῷ μεταμέλειν
ἔσθ᾽ ὅτε.
Xénophon, Anabase, 1, 3, 17; 2, 1, 14, 20 et 21; 2, 6, 1-9
(1.3.17) Pour
moi,
ajouta-t-il, j'hésiterais à monter sur les bateaux qu'il nous
donnerait, de peur qu'il ne nous envoyât au fond avec ses propres
trières. Je craindrais aussi de suivre le guide qu'il fournirait :
j'aurais peur qu'il ne nous menât en un lieu dont nous ne pourrions pas
sortir. Je préférerais, puisque c'est malgré lui que je m'en vais, que
mon départ lui restât caché. Or, cela est impossible.
(2.1.14) D'autres
aussi, qui commençaient à faiblir, firent valoir, dit-on, qu'ils
avaient été fidèles à Cyrus et qu'ils pourraient être d'une grande
utilité au Roi, s'il consentait à leur accorder son amitié : qu'il eût
d'autres projets, qu'il voulût marcher contre l'Egypte, ils
l'aideraient à la lui soumettre.
(2.1.20) Cléarque
répliqua :
"Voici donc ton opinion, à toi; pour nous, voici notre réponse : nous
estimons, au cas où nous serions forcés de devenir les amis du Roi, que
nous serions pour lui des amis plus efficaces avec nos armes, qu'en les
ayant livrés à autrui; dans le cas, au contraire, où il nous faudrait
combattre, que nous combattrions mieux avec nos armes que si quelque
autre les avaient reçues de nous."
(2.1.21) Phalinos reprit : "
Nous
rapporterons donc votre réponse, mais le Roi nous a aussi ordonné de
vous prévenir que si vous restez où vous êtes, il y avait trêve, que si
vous avancez ou reculez, c'était la guerre. Dites-nous donc aussi
à ce
sujet si vous resterez et s'il y a trêve, ou si je vais annoncer de
votre part que c'est la guerre."
[2, 6, 1] Les stratèges
ainsi
arrêtés furent conduits au Roi et on leur trancha la tête : telle fut
leur fin. L'un d'eux, Cléarque, de l'assentiment de tous ceux qui le
connaissaient bien, avait la science et la passion de la guerre au plus
haut degré. (2.6.2) En effet,
tant
que Lacédémone fit la guerre contre Athènes, il resta en Grèce, mais du
jour où la paix eut lieu, ayant persuadé à ses concitoyens que les
Thraces faisaient tort aux Hellènes, et ayant obtenu, comme il put, le
consentement des éphores, il s'embarqua pour faire la guerre aux
Thraces qui habitent au-dessus de la Chersonèse et de
Périnthe. (2.6.3) Lui
parti, quand les éphores eurent, on sait pourquoi, changé d'idée,
et
qu'ils essayaient de le faire revenir de l'Isthme, à ce moment-là il
n'obéit plus et fit voile vers l'Hellespont. (2.6.4) Là
dessus les magistrats de Sparte le condamnèrent à la peine capitale
pour désobéissance. Dès lors, exilé, il va trouver Cyrus. Par quels
discours il persuada Cyrus, c'est ce qui a été écrit ailleurs, et
celui-ci lui donna dix mille dariques. (2.6.5) Il
les prit et ne s'abandonna pas à une vie facile; au contraire, avec cet
argent, il réunit une armée, fit la guerre aux Thraces, les vainquit
dde vive force, puis ravagea, pilla leur pays et contunua à guerroyer,
jusqu'à ce que Cyrus eût besoin de son armée. Alors il partit pour
faire de nouveau la guerre avec ce prince. (2.6.6) Ce
sont là, il me semble, les actes d'un homme qui a la passion de la
guerre : il pouvait vivre dans la paix, sans honte, ni dommage, il
choisit de faire la guerre; il pouvait mener une vie facile, il préfère
se donner de la peine, pourvu qu'il fasse la guerre; il pouvait
posséder une fortune sans courir aucun risque, il aime mieux, en
faisant la guerre, la diminuer. Cet homme, comme fait un autre pour ses
amours ou pour tout autre plaisir, voulait dépenser pour la guerre. (2.6.7) Voilà
comme il avait la passion de la guerre. En outre, on voyait qu'il
savait la faire, parce qu'il aimait le danger, que la nuit comme le
jour il conduisait ses hommes contre l'ennemi et que, dans les moments
difficiles, il était avisé, comme tous ceux qui partout l'avaient vu à
l'œuvre le reconnaissaient. (2.6.8) Et
on le disait apte entre tous à commander, à cause de deux
qualités que
voici et qu'il possédait : il savait comme personne à s'ingénier
à ce
que ses troupes eussent des vivres et à leur en procurer; il savait
aussi imprimer en tous ceux qui l'entouraient la conviction qu'il
fallait obéir à Cléarque. (2.6.9) Il
y arrivait par la sévérité : il avait l'air sombre, la voix rude et il
punissait toujours fortement, à tel point qu'il lui arrivait de s'en
repentir.
trad. Masqueray; éd.
les belles lettres
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ἀνάγω (imparf. ἀνῆγον, futur ἀνάξω, aor.2
ἀνήγαγον, etc.) : mener,
amener.
ἀνάγειν ὡς βασιλέα : mener vers le grand roi.
ἀποτέμνω (futur ἀποτεμῶ, aor.2 ἀπέταμον, parf. ἀποτέτμηκα) : séparer en
coupant, amputer.
τελευτάω-ῶ (imparf. ἐτελεύτων, futur τελευτήσω, aor. ἐτελεύτησα, parf.
τετελεύτηκα, pl.q.pf. ἐτετελευτήκειν; passif aor. ἐτελευτήθην) : finir,
achever; finir, prendre fin; mourir, périr, être tué.
ὁμολογέω-ῶ (imparf. ὡμολόγουν, futur ὁμολογήσω, aor. ὡμολόγησα, parf.
ὡμολόγηκα; pl.q.parf. ὡμολογήκειν; passif futur ὁμολογηθήσομαι, aor.
ὡμολογήθην, parf. ὡμολόγημαι, pl.q.parf. ὡμολογήμην) : être d’accord.
ὁμολογουμένως, adv. : d’un accord unanime, de l’aveu de tous; d’une
manière conforme ou analogue à, d’accord avec.
(ὁμολογουμένως) ἐκ πάντων : de la part de tous, de l'aveu de tous.
ἀποτμηθέντες τὰς κεφαλὰς : amputés par la tête. --- acc. de
relation; cf. gram. BCS.
πολεμέω-ῶ (futur πολεμήσω, aor. ἐπολέμησα, parf. πεπολέμηκα) : faire la
guerre, guerroyer.
ἐκπλέω (futur ἐκπλεύσομαι, aor. ἐξέπλευσα) : sortir du port, lever
l’ancre, mettre à la voile.
ἐκπλεῖν ὡς πολεμήσων τοῖς ὑπὲρ Χερρονήσου καὶ Περίνθου Θρᾳξίν :
mettre à la voile pour faire la guerre aux Thraces qui habitent
au-dessus de la Chersonèse et de Périnthe.
δόξα, ης (ἡ) : opinion, jugement, avis, sentiment. cf. dico Bailly. version établie par
Gérard Gréco.
ἐμπείρως, adv. : avec expérience.
ἐμπείρως ἔχειν τινός : avoir l’expérience de quelque chose.
φιλοπόλεμος, ος, ον : qui aime la guerre, belliqueux.
ἐσχάτως, adv. : extrêmement, au plus haut point.
ἔρχομαι (futur ἐλεύσομαι, att. εἶμι, aor.2 ἦλθον, parf. ἐλήλυθα :
venir, aller, s'en aller.
φυγάς, άδος (ὁ, ἡ) : qui fuit; chassé de son pays, banni, exilé.
ἤδη δὲ
φυγὰς ὢν ἔρχεται πρὸς Κῦρον, καὶ ὁποίοις μὲν λόγοις ἔπεισε Κῦρον ἄλλῃ
γέγραπται, δίδωσι δὲ αὐτῷ Κῦρος μυρίους δαρεικούς : n'ayant plus de
patrie, il vint trouver Cyrus; et j'ai indiqué
ailleurs de quelle manière il gagna la confiance de ce prince; Cyrus
lui donna dix mille dariques.
φιλοκίνδυνος, ος, ον : qui aime le danger, hardi, téméraire.
διάγω (imparf. διῆγον, futur διάξω, aor.2 διήγαγον) : écarter, séparer;
différer, remettre; passer (son temps); conduire jusqu'au bout, faire
durer, entretenir, faire vivre.
memento
λέγων διῆγε : il ne cessait de parler de.
memento
ἐπιμελόμενος
διάξω : je continuerai de prendre soin de.
στράτευμα, ατος (τὸ) : expédition, campagne; troupes, armée en campagne.
δέω (imparf. ἔδεον, futur δεήσω, aor. ἐδέησα, parf. δεδέηκα) : manquer,
avoir besoin de.
μάχῃ τε ἐνίκησε καὶ ἀπὸ
τούτου δὴ ἔφερε καὶ ἦγε τούτους καὶ πολεμῶν διεγένετο μέχρι Κῦρος
ἐδεήθη τοῦ στρατεύματος : il les vainquit en bataille
rangée, puis pilla et ravagea leur pays; cette guerre l'occupa jusqu'à
ce que ses troupes devinssent nécessaires à Cyrus.
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Vigueur
du corps et santé de l'esprit
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οὔτοι
χρή, ὅτι οὐκ ἀσκεῖ δημοσίᾳ ἡ πόλις τὰ πρὸς τὸν πόλεμον, διὰ τοῦτο καὶ
ἰδίᾳ ἀμελεῖν, ἀλλὰ μηδὲν ἧττον ἐπιμελεῖσθαι. εὖ γὰρ ἴσθι ὅτι οὐδὲ ἐν
ἄλλῳ οὐδενὶ ἀγῶνι οὐδὲ ἐν πράξει οὐδεμιᾷ μεῖον ἕξεις διὰ τὸ βέλτιον τὸ
σῶμα παρεσκευάσθαι· πρὸς πάντα γὰρ ὅσα πράττουσιν ἄνθρωποι χρήσιμον τὸ
σῶμά ἐστιν· ἐν πάσαις δὲ ταῖς τοῦ σώματος χρείαις πολὺ διαφέρει ὡς
βέλτιστα τὸ σῶμα ἔχειν· ἐπεὶ καὶ ἐν ᾧ δοκεῖ ἐλαχίστη σώματος χρεία
εἶναι, ἐν τῷ διανοεῖσθαι, τίς οὐκ οἶδεν ὅτι καὶ ἐν τούτῳ πολλοὶ μεγάλα
σφάλλονται διὰ τὸ μὴ ὑγιαίνειν τὸ σῶμα; καὶ λήθη δὲ καὶ ἀθυμία καὶ
δυσκολία καὶ μανία πολλάκις πολλοῖς διὰ τὴν τοῦ σώματος καχεξίαν εἰς
τὴν διάνοιαν ἐμπίπτουσιν οὕτως ὥστε καὶ τὰς ἐπιστήμας ἐκβάλλειν. τοῖς
δὲ τὰ σώματα εὖ ἔχουσι πολλὴ ἀσφάλεια καὶ οὐδεὶς κίνδυνος διά γε τὴν
τοῦ σώματος καχεξίαν τοιοῦτόν τι παθεῖν, εἰκὸς δὲ μᾶλλον πρὸς τὰ
ἐναντία τῶν διὰ τὴν καχεξίαν γιγνομένων καὶ τὴν εὐεξίαν χρήσιμον εἶναι·
καίτοι τῶν γε τοῖς εἰρημένοις ἐναντίων ἕνεκα τί οὐκ ἄν τις νοῦν ἔχων
ὑπομείνειεν; αἰσχρὸν δὲ καὶ τὸ διὰ τὴν ἀμέλειαν γηρᾶναι, πρὶν ἰδεῖν
ἑαυτὸν ποῖος ἂν κάλλιστος καὶ κράτιστος τῷ σώματι γένοιτο· ταῦτα δὲ οὐκ
ἔστιν ἰδεῖν ἀμελοῦντα· οὐ γὰρ ἐθέλει αὐτόματα γίγνεσθαι.
Xénophon,
Mémorables, 3, 12
Ce n'est donc pas une raison, quand l'État n'ordonne
pas
publiquement de se livrer à des exercices en vue de la guerre, de les
négliger en particulier, et l'on ne doit pas s'y appliquer avec moins
de zèle. Sache bien que, dans aucune autre lutte, dans aucun acte de la
vie, tu n'auras à te repentir d'avoir exercé ton corps : en effet, dans
toutes les actions que font les hommes, le corps a son utilité, et dans
tous les usages où nous l'employons il est essentiel qu'il soit
constitué le mieux possible. Il y a plus, dans les fonctions même où tu
crois qu'il a le moins de part, je veux dire celles de l'intelligence,
qui ne sait que la pensée commet souvent de grandes fautes, parce que
le corps est mal disposé ? Le défaut de mémoire, la lenteur d'esprit,
la paresse, la folie, sont souvent la suite d'une disposition vicieuse
du corps, qui atteint l'intelligence, au point de nous faire perdre ce
que nous savons. Si, au contraire, le corps est sain, il y a toute
sûreté, et ii n'y a pas de danger que l'homme en arrive là, faute d'une
bonne constitution; il est même vraisemblable que la vigueur de son
tempérament sera excellente pour produire en lui des effets contraires
à ceux d'une constitution mauvaise. Et que ne fera pas un homme de bon
sens pour arriver au contraire de ce qui vient d'être dit ? D'ailleurs,
il est honteux de vieillir dans cette négligence, sans savoir jusqu'où
pourraient s'étendre la beauté et la force de son corps : or c'est ce
qu'on ne peut connaître sans exercice ; car rien de cela ne vient de
soi-même."
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οὔτοι, adv. : non certes, non cependant, en
vérité non.
ἀσκέω-ῶ (imparf. ἤσκουν, futur ἀσκήσω, aor. ἤσκησα, parf. ἤσκηκα;
passif futur ἀσκηθήσομαι, aor. ἠσκήθην, parf. ἤσκημαι) : travailler
avec art, façonner; exercer, pratiquer. --- cf. ascétisme.
δημόσιος,
α, ον : de l’État, du peuple, officiel.
οὐκ ἀσκεῖ δημοσίᾳ ἡ πόλις τὰ πρὸς τὸν πόλεμον : l'État n'ordonne pas
publiquement de se livrer à des exercices en vue de la guerre.
χρεία, ας (ἡ) : usage, emploi.
διαφέρω (futur διοίσω, aor.1 διήνεγκα, etc. ; passif aor. διηνέχθην) :
différer, l'emporter sur.
impers.
διαφέρει : il importe, il est essemtiel.
memento
οὐδὲν διαφέρει : il n’importe en rien.
ἐν πάσαις δὲ ταῖς τοῦ σώματος χρείαις πολὺ διαφέρει ὡς
βέλτιστα τὸ σῶμα ἔχειν : dans tous
les usages où nous employons notre corps il est essentiel qu'il soit
constitué le
mieux possible.
ἐθέλω (imparf. ἤθελον, futur ἐθελήσω, aor. ἠθέλησα, parf. ἠθέληκα,
pl.q.parf. ἠθελήκειν) : vouloir, vouloir bien, consentir à.
αὐτόματος, η, ον : qui se meut de soi-même.
οὐ γὰρ ἐθέλει
αὐτόματα γίγνεσθαι : car cela ne vient pas tout seul.
οὐ γὰρ ἐθέλει
αὐτόματα γίγνεσθαι : car cela ne vient pas de
soi-même.
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Liberté
du philosophe, servitude de l'orateur
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(ΣΩ.) Κινδυνεύουσιν
οἱ ἐν δικαστηρίοις
καὶ
τοῖς τοιούτοις ἐκ νέων κυλινδούμενοι πρὸς τοὺς ἐν φιλοσοφίᾳ καὶ τῇ (172d) τοιᾷδε διατριϐῇ τεθραμμένους
ὡς οἰκέται πρὸς ἐλευθέρους τεθράφθαι.
(ΘΕΟ.) Πῇ δή;
(ΣΩ.) Ἧι τοῖς μὲν τοῦτο ὃ σὺ εἶπες ἀεὶ πάρεστι, σχολή, καὶ
τοὺς λόγους
ἐν εἰρήνῃ
ἐπὶ σχολῆς ποιοῦνται · ὥσπερ ἡμεῖς νυνὶ τρίτον ἤδη λόγον ἐκ
λόγου μεταλαμϐάνομεν,
οὕτω κἀκεῖνοι,
ἐὰν αὐτοὺς ὁ ἐπελθὼν τοῦ προκειμένου
μᾶλλον καθάπερ ἡμᾶς ἀρέσῃ· καὶ διὰ μακρῶν ἢ βραχέων μέλει
οὐδὲν λέγειν, ἂν μόνον τύχωσι τοῦ ὄντος· οἱ δὲ ἐν ἀσχολίᾳ (172e) τε
ἀεὶ λέγουσι—κατεπείγει γὰρ ὕδωρ ῥέον—καὶ οὐκ ἐγχωρεῖ περὶ οὗ ἂν
ἐπιθυμήσωσι τοὺς λόγους ποιεῖσθαι, ἀλλ´ ἀνάγκην ἔχων ὁ ἀντίδικος
ἐφέστηκεν καὶ ὑπογραφὴν παραναγιγνωσκομένην
ὧν ἐκτὸς οὐ ῥητέον ἣν ἀντωμοσίαν
καλοῦσιν · οἱ δὲ λόγοι ἀεὶ περὶ ὁμοδούλου πρὸς δεσπότην
καθήμενον, ἐν χειρί τινα δίκην ἔχοντα, καὶ οἱ ἀγῶνες οὐδέποτε τὴν ἄλλως
ἀλλ´ ἀεὶ τὴν περὶ αὐτοῦ, πολλάκις δὲ καὶ περὶ ψυχῆς (173a) ὁ
δρόμος · ὥστ´ ἐξ ἁπάντων τούτων ἔντονοι καὶ δριμεῖς γίγνονται,
ἐπιστάμενοι τὸν δεσπότην λόγῳ τε θωπεῦσαι καὶ ἔργῳ ὑπελθεῖν, σμικροὶ δὲ
καὶ οὐκ ὀρθοὶ τὰς ψυχάς. τὴν γὰρ αὔξην καὶ τὸ εὐθύ τε καὶ τὸ ἐλευθέριον
ἡ ἐκ νέων δουλεία ἀφῄρηται, ἀναγκάζουσα πράττειν σκολιά, μεγάλους
κινδύνους καὶ φόϐους ἔτι ἁπαλαῖς ψυχαῖς ἐπιϐάλλουσα,
οὓς οὐ δυνάμενοι
μετὰ τοῦ δικαίου καὶ ἀληθοῦς ὑποφέρειν, εὐθὺς ἐπὶ τὸ ψεῦδός τε καὶ τὸ
ἀλλήλους ἀνταδικεῖν τρεπόμενοι (173b) πολλὰ
κάμπτονται
καὶ συγκλῶνται,
ὥσθ´ ὑγιὲς οὐδὲν ἔχοντες τῆς διανοίας εἰς
ἄνδρας ἐκ μειρακίων τελευτῶσι, δεινοί τε καὶ σοφοὶ γεγονότες, ὡς
οἴονται.
Platon, Thééthète, 172c-173b
Socrate
Il y a des chances que ceux qui fréquentent assidûment depuis la
jeunesse tribunaux et ainsi de suite, par rapport à ceux qu'on a
éduqués dans la philosophie et dans ce genre d'étude-ci, soient par
leur éducation comme des esclaves par rapport à des hommes libres.
Théodore
En quel sens donc ?
Socrate
En ce sens que ces derniers ont toujours à disposition ce que tu dis :
du loisir; et qu'ils font leurs discours en paix, tout à loisir.
Regarde-nous maintenant : c'est déjà la troisième fois que nous passons
d'un sujet à un autre; ceux-là aussi font de même, si le sujet qui
vient de se présenter leur plaît plus, comme nous, que celui en cours
de discussion. Et il ne leur importe nullement que le discours tienne
en beaucoup de mots ou en peu, pourvu seulement qu'ils atteignent la
réalité. Les autres au contraire manquent toujours de loisir pour faire
leurs discours - car la clepsydre presse - et il n'y a pas place pour
parler des sujets qu'ils désirent : la partie adverse a un moyen dee
contrainte pour y faire obstacle, disposant d'un écrit lu devant le
tribunal qui fixe les termes en dehors desquels il est interdit de
parler (c'est ce qu'on appelle le serment réciproque). Leurs discours
concernent toujours un compagnon d'esclavage face à un maître qui
siège, ayant en main quelque châtiment, et les débats tournent
toujours autour de lui, exclusivement, avec pour enjeu final, souvent,
sa vie. Il résulte de tout cela qu'ils deviennent tendus et rusés,
experts à flatter le maître en paroles, et à le tromper en actes, mais
l'âme petite et tordue. Car l'esclavage où on les tient depuis la
jeunesse les empêche de grandir, et d'être droits et libres, les
obligeant à une conduite tortueuse, imposant à des âmes encore tendres
de grands dangers et de grandes craintes, qu'ils ne peuvent supporter
avec le soutien de la justice et de la vérité, de sorte que, se
tournant directemnt vers le mensonge et rendant injustice sur
injustice, ils se tordent et se brisent en maints endroits. Aussi leur
pensée n'a-t-elle rien de sain lorsque, enfin, ils parviennent de
l'adolescence à l'âge adulte, tout habiles et malins qu'ils se croient
devenus.
trad. Lucien Pernée, cahiers 128, éd. Armand Colin.
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κινδυνεύω (futur κινδυνεύσω, aor.
ἐκινδύνευσα,
parf. κεκινδύνευκα):
être en danger, courir un danger; courir une chance, risquer, avoir
chance de.
κυλίνδω (futur κυλίνδίσω aor. ἐκύλισα; passif aor. ἐκυλίσθην, parf.
κεκύλισμαι) : rouler; rouler, aller et venir, fréquenter sans cesse (cf.
lat. versari)
ἐν δικαστηρίοις καὶ τοῖς τοιούτοις : dans les tribunaux et les endroits
de cette sorte.
διατριϐή, ῆς : usure par le frottement; déchirement, discorde; action
de faire passer le temps; occupation sérieuse, travail, étude.
ἐν φιλοσοφίᾳ καὶ τῇ τοιᾷδε
διατριϐῇ : dans la philosophie et dans les études de ce genre.
τρέφω (futur θρέψω, aor. ἔθρεψα, parf. τέτροφα; passif futur 2
τραφήσομαι, aor.1 ἐτρέφθην, aor.2 ἐτράφην, parf. τέθραμμαι): épaissir,
rendre compact; nourrir, élever (un enfant).
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La raison pour guide
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Ἐγὼ
δὲ καὶ Διογένους ἄγαμαι τὴν πάντων ὁμοῦ τῶν ἀνθρωπίνων ὑπεροψίαν, ὅς
γε
καὶ βασιλέως τοῦ μεγάλου ἑαυτὸν ἀπέφηνε πλουσιώτερον, τῷ ἐλαττόνων ἢ
ἐκεῖνος κατὰ τὸν βίον προσδεῖσθαι. Ἡμῖν δὲ ἄρα εἰ μὴ τὰ Πυθίου τοῦ
Μυσοῦ προσείη τάλαντα, καὶ πλέθρα γῆς τόσα καὶ τόσα, καὶ βοσκημάτων
ἐσμοὶ πλείους ἢ ἀριθμῆσαι, οὐδὲν ἐξαρκέσει; Ἀλλ´, οἶμαι, προσήκει
ἀπόντα τε μὴ ποθεῖν τὸν πλοῦτον, καὶ παρόντος μὴ τῷ κεκτῆσθαι μᾶλλον
φρονεῖν ἢ τῷ εἰδέναι αὐτὸν εὖ διατίθεσθαι. Τὸ γὰρ τοῦ Σωκράτους εὖ
ἔχει· ὃς μέγα φρονοῦντος πλουσίου ἀνδρὸς ἐπὶ τοῖς χρήμασιν, οὐ πρότερον
αὐτὸν θαυμάσειν ἔφη πρὶν ἂν καὶ ὅτι κεχρῆσθαι τούτοις ἐπίσταται
πειραθῆναι. Ἢ Φειδίας μὲν καὶ Πολύκλειτος, εἰ τῷ χρυσίῳ μέγα ἐφρόνουν
καὶ τῷ ἐλέφαντι ὧν ὁ μὲν Ἠλείοις τὸν Δία, ὁ δὲ τὴν Ἥραν Ἀργείοις
ἐποιησάτην, καταγελάστω ἂν ἤστην ἀλλοτρίῳ πλούτῳ καλλωπιζόμενοι,
ἀφέντες τὴν τέχνην, ὑφ´ ἧς καὶ ὁ χρυσὸς ἡδίων καὶ τιμιώτερος ἀπεδείχθη·
ἡμεῖς δέ, τὴν ἀνθρωπείαν ἀρετὴν οὐκ ἐξαρκεῖν ἑαυτῇ πρὸς κόσμον ὑπολαμϐάνοντες,
ἐλάττονος αἰσχύνης ἄξια ποιεῖν
οἰόμεθα;
Ἀλλὰ δῆτα πλούτου μὲν ὑπεροψόμεθα, καὶ τὰς διὰ τῶν αἰσθήσεων
ἡδονὰς ἀτιμάσομεν,
κολακείας
δὲ καὶ θωπείας
διωξόμεθα, καὶ τῆς Ἀρχιλόχου
ἀλώπεκος τὸ κερδαλέον
τε καὶ ποικίλον ζηλώσομεν; Ἀλλ´ οὐκ ἔστιν ὃ
μᾶλλον φευκτέον τῷ σωφρονοῦντι τοῦ πρὸς δόξαν ζῆν, καὶ τὰ τοῖς πολλοῖς
δοκοῦντα περισκοπεῖν, καὶ μὴ τὸν ὀρθὸν λόγον ἡγεμόνα ποιεῖσθαι τοῦ
βίου, ὥστε, κἂν πᾶσιν ἀνθρώποις ἀντιλέγειν, κἂν ἀδοξεῖν καὶ κινδυνεύειν
ὑπὲρ τοῦ καλοῦ δέῃ, μηδὲν αἱρεῖσθαι τῶν ὀρθῶς ἐγνωσμένων παρακινεῖν. Ἢ
τὸν μὴ οὕτως ἔχοντα τί τοῦ Αἰγυπτίου σοφιστοῦ φήσομεν ἀπολείπειν, ὃς
φυτὸν ἐγίγνετο καὶ θηρίον, ὁπότε βούλοιτο, καὶ πῦρ καὶ ὕδωρ καὶ πάντα
χρήματα; εἴπερ δὴ καὶ αὐτὸς νῦν μὲν τὸ δίκαιον ἐπαινέσεται παρὰ τοῖς
τοῦτο τιμῶσι, νῦν δὲ τοὺς ἐναντίους ἀφήσει λόγους, ὅταν τὴν ἀδικίαν
εὐδοκιμοῦσαν αἴσθηται, ὅπερ δίκης ἐστὶ κολάκων. Καὶ ὥσπερ φασὶ τὸν
πολύποδα τὴν χρόαν πρὸς τὴν ὑποκειμένην γῆν, οὕτως αὐτὸς τὴν διάνοιαν
πρὸς τὰς τῶν συνόντων γνώμας μεταϐαλεῖται.
Basile de Césarée, aux jeunes gens, 9, 21-29
Pour ma part, chez Diogène aussi, j'admire le mépris
de
toutes les choses humaines, sans distinction. Diogène qui s'est déclaré
plus riche que le Grand Roi lui-même, de ce que pour vivre, il avait
moins besoin que lui. Et nous, donc, si nous ne pouvons pas posséder
les talents de Pythios de Mysie, des arpents de terre tant et tant, et
des essaims de bestiaux à ne plus savoir les compter, rien ne nous
satisfera ? Mais, à mon avis, il ne faut pas désirer la richesse, quand
elle est absente; et qand elle est présente, il faut moins
s'enorgueillir de l'avoir acquise que d'en faire bon usage. Car
l'attitude de Socrate est bonne, qui, alors qu'un homme riche
s'enorgueillissait de ses biens, lui dit qu'il ne l'admirerait pas
avant d'avoir éprouvé s'il savait en user. Et peut-on croire que,
tandis que Phydias et Polyclète, s'ils s'en étaient enorgueillis de lor
et de l'ivoire dont ils avaient fait l'un le Zeus pour les Eléens,
l'autre l'Héra pour les Argiens, auraient été ridicules à se parer
d'une richesse étrangère, en méprisant l'art grâce auquel. Et nous, si
nous pensons que la veru humaine ne suffit pas en elle-même à nous
parer, notre conduite mérite moins de honte ?
Ainsi donc, nous méprisons la richesse, nous ne ferons aucun cas
des
plaisirs des sens, mais, d'un autre côté, nous poursuivons la flatterie
et l'adulation, et nous imiterons le caractère astucieux et rusé du
renard d'Archiloque. Allons, il n'est rien que le sage doive fuir
davantage que de vivre en fonction de l'opinion, d'examiner ce qui
plaît au grand nombre, et de ne pas faire de la droite raison le guide
de sa vie, de sorte que, même s'il faut contredire tous les hommes,
être méprisé et se mettre en danger au nom de la vertu, il choisira de
ne déroger en rien à la droiture de ses jugements. Et celui qui n'est
pas ainsi, en quoi dirons-nous qu'il est différent du sophiste
égyptien, qui devenait, à sa guise, plante, bête, feu, eau et toutes
choses, s'il fait tantôt l'éloge de la justice devant ceux qui la
prisent, et tient tantôt le langage inverse, chaque fois qu'il sent que
l'on tient l'injustice en estime, ce qui est la manière de faire des
flatteurs ? Et de même qu'on dit que le poulpe change de couleur en
fonction du sol sur lequel il se trouve, de même il changera sa pensée
en fonction des opinions de son milieu.
trad. Arnaud Perrot; éd. les
belles lettres
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ἄγαμαι (aor. ἠγάσθην plus usuel que
ἠγασάμην : être étonné, s’étonner; admirer.
ὁμός, ή, όν : semblable, pareil.
ἀνθρώπινος, η, ον : d’homme, humain; qui concerne l’homme; qui convient
à l’homme, propre à l’homme.
ὑπεροψία, ας (ἡ) : mépris, dédain de; hauteur, arrogance.
πρόσειμι (inf. προσεῖναι, imparf. προσῆν, futur προσέσομαι) : être le
long ou auprès de; être attaché à.
πλέθρον, ου (τὸ) : plèthre (100 pieds grecs ou
104 pieds romains, 6e partie du stade); arpent.
τόσος, η, ον : tel, aussi grand, aussi fort, aussi nombreux, ou aussi
petit, aussi faible, aussi peu nombreux. --- voir dico
Bailly.
version établie par
Gérard Gréco.
ἐξαρκέω-ῶ (imparf. ἐξήρκουν, futur ἐξαρκέσω, aor. ἐξήρκεσα) : suffire à.
Ἡμῖν
δὲ ἄρα εἰ μὴ τὰ
Πυθίου τοῦ Μυσοῦ προσείη τάλαντα, καὶ πλέθρα γῆς τόσα καὶ τόσα, καὶ
βοσκημάτων ἐσμοὶ πλείους ἢ ἀριθμῆσαι, οὐδὲν ἐξαρκέσει; : et nous,
donc, si nous ne pouvons pas posséder les talents de Pythios
de Mysie, des arpents de terre tant et tant, et des essaims de bestiaux
à ne plus savoir les compter, rien ne nous satisfera ?
ὥσπερ φασὶ τὸν πολύποδα τὴν χρόαν πρὸς τὴν ὑποκειμένην γῆν, οὕτως αὐτὸς
τὴν διάνοιαν πρὸς τὰς τῶν συνόντων γνώμας μεταϐαλεῖται : et de même
qu'on dit que le poulpe change de couleur en fonction du sol sur lequel
il se trouve, de même il changera sa pensée en fonction des opinions de
son milieu.
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Tous
les jours sont des jours de fête
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ἄγαμαι
δὲ καὶ τοῦ Διογένους, ὃς τὸν ἐν Λακεδαίμονι, ξένον ὁρῶν
παρασκευαζόμενον εἰς ἑορτήν τινα καὶ φιλοτιμούμενον ‘ἀνὴρ δ᾽εἶπεν
‘ἀγαθὸς οὐ πᾶσαν ἡμέραν ἑορτὴν ἡγεῖται καὶ πάνυ γε λαμπράν, εἰ
σωφρονοῦμεν, ἱερὸν γὰρ ἁγιώτατον ὁ κόσμος ἐστὶ καὶ θεοπρεπέστατον· εἰς
δὲ τοῦτον ὁ ἄνθρωπος εἰσάγεται διὰ τῆς γενέσεως οὐ χειροκμήτων. οὐδ᾽
ἀκινήτων ἀγαλμάτων θεατής, ἀλλ᾽ οἷα νοῦς θεῖος αἰσθητὰ νοητῶν μιμήματα,
φησὶν ὁ Πλάτων, ἔμφυτον ἀρχὴν ζωῆς ἔχοντα καὶ κινήσεως ἔφηνεν, ἥλιον
καὶ σελήνην καὶ ἄστρα καὶ ποταμοὺς νέον ὕδωρ ἐξιέντας ἀεὶ καὶ γῆν
φυτοῖς τε καὶ ζῴοις τροφὰς ἀναπέμπουσαν. ὧν τὸν βίον μύησιν ὄντα καὶ
τελετὴν τελειοτάτην εὐθυμίας δεῖ μεστὸν εἶναι καὶ γήθους.
οὐχ ὥσπερ οἱ πολλοὶ Κρόνια καὶ Διάσια καὶ Παναθήναια καὶ τοιαύτας ἄλλας
ἡμέρας περιμένουσιν; ἵν᾽ ἡσθῶσι καὶ ἀναπέμψωσιν ὠνητὸν γέλωτα, μίμοις
καὶ ὀρχησταῖς μισθοὺς τελέσαντες. εἶτ᾽ ἐκεῖ μὲν εὔφημοι καθήμεθα
κοσμίως (οὐδεὶς γὰρ ὀδύρεται μυούμενος οὐδὲ θρηνεῖ Πύθια θεώμενος ἢ
πίνων ἐν Κρονίοις)· ἃς δ᾽ ὁ θεὸς ἡμῖν ἑορτὰς χορηγεῖ καὶ μυσταγωγεῖ
καταισχύνουσιν, ἐν ὀδυρμοῖς τὰ πολλὰ καὶ βαρυθυμίαις καὶ μερίμναις
ἐπιπόνοις διατρίϐοντες.
καὶ τῶν μὲν ὀργάνων χαίρουσι, τοῖς ἐπιτερπὲς ἠχοῦσι καὶ τῶν ὀρνέων τοῖς
ᾁδουσι, καὶ τὰ παίζοντα καὶ σκιρτῶντα τῶν ζῴων ἡδέως ὁρῶσι, καὶ
τοὐναντίον ὠρυομένοις καὶ βρυχωμένοις καὶ σκυθρωπάζουσιν· ἀνιῶνται τὸν
δ᾽ ἑαυτῶν βίον ἀμειδῆ καὶ κατηφῆ καὶ τοῖς ἀτερπεστάτοις καὶ πάθεσι καὶ
πράγμασι καὶ φροντίσι μηδὲν πέρας ἐχούσαις πιεζόμενον ἀεὶ καὶ
συνθλιϐόμενον ὁρῶντες, οὐχ ὅπως αὐτοὶ μὲν ἑαυτοῖς ἀναπνοήν τινα καὶ
ῥᾳστώνην πορίζουσί ποθὲν, ἀλλ᾽ οὐδ᾽ ἑτέρων παρακαλούντων προσδέχονται
λόγον, χρώμενοι καὶ τοῖς παροῦσιν ἀμέμπτως συνοίσονται καὶ τῶν
γεγονότων εὐχαρίστως μνημονεύσουσι, καὶ πρὸς τὸ λοιπὸν ἵλεων τὴν ἐλπίδα
καὶ φαιδρὰν ἔχοντες ἀδεῶς καὶ ἀνυπόπτως προσάξουσιν.
Plutarque, de la tranquillité de l'âme
J'admire ce mot de Diogène à un étranger qui, se
trouvant
à Lacédémone, se préparait pour un jour de fête avec un soin
extraordinaire. « Eh quoi ! lui dit ce philosophe, tous les jours ne
sont-ils pas pour l'homme de bien des jours de fête? » Oui, sans doute,
et même des plus solennels, si nous savons le bien prendre. Ce monde
est le temple le plus saint et le plus digne de la majesté de Dieu.
L'homme y est introduit à sa naissance, pour y contempler, non des
statues immobiles, ouvrages de la main des hommes, mais celles que
l'intelligence divine a créées, et qui, selon la pensée de Platon, sont
les images sensibles des substances invisibles, et ont en elles-mêmes
le principe de leur mouvement et de leur vie : je veux dire le soleil,
la lune, les étoiles, les rivières, dont les eaux se renouvellent sans
cesse, et la terre, qui fournit aux animaux et aux plantes une
abondante nourriture. La contemplation de ces grands objets est pour
nous l'initiation la plus parfaite, et doit répandre sur notre vie un
calme et une joie inaltérables.
N'imitons pas cette foule qui, pour se réjouir, attend les fêtes de
Saturne, de Bacchus et de Minerve, ou d'autres jours semblables, et qui
paie des baladins et des farceurs pour rire à prix d'argent. Cependant
nous assistons à ces fêtes avec beaucoup de recueillement et de
modestie; on ne voit personne pleurer dans l'initiation aux mystères,
ni s'affliger aux jeux pythiens, ni jeûner pendant les Saturnales; et
ces mystères augustes, auxquels Dieu daigne nous initier, ces fêtes
qu'il dirige lui-même, on les déshonore par des pleurs, des
gémissements et des plaintes éternelles.
On écoute avec plaisir les sons agréables des instruments de musique et
les chants harmonieux des oiseaux; on aime à voir des animaux pleins de
gaieté qui sautent et qui bondissent; au contraire, les cris et les
rugissements des animaux féroces nous inspirent de l'horreur. Mais
quand nous voyons notre propre vie livrée à une sombre tristesse qui la
consume, sans cesse déchirée par des passions affligeantes, par des
soins et des sollicitudes qui n'ont pas de bornes, nous ne voulons ni
chercher en nous-mêmes un soulagement à nos peines, ni recevoir les
consolations que d'autres nous présentent. Si nous savions en faire
usage, elles nous feraient jouir du présent d'une manière
irréprochable; elles nous rappelleraient avec joie le souvenir du
passé, et nous conduiraient à l'avenir avec cette douce espérance que
la crainte et les soupçons ne nous enlèveraient jamais.
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ἄγαμαι (aor. ἠγάσθην plus usuel que ἠγασάμην) :
s’étonner;
admirer.
παρασκευάζω (futur παρασκευάσω, aor. παρεσκεύασα, parf. παρεσκεύακα) :
préparer, apprêter, disposer.
φιλοτιμέομαι-οῦμαι (futur φιλοτιμήσομαι et au sens moyen.
φιλοτιμηθήσομαι, aor. ἐφιλοτιμησάμην et au sens moyen. ἐφιλοτιμήθην,
parf. πεφιλοτίμημαι) : aimer l’honneur, aimer et chercher de
l’honneur, avoir de l’ambition.
οἱ πολλοὶ : la foule, le vulgaire (= ceux qui ne sont pas des sages.)
Κρονιάς, άδος : de Saturne (à Rome)
memento
Κρονιάδες ἡμέραι : les Saturnales.
Διάσια, ων (τὰ) : fêtes de Zeus μειλίχιος (= agréable, charmant), à
Athènes.
Παναθήναια, ων (τὰ) : les Panathénées. --- voir dico
Bailly version établie
par Gérard Gréco.
περιμένω : attendre.
εὔφημος, ος, ον : qui prononce des paroles ou pousse des cris de bon
augure (p.
opp. à δύσφημος);
qui prononce une parole favorable ou bienveillante; favorable, propice.
βαρυθυμία, ας (ἡ) : irritation, mécontentement.
μέριμνα, ης (ἡ) : soin, souci, sollicitude.
ἐπίπονος, ος, ον : qui coûte de la peine, difficile, pénible.
διατρίϐω (futur διατρίψω, aor.2 pass. διετρίϐην, parf. διατέτριμμαι) :
frotter, user en frottant; passer le temps.
χαίρω (imparf. ἔχαιρον, futur χαιρήσω, parf. κεχάρηκα]) : se réjouir,
être joyeux.
ὄργανον, ου (τὸ) : instrument, outil; instrument de musique; organe (du
corps).
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L'honnête
homme
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Τίνας
οὖν καλῶ πεπαιδευμένους, ἐπειδὴ τὰς τέχνας καὶ τὰς ἐπιστήμας καὶ τὰς
δυνάμεις ἀποδοκιμάζω; Πρῶτον μὲν τοὺς καλῶς χρωμένους τοῖς πράγμασι
τοῖς κατὰ τὴν ἡμέραν ἑκάστην προσπίπτουσι, καὶ τὴν δόξαν ἐπιτυχῆ τῶν
καιρῶν ἔχοντας καὶ δυναμένην ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ στοχάζεσθαι τοῦ
συμφέροντος· ἔπειτα τοὺς πρεπόντως καὶ δικαίως ὁμιλοῦντας τοῖς ἀεὶ
πλησιάζουσι, καὶ τὰς μὲν τῶν ἄλλων ἀηδίας καὶ βαρύτητας εὐκόλως καὶ
ῥᾳδίως φέροντας, σφᾶς δ᾽ αὐτοὺς ὡς δυνατὸν ἐλαφροτάτους καὶ
μετριωτάτους τοῖς συνοῦσι παρέχοντας· ἔτι τοὺς τῶν μὲν ἡδονῶν ἀεὶ
κρατοῦντας, τῶν δὲ συμφορῶν μὴ λίαν ἡττωμένους, ἀλλ᾽ ἀνδρωδῶς ἐν αὐταῖς
διακειμένους καὶ τῆς φύσεως ἀξίως ἧς μετέχοντες τυγχάνομεν· τέταρτον,
ὅπερ μέγιστον, τοὺς μὴ διαφθειρομένους ὑπὸ τῶν εὐπραγιῶν μηδ᾽
ἐξισταμένους αὑτῶν μηδ᾽ ὑπερηφάνους γιγνομένους, ἀλλ᾽ ἐμμένοντας τῇ
τάξει τῇ τῶν εὖ φρονούντων καὶ μὴ μᾶλλον χαίροντας τοῖς διὰ τύχην
ὑπάρξασιν ἀγαθοῖς ἢ τοῖς διὰ τὴν αὑτῶν φύσιν καὶ φρόνησιν ἐξ ἀρχῆς
γιγνομένοις. Τοὺς δὲ μὴ μόνον πρὸς ἓν τούτων, ἀλλὰ καὶ πρὸς ἅπαντα
ταῦτα τὴν ἕξιν τῆς ψυχῆς εὐάρμοστον ἔχοντας, τούτους φημὶ καὶ φρονίμους
εἶναι καὶ τελέους ἄνδρας καὶ πάσας ἔχειν τὰς ἀρετάς.
Isocrate, Panathénaïque, 30-32
Quels sont donc
les
hommes que je considère comme vraiment instruits, puisque je réprouve
les arts, les sciences, les talents ? Ce sont d'abord ceux qui
assistent avec sagesse dans les affaires de chaque jour, et qui portent
sur les événements un jugement éclairé et capable de les conduire la
plupart du temps au but qu'il est utile d'atteindre. Ce sont ensuite
les hommes qui se montrent fidèles à la justice et aux convenances avec
leurs amis, qui supportent avec patience et avec douceur l'humeur
chagrine des autres hommes et leurs importunités, qui sont, autant
qu'ils le peuvent, indulgents et faciles dans l'habitude de la vie. Ce
sont encore les hommes qui maîtrisent toujours les voluptés, qui ne se
laissent point abattre sous les coups de la fortune, qui savent les
supporter avec un noble courage et avec la dignité que comporte notre
nature. Enfin, et c'est là surtout que se trouve la véritable grandeur,
ce sont les hommes qui ne sont pas corrompus par les prospérités, ceux
qu'elles ne font pas sortir de leur caractère, qu'elles ne rendent
point orgueilleux, mais qui, sachant se maintenir dans les bornes de la
modération, n'attachent pas plus de prix aux faveurs de la fortune
qu'aux avantages qu'ils ont reçus de la nature ou de leur propre
sagesse. Quant à ceux chez qui les facultés de l'âme sont dans une
heureuse harmonie, non seulement avec une de ces qualités, mais avec
toutes, je dis que ceux-là sont de vrais sages, des hommes complets,
des hommes doués de toutes les vertus. Voilà quelle est mon opinion en
ce qui concerne les hommes véritablement instruits.
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καλέω-ῶ (futur καλέσω, att. καλῶ, aor.
ἐκάλεσα,
parf. κέκληκα; passif
futur κληθήσομαι, aor. ἐκλήθην, parf. κέκλημαι) : appeler.
παιδεύω (futur παιδεύσω, aor. ἐπαίδευσα, parf. πεπαίδευκα) : élever un
enfant; élever, instruire, former.
ἐπιστήμη, ης (ἡ) : science.
ἀποδοκιμάζω (futur ἀποδοκιμάσω, aor. ἀπεδοκίμασα, parf. ἀποδεδοκίμακα;
passif aor. ἀπεδοκιμάσθην, parf. ἀποδεδοκίμασμαι) : rejeter à l’essai,
repousser après une épreuve; rejeter comme indigne, insuffisant ou peu
convenable, réprouver.
τίνας οὖν καλῶ πεπαιδευμένους, ἐπειδὴ τὰς τέχνας καὶ τὰς ἐπιστήμας καὶ
τὰς δυνάμεις ἀποδοκιμάζω; quels sont donc les hommes que je considère
comme vraiment
instruits, puisque je réprouve les arts, les sciences, les talents ?
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Le
vaniteux
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Ἡ
δὲ μικροφιλοτιμία δόξει εἶναι ὄρεξις τιμῆς ἀνελεύθερος, ὁ δὲ
μικροφιλότιμος τοιοῦτός τις, οἷος σπουδάσαι ἐπὶ δεῖπνον κληθεὶς παρ´
αὐτὸν τὸν καλέσαντα κατακείμενος δειπνῆσαι. καὶ τὸν υἱὸν ἀποκεῖραι
ἀπαγαγὼν εἰς Δελφούς, καὶ ἐπιμεληθῆναι δέ, ὅπως αὐτῷ ὁ ἀκόλουθος Αἰθίοψ
ἔσται. καὶ ἀποδιδοὺς μνᾶν ἀργυρίου καινὸν ποιῆσαι ἀποδοῦναι. καὶ κολοιῷ
δὲ ἔνδον τρεφομένῳ δεινὸς κλιμάκιον πρίασθαι καὶ ἀσπίδιον χαλκοῦν
ποιῆσαι, ὃ ἔχων ἐπὶ τοῦ κλιμακίου ὁ κολοιὸς πηδήσεται. καὶ βοῦν θύσας
τὸ προμετωπίδιον ἀπαντικρὺ τῆς εἰσόδου προσπατταλεῦσαι στέμμασι
μεγάλοις περιδήσας, ὅπως οἱ εἰσιόντες ἴδωσιν, ὅτι βοῦν ἔθυσε. καὶ
πομπεύσας δὲ μετὰ τῶν ἱππέων τὰ μὲν ἄλλα πάντα δοῦναι τῷ παιδὶ
ἀπενεγκεῖν οἴκαδε, ἀναϐαλλόμενος δὲ θοἰμάτιον ἐν τοῖς μύωψι κατὰ τὴν
ἀγορὰν περιπατεῖν. καὶ κυναρίου δὲ Μελιταίου τελευτήσαντος αὐτῷ, μνῆμα
ποιῆσαι καὶ στηλίδιον, ποιήσας ἐπιγράψαι· Κλάδος Μελιταῖος. καὶ ἀναθεὶς
δακτυλίδιον χαλκοῦν ἐν τῷ Ἀσκληπιείῳ τοῦτο ἐκτρίϐειν, στεφανοῦν,
ἀλείφειν ὁσημέραι. ἀμέλει δὲ καὶ διοικήσασθαι παρὰ τῶν συμπρυτάνεων,
ὅπως ἀπαγγείλῃ τῷ δήμῳ τὰ ἱερά, καὶ παρεσκευασμένος λαμπρὸν ἱμάτιον καὶ
ἐστεφανωμένος παρελθὼν εἰπεῖν· Ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, ἐθύομεν οἱ πρυτάνεις
τὰ ἱερὰ τῇ Μητρὶ τῶν θεῶν, τὰ γαλάξια, καὶ τὰ ἱερὰ καλά, καὶ ὑμεῖς
δέχεσθε τὰ ἀγαθά. καὶ ταῦτα ἀπαγγείλας ἀπιὼν διηγήσασθαι οἴκαδε τῇ
ἑαυτοῦ γυναικί, ὡς καθ´ ὑπερϐολὴν εὐημέρει.
Théophraste, 21
Ce type d'ambition apparaîtra comme un vil appétit d'honneurs, et le
faiseur est du genre que voici. Est-il prié à dîner, il s'empresse de
s'installer aux côtés de son hôte lui-même. Pour faire couper les
cheveux à son fils, il le conduit à Delphes et veille à avoir dans sa
suite un Éthiopien. A-t-il à rembourser une mine d'argent, il rembourse
en monnaie toute neuve. Pour son geai apprivoisé, il est homme à
acheter une échelle miniature et à faire fabriquer un petit bouclier de
bronze, que l'oiseau porte pour sauter sur l'échelle. A-t-il sacrifié
un bœuf, il cloue face à sa porte d'entrée la peau de la tête entourée
de larges bandelettes, afin que ceux qui entrent chez lui voient bien
qu'il a sacrifié un bœuf ! S'il a pris part à la procession avec les
cavaliers, il donne à son esclave l'ensemble de son équipement à
rapporter à la maison, mais garde tout de même son manteau retroussé et
ses éperons pour déambuler sur le marché. Son bichon de Malte étant
mort, il lui fait faire un monument et une petite stèle avec
l'inscription "Greffon de Malte". A-t-il dédié, dans le sanctuaire
d'Asclepios, un petit doigt de bronze, il l'astique, le couronne,
l'oint chaque jour d'huile parfumée. À n'en pas douter, il s'arrange
avec les prytanes ses collègues pour faire lui-même au peuple l'annonce
du sacrifice et, s'étant procuré un manteau d'un blanc éclatant, la
tête couronnée, il s'avance en disant : "Citoyens d'Athènes, nous, vos
prytanes, avons offert à la Mère des dieux le sacrifice des Galaxies;
le sacrifice est favorable, recevez-en, vous autres, le bienfait !".
Après cette annonce, il se retire et rentre à la maison raconter à sa
femme comme il a supérieurement bien réussi.
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μικροφιλοτιμία, ας (ἡ) : ambition des petites
choses.
ὄρεξις, εως (ἡ) : action de tendre vers; appétit; désir de nourriture. --- cf. anorexie.
ἀνελεύθερος, ος, ον : indigne d’un homme libre; bas, grossier.
σπουδαῖος, α, ον : empressé, diligent; agile, rapide; actif, zélé.
δειπνέω-ῶ, futur δειπνήσω : prendre un repas, dîner, manger.
καλέω-ῶ (futur καλέσω, att. καλῶ, aor. ἐκάλεσα, parf. κέκληκα; passif
futur κληθήσομαι, aor. ἐκλήθην, parf. κέκλημαι) : appeler, nommer,
inviter; appeler en justice.
καὶ ταῦτα ἀπαγγείλας ἀπιὼν διηγήσασθαι οἴκαδε τῇ ἑαυτοῦ γυναικί, ὡς
καθ´ ὑπερϐολὴν εὐημέρει : .
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Il
faut voir Dieu dans ses œuvres
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Ὅτι
δέ γε ἀληθῆ λέγω, καὶ σὺ γνώσῃ, ἂν μὴ ἀναμένῃς ἕως ἂν τὰς μορφὰς τῶν
θεῶν ἴδῃς, ἀλλ᾽ ἐξαρκῇ σοι τὰ ἔργα αὐτῶν ὁρῶντι σέϐεσθαι καὶ τιμᾶν τοὺς
θεούς. ἐννόει δὲ ὅτι καὶ αὐτοὶ οἱ θεοὶ οὕτως ὑποδεικνύουσιν· οἵ τε γὰρ
ἄλλοι ἡμῖν τἀγαθὰ διδόντες οὐδὲν τούτων εἰς τὸ ἐμφανὲς ἰόντες διδόασι,
καὶ ὁ τὸν ὅλον κόσμον συντάττων τε καὶ συνέχων, ἐν ᾧ πάντα καλὰ καὶ
ἀγαθά ἐστι, καὶ ἀεὶ μὲν χρωμένοις ἀτριϐῆ τε καὶ ὑγιᾶ καὶ ἀγήρατα
παρέχων, θᾶττον δὲ νοήματος ὑπηρετοῦντα ἀναμαρτήτως, οὗτος τὰ μέγιστα
μὲν πράττων ὁρᾶται, τάδε δὲ οἰκονομῶν ἀόρατος ἡμῖν ἐστιν. [14] ἐννόει
δ᾽ ὅτι καὶ ὁ πᾶσι φανερὸς δοκῶν εἶναι Ἥλιος οὐκ ἐπιτρέπει τοῖς
ἀνθρώποις ἑαυτὸν ἀκριϐῶς ὁρᾶν, ἀλλ᾽, ἐάν τις αὐτὸν ἀναιδῶς ἐγχειρῇ
θεάσασθαι, τὴν ὄψιν ἀφαιρεῖται. καὶ τοὺς ὑπηρέτας δὲ τῶν θεῶν εὑρήσεις
ἀφανεῖς ὄντας· κεραυνός τε γὰρ ὅτι μὲν ἄνωθεν ἀφίεται, δῆλον, καὶ ὅτι
οἷς ἂν ἐντύχῃ πάντων κρατεῖ, ὁρᾶται δ᾽ οὔτ᾽ἐπιὼν οὔτ᾽ ἐγκατασκήψας οὔτε
ἀπιών· καὶ ἄνεμοι αὐτοὶ μὲν οὐχ ὁρῶνται, ἃ δὲ ποιοῦσι φανερὰ ἡμῖν ἐστι,
καὶ προσιόντων αὐτῶν αἰσθανόμεθα. ἀλλὰ μὴν καὶ ἀνθρώπου γε ψυχή, ἥ,
εἴπερ τι καὶ ἄλλο τῶν ἀνθρωπίνων, τοῦ θείου μετέχει, ὅτι μὲν βασιλεύει
ἐν ἡμῖν, φανερόν, ὁρᾶται δὲ οὐδ᾽ αὐτή. ἃ χρὴ κατανοοῦντα μὴ καταφρονεῖν
τῶν ἀοράτων, ἀλλ᾽ ἐκ τῶν γιγνομένων τὴν δύναμιν αὐτῶν καταμανθάνοντα
τιμᾶν τὸ δαιμόνιον.
Ἐγὼ μέν, ὦ Σώκρατες, ἔφη ὁ Εὐθύδημος, ὅτι μὲν οὐδὲ μικρὸν ἀμελήσω τοῦ
δαιμονίου, σαφῶς οἶδα· ἐκεῖνο δὲ ἀθυμῶ, ὅτι μοι δοκεῖ τὰς τῶν θεῶν
εὐεργεσίας οὐδ´ ἂν εἷς ποτε ἀνθρώπων ἀξίαις χάρισιν ἀμείϐεσθαι. Ἀλλὰ μὴ
τοῦτο ἀθύμει, ἔφη, ὦ Εὐθύδημε· ὁρᾷς γὰρ ὅτι ὁ ἐν Δελφοῖς θεός, ὅταν τις
αὐτὸν ἐπερωτᾷ πῶς ἂν τοῖς θεοῖς χαρίζοιτο, ἀποκρίνεται· Νόμῳ πόλεως·
νόμος δὲ δήπου πανταχοῦ ἐστι κατὰ δύναμιν ἱεροῖς θεοὺς ἀρέσκεσθαι.
Xénophon, Mémorables, 4, 3
La vérité de mes paroles, tu la reconnaîtras toi-même, si tu n'attends
pas que les dieux se montrent à toi sous une forme réelle, mais si tu
te contentes de voir leurs ouvrages pour les révérer et les honorer.
Songes-y bien; c'est ainsi que les dieux se manifestent. Les autres
dieux, de qui nous recevons les biens, n'apparaissent pas à nos yeux
pour répandre leurs bienfaits, et celui qui dispose et régit l'univers,
où se réunissent toutes les beautés et tous les biens, qui, pour notre
usage, maintient à l'univers une durée, une vigueur et une jeunesse
éternelles, qui le force à une obéissance infaillible et plus prompte
que la pensée, ce dieu se manifeste dans l'accomplissement de ses
oeuvres les plus sublimes, tandis qu'il reste inaperçu dans le
gouvernement du reste. Songe en outre que le soleil, qui frappe tous
les yeux, ne permet pas aux hommes de le considérer attentivement, et
que, quand on a l'audace d'attacher sur lui ses regards, il enlève la
vue. Tu verras encore que les ministres des dieux sont invisibles : la
foudre est lancée du haut du ciel, c'est évident, et elle brise tout ce
qu'elle rencontre ; mais on ne peut la voir, ni quand elle tombe, ni
quand elle frappe, ni quand elle se retire. Les vents aussi ne sont pas
visibles, mais nous voyons leurs effets, nous sentons leur présence.
Enfin l'âme humaine, plus que tout ce qui est de l'homme, participe de
la divinité; elle règne en nous, c'est incontestable, mais on ne la
voit point. En réfléchissant à tout cela, on ne doit point mépriser les
forces invisibles, mais, par leurs effets, reconnaître leur puissance
et honorer la divinité.
- Jamais, Socrate, reprit Euthydème, je ne serai coupable de la moindre
négligence envers elle, j'en suis certain; mais je me décourage, en
songeant que jamais aucun homme ne peut rendre assez de grâces aux
dieux pour tant de bienfaits. - Ne te décourage pas, Euthydème; tu vois
que le dieu de Delphes répond à celui qui lui demande le moyen d'être
agréable aux dieux : "Suis la loi de ton pays.» Or, la loi commande
partout que chacun honore les dieux suivant son pouvoir.
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ἀμελέω-ῶ (futur ἀμελήσω, aor. ἠμέλησα, parf.
ἠμέληκα) : ne pas
s’inquiéter, négliger.
Ἐγὼ μέν, ὦ Σώκρατες, ἔφη ὁ Εὐθύδημος, ὅτι μὲν οὐδὲ μικρὸν ἀμελήσω τοῦ
δαιμονίου, σαφῶς οἶδα : jamais, Socrate, reprit Euthydème, je ne serai
coupable de la moindre
négligence envers la divinité, j'en suis certain.
ἀθυμέω-ῶ : être découragé, préoccupé, inquiet.
εὐεργεσία, ας (ἡ) : bonne action, action honnête; bienfaisance,
bienfait, service.
ἀξία, ας (ἡ) : prix ou valeur d’une chose; salaire, récompense ou
châtiment.
χάρις, ιτος, acc. ιν (ἡ) : ce qui brille, ce qui réjouit; grâce,
charme; joie, plaisir.
ἀμείϐω (futur ἀμείψω, aor. ἤμειψα; passif futur ἀμειφθήσομαι, ao.
ἀμἠμείφθην, parf. ἤμειμμαι) : échanger.
ἐκεῖνο δὲ ἀθυμῶ, ὅτι μοι δοκεῖ τὰς τῶν θεῶν
εὐεργεσίας οὐδ´ ἂν εἷς ποτε ἀνθρώπων ἀξίαις χάρισιν ἀμείϐεσθαι
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O morts pour mon pays, je suis votre
envieux
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[2, 69] οὗτοι δὲ καὶ ζῶντες καὶ
ἀποθανόντες ζηλωτοί, παιδευθέντες μὲν ἐν τοῖς τῶν προγόνων
ἀγαθοῖς, ἄνδρες δὲ γενόμενοι τήν τε ἐκείνων δόξαν διασώσαντες
καὶ τὴν αὑτῶν ἀρετὴν ἐπιδείξαντες.
[2, 70] πολλῶν μὲν γὰρ καὶ
καλῶν αἴτιοι γεγένηνται τῇ ἑαυτῶν πατρίδι, ἐπηνώρθωσαν δὲ τὰ ὑφ' ἑτέρων
δυστυχηθέντα,
πόρρω δ' ἀπὸ τῆς αὑτῶν τὸν πόλεμον κατέστησαν. ἐτελεύτησαν δὲ τὸν βίον,
ὥσπερ χρὴ τοὺς ἀγαθοὺς ἀποθνῄσκειν, τῇ μὲν γὰρ πατρίδι τὰ τροφεῖα
ἀποδόντες, τοῖς δὲ θρέψασι λύπας καταλιπόν τες. ὥστε ἄξιον τοῖς ζῶσι
τούτους ποθεῖν καὶ σφᾶς αὐτοὺς ὀλοφύρεσθαι καὶ τοὺς προσήκοντας αὐτῶν
ἐλεεῖν τοῦ ἐπιλοίπου βίου. τίς γὰρ αὐτοῖς ἔτι ἡδονὴ καταλείπεται
τοιούτων ἀνδρῶν θαπτομένων, οἳ πάντα περὶ ἐλάττονος τῆς ἀρετῆς
ἡγούμενοι αὑτοὺς μὲν ἀπεστέρησαν βίου, χήρας δὲ γυναῖκας ἐποίησαν,
ὀρφανοὺς δὲ τοὺς αὑτῶν παῖδας ἀπέ λιπον, ἐρήμους δ' ἀδελφοὺς καὶ
πατέρας καὶ μητέρας κατ῎»έστησαν;
[2, 72] Πολλῶν
δὲ καὶ δεινῶν ὑπαρχόντων τοὺς μὲν παῖδας αὐτῶν ζηλῶ, ὅτι νεώτεροί εἰσιν
ἢ ὥστε εἰδέναι οἵων πατέρων ἐστέρηνται, ἐξ ὧν δ' οὗτοι γεγόνασιν,
οἰκτίρω, ὅτι πρεσβύτεροι ἢ ὥστε ἐπιλαθέσθαι τῆς δυστυχίας τῆς ἑαυτῶν.
τί γὰρ ἂν τούτων ἀνιαρότερον γένοιτο, ἢ τεκεῖν μὲν καὶ θρέψαι καὶ θάψαι
τοὺς αὑτῶν, ἐν δὲ τῷ γήρᾳ ἀδυνάτους μὲν εἶναι τῷ σώματι, πασῶν δ'
ἀπεστερημένους τῶν ἐλπίδων ἀφίλους καὶ ἀπόρους γεγονέναι, ὑπὲρ δὲ τῶν
αὐτῶν πρότερον ζηλοῦσθαι καὶ νῦν ἐλεεῖσθαι, ποθεινότερον δ' αὐτοῖς
εἶναι τὸν θάνατον τοῦ βίου; ὅσῳ γὰρ ἄνδρες ἀμείνους ἦσαν, τοσούτῳ τοῖς
καταλειπομένοις τὸ πένθος μεῖζον. πῶς δ' αὐτοὺς χρὴ λῆξαι τῆς λύπης;
πότερον ἐν ταῖς τῆς πόλεως συμφοραῖς; ἀλλὰ τότε αὐτῶν εἰκὸς καὶ τοὺς
ἄλλους μεμνῆσθαι. ἀλλ' ἐν ταῖς εὐτυχίαις ταῖς κοιναῖς; ἀλλ' ἱκανὸν
λυπῆσαι, τῶν μὲν σφετέρων τέκνων τετελευτηκότων, τῶν δὲ ζώντων
ἀπολαυόντων τῆς τούτων ἀρετῆς. ἀλλ' ἐν τοῖς ἰδίοις κινδύνοις, ὅταν
ὁρῶσι τοὺς μὲν πρότερον ὄντας φίλους φεύγοντας τὴν αὑτῶν ἀπορίαν, τοὺς
δ' ἐχθροὺς μέγα φρονοῦντας ἐπὶ ταῖς δυστυχίαις ταῖς τούτων;
[2, 79] προσήκει
τούτους
εὐδαιμονεστάτους ἡγεῖσθαι, οἵτινες ὑπὲρ μεγίστων καὶ καλλίστων
κινδυνεύσαντες οὕτω τὸν βίον ἐτελεύτησαν, οὐκ ἐπιτρέψαντες περὶ αὑτῶν
τῇ τύχῃ οὐδ' ἀναμείναντες τὸν αὐτόματον θάνατον, ἀλλ' ἐκλεξάμενοι τὸν
κάλλιστον. καὶ γάρ τοι ἀγήρατοι μὲν αὐτῶν αἱ μνῆμαι, ζηλωταὶ δὲ ὑπὸ
πάντων ἀνθρώπων αἱ τιμαί·
[2,80] οἳ
πενθοῦνται μὲν διὰ
τὴν φύσιν ὡς θνητοί, ὑμνοῦνται δὲ ὡς ἀθάνατοι διὰ τὴν ἀρετήν. καὶ γάρ
τοι θάπτονται δημοσίᾳ, καὶ ἀγῶνες τίθενται ἐπ' αὐτοῖς ῥώμης καὶ σοφίας
καὶ πλούτου, ὡς ἀξίους ὄντας τοὺς ἐν τῷ πολέμῳ τετελευτηκότας ταῖς
αὐταῖς τιμαῖς καὶ τοὺς ἀθανάτους τιμᾶσθαι. ἐγὼ μὲν οὖν αὐτοὺς καὶ
μακαρίζω τοῦ θανάτου καὶ ζηλῶ, καὶ μόνοις τούτοις ἀνθρώπων οἶμαι
κρεῖττον εἶναι γενέσθαι, οἵτινες, ἐπειδὴ θνητῶν σωμάτων ἔτυχον,
ἀθάνατον μνήμην διὰ τὴν ἀρετὴν αὑτῶν κατέλιπον· ὅμως δ' ἀνάγκη τοῖς
ἀρχαίοις ἔθεσι χρῆσθαι, καὶ θεραπεύοντας τὸν πάτριον νόμον ὀλοφύρεσθαι
τοὺς θαπτομένους.
Lysias, oraison funèbre, 2,
69-74; 79-81
[2,69] Nos héros, au
contraire, sont dignes d'envie après leur mort comme de leur vivant.
Élevés dans les vertus des ancêtres, ils surent, à l'âge d'hommes,
conserver cet héritage de gloire et signaler leur propre valeur.
[2, 70] Ils ont rendu
à leur patrie mille services éclatants, relevé nos alliés dans le
malheur, éloigné la guerre de l'Attique. Ils ont couronné leur vie par
la mort qui convient à des hommes de cœur, payant à la patrie le prix
de leur éducation et laissant dans le deuil ceux qui les ont élevés. 71 Aussi les citoyens survivants ont-ils
lieu de les pleurer, de gémir sur eux-mêmes et de plaindre les parents
qu'attendent de si tristes jours. Quelle joie leur reste-t-il, quand
ils voient dans la tombe ces héros, qui, mettant la vertu au-dessus de
tout, ont renoncé à la vie, laissé leurs femmes veuves, leurs enfants
orphelins, leurs frères, leurs pères et leurs mères privés de leur
affection?
[2, 72] J'envie
leurs
enfants, malgré tous les maux qui les accablent : ils sont trop jeunes
pour savoir quels pères ils ont perdus. Mais je plains les parents,
trop vieux pour oublier jamais leur infortune. [73]
Est-il un mal plus
incurable, après avoir mis au monde et élevé ses enfants, que de les
ensevelir, de se voir, dans la vieillesse, sans force, privé de toute
espérance, sans amis, sans ressources, et, pour les mêmes raisons qui
naguère provoquaient la jalousie, d'inspirer aujourd'hui la pitié ? de
trouver enfin la mort plus désirable que la vie ? Le mérite même des
disparus augmente la douleur de ceux qui restent.
[74] Qu'est-ce qui pourra
mettre fin à leur affliction ? Les malheurs de la cité ? Mais alors le
souvenir des morts s'offre même aux autres citoyens. Les prospérités
publiques ? Mais c'est assez pour les affliger qu'après la mort de
leurs enfants, les vivants recueillent les fruits de leur vertu. Leurs
périls particuliers? lorsqu'ils voient leurs anciens amis les fuir à
cause de leur pauvreté et leurs ennemis triompher de leur infortune ?
[2, 79] Aussi
devons-nous
estimer heureux entre tous les hommes ces héros qui ont fini leurs
jours en luttant pour la plus grande et la plus noble des causes, et
qui, sans attendre une mort naturelle, ont choisi le plus beau trépas :
leur mémoire ne peut vieillir et leurs honneurs sont un objet d'envie
pour tous les hommes.
[2,80] La nature
veut qu'on
les pleure comme mortels, mais leur vertu qu'on les chante comme
immortels. On leur fait des funérailles publiques, on organise en leur
honneur des fètes où l'on rivalise de force, de savoir et de richesse.
Oui, ceux qui sont tombés à la guerre sont jugés dignes des mêmes
honneurs que les immortels. Pour moi, je trouve leur mort heureuse et
je les envie. S'il vaut la peine de naître, c'est pour ceux-là seuls
d'entre nous qui, avec un corps mortel en partage, ont laissé
l'immortel souvenir de leur vertu. Nous devons cependant, pour nous
conformer à un usage antique, et par respect pour la loi de nos pères,
accompagner de nos gémissements les funérailles de ces héros.
trad. L. Gernet - M. Bizos, éd. les belles lettres.
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Le
dauphin
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Τῶν
δὲ θαλαττίων πλεῖστα λέγεται σημεῖα περὶ τοὺς δελφῖνας πραότητος καὶ ἡμερότητος,
καὶ δὴ καὶ πρὸς παῖδας ἔρωτες καὶ
ἐπιθυμίαι, καὶ περὶ
Τάραντα καὶ Καρίαν καὶ ἄλλους τόπους. Καὶ περὶ Καρίαν δὲ ληφθέντος
δελφῖνος καὶ τραύματα λαϐόντος ἀθρόον ἐλθεῖν λέγεται πλῆθος δελφίνων
εἰς τὸν λιμένα, μέχριπερ ὁ ἁλιεὺς ἀφῆκεν · τότε δὲ πάλιν ἅμα πάντες
ἀπῆλθον. Καὶ τοῖς μικροῖς δελφῖσιν ἀκολουθεῖ
τις ἀεὶ τῶν μεγάλων
φυλακῆς χάριν. Ἤδη δ᾽ ὦπται δελφίνων μεγάλων ἀγέλη ἅμα καὶ
μικρῶν ·
τούτων δ᾽ ἀπολειπόμενοί
τινες δύο οὐ πολὺ ἐφάνησαν δελφινίσκον μικρὸν
τεθνηκότα, ὅτ᾽ εἰς βυθὸν φέροιτο, ὑπονέοντες καὶ μετεωρίζοντες
τῷ νώτῳ
οἷον κατελεοῦντες,
ὥστε μὴ καταϐρωθῆναι ὑπό τινος τῶν ἄλλων θηρίων.
Λέγεται δὲ καὶ περὶ ταχυτῆτος ἄπιστα τοῦ ζῴου· ἁπάντων γὰρ δοκεῖ εἶναι
ζῴων τάχιστον, καὶ τῶν ἐνύδρων καὶ τῶν χερσαίων, καὶ ὑπεράλλονται δὲ
πλοίων μεγάλων ἱστούς. Μάλιστα δὲ τοῦτ᾽ αὐτοῖς συμϐαίνει, ὅταν διώκωσί
τινα ἰχθὺν τροφῆς χάριν· τότε γάρ, ἐὰν ἀποφεύγῃ, συνακολουθοῦσιν εἰς
βυθὸν διὰ τὸ πεινῆν, ὅταν δ᾽ αὐτοῖς μακρὰ γίνηται ἡ ἀναστροφή,
κατέχουσι τὸ πνεῦμα ὥσπερ ἀναλογισάμενοι, καὶ συστρέψαντες ἑαυτοὺς
φέρονται ὥσπερ τόξευμα, τῇ ταχυτῆτι τὸ μῆκος διελθεῖν βουλόμενοι πρὸς
τὴν ἀναπνοήν, καὶ ὑπεράλλονται τοὺς ἱστούς, ἐὰν παρατυγχάνῃ που πλοῖον.
Ταὐτὸν δὲ ποιοῦσι καὶ οἱ κατακολυμϐηταί, ὅταν εἰς βυθὸν ἑαυτοὺς ἀφῶσιν·
κατὰ τὴν ἑαυτῶν γὰρ δύναμιν καὶ οὗτοι ἀναφέρονται συστρέψαντες.
Διατρίϐουσι
δὲ μετ᾽ ἀλλήλων κατὰ συζυγίας οἱ ἄρρενες ταῖς θηλείαις.
Διαπορεῖται δὲ περὶ αὐτῶν διὰ τί ἐξοκέλλουσιν εἰς τὴν γῆν· ποιεῖν γάρ
φασι τοῦτ᾽ αὐτοὺς ἐνίοτε, ὅταν τύχωσι, δι᾽ οὐδεμίαν αἰτίαν.
Aristote, histoire des animaux, 9, 30
Parmi les poissons de mer, le dauphin est celui dont
ou
cite le plus de traits de douceur et de docilité. On vante même ses
affections et son amour pour ses enfants, à Tarente, en Carie, et dans
d'autres pays. Ainsi, en Carie, on prétend qu'un dauphin ayant été pris
et couvert de blessures, une foule de dauphins arrivèrent dans le port,
et ne le quittèrent que quand le pêcheur eût lâché le dauphin blessé;
alors seulement, tous s'en allèrent. Les petits dauphins sont toujours
suivis de quelqu'un des gros, pour les défendre. On a observé une fois
une troupe de grands dauphins et de petits dauphins réunis tous
ensemble. Deux autres laissés en arrière parurent à peu de distance,
nageant sous un petit dauphin mort, et le soutenant sur leur dos, quand
il coulait à fond, comme si, dans leur pitié pour lui, ils voulaient
empêcher que d'autres gros poissons ne le dévorassent. On raconte de la
vitesse du dauphin des choses non moins incroyables; et on peut
admettre que c'est le plus rapide de tous les animaux de mer et de
terre, dans ses mouvements. On prétend que, dans ses bonds, il saute
jusque par-dessus les voiles de grands bateaux. C'est ce qui leur
arrive surtout quand ils poursuivent quelque poisson pour le manger.
Ils plongent avec lui jusqu'au fond des mers, où il fuit, tant la faim
les presse; mais quand le retour doit devenir par trop long, ils
retiennent leur souffle, comme s'ils avaient calculé la distance; et se
retournant alors, ils vont avec la rapidité d'une flèche, voulant
franchir l'immense intervalle aussi vite que possible, afin de pouvoir
respirer à la surface. C'est dans cet élan qu'ils bondissent par-dessus
les voiles des bateaux qui se trouvent là. C'est d'ailleurs le même
effet qu'éprouvent aussi les plongeurs, quand ils descendent au fond de
l'eau ; en remontant, ils se sentent emportés aussi avec une énorme
vitesse, proportionnée à leur propre force.
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σημεῖον, ου (τὸ) : signe; preuve.
δελφίς, ῖνος (ὁ) : dauphin.
πρᾳότης ou
πραότης, ητος (ἡ) : douceur, bonté.
ἡμερότης, ητος (ἡ) : humeur douce, douceur; mansuétude, clémence.
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Le
gouvernement de Pisistrate
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διῴκει
δ´ ὁ Πεισίστρατος,
ὥσπερ εἴρηται, τὰ περὶ τὴν πόλιν μετρίως καὶ μᾶλλον
πολιτικῶς ἢ τυραννικῶς. ἔν τε γὰρ τοῖς ἄλλοις φιλάνθρωπος ἦν καὶ πρᾷος
καὶ τοῖς ἁμαρτάνουσι συγγνωμονικός, καὶ δὴ καὶ τοῖς ἀπόροις προεδάνειζε
χρήματα πρὸς τὰς ἐργασίας, ὥστε διατρέφεσθαι γεωργοῦντας. τοῦτο δ´
ἐποίει δυοῖν χάριν, ἵνα μήτε ἐν τῷ ἄστει διατρίϐωσιν, ἀλλὰ διεσπαρμένοι
κατὰ τὴν χώραν, καὶ ὅπως εὐποροῦντες τῶν μετρίων καὶ πρὸς τοῖς ἰδίοις
ὄντες, μήτ´ ἐπιθυμῶσι μήτε σχολάζωσιν ἐπιμελεῖσθαι τῶν κοινῶν. ἅμα δὲ
συνέϐαινεν αὐτῷ καὶ τὰς προσόδους γίγνεσθαι μείζους, ἐξεργαζομένης τῆς
χώρας. ἐπράττετο γὰρ ἀπὸ τῶν γιγνομένων δεκάτην. διὸ καὶ τοὺς κατὰ
δήμους κατεσκεύασε δικαστάς, καὶ αὐτὸς ἐξῄει πολλάκις εἰς τὴν χώραν,
ἐπισκοπῶν καὶ διαλύων τοὺς διαφερομένους, ὅπως μὴ καταϐαίνοντες εἰς τὸ
ἄστυ παραμελῶσι τῶν ἔργων. τοιαύτης γάρ τινος ἐξόδου τῷ Πεισιστράτῳ
γιγνομένης, συμϐῆναί φασι τὰ περὶ τὸν ἐν τῷ Ὑμηττῷ γεωργοῦντα τὸ κληθὲν
ὕστερον χωρίον ἀτελές. ἰδὼν γάρ τινα παντελῶς πέτρας σκάπτοντα καὶ ἐργαζόμενον,
διὰ τὸ θαυμάσαι τὸν παῖδα ἐκέλευσεν ἐρέσθαι, τί γίγνεται
ἐκ τοῦ χωρίου. ὁ δ´ ‘ὅσα κακὰ καὶ ὀδύναι’ ἔφη, καὶ τούτων τῶν κακῶν καὶ
τῶν ὀδυνῶν Πεισίστρατον δεῖ λαϐεῖν τὴν δεκάτην. ὁ μὲν οὖν ἄνθρωπος ἀπεκρίνατο
ἀγνοῶν, ὁ δὲ Πεισίστρατος ἡσθεὶς διὰ τὴν παρρησίαν
καὶ τὴν
φιλεργίαν ἀτελῆ πάντων ἐποίησεν αὐτόν.
Aristote, constitution d'Athènes
Pisistrate, comme nous l'avons dit, gouverna la cité
moins
en tyran qu'en citoyen respectueux de la Constitution. Il avait l'abord
facile et plein de douceur, et se montrait indulgent à toutes les
fautes. Il faisait aux pauvres, pour l'exploitation de leurs terres,
des avances d'argent qui leur permettaient de ne pas interrompre leurs
travaux de culture. Il agissait ainsi pour deux raisons : il voulait
qu'au lieu de vivre à la ville, ils fussent dispersés dans la campagne,
et que parvenant à l'aisance et préoccupés de leurs seuls intérêts, ils
n'eussent ni le désir, ni le loisir de s'occuper des affaires
publiques. En même temps, plus on cultivait la terre, plus ses propres
revenus s'accroissaient : car Pisistrate percevait la dîme des fruits.
Pour toutes ces raisons, il établit les juges des dèmes, et lui-même
sortait souvent dans la campagne pour se rendre compte des choses et
régler les différends, afin qu'on n'eût pas à négliger les champs pour
venir à la ville. C'est dans une de ces tournées qu'il arriva à
Pisistrate cette aventure bien connue : il vit, dans la région de
l'Hymette, un paysan qui cultivait le champ appelé depuis le
Champ-Franc. Le bonhomme ne remuait que des cailloux, et Pisistrate,
surpris, fit demander par son esclave ce qu'on retirait du champ : «
Dieu que maux et peines, répondit le paysan, et encore, faut-il que
Pisistrate en prélève la dîme. » II avait répondu sans connaître
Pisistrate, mais celui-ci, charmé de cette franchise en même temps que
de cette ardeur au travail, l'exempta de tout impôt.
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Andocide
demande qu'on lui tienne compte des mérites de ses aïeux
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[140] Καὶ
μὲν δὴ καὶ τάδε ὑμῖν ἄξιον, ὦ ἄνδρες, ἐνθυμηθῆναι, ὅτι νυνὶ πᾶσι τοῖς
Ἕλλησιν ἄνδρες ἄριστοι καὶ εὐϐουλότατοι δοκεῖτε γεγενῆσθαι, οὐκ ἐπὶ
τιμωρίαν τραπόμενοι τῶν γεγενημένων, ἀλλ' ἐπὶ σωτηρίαν τῆς πόλεως καὶ
ὁμόνοιαν τῶν πολιτῶν. Συμφοραὶ μὲν γὰρ ἤδη καὶ ἄλλοις πολλοῖς ἐγένοντο
οὐκ ἐλάττους ἢ καὶ ἡμῖν· τὸ δὲ τὰς γενομένας διαφορὰς πρὸς ἀλλήλους
θέσθαι καλῶς, τοῦτ' εἰκότως ἤδη δοκεῖ ἀνδρῶν ἀγαθῶν καὶ σωφρόνων ἔργον
εἶναι. Ἐπειδὴ τοίνυν παρὰ πάντων ὁμολογουμένως
ταῦθ' ὑμῖν ὑπάρχει, καὶ
εἴ τις φίλος ὢν τυγχάνει καὶ εἴ τις ἐχθρός, μὴ μεταγνῶτε, μηδὲ βούλεσθε
τὴν πόλιν ἀποστερῆσαι ταύτης τῆς δόξης, μηδὲ αὐτοὶ δοκεῖν τύχῃ ταῦτα
μᾶλλον ἢ γνώμῃ ψηφίσασθαι.
[141]
Δέομαι οὖν ἁπάντων περὶ ἐμοῦ τὴν αὐτὴν γνώμην ἔχειν, ἥνπερ καὶ περὶ τῶν
ἐμῶν προγόνων, ἵνα κἀμοὶ ἐγγένηται ἐκείνους μιμήσασθαι,
ἀναμνησθέντας
αὐτῶν ὅτι ὅμοιοι τοῖς πλείστων καὶ μεγίστων ἀγαθῶν αἰτίοις τῇ πόλει
γεγένηνται, πολλῶν ἕνεκα σφᾶς αὐτοὺς παρέχοντες τοιούτους, μάλιστα δὲ
τῆς εἰς ὑμᾶς εὐνοίας, καὶ ὅπως, εἴ ποτέ τις αὐτοῖς ἢ τῶν ἐξ ἐκείνων
τινὶ κίνδυνος γένοιτο ἢ συμφορά, σῴζοιντο συγγνώμης παρ' ὑμῶν
τυγχάνοντες.
[142] Εἰκότως δ' ἂν αὐτῶν μεμνῇσθε· καὶ γὰρ τῇ
πόλει ἁπάσῃ αἱ τῶν ὑμετέρων προγόνων ἀρεταὶ πλείστου ἄξιαι
ἐγένοντο. Ἐπειδὴ γάρ, ὦ ἄνδρες, αἱ νῆες διεφθάρησαν,
πολλῶν βουλομένων
τὴν πόλιν ἀνηκέστοις συμφοραῖς περιϐαλεῖν, Λακεδαιμόνιοι ἔγνωσαν ὅμως
τότε ἐχθροὶ ὄντες σῴζειν τὴν πόλιν διὰ τὰς ἐκείνων τῶν ἀνδρῶν ἀρετάς,
οἳ ὑπῆρξαν τῆς ἐλευθερίας ἁπάσῃ τῇ Ἑλλάδι.
[143]
Ἐπειδὴ τοίνυν καὶ ἡ πόλις ἐσώθη δημοσίᾳ διὰ τὰς τῶν προγόνων τῶν
ὑμετέρων ἀρετάς, ἀξιῶ κἀμοὶ διὰ τὰς τῶν προγόνων τῶν ἐμῶν ἀρετὰς
σωτηρίαν γενέσθαϊ.
Καὶ γὰρ αὐτῶν τῶν ἔργων, δι' ἅπερ ἡ πόλις ἐσώθη, οὐκ
ἐλάχιστον μέρος οἱ ἐμοὶ πρόγονοι συνεϐάλοντο· ὧν ἕνεκα καὶ ἐμοὶ δίκαιον
ὑμᾶς μεταδοῦναι τῆς σωτηρίας, ἧσπερ καὶ αὐτοὶ παρὰ τῶν Ἑλλήνων ἐτύχετε.
[144] Σκέψασθε
τοίνυν καὶ τάδε, ἄν με σῴσητε, οἷον
ἕξετε πολίτην· ὃς πρῶτον μὲν ἐκ πολλοῦ πλούτου, ὅσον ὑμεῖς ἴστε, οὐ δι'
ἐμαυτὸν ἀλλὰ διὰ τὰς τῆς πόλεως συμφορὰς εἰς πενίαν πολλὴν καὶ ἀπορίαν
κατέστην, ἔπειτα δὲ καινὸν βίον ἠργασάμην ἐκ τοῦ δικαίου, τῇ γνώμῃ καὶ
τοῖν χεροῖν τοῖν ἐμαυτοῦ . Ἔτι δὲ εἰδότα μὲν οἷόν ἐστι πόλεως τοιαύτης
πολίτην εἶναι, εἰδότα δὲ οἷόν ἐστι ξένον εἶναι καὶ μέτοικον ἐν τῇ τῶν
πλησίον, ἐπιστάμενον δὲ οἷον τὸ σωφρονεῖν καὶ ὀρθῶς βουλεύεσθαι.
Andocide, sur les mystères
[140]
Il vaut aussi la peine, citoyens, de vous souvenir qu'aujourd'hui tous
les Grecs estiment que vous vous êtes montrés les meilleurs et les plus
avisés des hommes, en songeant, non pas à la vengeance du passé mais à
la sauvegarde de l'Etat et à la concorde des citoyens. Des malheurs,
bien d'autres peuples en ont soufferts et qui ne le cédaient pas aux
nôtres; mais réconcilier les citoyens voilà ce qu'on peut tenir à juste
titre comme le fait de braves gens qui savent être maîtres d'eux-mêmes.
Eh bien puisque tous, sans conteste, tant amis qu'ennemis, vous
accordent ce mérite, ne vous déjugez pas, n'allez pas dépouiller la
Cité de cette gloire, ni faire croire que si vous votez de la sorte ce
fut hasard plutôt que réflexions.
[141]
Je vous prie donc d'avoir pour moi les mêmes sentiments que pour vos
ancêtres, afin qu'il me soit possible de les imiter; rappelez-vous
qu'ils ont égalé ceux dont Athènes a reçu les plus nombreux et les plus
grands services. Bien des motifs ont inspiré leur conduite, mais avant
tout le patriotisme et aussi l'espoir que si quelque danger les
menaçait un jour, eux ou un de leur descendants, votre indulgence les
sauverait.
142] Et
c'est avec justice que vous vous souviendrez d'eux. Car la Cité tout
entière a éprouvé le bienfait des vertus de vos ancêtres : notre flotte
était détruite et beaucoup voulaient infliger à la Cité des maux
irrémédiables : les Lacédémoniens, quoiqu'étant nos ennemis, décidèrent
de l'épargner en mémoire de ces vaillants hommes qui menèrent la Grèce
à la liberté.
[143] Eh
bien, puisque Athènes a dû son salut aux vertus de ses ancêtres, je
demande à être sauvé moi aussi par les mérites de mes aïeux. Car de ces exploits auxquels notre
Cité doit son salut, une part, et non des moindres, revient à mes
aïeux. En reconnaissance de ces services, en toute équité, m'épargner
comme les Grecs vous ont épargnés vous-mêmes.
[144] Considérez
encore, si je vous dois mon salut, quel citoyen vous aurez en moi. Très
riche d'abord, vous savez, non point par ma faute, mais par les
malheurs de la Cité, réduit à une grande pauvreté, au dénuement. Je me
suis alors procuré de quoi vivre par des moyens légitimes, par mon
intelligence et par mon travail. Puis je sais ce que c'est d'être
citoyen d'une telle ville, ce que c'est que d'être étranger ou métèque
dans quelque pays voisin; je sais les avantages de la modération
et d'une sage conduite.
trad. Georges Dalmeyda; éd. les belles letres
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ἐνθυμέομαι-οῦμαι
(imparf. ἐνεθυμούμην, futur ἐνθυμήσομαι, aor. ἐνεθυμήθην, parf.
ἐντεθύμημαι, pl.q.parf. ἐνετεθυμήμην) : se mettre dans l’esprit,
réfléchir, penser.
ὑμῖν ἄξιον ἐνθυμηθῆναι : il vaut la peine de vous mettre dans l'esprit.
εὔϐουλος, ος, ον : de bon conseil.
γίγνομαι (imparf. ἐγιγνόμην, futur γενήσομαι, aor.2 ἐγενόμην, parf.
γέγονα et γεγένημαι): devenir, être fait, être.
ὁμόνοια, ας (ἡ) : conformité de sentiments, unanimité, union, concorde.
σωτηρία, ας (ἡ) : salut.
συμφορά, anc.
att. ξυμφορά, ᾶς (ἡ) : malheur. --- voir Bailly version établie par
Gérard Gréco.
συμφοραὶ μὲν γὰρ ἤδη καὶ ἄλλοις πολλοῖς ἐγένοντο
οὐκ ἐλάττους ἢ καὶ ἡμῖν : beaucoup d'autres
peuples avaient eu déjà des malheurs, non moindres que les vôtres.
μεταγιγνώσκω (futur μεταγνώσομαι, etc.) : comprendre ou reconnaître
ensuite; changer de projet, revenir sur une résolution.
ἀποστερέω-ῶ : priver de, dépouiller de.
ψηφίζω (futur ψηφίσω, att. ψηφιῶ, aor. ἐψήφισα; passif futur
ψηφισθήσομαι, aor. ἐψηφίσθην, parf. ἐψήφισμαι) : compter avec des
cailloux; voter (avec des cailloux); décider, décider ou attribuer par
un vote.
ὑπάρχω : commencer.
impers.
ὑπάρχει : il est possible à, il dépend de.
ὑπάρχω +
participe au sens de τυγχάνω.
memento
ἐχθρὸς ὑπῆρχεν ὤν : il se trouvait avoir des sentiments d’inimitié.
ἐπειδὴ τοίνυν παρὰ πάντων ὁμολογουμένως ταῦθ' ὑμῖν ὑπάρχει, καὶ
εἴ τις φίλος ὢν τυγχάνει καὶ εἴ τις ἐχθρός, μὴ μεταγνῶτε, μηδὲ βούλεσθε
τὴν πόλιν ἀποστερῆσαι ταύτης τῆς δόξης, μηδὲ αὐτοὶ δοκεῖν τύχῃ ταῦτα
μᾶλλον ἢ γνώμῃ ψηφίσασθαι : puisque donc tous,
amis et ennemis, vous reconnaissent ce mérite, ne vous déjugez pas,
n'allez pas priver la cité de cette gloire, comme si vous aviez voté
ces mesures au hasard plutôt que par réflexion.
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Jalousie barbare
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σὺ δ´ οὖσα δούλη καὶ δορίκτητος γυνὴ
δόμους κατασχεῖν ἐκϐαλοῦς´ ἡμᾶς θέλεις
τούσδε, στυγοῦμαι δ´ ἀνδρὶ φαρμάκοισι σοῖς,
νηδὺς δ´ ἀκύμων διὰ σέ μοι διόλλυται·
δεινὴ γὰρ ἠπειρῶτις εἰς τὰ τοιάδε
ψυχὴ γυναικῶν· ὦν ἐπισχήσω σ´ ἐγώ,
κοὐδέν σ´ ὀνήσει δῶμα Νηρῆιδος τόδε,
οὐ βωμὸς οὐδὲ ναός, ἀλλὰ κατθανῇ.
ἢν δ´ οὖν βροτῶν τίς σ´ ἢ θεῶν σῶσαι θέλῃ,
δεῖ σ´ ἀντὶ τῶν πρὶν ὀλϐίων φρονημάτων
πτῆξαι ταπεινὴν προσπεσεῖν τ´ ἐμὸν γόνυ
σαίρειν τε δῶμα τοὐμὸν ἐκ χρυσηλάτων
τευχέων χερὶ σπείρουσαν Ἀχελώιου δρόσον
γνῶναί θ´ ἵν´ εἶ γῆς. οὐ γάρ ἐσθ´ Ἕκτωρ τάδε,
οὐ Πρίαμος οὐδὲ χρυσός, ἀλλ´ Ἑλλὰς πόλις.
ἐς τοῦτο δ´ ἥκεις ἀμαθίας, δύστηνε σύ,
ἣ παιδὶ πατρὸς ὃς σὸν ὤλεσεν πόσιν
τολμᾷς ξυνεύδειν καὶ τέκν´ αὐθεντῶν πάρα
τίκτειν. τοιοῦτον πᾶν τὸ βάρϐαρον γένος·
πατήρ τε θυγατρὶ παῖς τε μητρὶ μείγνυται
κόρη τ´ ἀδελφῷ, διὰ φόνου δ´ οἱ φίλτατοι
χωροῦσι, καὶ τῶνδ´ οὐδὲν ἐξείργει νόμος.
Euripide, Andromaque, 155-176
Et toi, esclave et captive, tu voudrais me chasser
de ce
palais, pour y être maîtresse; tu me rends par tes maléfices odieuse à
mon époux, et tu as frappé mon sein de stérilité. L'esprit des femmes
de l'Asie est habile dans ces arts funestes; mais je réprimerai ton
audace. Ni la demeure de la Néréide, ni ce temple, ni cet autel, ne te
protégeront; mais tu mourras. Et si quelqu'un des mortels ou des dieux
veut sauver tes jours, il te faudra, au lieu de cet ancien orgueil si
hautain, prendre des sentiments plus humbles, trembler, tomber à mes
genoux, balayer ma maison, répandre des vases d'or la rosée d'Achéloüs,
et connaître où tu es : car il n'y a plus ici ni Hector, ni Priam, ni
opulence, mais une ville grecque. Malheureuse, tu en viens à ce point
d'égarement, d'oser entrer dans le lit de celui dont le père a tué ton
époux, et avoir des enfants d'un meurtrier ! Telles sont les mœurs des
Barbares : le père couche avec la fille, le fils avec la mère, le frère
avec la sœur ; les plus chers amis s'entre-égorgent; la loi ne défend
aucun de ces crimes.
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δορίκτητος, ος, ον : conquis à la pointe de la
lance, par le droit de
la guerre.
δούλη καὶ δορίκτητος γυνὴ : femme esclave et captive de guerre.
φάρμακον, ου (τὸ) : drogue médicinale, médicament, remède.
φαρμάκοισι σοῖς : à cause de tes drogues.
στυγέω-ῶ (futur στυγήσω, aor.1 ἐστύγησα et ἔστυξα, aor.2 ἔστυγον, parf.
ἐστύγηκα; passif futur στυγηθήσομαι et στυγήσομαι, aor. ἐστυγήθην,
parf. ἔστυγμαι) : haïr, avoir en horreur.
passif
στυγοῦµαι : je suis haï, je suis odieux.
ἐξείργω : écarter, exclure, repousser.
καὶ τῶνδ´ οὐδὲν ἐξείργει νόμος : et la loi ne défend aucun de ces
crimes.
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De l'utilité du
poète comique, en général, et d'Aristophane, en particulier
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ἐξ οὗ γε χοροῖσιν ἐφέστηκεν τρυγικοῖς ὁ
διδάσκαλος ἡμῶν,
οὔπω παρέϐη πρὸς τὸ θέατρον λέξων ὡς δεξιός ἐστιν·
630 διαϐαλλόμενος
δ᾽ ὑπὸ τῶν ἐχθρῶν ἐν Ἀθηναίοις ταχυϐούλοις,
ὡς κωμῳδεῖ τὴν πόλιν ἡμῶν καὶ τὸν δῆμον καθυϐρίζει,
ἀποκρίνασθαι δεῖται νυνὶ πρὸς Ἀθηναίους μεταϐούλους.
φησὶν δ᾽ εἶναι πολλῶν ἀγαθῶν ἄξιος ὑμῖν ὁ ποιητής,
παύσας ὑμᾶς ξενικοῖσι λόγοις μὴ λίαν ἐξαπατᾶσθαι,
635 μήθ᾽ ἥδεσθαι
θωπευομένους, μήτ᾽ εἶναι χαυνοπολίτας.
πρότερον δ᾽ ὑμᾶς ἀπὸ τῶν πόλεων οἱ πρέσϐεις ἐξαπατῶντες
πρῶτον μὲν ἰοστεφάνους ἐκάλουν· κἀπειδὴ τοῦτό τις εἴποι,
εὐθὺς διὰ τοὺς στεφάνους ἐπ᾽ ἄκρων τῶν πυγιδίων ἐκάθησθε.
εἰ δέ τις ὑμᾶς ὑποθωπεύσας λιπαρὰς καλέσειεν Ἀθήνας,
640 ηὕρετο πᾶν ἂν
διὰ τὰς λιπαράς, ἀφύων τιμὴν περιάψας.
ταῦτα ποιήσας πολλῶν ἀγαθῶν αἴτιος ὑμῖν γεγένηται,
καὶ τοὺς δήμους ἐν ταῖς πόλεσιν δείξας ὡς δημοκρατοῦνται.
τοιγάρτοι νῦν ἐκ τῶν πόλεων τὸν φόρον ὑμῖν ἀπάγοντες
ἥξουσιν ἰδεῖν ἐπιθυμοῦντες τὸν ποιητὴν τὸν ἄριστον,
645 ὅστις
παρεκινδύνευσ᾽ εἰπεῖν ἐν Ἀθηναίοις τὰ δίκαια.
οὕτω δ᾽ αὐτοῦ περὶ τῆς τόλμης ἤδη πόρρω κλέος ἥκει,
ὅτε καὶ βασιλεὺς Λακεδαιμονίων τὴν πρεσϐείαν βασανίζων
ἠρώτησεν πρῶτα μὲν αὐτοὺς πότεροι ταῖς ναυσὶ κρατοῦσιν,
εἶτα δὲ τοῦτον τὸν ποιητὴν ποτέρους εἴποι κακὰ πολλά·
650 τούτους γὰρ
ἔφη τοὺς ἀνθρώπους πολὺ βελτίους γεγενῆσθαι
καὶ τῷ πολέμῳ πολὺ νικήσειν τοῦτον ξύμϐουλον ἔχοντας.
Aristophane, les Acharniens,
628-651
Depuis que notre
directeur préside à des chœurs tragiques, il ne s'est point encore
avancé sur le théâtre pour parler de
son talent. Mais diffamé par ses ennemis auprès des Athéniens au
jugement hâtif, comme ridiculisant la ville et
630 outrageant le
peuple, il faut qu'il se disculpe maintenant auprès des Athéniens au
jugement réfléchi. Notre poète dit
donc qu'il est digne de tous biens, en vous empêchant d'être trop dupés
par les discours des étrangers ou séduits par la
flatterie, vrais citoyens de la ville des sots. Jadis les envoyés des
villes commençaient, afin de vous tromper, par
vous appeler les gens aux couronnes de violettes. Et aussitôt que le
mot de couronnes était prononcé, vous
n'étiez plus assis que du bout des fesses. Si un autre, d'un ton
flatteur, parlait de la « grasse Athènes », il obtenait
tout pour ce mot « grasse », dont il vous honorait comme des anchois.
En agissant de la sorte, le poète a été pour
vous là cause de grands biens, ainsi qu'en faisant voir au peuple des
autres villes ce qu'est une démocratie. Voilà
pourquoi, lorsque les envoyés de ces villes viendront vous apporter
leur tribut, ils désireront voir le poète éminent qui
ne craint pas de dire aux Athéniens ce qui est juste. Aussi le bruit de
son audace s'est-il déjà répandu si loin, que le Roi,
questionnant un jour les envoyés de Lacédémone, après leur avoir
demandé quel était le peuple le plus puissant par ses
vaisseaux, les interrogea ensuite sur ce poète et sur ceux dont il
disait tant de mal.
650 et il ajouta
que ces hommes étaient devenus de beaucoup meilleurs, et qu'à la
guerre, ils seraient tout à fait victorieux,
en ayant un tel conseiller.
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ἐξ οὗ γε χοροῖσιν ἐφέστηκεν : depuis qu'il (=
notre directeur) est à la
tête des chœurs.
ἐφίστημι (futur ἐπιστήσω, aor.1 ἐπέστησα, parf. ἐφέστηκα) : placer sur
ou auprès, asseoir sur; imposer, arrêter, appliquer; être préposé à.
memento
οἱ ἐφεστηκότες : ceux qui sont à la tête de.
διαϐάλλω (futur διαϐαλῶ) : séparer; brouiller; décrier, calomnier.
ταχύϐουλος, ος, ον : aux résolutions précipitées ou qui change
promptement de résolution, au jugement hâtif.
διαϐαλλόμενος δ᾽ ὑπὸ τῶν ἐχθρῶν ἐν Ἀθηναίοις ταχυϐούλοις : diffamé par
ses ennemis auprès des Athéniens au jugement hâtif.
αἴτιος, α, ον : qui est la cause ou l’auteur de, responsable de.
δείκνυμι (impf. ἐδείκνυν, futur δείξω, aor. ἔδειξα, parf. δέδειχα;
passif futur δειχθήσομαι, aor. ἐδείχθην, parf. δέδειγμαι) : montrer,
faire voir.
δημοκρατέω-ῶ : être un chef démocratique.
au
passif δημοκρατέομαι-οῦμαι : être gouverné démocratiquement,
avoir une constitution démocratique.
ταῦτα
ποιήσας πολλῶν ἀγαθῶν αἴτιος ὑμῖν γεγένηται, καὶ τοὺς δήμους ἐν ταῖς
πόλεσιν δείξας ὡς δημοκρατοῦνται : en agissant de la sorte, le poète a
été pour vous là cause de grands biens, ainsi qu'en faisant voir au
peuple des autres villes ce qu'est une démocratie.
νικάω-ῶ (futur νικήσω, aor. ἐνίκησα, parf. νενίκηκα) : vaincre, être
vainqueur.
σύμϐουλος, anc.
att. ξύμϐουλος, ου (ὁ, ἡ) : qui donne un conseil, conseiller. --- cf. dico
Bailly.
version établie par Gérard Gréco.
τούτους
γὰρ ἔφη τοὺς ἀνθρώπους πολὺ βελτίους γεγενῆσθαι καὶ τῷ πολέμῳ πολὺ
νικήσειν τοῦτον ξύμϐουλον ἔχοντας : (le Roi) ajouta que ces hommes
étaient devenus de beaucoup meilleurs et qu'à la guerre, ils seraient
tout à fait victorieux, en ayant un tel conseiller.
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Un
marché de dupes
Alcibiade
explique à Socrate
pourquoi il juge que le célèbre philosophe est seul digne de devenir
son éraste. Mais la réponse qu'il reçoit n'est pas celle qu'il
attendait.
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(218c) Σὺ
ἐμοὶ δοκεῖς, ἦν δ᾽ ἐγώ, ἐμοῦ ἐραστὴς ἄξιος γεγονέναι μόνος, καί μοι
φαίνει ὀκνεῖν μνησθῆναι πρός με· ἐγὼ δὲ οὑτωσὶ ἔχω· πάνυ ἀνόητον
ἡγοῦμαι εἶναι σοὶ μὴ οὐ καὶ τοῦτο χαρίζεσθαι καὶ εἴ τι ἄλλο ἢ τῆς
οὐσίας τῆς ἐμῆς δέοιο ἢ τῶν φίλων τῶν ἐμῶν. ἐμοὶ μὲν γὰρ οὐδέν ἐστι
πρεσϐύτερον τοῦ ὡς ὅ τι βέλτιστον ἐμὲ γενέσθαι, τούτου δὲ οἶμαί μοι
συλλήπτορα οὐδένα κυριώτερον εἶναι σοῦ. ἐγὼ δὴ τοιούτῳ ἀνδρὶ πολὺ
μᾶλλον ἂν μὴ χαριζόμενος αἰσχυνοίμην τοὺς φρονίμους, ἢ χαριζόμενος τούς
τε πολλοὺς καὶ ἄφρονας...
(218d)
καὶ οὗτος ἀκούσας μάλα εἰρωνικῶς καὶ σφόδρα ἑαυτοῦ τε καὶ εἰωθότως
ἔλεξεν· Ὦ φίλε Ἀλκιϐιάδη, κινδυνεύεις τῷ ὄντι οὐ φαῦλος εἶναι, εἴπερ
ἀληθῆ τυγχάνει ὄντα ἃ λέγεις περὶ ἐμοῦ, καί τις ἔστ᾽ ἐν ἐμοὶ δύναμις
δι᾽ ἧς ἂν σὺ γένοιο ἀμείνων· ἀμήχανόν τοι κάλλος ὁρῴης ἂν ἐν ἐμοὶ καὶ
τῆς παρὰ σοὶ εὐμορφίας πάμπολυ διαφέρον. εἰ δὴ καθορῶν αὐτὸ κοινώσασθαί
τέ μοι ἐπιχειρεῖς καὶ ἀλλάξασθαι κάλλος ἀντὶ κάλλους, οὐκ ὀλίγῳ μου
πλεονεκτεῖν διανοεῖ, ἀλλ᾽ ἀντὶ δόξης ἀλήθειαν καλῶν κτᾶσθαι ἐπιχειρεῖς
καὶ τῷ ὄντι χρύσεα χαλκείων διαμείϐεσθαι νοεῖς. ἀλλ᾽, ὦ
μακάριε,
ἄμεινον σκόπει, μή σε λανθάνω οὐδὲν ὤν. ἥ τοι τῆς διανοίας ὄψις ἄρχεται
ὀξὺ βλέπειν ὅταν ἡ τῶν ὀμμάτων τῆς ἀκμῆς λήγειν ἐπιχειρῇ· σὺ δὲ τούτων
ἔτι πόρρω...
(219a) κἀγὼ ἀκούσας· Τὰ
μὲν παρ᾽ ἐμοῦ, ἔφην, ταῦτά ἐστιν, ὧν οὐδὲν ἄλλως εἴρηται ἢ ὡς
διανοοῦμαι· σὺ δὲ αὐτὸς οὕτω βουλεύου ὅτι σοί τε ἄριστον.
Platon, le Banquet, 218c-219a
(218c) Je pense, dis-je, que tu es, toi, un amant
de
moi, le seul qui le soit, et je vois bien que tu hésites à en parler.
Pour moi, voici mon sentiment : il est tout à fait stupide, à mon avis,
de ne pas te faire plaisir en ceci, comme en toute chose où tu aurais
besoin de ma fortune ou de mes amis. Rien en effet ne compte à mes yeux
de devenir le meilleur possible, et je pense que dans cette voix
personne ne peut m'aider avec plus de maîtrise que toi. Dès lors je
rougirais bien plus devant les sages de ne point faire plaisir à un
homme tel que toi, que je ne rougirais, devant la foule des imbéciles,
de te faire plaisir.
(218d) Il m'écouta, prit
son air de faux naïf, tout à fait dans son style habituel, et me dit :
"Mon cher Alcibiade, tu ne dois pas être trop maladroit en réalité, si
ce que tu dis sur mon compte est vrai, et si j'ai quelque pouvoir de te
rendre meilleur. Tu vois sans doute en moi une beauté peu commune et
bien différente de la grâce qui est la tienne. Si donc cette
observation t'engage à partager avec moi et à échanger beauté contre
beauté, le profit que tu penses faire à mes dépens n'est pas mince. Tu
n'essaies pas de posséder l'apparence de la beauté, mais sa réalité, et
tu songes à troquer, en fait, le cuivre contre de l'or. Eh bien,
mon ami, regarde mieux, de peur de t'illusionner sur mon compte :
je ne suis rien. La vision de l'esprit ne commence à être
pénétrante que quand celle des yeux se met à perdre dee son acuité : tu
en es encore loin.
(219a) A quoi je répondis
: "En ce qui me concerne, je me suis expliqué tout à l'heure : je n'ai
rien dit que je ne pense. A toi de décider ce que tu juges le meilleur
pour toi comme pour moi."
trad. Paul Vicaire et Jean Laborderie; éd. les belles lettres.
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ἐραστής, οῦ (ὁ, rarement ἡ)
: qui aime passionnément.
ὀκνέω-ῶ : être lent, paresseux, tarder, différer; hésiter, craindre.
χαρίζομαι (imparf. ἐχαριζόμην, futur att. χαριοῦμαι, postér. χαρίσομαι
et χαρισθήσομαι, aor. ἐχαρισάμην, postér. ἐχαρίσθην, parf. κεχάρισμαι)
: être agréable, faire plaisir à.
αἰσχύνω (imparf. ᾔσχυνον, futur. αἰσχυνῶ, aor. ᾔσχυνα) : enlaidir,
défigurer.
passif-moyen.
(futur αἰσχυνοῦμαι; aor. ᾐσχύνθην) : avoir le
sentiment de
l’honneur; avoir honte.
φρόνιμος, ος, ον : sensé, qui a sa raison, qui est dans son bon sens.
ἄφρων, ων, ον, gén. ονος : privé de sentiment; qui a perdu la raison,
furieux, fou; insensé, déraisonnable.
ἐγὼ δὴ τοιούτῳ ἀνδρὶ πολὺ
μᾶλλον ἂν μὴ χαριζόμενος αἰσχυνοίμην τοὺς φρονίμους, ἢ χαριζόμενος τούς
τε πολλοὺς καὶ ἄφρονας : je serais en conséquence infiniment plus
honteux, devant des gens
intelligents, de ne pas avoir de complaisances pour un pareil homme,
que je ne le serais, devant la foule des imbéciles, de les avoir
eues.
ἐπιχειρέω-ῶ : mettre la main à ou sur; entreprendre; commencer à.
λήγω (futur λήξω, aor. ἔληξα) : faire cesser; cesser, finir, se
terminer.
πόρρω, adv. : en avant, en continuant; fort avant, loin, tard.
βλέπω (imparf. ἔϐλεπον, futur βλέψομαι, aor. ἔϐλεψα, parf. passif
βέϐλεμμαι) : voir.
ὀξύς, εῖα, ύ, aigu : aigu, pointu.
ὄψις, εως (ἡ) : action de voir, la vue.
ἥ τοι τῆς διανοίας ὄψις ἄρχεται ὀξὺ βλέπειν : en vérité l'œil de la
pensée ne commence d'avoir le regard pénétrant
ὅταν ἡ τῶν ὀμμάτων τῆς ἀκμῆς λήγειν ἐπιχειρῇ : que quand la vision des
yeux commence à perdre de son acuité.
σὺ δὲ τούτων ἔτι πόρρω : mais toi, tu en es encore loin.
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La
force des discours
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[1] Σωκράτους
δὲ ἄξιόν μοι δοκεῖ
εἶναι μεμνῆσθαι καὶ ὡς ἐπειδὴ ἐκλήθη εἰς τὴν δίκην ἐϐουλεύσατο περί τε
τῆς ἀπολογίας καὶ τῆς τελευτῆς τοῦ βίου. γεγράφασι μὲν οὖν περὶ τούτου
καὶ ἄλλοι καὶ πάντες ἔτυχον τῆς μεγαληγορίας αὐτοῦ · ᾧ καὶ δῆλον ὅτι τῷ
ὄντι οὕτως ἐρρήθη ὑπὸ Σωκράτους. ἀλλ' ὅτι ἤδη ἑαυτῷ ἡγεῖτο αἱρετώτερον
εἶναι τοῦ βίου θάνατον, τοῦτο οὐ διεσαφήνισαν· ὥστε ἀφρονεστέρα αὐτοῦ
φαίνεται εἶναι ἡ μεγαληγορία.
[2] Ἑρμογένης
μέντοι ὁ Ἱππονίκου ἑταῖρός τε ἦν αὐτῷ καὶ ἐξήγγειλε
περὶ αὐτοῦ τοιαῦτα ὥστε πρέπουσαν φαίνεσθαι τὴν μεγαληγορίαν αὐτοῦ τῇ
διανοίᾳ. ἐκεῖνος γὰρ ἔφη ὁρῶν αὐτὸν περὶ πάντων μᾶλλον διαλεγόμενον ἢ
περὶ τῆς δίκης εἰπεῖν·
[3] Οὐκ ἐχρῆν
μέντοι σκοπεῖν, ὦ Σώκρατες, καὶ ὅ τι ἀπολογήσῃ; τὸν
δὲ τὸ μὲν πρῶτον ἀποκρίνασθαι· οὐ γὰρ δοκῶ σοι ἀπολογεῖσθαι μελετῶν
διαϐεϐιωκέναι; ἐπεὶ δ' αὐτὸν ἐρέσθαι· πῶς; ὅτι οὐδὲν ἄδικον
διαγεγένημαι ποιῶν· ἥνπερ νομίζω μελέτην εἶναι καλλίστην ἀπολογίας.
[4] Ἐπεὶ δὲ αὐτὸν πάλιν λέγειν· οὐχ ὁρᾷς τὰ Ἀθηναίων δικαστήρια ὡς
πολλάκις μὲν οὐδὲν ἀδικοῦντας λόγῳ παραχθέντες ἀπέκτειναν, πολλάκις δὲ
ἀδικοῦντας ἢ ἐκ τοῦ λόγου οἰκτίσαντες ἢ ἐπιχαρίτως εἰπόντας ἀπέλυσαν;
ἀλλὰ ναὶ μὰ Δία, φάναι αὐτόν, καὶ δὶς ἤδη ἐπιχειρήσαντός μου σκοπεῖν
περὶ τῆς ἀπολογίας ἐναντιοῦταί μοι τὸ δαιμόνιον.
[5] Ὡς δὲ αὐτὸν
εἰπεῖν · θαυμαστὰ λέγεις, τὸν δ' αὖ ἀποκρίνασθαι
· ἦ θαυμαστὸν νομίζεις εἰ καὶ τῷ θεῷ δοκεῖ ἐμὲ
βέλτιον εἶναι ἤδη τελευτᾶν; οὐκ οἶσθα ὅτι μέχρι μὲν τοῦδε οὐδενὶ
ἀνθρώπων ὑφείμην βέλτιον ἐμοῦ βεϐιωκέναι; ὅπερ γὰρ ἥδιστόν ἐστιν, ᾔδειν
ὁσίως μοι καὶ δικαίως ἅπαντα τὸν βίον βεϐιωμένον · ὥστε ἰσχυρῶς
ἀγάμενος ἐμαυτὸν ταὐτὰ ηὕρισκον καὶ τοὺς ἐμοὶ συγγιγνομένους
γιγνώσκοντας περὶ ἐμοῦ.
Xénophon, Apologie de Socrate, 1-4
[1] Il
me semble qu'il vaut la peine de rappeler quelle fut l'attitude
délibérée de Socrate, après qu'il eut été cité en justice, à l'égard de
sa défense et de sa mort. D'autres sans doute ont déjà écrit sur ce
sujet, et tous ont reproduit la hauteur de son langage; ce qui prouve
que Socrate s'est bien exprimé ainsi. mais ils n'ont pas montré
suffisamment qu'il considérait désormais la mort comme plus souhaitable
pour lui que la vie. Il en résulte que la fierté de son langage paraît
assez inconsidérée.
[2] Mais ce qu'a
rapporté à
son sujet Hermogène, fils d'Hipponicos, son disciple, met en lumière
l'accord de cette fierté de langage avec sa façon de penser. Comme il
le voyait, racontait-il, parler de toute espèce de choses plutôt que de
son procès, il lui dit :
[3] «Ne
faudrait-il donc pas,
Socrate, que tu penses aussi à ce que tu vas dire pour te
défendre ?
Socrate lui répondit tout d'abord : "Ne te semble-t-il donc pas que
j'ai passé ma vie entière à préparer ma défense ?" "Comment cela ?"
demanda Hermogénès -- "Parce que de toute ma vie, je n'ai commis
aucun
acte injuste. Voilà, je pense, la meilleure façon de préparer sa
défense."
[4] "Ne vois-tu
pas, reprit
alors Hermogène, que les tribunaux d'Athènes ont souvent, séduits par
d'habiles propos, fait périr des innocents, alors que souvent aussi ils
ont acquitté des coupables dont les discours les avaient apitoyés ou
charmés " ? -- "Eh ! par Zeus, répondit Socrate, par deux fois
déjà,
j'ai voulu songer à ma défense, mais le signe divin s'y oppose."
[5] "L'étonnant
propos",
s'écria Hermogène. Socrate alors de répliquer : "Il est donc étonnant à
ton sens que le divinité même estime qu'il vaut mieux que je meure à
présent. Ne sais-tu pas que jusqu'à ce jour je n'aurais pu concéder à
personne d'avoir vécu mieux que moi ? J'avais conscience en effet --
quoi de plus agréable -- d'avoir toujours vécu dans la
piété et dans
la justice. Je m'estimais donc beaucoup moi-même et je me rendais
compte que ceux qui me fréquentaient éprouvaient pour moi le même
sentiment."
trad. François Ollier; éd. les
belles lettres
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Femme fatale
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(48) Θαυμάζω
δ' εἴ τις οἴεται κακῶς βεϐουλεῦσθαι τὸν μετὰ ταύτης ζῆν ἑλόμενον, ἧς
ἕνεκα πολλοὶ τῶν ἡμιθέων ἀποθνῄσκειν ἠθέλησαν. Πῶς δ' οὐκ ἂν ἦν
ἀνόητος, εἰ τοὺς θεοὺς εἰδὼς περὶ κάλλους φιλονικοῦντας αὐτὸς κάλλους
κατεφρόνησε, καὶ μὴ ταύτην ἐνόμισε μεγίστην εἶναι τῶν δωρεῶν, περὶ ἧς
κἀκείνας ἑώρα μάλιστα σπουδαζούσας;
(49) Τίς δ' ἂν τὸν
γάμον τὸν
Ἑλένης ὑπερεῖδεν, ἧς ἁρπασθείσης οἱ μὲν Ἕλληνες οὕτως ἠγανάκτησαν ὥσπερ
ὅλης τῆς Ἑλλάδος πεπορθημένης, οἱ δὲ βάρϐαροι τοσοῦτον ἐφρόνησαν, ὅσον
περ ἂν εἰ πάντων ἡμῶν ἐκράτησαν. Δῆλον δ' ὡς ἑκάτεροι διετέθησαν·
πολλῶν γὰρ αὐτοῖς πρότερον ἐγκλημάτων γενομένων περὶ μὲν τῶν ἄλλων
ἡσυχίαν ἦγον, ὑπὲρ δὲ ταύτης τηλικοῦτον συνεστήσαντο πόλεμον οὐ μόνον
τῷ μεγέθει τῆς ὀργῆς ἀλλὰ καὶ τῷ μήκει τοῦ χρόνου καὶ τῷ πλήθει τῶν
παρασκευῶν ὅσος οὐδεὶς πώποτε γέγονεν.
[50] Ἐξὸν δὲ τοῖς
μὲν
ἀποδοῦσιν Ἑλένην ἀπηλλάχθαι τῶν παρόντων κακῶν, τοῖς δ' ἀμελήσασιν
ἐκείνης ἀδεῶς οἰκεῖν τὸν ἐπίλοιπον χρόνον, οὐδέτεροι ταῦτ' ἠθέλησαν·
ἀλλ' οἱ μὲν περιεώρων καὶ πόλεις ἀναστάτους γιγνομένας καὶ τὴν χώραν
πορθουμένην, ὥστε μὴ προέσθαι τοῖς Ἕλλησιν αὐτήν, οἱ δ' ᾑροῦντο
μένοντες ἐπὶ τῆς ἀλλοτρίας καταγηράσκειν καὶ μηδέποτε τοὺς αὑτῶν ἰδεῖν
μᾶλλον ἢ 'κείνην καταλιπόντες εἰς τὰς αὑτῶν πατρίδας ἀπελθεῖν.
Isocrate, Eloge d'Hélène, 48-50
(48) Je
m'étonne que l'on ose critiquer la décision de celui qui choisit
de
vivre dans la compagnie d'une femme pour qui nombre de demi-dieux
acceptèrent de mourir. Comment n'eût-il pas été insensé, connaissant la
rivalité que la beauté avait fait naître parmi les dieux,
lui-même
avait méprisé la beauté et s'il n'avait pas tenu pour le plus précieux
des dons, celui que, sous ses yeux, les déesses en personnes
recherchaient si avidement.
(49) Qui donc
aurait rejeté
un mariage avec Hélène quand après son rapt les Grecs furent saisis
d'indignation, comme si toute la Grèce eût été dévastée, et les
barbares d'orgueil, comme s'ils nous avaient tous soumis à leur
puissance ? Leurs sentiments, aux uns comme aux autres, étaient clairs;
auparavant, de nombreuses contestations s'étaient élevées entre eux,
mais ils étaient toujours restés en paix; pour cette femme, ils
engagèrent une guerre, qui, non seulement par la violence des passions,
mais encore par la durée de la lutte et l'ampleur des préparatifs, ne
peut être comparée à aucune autre.
[50] Les uns avaient
la
possibilité, en rendant Hélène, de se débarrasser de leurs maux; les
autres, en se désistant de son sort, de vivre le restant de leurs jours
dans la sécurité. Ni les uns ni les autres n'acceptèrent ces solutions
: les premiers voyaient sans émotion leurs villes détruites, leur
territoire bouleversé, pourvu qu'ils ne fussent pas contraints
d'abandonner Hélène aux Grecs; les Grecs aimaient mieux vieillir en
restant sur la terre étrangère et ne jamais revoir leur famille que de
rentrer dans leur patrie en abandonnant Hélène.
trad. Georges Mathieu et
Emile Brémond; éd. les belles lettres
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θαυμάζω δ' εἴ τις οἴεται κακῶς βεϐουλεῦσθαι τὸν
μετὰ ταύτης ζῆν
ἑλόμενον, ἧς ἕνεκα πολλοὶ τῶν ἡμιθέων ἀποθνῄσκειν ἠθέλησαν : je m'étonne que l'on ose critiquer la
décision de celui qui choisit de vivre dans la compagnie d'une femme
pour qui nombre de demi-dieux acceptèrent de mourir.
βουλεύω (futur βουλεύσω, aor. ἐϐούλευσα, parf. βεϐούλευκα) : tenir
conseil, délibérer.
αἱρέω-ῶ (impf. ᾕρουν, futur αἱρήσω; aor.2 εἷλον, d’où impér. ἕλε, sbj.
ἕλω, opt. ἕλοιμι, inf. ἑλεῖν, part. ἑλών) : prendre, saisir; moyen
prendre pour soi, choisir.
ἡμίθεος, ου (ὁ) : demi-dieu.
ἐθέλω (imparf. ἤθελον, futur ἐθελήσω, aor. ἠθέλησα, parf. ἠθέληκα,
pl.q.parf. ἠθελήκειν) ou θέλω
(en poésie,
dans la langue familière) : vouloir bien, consentir à; vouloir,
désirer.
γάμος, ου (ὁ) : union légitime, mariage.
ἁρπάζω (imparf. ἥρπαζον, futur ἁρπάσομαι, aor. ἥρπασα, parf. ἥρπακα;
passif futur ἁρπασθήσομαι, aor. ἡρπάσθην, parf. ἥρπασμαι, pl.q.parf.
ἡρπάσμην) : enlever de force, ravir.
ἀγανακτέω-ῶ (imparf. ἠγανάκτουν, futur ἀγανακτήσω, aor. ἠγανάκτησα) : litt. s’emporter;
bouillonner, fermenter; être vivement excité ou
irrité; s’indigner, s’irriter.
ὑπεροράω (imparf. ὑπερεώρων, futur ὑπερόψομαι, aor.2 ὑπερεῖδον, parf.
ὑπερεόρακα) : regarder de haut, avec fierté ou dédain, mépriser,
dédaigner.
πορθέω-ῶ : saccager, piller, dévaster, ravager; outrager, maltraiter,
ruiner.
φρονέω-ῶ (futur φρονήσω, aor. ἐφρόνησα, parf. πεφρόνηκα : avoir la
faculté de penser et de sentir, vivre; être dans son bon sens.
κρατέω-ῶ (futur κρατήσω, aor. ἐκράτησα, parf. κεκράτηκα) : être fort,
puissant; être le maître, dominer, régner.
impers.
ἔξεστι : il est permis.
ἐξόν : alors qu'il (est) était permis
ἐξόν : voir
gram. UCL
ἀποδίδωμι (imparf. ἀπεδίδουν, futur ἀποδώσω, aor. ἀπέδωκα) : rendre,
restituer.
(ἀμελέω), ἀμελῶ (futur ἀμελήσω, aor. ἠμέλησα, parf. ἠμέληκα) : ne pas
s’inquiéter, négliger.
ἐπίλοιπος, ος, ον : qui reste, restant.
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Un
amour honnête
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(135)
κἀνταῦθα δή τινα καταδρομήν, ὡς ἀκούω, μέλλει ποιεῖσθαι περὶ ἐμοῦ,
ἐπερωτῶν εἰ οὐκ αἰσχύνομαι αὐτὸς μὲν ἐν τοῖς γυμνασίοις ὀχληρὸς ὢν καὶ
πλείστων ἐραστὴς γεγονώς, τὸ δὲ πρᾶγμα εἰς ὄνειδος καὶ κινδύνους
καθιστάς. καὶ τὸ τελευταῖον, ὡς ἀπαγγέλλουσί τινές μοι, εἰς γέλωτα καὶ
λῆρόν τινα προτρεπόμενος ὑμᾶς, ἐπιδείξεσθαί μου φησὶν ὅσα πεποίηκα
ἐρωτικὰ εἴς τινας ποιήματα, καὶ λοιδοριῶν τινων καὶ πληγῶν ἐκ τοῦ
πράγματος, αἳ περὶ ἐμὲ γεγένηνται, μαρτυρίας φησὶ παρέξεσθαι.
(136) ἐγὼ δὲ οὔτε ἔρωτα
δίκαιον ψέγω, οὔτε τοὺς κάλλει διαφέροντάς φημι πεπορνεῦσθαι, οὔτ᾽
αὐτὸς ἐξαρνοῦμαι μὴ οὐ γεγονέναι τ᾽ ἐρωτικός, καὶ ἔτι καὶ νῦν εἶναι,
τάς τε ἐκ τοῦ πράγματος γιγνομένας πρὸς ἑτέρους φιλονικίας καὶ μάχας
οὐκ ἀρνοῦμαι μὴ οὐχὶ συμϐεϐηκέναι μοι. περὶ δὲ τῶν ποιημάτων ὧν φασιν
οὗτοί με πεποιηκέναι, τὰ μὲν ὁμολογῶ, τὰ δὲ ἐξαρνοῦμαι μὴ τοῦτον ἔχειν
τὸν τρόπον ὃν οὗτοι διαφθείροντες παρέξονται.
(137) ὁρίζομαι δ᾽ εἶναι
τὸ
μὲν ἐρᾶν τῶν καλῶν καὶ σωφρόνων φιλανθρώπου πάθος καὶ εὐγνώμονος ψυχῆς,
τὸ δὲ ἀσελγαίνειν ἀργυρίου τινὰ μισθούμενον ὑϐριστοῦ καὶ ἀπαιδεύτου
ἀνδρὸς ἔργον· καὶ τὸ μὲν ἀδιαφθόρως ἐρᾶσθαί φημι καλὸν εἶναι, τὸ δ᾽
ἐπαρθέντα μισθῷ πεπορνεῦσθαι αἰσχρόν. ὅσον δ᾽ ἑκάτερον τούτων ἀπ᾽
ἀλλήλων διέστηκε καὶ ὡς πολὺ διαφέρει, ἐν τοῖς ἐφεξῆς ὑμᾶς πειράσομαι
λόγοις διδάσκειν.
Eschine, contre Timarque, 135-137
(135)
Ici même, à ce que j'apprends, il doit faire une incursion contre moi,
et me demander si je ne rougis pas de faire un crime à d'autres de
certaines liaisons, de leur susciter des procès, et de chercher à les
couvrir d'opprobre, lorsque, moi-même, je vis habituellement dans les
gymnases, avec les jeunes gens, et que je me suis permis d'aimer
plusieurs d'entre eux. Enfin, à ce qu'on me rapporte, pour vous faire
prendre la chose en plaisanterie et comme une bagatelle, il vous
montrera, dit-il, les pièces de vers que j'ai composées pour les objets
de ma passion, et produira les témoins des injures et des coups que
j'ai reçus à ce sujet.
(136) Pour moi, je suis
loin
de blâmer un amour honnête, et d'attaquer les mœurs de quiconque est
doué d'une belle figure. Je ne nie pas avoir aimé autrefois, et aimer
encore des jeunes gens, et je conviens que ce mode particulier m'a
occasionné des querelles avec des rivaux par rapport aux vers qu'on
m'attribue, je reconnais une partie de ceux qu'on me donne ; mais je
désavoue les autres comme étant supposés.
(137) Aimer des jeunes
gens
distingués par leur beauté et par leur sagesse, c'est, selon moi, la
marque d'une âme honnête et sensible : acheter et payer quelqu'un par
libertinage, c'est, à mon avis, le fait d'un cœur vil et corrompu. Il
est beau d'être aimé, sans se prêter au crime; se prostituer pour la
débauche, est une chose infâme. Combien ces deux amours sont distingués
l'un de l'autre, et combien ils diffèrent entre eux. Je vais essayer de
vous le prouver.
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ἐνταῦθα, adv. : là, là même; à ce moment-là,
alors.
κἀνταῦθα δή : à ce moment-là, alors.
καταδρομή, ῆς (ἡ) : incursion. --- voir dico
Bailly
version établie par Gérard Gréco.
τινα καταδρομήν .... μέλλει ποιεῖσθαι περὶ ἐμοῦ : il va faire une
incursion contre moi.
ἐπερωτάω-ῶ : aller interroger un oracle; interroger, demander.
ἐπερωτῶν εἰ οὐκ αἰσχύνομαι : demandant si je ne rougis pas.
διΐστημι (aux temps suivant prés., imparf., futur διαστήσω, aor.1
διέστησα, et parf. διέστηκα) : établir de côté et d’autre; séparer;
distinguer.
ὅσον δ᾽ ἑκάτερον τούτων ἀπ᾽ ἀλλήλων διέστηκε : combien
ces deux amours sont distingués l'un de l'autre.
ἐφεξῆς, adv. : de suite; avec suite, en ordre; successivement, l’un
après l’autre, l'un de l'autre.
ὡς πολὺ διαφέρει ἐν τοῖς ἐφεξῆς ὑμᾶς πειράσομαι λόγοις διδάσκειν : je
vais essayer de vous prouver combien ils
diffèrent entre eux.
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Etre dieu n'est pas une sinécure
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[1] ΖΕΥΣ. Ἀλλ´ ἐπιτριϐεῖεν
ὁπόσοι τῶν
φιλοσόφων παρὰ μόνοις τὴν εὐδαιμονίαν φασὶν εἶναι τοῖς θεοῖς. εἰ γοῦν ᾔδεσαν
ὁπόσα τῶν ἀνθρώπων ἕνεκα πάσχομεν, οὐκ ἂν
ἡμᾶς τοῦ νέκταρος ἢ
τῆς ἀμϐροσίας ἐμακάριζον Ὁμήρῳ πιστεύσαντες ἀνδρὶ τυφλῷ καὶ γόητι, μάκαρας
ἡμᾶς καλοῦντι καὶ τὰ ἐν οὐρανῷ διηγουμένῳ, ὃς οὐδὲ τὰ ἐν τῇ γῇ
καθορᾶν ἐδύνατο. αὐτίκα γέ τοι ὁ μὲν Ἥλιος οὑτοσὶ ζευξάμενος τὸ ἅρμα
πανήμερος τὸν οὐρανὸν περιπολεῖ πῦρ ἐνδεδυκὼς καὶ τῶν ἀκτίνων ἀποστίλϐων,
οὐδ´ ὅσον κνήσασθαι τὸ οὖς, φασί, σχολὴν ἄγων· ἢν γάρ τι
κἂν ὀλίγον ἐπιρρᾳθυμήσας λάθῃ, ἀφηνιάσαντες οἱ ἵπποι καὶ τῆς ὁδοῦ
παρατραπόμενοι κατέφλεξαν τὰ πάντα. ἡ Σελήνη δὲ ἄγρυπνος καὶ αὐτὴ
περίεισιν φαίνουσα τοῖς κωμάζουσιν καὶ τοῖς ἀωρὶ ἀπὸ τῶν δείπνων
ἐπανιοῦσιν. ὁ Ἀπόλλων τε αὖ πολυπράγμονα τὴν τέχνην ἐπανελόμενος ὀλίγου
δεῖν τὰ ὦτα ἐκκεκώφηται πρὸς τῶν ἐνοχλούντων κατὰ χρείαν τῆς μαντικῆς,
καὶ ἄρτι μὲν αὐτῷ ἐν Δελφοῖς ἀναγκαῖον εἶναι, μετ´ ὀλίγον δὲ εἰς
Κολοφῶνα θεῖ, κἀκεῖθεν εἰς Ξάνθον μεταϐαίνει καὶ δρομαῖος αὖθις εἰς
Δῆλον ἢ εἰς Βραγχίδας· καὶ ὅλως ἔνθα ἂν ἡ πρόμαντις πιοῦσα τοῦ ἱεροῦ
νάματος καὶ μασησαμένη τῆς δάφνης καὶ τὸν τρίποδα διασείσασα κελεύῃ
παρεῖναι, ἄοκνον χρὴ αὐτίκα μάλα παρεστάναι συνείροντα τοὺς χρησμοὺς ἢ
οἴχεσθαί οἱ τὴν δόξαν τῆς τέχνης. [...] τί γὰρ ἂν ἢ τοὺς Ἀνέμους φυτουργοῦντας
λέγοιμι καὶ παραπέμποντας τὰ πλοῖα καὶ τοῖς λικμῶσιν
ἐπιπνέοντας, ἢ τὸν Ὕπνον ἐπὶ πάντας πετόμενον, ἢ τὸν Ὄνειρον μετὰ τοῦ
Ὕπνου διανυκτερεύοντα καὶ ὑποφητεύοντα αὐτῷ; πάντα γὰρ ταῦτα ὑπὸ φιλανθρωπίας
οἱ θεοὶ πονοῦσιν, πρὸς τὸν ἐπὶ τῆς
γῆς βίον ἕκαστος
συντελοῦντες.
[2] Καίτοι τὰ μὲν
τῶν
ἄλλων μέτρια· ἐγὼ δὲ αὐτὸς ὁ πάντων βασιλεὺς καὶ πατὴρ ὅσας μὲν ἀηδίας
ἀνέχομαι, ὅσα δὲ πράγματα ἔχω πρὸς τοσαύτας φροντίδας διῃρημένος·
Lucien, la double accusation, 1 et 2 (début)
[1] Ah ! puissent-ils crever, tous ceux des
philosophes qui prétendent qu'on ne trouve le bonheur que chez les
dieux. S'ils savaient tout ce que les hommes nous font subir, ils ne
nous jugeraient pas heureux d'avoir le droit au nectar et à
l'ambroisie. Ils se fient à un Homère, un aveugle et un imposteur, qui
nous nomme bienheureux et raconte ce qui arrive dans le ciel, lui qui
ne pouvait même pas voir ce qui se déroule en bas, sur la terre. Prenez
Hélios que voici : dès qu'il a attelé son char, il passe toute la
journée à faire le tour du ciel, revêtu de feu, étincelant de rayons,
sans avoir même le temps de se gratter l'oreille, comme on dit. Car, si
par mégarde il se relâche si peu que ce soit, les chevaux échappent aux
rênes, s'écartent de leur route et voilà le feu mis à l'univers. Quant
à Séléné, elle ne peut dormir : elle fait le tour du ciel, elle aussi,
brillant pour les fêtards et ceux qui rentrent des banquets à des
heures indues. De son côté, Apollon a choisi un métier qui exige de
nombreux efforts et il a presque été rendu sourd par ceux qui
l'importunent en réclamant des oracles. Tantôt il doit être à Delphes;
peu après il court à Colophon; de là, il se rend à Xanthos, puis
revient à toutes jambes à Délos ou chez les Branchides. Bref, partout
où la prophétesse, après avoir bu l'eau sacrée, mâché le laurier et
secoué le trépied, lui ordonne de se présenter, il lui faut aussitôt
être là pour débiter ses oracles, sinon c'en est fait de la réputation
de son art. [...] A quoi bon parler des Vents qui font pousser les
plantes, escortent les navires et soufflent pour les vanneurs ? De
Sommeil qui vole vers tous ? De Songe qui accompagne Sommeil pendant la
nuit et interprète ses oracles ? Tels sont tous les travaux que les
dieux assument par amour de l'humanité, chacun d'eux apportant son aide
à la vie sur la terre.
[2] Pour les
tâches des
autres, passe encore. Mais moi, le roi et père de l'univers, combien
j'endure de désagréments ! Combien j'ai de tracas, partagé que je suis
entre tant de préoccupations !
trad. Anne-Marie Ozanam; éd. les belles lettres
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1]
εἰ γοῦν ᾔδεσαν ὁπόσα τῶν ἀνθρώπων ἕνεκα
πάσχομεν, οὐκ ἂν ἡμᾶς τοῦ νέκταρος ἢ τῆς ἀμβροσίας ἐμακάριζον : si (les
dieux) savaient tout ce que les hommes nous font subir, ils ne nous
jugeraient pas heureux d'avoir le droit au nectar et à l'ambroisie.
μέτριος, α ou ος, ον : mesuré, modéré, moyen.
τὰ τῶν ἄλλων μέτρια : les travaux modérés des autres (dieux)
διαιρέω-ῶ (futur διαιρήσω, aor.2 διεῖλον, parf. διῄρηκα) : diviser,
séparer, partager.
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Héraclès
et Thésée
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(23) Κάλλιστον
μὲν οὖν ἔχω περὶ Θησέως τοῦτ' εἰπεῖν, ὅτι κατὰ τὸν αὐτὸν χρόνον Ἡρακλεῖ
γενόμενος ἐνάμιλλον τὴν αὑτοῦ δόξαν πρὸς τὴν ἐκείνου κατέστησεν. Οὐ γὰρ
μόνον τοῖς ὅπλοις ἐκοσμήσαντο παραπλησίοις, ἀλλὰ καὶ τοῖς ἐπιτηδεύμασιν
ἐχρήσαντο τοῖς αὐτοῖς, πρέποντα τῇ συγγενείᾳ ποιοῦντες. Ἐξ ἀδελφῶν γὰρ
γεγονότες, ὁ μὲν ἐκ Διός, ὁ δ' ἐκ Ποσειδῶνος, ἀδελφὰς καὶ τὰς ἐπιθυμίας
ἔσχον. Μόνοι γὰρ οὗτοι τῶν προγεγενημένων ὑπὲρ τοῦ βίου τοῦ τῶν
ἀνθρώπων ἀθληταὶ κατέστησαν.
(24) Συνέϐη δὲ τὸν
μὲν
ὀνομαστοτέρους καὶ μείζους, τὸν δ' ὠφελιμωτέρους καὶ τοῖς Ἕλλησιν
οἰκειοτέρους ποιήσασθαι τοὺς κινδύνους. Τῷ μὲν γὰρ Εὐρυσθεὺς προσέταττε
τάς τε βοῦς τὰς ἐκ τῆς Ἐρυθείας ἀγαγεῖν καὶ τὰ μῆλα τὰ τῶν Ἑσπερίδων
ἐνεγκεῖν καὶτὸν Κέρϐερον ἀναγαγεῖν καὶ τοιούτους ἄλλους πόνους, ἐξ ὧν
ἤμελλεν οὐ τοὺς ἄλλους ὠφελήσειν ἀλλ' αὐτὸς κινδυνεύσειν·
(25) ὁ δ' αὐτὸς
αὑτοῦ κύριος
ὢν τούτους προῃρεῖτο τῶν ἀγώνων ἐξ ὧν ἤμελλεν ἢ τῶν Ἑλλήνων ἢ τῆς αὑτοῦ
πατρίδος εὐεργέτης γενήσεσθαι. Καὶ τόν τε ταῦρον τὸν ἀνεθέντα μὲν ὑπὸ
Ποσειδῶνος, τὴν δὲ χώραν λυμαινόμενον, ὃν πάντες οὐκ ἐτόλμων ὑπομένειν,
μόνος χειρωσάμενος μεγάλου φόϐου καὶ πολλῆς ἀπορίας τοὺς οἰκοῦντας τὴν
πόλιν ἀπήλλαξεν·
(26) καὶ μετὰ ταῦτα
Λαπίθαις
σύμμαχος γενόμενος, στρατευσάμενος ἐπὶ Κενταύρους τοὺς διφυεῖς, οἳ καὶ
τάχει καὶ ῥώμῃ καὶ τόλμῃ διενεγκόντες τὰς μὲν ἐπόρθουν, τὰς δ' ἤμελλον,
ταῖς δ' ἠπείλουν τῶν πόλεων, τούτους μάχῃ νικήσας εὐθὺς μὲν αὐτῶν τὴν
ὕϐριν ἔπαυσεν, οὐ πολλῷ δ' ὕστερον τὸ γένος ἐξ ἀνθρώπων ἠφάνισεν.
Isocrate, Eloge d'Hélène,
23-26
(23) Le
titre le plus
beau que je puisse invoquer en faveur de Thésée, c'est, étant né dans
le même temps qu'Héraclès, d'avoir acquis une gloire capable de
rivaliser avec la sienne. Non seulement, ils s'équipèrent avec des
armes semblables, mais ils adoptèrent le même genre de vie et
pratiquèrent une conduite digne de leur commune origine. Nés de deux
frères, l''un de Zeus, l'autre de Poseidon, ils eurent des passions
qui, elles aussi, furent sœurs. Seuls, en effet, au cours de toutes les
générations antérieures, ils se sont faits les champions de la
civilisation humaine.
(24) Le sort
voulût que l'un
affrontât les dangers les plus célèbres et les plus graves, l'autre les
plus utiles et les plus étroitements liés à la vie des Grecs.
Eurysthée donna l'ordre à Héraclès d'amener devant lui les boeufs
d'Héristheia, de cueillir les pommes des Hespérides, de faire remonter
Cerbère des Enfers, et autres labeurs du même genre qui étaient sans
utilité pour autrui et ne comportaient de risque que pour lui seul.
(25) Thésée qui,
lui, était
son maître, choisit pour les luttes à soutenir celles qui devaient en
faire le bienfaiteur de la Grèce et de sa patrie. Le taureau, lâché par
Poséidon, qui dévastait le pays et que personne n'osait affronter, lui
seul osa le réduire; par cet exploit, il délivra ses compatriotes d'une
terrible angoisse et de graves embarras.
(26) Ensuite,
devenu l'allié
des Lapithes, il engagea la lutte contre les Centaures, des êtres à
double nature, doués d'une rapidité, d'une force et d'une audace
exceptionnelles, qui dévastaient les villes ou s'apprêtaient alors à
les dévaster ou lançaient contre elles des menaces de mort. Il les
vainquit, ruina d'un seul coup leur insolence, et peu après fit
disparaître leur race de la société humaine.
trad.
Georges Mathieu et Emile Brémond; éd. les belles lettres
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s.. |
καλός, ή, όν : beau
superl.
κάλλιστος.
ἐνάμιλλος, ος, ον : qui le dispute à, égal ou comparable à.
καθίστημι (imparf. καθίστην, futur. καταστήσω, aor. κατέστησα, parf.
καθέστακα) : placer devant, présenter, établir.
ἀθλητής, οῦ (ὁ) : lutteur, athlète; homme exercé à, qui a l’expérience
de.
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Andocide ne saurait faire oublier sa jeunesse impie
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<2> Δίκαιον οὖν μοι δοκεῖ
εἶναι νῦν ἐπὶ τούτῳ τὰ τότε λεχθέντα ἀναμνῆσαι,
καὶ μὴ μόνον τοὺς
τούτου φίλους ὑπὸ τούτου καὶ τῶν τούτου λόγων ἀπόλλυσθαι,
ἀλλὰ καὶ
αὐτὸν τοῦτον ὑφ´ ἑτέρου. <3> Ἀδύνατον δὲ καὶ ὑμῖν ἐστι, περὶ τοιούτου
πράγματος φέρουσι τὴν ψῆφον, ἢ κατελεῆσαι ἢ καταχαρίσασθαι Ἀνδοκίδῃ,
ἐπισταμένοις ὅτι ἐναργῶς τὼ θεὼ τούτω τιμωρεῖτον τοὺς ἀδικοῦντας·
ἐλπίσαι οὖν χρὴ πάντα ἄνθρωπον ταὐτὰ καὶ ἑαυτῷ καὶ ἑτέρῳ ἔσεσθαι. <4> Φέρε γάρ, ἐὰν νυνὶ
Ἀνδοκίδης ἀθῷος ἀπαλλαγῇ 〈δι´〉 ὑμᾶς ἐκ τοῦδε τοῦ ἀγῶνος καὶ ἔλθῃ
κληρωσόμενος τῶν ἐννέα ἀρχόντων καὶ λάχῃ βασιλεύς, ἄλλο τι ἢ ὑπὲρ ὑμῶν
καὶ θυσίας θύσει καὶ εὐχὰς εὔξεται κατὰ τὰ πάτρια, τὰ μὲν ἐν τῷ ἐνθάδε Ἐλευσινίῳ, τὰ
δὲ ἐν τῷ Ἐλευσῖνι ἱερῷ, καὶ τῆς ἑορτῆς ἐπιμελήσεται μυστηρίοις, ὅπως ἂν
μηδεὶς ἀδικῇ μηδὲ ἀσεϐῇ περὶ τὰ ἱερά; <5> Καὶ
τίνα γνώμην οἴεσθε ἕξειν τοὺς μύστας τοὺς ἀφικνουμένους, ἐπειδὰν ἴδωσι
τὸν βασιλέα ὅστις ἐστὶ καὶ ἀναμνησθῶσι πάντα τὰ ἠσεϐημένα αὐτῷ, ἢ τοὺς
ἄλλους Ἕλληνας, οἳ ἕνεκα ταύτης τῆς ἑορτῆς 〈δεῦρο ἔρχονται〉 ἢ θύειν εἰς
ταύτην τὴν πανήγυριν βουλόμενοι ἢ θεωρεῖν; <6> Οὐδὲ
γὰρ ἀγνὼς ὁ Ἀνδοκίδης οὔτε τοῖς ἔξω οὔτε τοῖς ἐνθάδε διὰ τὰ ἠσεϐημένα.
Ἀναγκαίως γὰρ ἔχει ἀπὸ τῶν πολὺ διαφερόντων ἢ κακῶν ἢ ἀγαθῶν ἔργων
τοὺς
ποιήσαντας γιγνώσκεσθαι. Ἔπειτα δὲ καὶ διώχληκε
πόλεις πολλὰς ἐν τῇ
ἀποδημίᾳ, Σικελίαν, Ἰταλίαν, Πελοπόννησον, Θετταλίαν, Ἑλλήσποντον,
Ἰωνίαν, Κύπρον· βασιλέας πολλοὺς κεκολάκευκεν,
ᾧ ἂν ξυγγένηται, πλὴν
τοῦ Συρακοσίου Διονυσίου. <7> Οὗτος
δὲ ἢ πάντων εὐτυχέστατός ἐστιν ἢ πλεῖστον γνώμῃ διαφέρει τῶν ἄλλων, ὃς
μόνος τῶν συγγενομένων Ἀνδοκίδῃ οὐκ ἐξηπατήθη ὑπ´ ἀνδρὸς τοιούτου, ὃς
τέχνην ταύτην ἔχει, τοὺς μὲν ἐχθροὺς μηδὲν ποιεῖν κακόν, τοὺς δὲ φίλους
ὅ τι ἂν δύνηται κακόν. Ὥστε μὰ τὸν Δία οὐ ῥᾴδιόν ἐστιν ὑμῖν αὐτῷ οὐδὲν χαρισαμένοις
παρὰ τὸ δίκαιον λαθεῖν τοὺς Ἕλληνας.
Lysias, contre Andocide, 6, 2-7
<2> Il me paraît
donc bon de rappeler à propos d'Andocide ce qui fut dit alors; il ne
faut pas seulement que ses amis périssent par son fait et par ses
dénonciations, mais que lui aussi périsse par l'accusation d'autrui.
<3> Il est
impossible qu'en portant votre suffrage sur une pareille affaire, vous
ayez quelque pitié ou quelque faveur pour Androcide; car vous savez que
les deux déesses punissent les impies de façon éclatante : tout homme
doit donc s'attendre au même sort pour lui-même et pour autrui. <4>
Pensez donc : si, par votre fait, Androcide sort aujourd'hui impuni de
ce procès, qu'il se présente au tirage au sort des neuf archontes et
qu'il soit désigné comme archonte-roi, que se passera-t-il ? En votre
nom, il offrira les scrrifices, il prononcera les prières conformément
aux usages des ancêtres, aussi bien dans l'Eleusinion de la ville que
dans le sanctuaire d'Eleusis, il présidera à la fête des mystères et
veillera à ce que personne ne commette ni délit ni impiété à l'égard
des objets sacrés ! <5> Et quels seront, croyez-vous,
les sentiments des mystes venus à la fête quand ils verront quel homme
est l'archonte-roi, et qu'ils se rappelleront toutes ses impiétés ? Et
ceux de tous les autres Grecs qui se rendent ici à l'occasion de cette
fête, soit pour y sacrifier, soit comme théores. <6>
Car, à la suite de ses impiétés, Androcide n'est un inconnu, ni pour
les étrangers, ni pour les Athéniens : à se distinguer hautement soit
dans le bien soit dans le mal, on devient forcément célèbre; sans
compter que, pendant son absence, il a porté le trouble dans maintes
cités, en Sicile, en Italie, dans le Péloponnèse, en Thessalie, dans
l'Hellespont, en Ionie, à Chypre; il a été le courtisan de bien des
rois -- de tous ceux avec qui il a eu commerce, sauf de Denys de
Syracuse : <7> celui-là
eut plus de chance que les autres -- ou beaucoup plus d'esprit -- car,
seul de tous ceux que rencontre Androcide, il ne fut pas dupé par
l'homme qui possède le talent de ne faire aucun mal aux ennemis, mais
d'en faire le plus possible aux amis. Ainsi, par Zeus, il ne vous est
pas facile de faire la moindre grâce à Androcide au dépens de la
justice sans que les Grecs le sachent.
trad. Gernet et Bizos; éd. les belles lettres
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Οὗτος
δὲ ἢ πάντων εὐτυχέστατός ἐστιν ἢ πλεῖστον γνώμῃ διαφέρει τῶν ἄλλων : celui-là
eut plus de chance que les autres -- ou beaucoup plus d'esprit.
οὐ ῥᾴδιόν ἐστιν
ὑμῖν αὐτῷ οὐδὲν χαρισαμένοις
παρὰ τὸ δίκαιον λαθεῖν τοὺς Ἕλληνας : il ne vous est
pas facile de faire la moindre grâce à Androcide au dépens de la
justice sans que les Grecs le sachent.
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Eschine
et ses complices, vendus à Philippe,ont trompé les Phocidiens et les
Athéniens
sur ses véritables intentions et ont perdu la Phocide
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(63)
Διὰ τί; Ὅτι Φίλιππος ἀπηγγέλλετο πρὸς ὑμᾶς ὑπὸ τούτου ἐπὶ τῇ τῶν Φωκέων
σωτηρίᾳ παρεληλυθέναι. Τούτῳ δὴ πάντ' ἐπίστευον, καὶ πρὸς τοῦτον πάντ'
ἐσκόπουν, πρὸς τοῦτον ἐποιοῦντο τὴν εἰρήνην. Λέγε δὴ τἀπίλοιπα. Καὶ
σκοπεῖτε τί πιστεύσαντες τί ἔπασχον. Ἆρά γ' ὅμοι' ἢ παραπλήσι' οἷς
οὗτος ἀπήγγελλεν; Λέγε. Δόγματα Ἀμφικτυόνων. (64)
Τούτων, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, δεινότερ' οὐ γέγονεν οὐδὲ μείζω πράγματ' ἐφ'
ἡμῶν ἐν τοῖς Ἕλλησιν, οἶμαι δ' οὐδ' ἐν τῷ πρόσθεν χρόνῳ. Τηλικούτων
μέντοι καὶ τοιούτων πραγμάτων κύριος εἷς ἀνὴρ (Φίλιππος) γέγονεν διὰ
τούτους, οὔσης τῆς Ἀθηναίων πόλεως, ᾗ προεστάναι τῶν Ἑλλήνων πάτριον
καὶ μηδὲν τοιοῦτον περιορᾶν γιγνόμενον. Ὃν μὲν τοίνυν τρόπον οἱ
ταλαίπωροι Φωκεῖς ἀπολώλασιν, οὐ μόνον ἐκ τῶν δογμάτων τούτων ἔστιν
ἰδεῖν, (65) ἀλλὰ
καὶ ἐκ τῶν ἔργων ἃ πέπρακται, θέαμα δεινόν, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, καὶ
ἐλεινόν· ὅτε γὰρ νῦν ἐπορευόμεθ' εἰς Δελφούς, ἐξ ἀνάγκης ἦν ὁρᾶν ἡμῖν
πάντα ταῦτα, οἰκίας κατεσκαμμένας, τείχη περιῃρημένα, χώραν ἔρημον τῶν
ἐν ἡλικίᾳ, γύναια δὲ καὶ παιδάρι' ὀλίγα καὶ πρεσϐύτας ἀνθρώπους
οἰκτρούς· οὐδ' ἂν εἷς δύναιτ' ἐφικέσθαι τῷ λόγῳ τῶν ἐκεῖ κακῶν νῦν
ὄντων. Ἀλλὰ μὴν ὅτι τὴν ἐναντίαν ποτὲ Θηϐαίοις ψῆφον ἔθενθ' οὗτοι περὶ
ἡμῶν ὑπὲρ ἀνδραποδισμοῦ προτεθεῖσαν, ὑμῶν ἔγωγ' ἀκούω πάντων. (66)
Τίν' ἂν οὖν οἴεσθ', ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τοὺς προγόνους ὑμῶν, εἰ λάϐοιεν
αἴσθησιν, ψῆφον ἢ γνώμην θέσθαι περὶ τῶν αἰτίων τοῦ τούτων ὀλέθρου; Ἐγὼ
μὲν γὰρ οἶμαι κἂν καταλεύσαντας αὐτοὺς ταῖς ἑαυτῶν χερσὶν καθαροὺς
ἔσεσθαι νομίζειν. Πῶς γὰρ οὐκ αἰσχρόν, μᾶλλον δ' εἴ τις ἔστιν ὑπερϐολὴ
τούτου, τοὺς σεσωκότας ἡμᾶς τότε καὶ τὴν σῴζουσαν περὶ ἡμῶν ψῆφον
θεμένους, τούτους τῶν ἐναντίων τετυχηκέναι διὰ τούτους, καὶ περιῶφθαι
τοιαῦτα πεπονθότας οἷ' οὐδένες ἄλλοι τῶν Ἑλλήνων; Τίς οὖν ὁ τούτων
αἴτιος; Τίς ὁ ταῦτα φενακίσας; Οὐχ οὗτος; (67)
Πολλὰ τοίνυν ἄν τις, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, Φίλιππον εὐδαιμονίσας τῆς τύχης
εἰκότως, τοῦτο μάλιστ' ἂν εὐδαιμονίσειεν ἁπάντων, ὃ μὰ τοὺς θεοὺς καὶ
τὰς θεὰς οὐκ ἔχω λέγειν ἔγωγ' ἄλλον ὅστις ηὐτύχηκεν ἐφ' ἡμῶν. Τὸ μὲν
γὰρ πόλεις μεγάλας εἰληφέναι καὶ χώραν πολλὴν ὑφ' ἑαυτῷ πεποιῆσθαι καὶ
πάντα τὰ τοιαῦτα ζηλωτὰ μέν ἐστιν, οἶμαι, καὶ λαμπρά· πῶς γὰρ οὔ; Ἔχοι
δ' ἄν τις εἰπεῖν πεπραγμένα καὶ ἑτέροις πολλοῖς. (68)
Ἀλλ' ἐκεῖν' ἴδιον καὶ οὐδενὶ τῶν πάντων ἄλλῳ γεγονὸς εὐτύχημα. Τὸ
ποῖον; Τὸ ἐπειδὴ πονηρῶν ἀνθρώπων εἰς τὰ πράγματ' αὐτῷ ἐδέησεν,
πονηροτέρους εὑρεῖν ἢ ἐβούλετο.
Démosthène, Ambassade, 63-68
(63) Pourquoi
? parce que d'après le rapport que faisait cet individu (= Eschine),
c'était pour sauver les Phocidiens que Philippe était intervenu. Aussi,
tous avaient foi en Philippe; c'est vers lui que se tournaient tous
leurs regards; c'est avec lui qu'ils faisaient la paix. Que l'on
continue la lecture; et vous, Athéniens, comparez leurs espérances avec
leur sort. Est-il tel, ou à peu près tel que l'accusé l'annonçait ?
Lis. Décision des Amphictyons. (64) Jamais,
ô Athéniens ! il n'y eut de nos jours, parmi les Hellènes, ni peut-être
dans les âges précédents, d'événements plus graves, plus cruels, ces
faits cependant, avec leur caractère et leur portée, un seul homme,
Philippe, en est devenu le moteur suprême, grâce à ces perfides; et il
y avait encore une Athènes, protectrice héréditaire de la Grèce, et
opposée, par tradition, à de pareilles tyrannies ! La connaissance de
la catastrophe des infortunés Phocidiens résulte non seulement de cette
décision, (65) mais surtout des événements qui l'ont suivie.
Spectacle
affreux et déchirant, ô Athéniens ! que celui dont nos yeux furent
témoins, malgré nous, en allant dernièrement à Delphes : des maisons
renversées, des remparts détruits, des campagnes privées de leurs
jeunes hommes, quelques pauvres femmes, quelques faibles enfants, de
misérables vieillards ! Non, aucun langage ne pourrait égaler les
calamités qui pèsent sur ces contrées. Toutefois, je vous entends dire
à tous que jadis, sur la question de réduire les Athéniens en
esclavage, le vote de la Phocide fut opposé à celui de
Thèbes. (66) Si
donc vos ancêtres revenaient à la vie, quelles seraient, ô Athéniens !
leur opinion et leur sentence sur les meurtriers de la Phocide ? Ah !
je n'en doute point : après les avoir lapidés de leurs propres mains,
ils croiraient ces mains pures encore. N'est-il pas honteux, en effet,
ou plutôt n'est-ce pas le comble de la honte, qu'un peuple, qui alors
nous sauva par un suffrage protecteur, ait rencontré un sort tout
différent, grâce à nos députes, et subisse, sous nos yeux, des douleurs
que ne connurent jamais les autres Hellènes ? Qui donc est la cause de
ces maux ? quel fut l'artisan de ces impostures ? N'est-ce pas Eschine
? (67) Que de motifs, ô Athéniens! d'appeler Philippe heureux
! heureux
surtout d'un avantage dont je ne trouve pas d'autre exemple (j'en
atteste tous les Dieux !) parmi les hautes fortunes de notre siècle.
Avoir pris de grandes villes, avoir soumis à son sceptre de vastes
contrées, s'être signalé par mille succès, ce sont là des prospérités
brillantes et dignes d'envie : qui en doute ? Mais combien d'autres on
pourrait citer qui en ont joui ! (68) Il est un bonheur qui
lui fut
propre, et qu'il n'a partagé avec personne. Quel bonheur ? sa politique
avait besoin de s'aider d'hommes pervers, et la perversité de ceux
qu'il a trouvés a passé ses souhaits. Peut-on, à ces traits, ne pas
reconnaître nos députés ? Les mensonges que Philippe, ayant à débattre
de si grands intérêts, n'osait ni vous présenter pour lui-même, ni
écrire dans une seule de ses lettres, ni communiquer par aucune
ambassade, ces hommes, pour un salaire, en ont séduit votre crédulité !
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παρέρχομαι (futur παρελεύσομαι, aor.2 παρῆλθον,
parf. παρελήλυθα :
passer à côté ou devant; dépasser, surpasser; transgresser, enfreindre.
ἀπαγγέλλω (futur ἀπαγγελῶ, aor. ἀπήγγειλα, parf. ἀπήγγελκα) : apporter
une réponse.
σωτηρία, ας (ἡ) : salut, préservation ou conservation des personnes.
Φίλιππος ἀπηγγέλλετο πρὸς ὑμᾶς ὑπὸ τούτου ἐπὶ τῇ τῶν Φωκέων σωτηρίᾳ
παρεληλυθέναι : d'après le rapport de cet individu ( = Eschine),
c'était pour sauver les Phocidiens que Philippe était intervenu.
πιστεύω : croire en, se confier à, se fier à ou dans.
σκοπεῖτε τί πιστεύσαντες τί ἔπασχον : voyez à quelle chose ils se sont
fiés et quelle chose ils ont endurée. --- (double
inerrogation)
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Controverse autour d'une agression à domicile
L'origine de la querelle entre le plaideur
et son adversaire, Simon, est une rivalité amoureuse pour un jeune homme
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[3,28]
Λέγει δ' ὡς ἡμεῖς ἤλθομεν ἐπὶ τὴν οἰκίαν τὴν τούτου ὄστρακον ἔχοντες,
καὶ ὡς ἠπείλουν αὐτῷ ἐγὼ ἀποκτενεῖν, καὶ ὡς τοῦτό ἐστιν ἡ πρόνοια. ἐγὼ
δ' ἡγοῦμαι, ὦ βουλή, ῥᾴδιον εἶναι γνῶναι ὅτι ψεύδεται, οὐ μόνον ὑμῖν
τοῖς εἰωθόσι σκοπεῖσθαι περὶ τῶν τοιούτων, ἀλλὰ καὶ τοῖς ἄλλοις ἅπασι. [3,29]
τῷ γὰρ ἂν δόξειε πιστὸν ὡς ἐγὼ προνοηθεὶς καὶ ἐπιϐουλεύων ἦλθον ἐπὶ τὴν
Σίμωνος οἰκίαν μεθ' ἡμέραν, μετὰ τοῦ μειρακίου, τοσούτων ἀνθρώπων παρ'
αὐτῷ συνειλεγμένων, εἰ μὴ εἰς τοῦτο μανίας ἀφικόμην ὥστε ἐπιθυμεῖν εἷς
ὢν πολλοῖς μάχεσθαι, ἄλλως τε καὶ εἰδὼς ὅτι ἀσμένως ἄν με εἶδεν ἐπὶ
ταῖς θύραις ταῖς αὑτοῦ, ὃς καὶ ἐπὶ τὴν ἐμὴν οἰκίαν φοιτῶν εἰσῄει βίᾳ,
καὶ οὔτε τῆς ἀδελφῆς οὔτε τῶν ἀδελφιδῶν φροντίσας ζητεῖν με ἐτόλμα, καὶ
ἐξευρὼν οὗ δειπνῶν ἐτύγχανον, ἐκκαλέσας ἔτυπτέ με.
[3,30]
καὶ τότε μὲν ἄρα, ἵνα μὴ περιϐόητος εἴην, ἡσυχίαν ἦγον, συμφορὰν
ἐμαυτοῦ νομίζων τὴν τούτου πονηρίαν· ἐπειδὴ δὲ χρόνος διεγένετο, πάλιν,
ὡς οὗτός φησιν, ἐπεθύμησα περιϐόητος γενέσθαι; καὶ εἰ μὲν ἦν παρὰ τούτῳ
τὸ μειράκιον, εἶχεν ἄν τινα λόγον τὸ ψεῦδος αὐτῷ ὡς ἐγὼ διὰ τὴν
ἐπιθυμίαν ἠναγκαζόμην ἀνοητότερόν τι ποιεῖν τῶν εἰκότων νῦν δὲ τούτῳ
μὲν οὐδὲ διελέγετο. ἀλλ' ἐμίσει πάντων ἀνθρώπων μάλιστα.
Lysias, contre Simon, 3, 28-30
[3,28]
Il prétend que nous sommes allés chez lui armés de tessons, que je le
menaçai de le tuer, et que c'est cela la préméditation. Mais, citoyens
du Conseil, il y a là un mensonge facile, je crois, à reconnaître, je
ne dis pas seulement pour vous, qui avez l'habitude des cas de ce
genre, mais pour n'importe qui. [3,29]
A qui fera-t-on croire en effet que, de dessein prémédité, en vue d'un
guet-apens, je sois allé trouver Simon près de sa propre demeure, en
plein jour, avec le jeune garçon, quand il y avait un tas de gens
autour de lui ? Aurais-je été assez fou pour avoir envie de me battre
seul contre cette foule, sachant surtout que Simon serait enchanté de
me voir à la porte de sa maison, lui qui avait rôdé autour de la mienne
et y avait pénétré de force, qui, sans se soucier de la présence de ma
sœur et de mes nièces, avait eu l'impudence de me relancer et, après
avoir découvert l'endroit où nous dînions, de m'appeler dehors pour me
frapper ?
[3,30]
Comment
! A ce moment-là j'ai voulu éviter le scandale, et je me suis tenu
tranquille, pensant que ses violences me mettaient moi-même dans une
fâcheuse situation, et dans la suite, à l'en croire, ce scandale je
l'aurais recherché ! 31 Si encore le jeune garçon avait vécu chez mon
adversaire, ce mensonge aurait une apparence de raison : c'est la
passion qui m'eût poussé à cette invraisemblable folie. Mais en
réalité, il n’adressait même pas la parole à cet individu; il le
détestait plus que personne au monde.
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ὄστρακον, ου (τὸ) : coquille, coquille
d’œuf; tesson (semblable à
une coquille sur lequel on écrivait le nom de ceux qu’on bannissait).
ἀπειλέω-ῶ (imparf. ἠπείλουν, futur ἀπειλήσω, aor. ἠπείλησα, parf.
ἠπείληκα) : repousser, acculer; repousser avec menace, menacer.
λέγει δ' ὡς ἡμεῖς ἤλθομεν ἐπὶ τὴν οἰκίαν τὴν τούτου ὄστρακον ἔχοντες,
καὶ ὡς ἠπείλουν αὐτῷ ἐγὼ ἀποκτενεῖν : il prétend que nous sommes allés
chez lui armés de tessons, que je le menaçai de le tuer.
μισέω, -ῶ (futur μισήσω, aor. ἐμίσησα, parf. μεμίσηκα) : haïr, détester.
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Une
définition de la philosophie
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[266]
Φιλοσοφίαν μὲν οὖν οὐκ οἶμαι δεῖν προσαγορεύειν τὴν μηδὲν ἐν τῷ παρόντι
μήτε πρὸς τὸ λέγειν μήτε πρὸς τὸ πράττειν ὠφελοῦσαν, γυμνασίαν μέντοι
τῆς ψυχῆς καὶ παρασκευὴν φιλοσοφίας καλῶ τὴν διατριϐὴν τὴν τοιαύτην,
ἀνδρικωτέραν μὲν ἧς οἱ παῖδες ἐν τοῖς διδασκαλείοις ποιοῦνται, τὰ δὲ
πλεῖστα παραπλησίαν· [267]
καὶ γὰρ ἐκείνων οἱ περὶ τὴν γραμματικὴν καὶ τὴν μουσικὴν καὶ τὴν ἄλλην
παιδείαν διαπονηθέντες πρὸς μὲν τὸ βέλτιον εἰπεῖν ἢ βουλεύσασθαι περὶ
τῶν πραγμάτων οὐδεμίαν πω λαμϐάνουσιν ἐπίδοσιν, αὐτοὶ δ' αὑτῶν
εὐμαθέστεροι γίγνονται πρὸς τὰ μείζω καὶ σπουδαιότερα τῶν μαθημάτων. [268]
Διατρῖψαι μὲν οὖν περὶ τὰς παιδείας ταύτας χρόνον τινὰ συμϐουλεύσαιμ'
ἂν τοῖς νεωτέροις, μὴ μέντοι περιιδεῖν τὴν αὑτῶν κατασκελετευθεῖσαν ἐπὶ
τούτοις, μηδ' ἐξοκείλασαν εἰς τοὺς λόγους τοὺς τῶν παλαιῶν σοφιστῶν, ὧν
ὁ μὲν ἄπειρον τὸ πλῆθος ἔφησεν εἶναι τῶν ὄντων, Ἐμπεδοκλῆς δὲ τέτταρα,
καὶ νεῖκος καὶ φιλίαν ἐν αὐτοῖς, Ἴων δ' οὐ πλείω τριῶν, Ἀλκμαίων δὲ δύο
μόνα, Παρμενίδης δὲ καὶ Μέλισσος ἕν, Γοργίας δὲ παντελῶς οὐδέν.[269]
Ἡγοῦμαι γὰρ τὰς μὲν τοιαύτας περιττολογίας ὁμοίας εἶναι ταῖς
θαυματοποιίαις, ταῖς οὐδὲν μὲν ὠφελούσαις ὑπὸ δὲ τῶν ἀνοήτων
περιστάτοις γιγνομέναις, δεῖν δὲ τοὺς προὔργου τι ποιεῖν βουλομένους
καὶ τῶν λόγων τοὺς ματαίους καὶ τῶν πράξεων τὰς μηδὲν πρὸς τὸν βίον
φερούσας ἀναιρεῖν ἐξ ἁπασῶν τῶν διατριϐῶν.
[270]
Περὶ μὲν οὖν τούτων ἀπόχρη μοι τὸ νῦν εἶναι ταῦτ' εἰρηκέναι καὶ
συμϐεϐουλευκέναι· περὶ δὲ σοφίας καὶ φιλοσοφίας τοῖς μὲν περὶ ἄλλων
τινῶν ἀγωνιζομένοις οὐκ ἂν ἁρμόσειε λέγειν περὶ τῶν ὀνομάτων τούτων
̔ἔστι γὰρ ἀλλότρια πάσαις ταῖς πραγματείαις*̓, ἐμοὶ δ' ἐπειδὴ καὶ
κρίνομαι περὶ τῶν τοιούτων καὶ τὴν καλουμένην ὑπό τινων φιλοσοφίαν οὐκ
εἶναι φημί, προσήκει τὴν δικαίως ἂν νομιζομένην ὁρίσαι καὶ δηλῶσαι πρὸς
ὑμᾶς. Ἁπλῶς δέ πως τυγχάνω γιγνώσκων περὶ αὐτῶν. [271]
Ἐπειδὴ γὰρ οὐκ ἔνεστιν ἐν τῇ φύσει τῇ τῶν ἀνθρώπων ἐπιστήμην λαϐεῖν ἣν
ἔχοντες ἂν εἰδεῖμεν ὅ τι πρακτέον ἤ λεκτέον ἐστίν, ἐκ τῶν λοιπῶν σοφοὺς
μὲν νομίζω τοὺς ταῖς δόξαις ἐπιτυγχάνειν ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ τοῦ βελτίστου
δυναμένους, φιλοσόφους δὲ τοὺς ἐν τούτοις διατρίϐοντας ἐξ ὧν τάχιστα
λήψονται τὴν τοιαύτην φρόνησιν.
Isocrate, sur l'échange, 266-271
[266]
La philosophie, à mon avis, n'est pas digne de ce nom, qui n'est
d'aucune aide immédiate pour parler ou pour agir : une gymnastique de
l'âme et une préparation à la vraie philosophie, voilà comment
j'appelle une telle étude, qui, si elle convient mieux à des hommes que
celles auxquelles se livrent les enfants dans les écoles, leur
ressemble pourtant beaucoup. En effet, les enfants qui s'appliquent à
apprendre les lettres, la musique et les autres matières de
l'éducation, n'ont encore fait aucun progrès en ce qui concerne le
talent de bien dire et de juger sainement dans la vie pratique, mais
ils se rendent ainsi plus capables qu'ils n'étaient de recevoir des
connaissances plus élevées et plus sérieuses.
[268]
Je conseillerais donc volontiers aux jeunes gens de
consacrer quelque temps à ces études, mais sans laisser leurs esprits
s'y dessécher ni s'enliser dans les théories des anciens sophistes.
Parmi ceux-là, l'un a prétendu que le nombre des éléments est
infini, tandis qu'Empédocle n'en admettait que quatre, qui se
combattent ou s'allient entre eux. Ion, pas plus de trois, Alcméon,
deux seulement, Parménide et Mélissos, un seul; quant à Gorgias,
il n'en reconnaissait absolument aucun.
[269]
De telles imaginations ressemblent, je crois, à ces jongleries qui ne
servent à rien et rassemblent pourtant les sots autour d'elles.
[270]
Là-dessus, je me content pour l'instant de ces paroles et de ces
conseils, mais il convient que je définisse que je définisse et que
j'expose devant vous la sagesse et la philosophie qui pourraient être
reconnues à bon droit ccomme telles. Mon opinion sur elles se trouve
être assez simple : puisqu'il n'est pas dans la nature des hommes
d'acquérir une science qui nous donnerait, si nous la possédions,
la connaissance de ce qu'il faut faire ou dire, cela étant exclu,
je considère comme sages ceux dont les opinions sont capables de
rencontrer le plus souvent ce qui est le meilleur, et comme philosophes
ceux qui s'adonnent aux études grâce auxquelles ils acquerront le plus
vite possible un tel discernement.
trad.
Bizos et Flacelière; versions grecques, éd. Vuibert
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θαυματοποιΐα, ας (ἡ) : art de faire des tours
d’adresse; miracle.
περίστατος, ος, ον : autour de qui l’on se tient, qui attire la foule
autour de soi, entouré.
περισσολογία, att.
περιττολογία, ας (ἡ) : redondance, verbosité, subtilité.
Ἡγοῦμαι
γὰρ τὰς μὲν τοιαύτας περιττολογίας ὁμοίας εἶναι ταῖς
θαυματοποιίαις, ταῖς οὐδὲν μὲν ὠφελούσαις ὑπὸ δὲ τῶν ἀνοήτων
περιστάτοις γιγνομέναις : de telles subtilités ressemblent, je crois, à
ces jongleries qui ne servent à rien et rassemblent pourtant les sots
autour d'elles.
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L'orateur
propose, la fortune dispose
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[1]
εἰ μετὰ τῆς αὐτῆς γνώμης, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τούς τε λόγους ἠκούετε τῶν
συμϐουλευόντων καὶ τὰ πράγματ᾽ ἐκρίνετε, πάντων ἀσφαλέστατον ἦν ἂν τὸ
συμϐουλεύειν. καὶ γὰρ εὐτυχῶς καὶ ἄλλως πράξασι (λέγειν γὰρ εὐφήμως
πάντα δεῖ) κοίν᾽ ἂν ἦν τὰ τῆς αἰτίας ὑμῖν καὶ τῷ πείσαντι. νῦν δ᾽
ἀκούετε μὲν τῶν ἃ βούλεσθε λεγόντων ἥδιστα, αἰτιᾶσθε δὲ πολλάκις
ἐξαπατᾶν ὑμᾶς αὐτούς, ἐὰν μὴ πάνθ᾽ ὃν ἂν ὑμεῖς τρόπον βούλησθε γένηται,
[2]
οὐ λογιζόμενοι τοῦθ᾽ ὅτι τοῦ μὲν ζητῆσαι καὶ λογίσασθαι τὰ βέλτιστα, ὡς
ἄνθρωπος, καὶ πρὸς ὑμᾶς εἰπεῖν αὐτὸς ἕκαστός ἐστιν κύριος, τοῦ δὲ
πραχθῆναι ταῦτα καὶ συνενεγκεῖν ἐν τῇ τύχῃ τὸ πλεῖστον μέρος γίγνεται.
ἔστιν δ᾽ ἄνθρωπον ὄντ᾽ ἀγαπητὸν τῆς αὑτοῦ διανοίας λόγον ὑπέχειν· τῆς
δὲ τύχης πρὸς ὑποσχεῖν ἕν τι τῶν ἀδυνάτων. [3]
εἰ μὲν οὖν ηὑρημένον ἦν πῶς ἄν τις ἀσφαλῶς ἄνευ κινδύνου δημηγοροίη,
μανί' ἂν παραλείπειν τοῦτον ἦν τὸν τρόπον· ἐπεὶ δ᾽ ἀνάγκη τὸν
περὶ τῶν μελλόντων πραγμάτων γνώμην ἀποφαινόμενον κοινωνεῖν τοῖς ἀπ᾽
αὐτῶν γενομένοις καὶ μετέχειν τῆς ἀπὸ τούτων αἰτίας, αἰσχρὸν ἡγοῦμαι
λέγειν μὲν ὡς εὔνους, μὴ ὑπομένειν δέ, εἴ τις ἐκ τούτου κίνδυνος ἔσται.
εὔχομαι δὲ τοῖς θεοῖς, ἃ καὶ τῇ πόλει κἀμοὶ συμφέρειν μέλλει, ταῦτ᾽
ἐμοί τ᾽ εἰπεῖν ἐλθεῖν ἐπὶ νοῦν καὶ ὑμῖν ἑλέσθαι. τὸ γὰρ πάντα τρόπον
ζητεῖν νικῆσαι, δυοῖν θάτερον, ἢ μανίας ἢ κέρδους ἕνεκ᾽ ἐσπουδακότος
φήσαιμ᾽ ἂν εἶναι.
Démosthène, prologue 25
[1]Athéniens,
si vous apportiez les mêmes dispositions pour écouter les discours de
vos conseillers et pour juger les faits, rien ne serait moins périlleux
que la tâche du conseiller. Que les choses tournent bien ou autrement
(car il faut parler toujours avec euphémisme), la responsabilité serait
partager entre vous et votre guide. Malheureusement vous écoutez avec
délices ceux qui flattent vos désirs, quittes à les accuser souvent de
vous tromper si tout ne va pas comme vous le désirez : [2]
vous ne réfléchissez pas à une chose, c'est que, s'il ne s'agit que de
chercher et de peser le parti le meilleur (humainement parlant), s'il
ne s'agit que de vous l'exposer, chaque orateur reste le maître
souverain; mais l'exécution de ces idées, mais leur efficacité, tout
cela incombe essentiellement à la Fortune. Il faut se contenter, comme
homme, de rendre compte de sa propre pensée : quant à rendre compte
aussi de la Fortune, c'est une tâche impossible. Si l'on avait trouvé
le moyen de vous faire des discours sans rique et sans péril, ce serait
folie de renoncer à ce procédé; mais puisque fatalement celui qui
expose son opinion sur les faits à venir est associé aux conséquences
qui en découlent et se trouve enveloppé dans les accusations qui en
résultent, je trouve honteux de parler comme un bon patriote, sans
faire front devant tout péril qui peut naître de là.
Je prie les dieux de nous inspirer à moi de dire et à vous de choisir
ce qui doit servir les intérêts de la Cité et les miens. Mais de
choisir coûte que coûte à triompher, je serais tenté de dire que c'est
la marque d'un homme passionné qui obéit, de deux choses l'une, ou bien
à la folie ou bien à la vénalité.
trad. Robert Clavaud; éd. les belles
lettres
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ἀκούω (futur ἀκούσομαι, aor. ἤκουσα, parf.
ἀκήκοα) : entendre, écouter.
συμϐουλεύω : donner un conseil, conseiller.
λέγειν γὰρ εὐφήμως
πάντα δεῖ : car il faut parler toujours avec euphémisme.
ἡδύς, ἡδεῖα, ἡδύ, gén. ἡδέος,
ἡδείας, ἡδέος : agréable.
superl.
ἥδιστος
νῦν δ᾽
ἀκούετε μὲν τῶν ἃ βούλεσθε λεγόντων ἥδιστα : en réalité vous écoutez
avec délices ceux qui flattent vos désirs
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L'épisode
de Nausicaa, jeune princesse, évoqué par un père de l'Eglise
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[5, 7]
Ὡς δ´ ἐγώ τινος ἤκουσα δεινοῦ καταμαθεῖν ἀνδρὸς ποιητοῦ διάνοιαν, πᾶσα
μὲν ἡ ποίησις τῷ Ὁμήρῳ ἀρετῆς ἐστιν ἔπαινος, καὶ πάντα αὐτῷ πρὸς τοῦτο
φέρει, ὅ τι μὴ πάρεργον· οὐχ ἥκιστα δὲ ἐν οἷς τὸν στρατηγὸν τῶν
Κεφαλλήνων πεποίηκε, γυμνὸν ἐκ τοῦ ναυαγίου περισωθέντα, πρῶτον μὲν
αἰδέσαι τὴν βασιλίδα φανέντα μόνον, τοσούτου δεῖν αἰσχύνην ὀφλῆσαι
γυμνὸν ὀφθέντα, ἐπειδήπερ αὐτὸν ἀρετῇ ἀντὶ ἱματίων κεκοσμημένον
ἐποίησε· ἔπειτα μέντοι καὶ τοῖς λοιποῖς Φαίαξι τοσούτου ἄξιον
νομισθῆναι ὥστε ἀφέντας τὴν τρυφὴν ᾗ συνέζων, ἐκεῖνον ἀποϐλέπειν
καὶ ζηλοῦν ἅπαντας, καὶ μηδένα Φαιάκων ἐν τῷ τότε εἶναι ἄλλο τι ἂν
εὔξασθαι μᾶλλον ἢ Ὀδυσσέα γενέσθαι, καὶ ταῦτα ἐκ ναυαγίου περισωθέντα.
Ἐν τούτοις γὰρ ἔλεγεν ὁ τοῦ ποιητοῦ τῆς διανοίας ἐξηγητὴς μονονουχὶ
βοῶντα λέγειν τὸν Ὅμηρον ὅτι· Ἀρετῆς ὑμῖν ἐπιμελητέον, ὦ ἄνθρωποι, ἣ
καὶ ναυαγήσαντι συνεκνήχεται καὶ ἐπὶ τῆς χέρσου γενόμενον γυμνὸν
τιμιώτερον ἀποδείξει τῶν εὐδαιμόνων Φαιάκων. Καὶ γὰρ οὕτως ἔχει.
Τὰ μὲν ἄλλα τῶν κτημάτων οὐ μᾶλλον τῶν ἐχόντων ἢ καὶ οὑτινοσοῦν τῶν
ἐπιτυχόντων ἐστίν, ὥσπερ ἐν παιδιᾷ κύϐων τῇδε
κἀκεῖσε μεταϐαλλόμενα·
μόνη δὲ κτημάτων ἡ ἀρετὴ ἀναφαίρετον, καὶ ζῶντι καὶ τελευτήσαντι
παραμένουσα. Ὅθεν δὴ καὶ Σόλων μοι δοκεῖ πρὸς τοὺς εὐπόρους εἰπεῖν τό·
Ἀλλ´ ἡμεῖς αὐτοῖς οὐ διαμειψόμεθα τῆς ἀρετῆς τὸν πλοῦτον· ἐπεὶ τὸ μὲν
ἔμπεδον αἰεί, χρήματα δ´ ἀνθρώπων ἄλλοτε ἄλλος ἔχει. Παραπλήσια δὲ
τούτοις καὶ τὰ Θεόγνιδος, ἐν οἷς φησι τὸν θεόν, ὅντινα δὴ καί φησι,
τοῖς ἀνθρώποις τὸ τάλαντον ἐπιρρέπειν ἄλλοτε ἄλλως, "ἄλλοτε μὲν
πλουτεῖν, ἄλλοτε δὲ μηδὲν ἔχειν".
Basile de
Césarée, discours aux jeunes gens, 5,
7-
[5, 7] J'ai
d'ailleurs entendu dire par un
homme habile à interpréter la pensée des poètes, que pour Homère toute
la poésie est un éloge de la vertu, et que tout chez lui, sauf
accessoirement, tend à cette fin; plus que tout, les vers où le poète
nous montre le chef des Céphaléniens sauvé nu du naufrage, inspirant
dès l'abord du respect à la princesse par sa seule présence, bien loin
de devoir rougir d'être vu nu, le poète lui ayant donné en guise
de manteau la vertu pour parure; mais, par la suite, jusqu'aux autres
Phéaciens reçoivent de lui une telle estime, qu'ils renoncent à la
mollesse où il passaient leur vie, les yeux fixés sur lui pour l'imiter
tous, et pas un des Phéaciens, à ce moment, n'aurait rien tant souhaité
que d'être Ulysse et Ulysse survivant d'un naufrage. Car dans ces vers,
disait l'interprète de la pensée du poète, Homère nous dit en quelque
sorte à grands cris : "Vous devez cultiver, hommes, une vertu qui
surnage avec le naufragé, et, dès qu'il a pris terre, le fera
paraître plus honorable dans sa nudité que les heureux Phéaciens. C'est
bien cela. Les autres biens ne sont plus à leurs possesseurs qu'au
premier venu; comme au jeu de dés, ils sont jetés tantôt ici tantôt là;
seule entre les biens, la vertu est chose imprenable : pendant la vie
et après la mort, elle demeure. C'est, il me semble, ce qui faisait
dire aussi à Solon, à l'adresse des riches, cette parole : "De nous à
eux, il n'y aura pas échange de notre vertu contre leur fortune, car la
première est constante toujours. Mais les richesses sont tantôt à un
homme tantôt à un autre". C'est une idée semblable à celle-ci
qu'exprime encore Théognis, quand il dit que le dieu, quelque soit le
dieu dont il parle, pour les hommes fait pencher le plateau tantôt d'un
côté tantôt d'un autre; tantôt ils sont riches tantôt ils n'ont rien.
trad. Fernand Boulanger; éd. les belles lettres
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ἔπαινος, ου (ὁ) : approbation, louange, éloge.
πᾶσα μὲν ἡ ποίησις τῷ Ὁμήρῳ ἀρετῆς ἐστιν ἔπαινος
: pour Homère
toute la poésie est un éloge de la vertu.
πάρεργος, ος, ον : qui est hors d’œuvre, accessoire, secondaire.
ἥκιστα, adv. : très peu, le moins, pas du tout.
οὐχ
ἥκιστα : surtout.
περισῴζω : sauver la vie de, assurer le salut de; sauver sa vie en
s'échappant (du naufrage).
ναυάγιον, ου (τὸ) : débris d’un naufrage; naufrage.
οὐχ
ἥκιστα δὲ ἐν οἷς τὸν στρατηγὸν τῶν
Κεφαλλήνων πεποίηκε, γυμνὸν ἐκ τοῦ ναυαγίου περισωθέντα :
surtout
dans les vers où le poète
nous montre le chef des Céphaléniens sauvé nu du naufrage.
ἐπιμελέομαι-οῦμαι (futur ἐπιμελήσομαι, aor. ἐπεμελήθην) : avoir soin
de, s’occuper de, veiller à.
ναυαγέω, -ῶ : faire naufrage.
part.
aor. masc. ναυαγήσας, αντος.
συνεκνήχομαι : se sauver à la nage avec.
Ἀρετῆς
ὑμῖν ἐπιμελητέον, ὦ ἄνθρωποι, ἣ καὶ ναυαγήσαντι συνεκνήχεται καὶ ἐπὶ
τῆς χέρσου γενόμενον γυμνὸν τιμιώτερον ἀποδείξει τῶν εὐδαιμόνων
Φαιάκων : vous
devez cultiver, hommes, une vertu qui surnage avec le naufragé, et, dès
qu'il a pris terre, le fera paraître plus honorable dans sa
nudité que
les heureux Phéaciens.
ἐπιρρέπω
: pencher sur ou vers; faire pencher.
ἐπιρρέπειν τάλαντον : faire pencher
le plateau de la balance.
ἄλλοτε, adv. : une autre fois,
d’autres fois.
ἄλλοτε μὲν…, ἄλλοτε δέ : tantôt ...
tantôt.
ἄλλοτε
ἄλλως : tantôt d'un côté
tantôt d'un autre.
ἄλλοτε
μὲν πλουτεῖν, ἄλλοτε δὲ μηδὲν ἔχειν : (il dit
que) tantôt ils sont riches et tantôt ils n'ont rien.
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Un gué salvateur
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[4,3,10]
καὶ ἀριστῶντι τῷ Ξενοφῶντι προσέτρεχον δύο νεανίσκω· ᾔδεσαν γὰρ πάντες
ὅτι ἐξείη αὐτῷ καὶ ἀριστῶντι καὶ δειπνοῦντι προσελθεῖν καὶ εἰ καθεύδοι
ἐπεγείραντα εἰπεῖν, εἴ τίς τι ἔχοι τῶν πρὸς τὸν πόλεμον. (4.3.11)
καὶ τότε ἔλεγον ὅτι τυγχάνοιεν φρύγανα συλλέγοντες ὡς ἐπὶ πῦρ, κἄπειτα
κατίδοιεν ἐν τῷ πέραν ἐν πέτραις καθηκούσαις ἐπ᾽ αὐτὸν τὸν ποταμὸν
γέροντά τε καὶ γυναῖκα καὶ παιδίσκας ὥσπερ μαρσίπους ἱματίων
κατατιθεμένους ἐν πέτρᾳ ἀντρώδει. (4.3.12)
ἰδοῦσι δὲ σφίσι δόξαι ἀσφαλὲς εἶναι διαϐῆναι· οὐδὲ γὰρ τοῖς πολεμίοις
ἱππεῦσι προσϐατὸν εἶναι κατὰ τοῦτο. ἐκδύντες δ᾽ ἔφασαν ἔχοντες τὰ
ἐγχειρίδια γυμνοὶ ὡς νευσόμενοι διαϐαίνειν· πορευόμενοι δὲ πρόσθεν
διαϐῆναι πρὶν βρέξαι τὰ αἰδοῖα· (4.3.13)
καὶ διαϐάντες, λαϐόντες τὰ ἱμάτια πάλιν ἥκειν. εὐθὺς οὖν Ξενοφῶν αὐτός
τε ἔσπενδε καὶ τοῖς νεανίσκοις ἐγχεῖν ἐκέλευε καὶ εὔχεσθαι τοῖς φήνασι
θεοῖς τά τε ὀνείρατα καὶ τὸν πόρον καὶ τὰ λοιπὰ ἀγαθὰ ἐπιτελέσαι.
σπείσας δ᾽ εὐθὺς ἦγε τοὺς νεανίσκους παρὰ τὸν Χειρίσοφον, καὶ
διηγοῦνται ταὐτά. (4.3.14)
ἀκούσας δὲ καὶ ὁ Χειρίσοφος σπονδὰς ἐποίει. σπείσαντες δὲ τοῖς μὲν
ἄλλοις παρήγγελλον συσκευάζεσθαι, αὐτοὶ δὲ συγκαλέσαντες τοὺς
στρατηγοὺς ἐϐουλεύοντο ὅπως ἂν κάλλιστα διαϐαῖεν καὶ
τούς τε ἔμπροσθεν νικῷεν καὶ ὑπὸ τῶν ὄπισθεν μηδὲν πάσχοιεν κακόν. (4.3.15)
καὶ ἔδοξεν αὐτοῖς Χειρίσοφον μὲν ἡγεῖσθαι καὶ διαϐαίνειν ἔχοντα τὸ
ἥμισυ τοῦ στρατεύματος, τὸ δ᾽ ἥμισυ ἔτι ὑπομένειν σὺν Ξενοφῶντι, τὰ δὲ
ὑποζύγια καὶ τὸν ὄχλον ἐν μέσῳ τούτων διαϐαίνειν. (4.3.16)
ἐπεὶ δὲ ταῦτα καλῶς εἶχεν ἐπορεύοντο· ἡγοῦντο δ᾽ οἱ νεανίσκοι ἐν
ἀριστερᾷ ἔχοντες τὸν ποταμόν· ὁδὸς δὲ ἦν ἐπὶ τὴν διάϐασιν ὡς τέτταρες
στάδιοι. (4.3.17)
πορευομένων δ᾽ αὐτῶν ἀντιπαρῇσαν αἱ τάξεις τῶν ἱππέων. ἐπειδὴ δὲ ἦσαν
κατὰ τὴν διάϐασιν
καὶ τὰς ὄχθας τοῦ ποταμοῦ, ἔθεντο τὰ ὅπλα, καὶ αὐτὸς πρῶτος Χειρίσοφος
στεφανωσάμενος καὶ ἀποδὺς ἐλάμϐανε τὰ ὅπλα καὶ τοῖς ἄλλοις πᾶσι
παρήγγελλε, καὶ τοὺς λοχαγοὺς ἐκέλευεν ἄγειν τοὺς λόχους ὀρθίους, τοὺς
μὲν ἐν ἀριστερᾷ τοὺς δ᾽ ἐν δεξιᾷ ἑαυτοῦ. (4.3.18) καὶ οἱ μὲν
μάντεις
ἐσφαγιάζοντο εἰς τὸν ποταμόν· οἱ δὲ
πολέμιοι ἐτόξευον καὶ ἐσφενδόνων· (4.3.19)
ἀλλ᾽ οὔπω ἐξικνοῦντο· ἐπεὶ δὲ καλὰ ἦν τὰ σφάγια, ἐπαιάνιζον πάντες οἱ
στρατιῶται καὶ ἀνηλάλαζον, συνωλόλυζον δὲ καὶ αἱ γυναῖκες ἅπασαι.
πολλαὶ γὰρ ἦσαν ἑταῖραι ἐν τῷ στρατεύματι.
Xénophon, Anabase, 4, 3, 10-19.
[4,3,10]
Pendant que Xénophon dînait, deux jeunes Grecs accoururent à lui; car
tout le monde savait qu'il était permis de l'aborder pendant ses repas,
et de le réveiller même lorsqu'il dormait pour lui parler de ce qui
concernait la guerre. (4.3.11) Ces
jeunes gens lui dirent qu'en ramassant des broussailles sèches pour
faire du feu, ils avaient vu au-delà du Centrite, entre des rochers qui
descendaient jusqu'à son lit, un vieillard, sa femme et de jeunes
filles déposer, dans une caverne qui formait le roc, des espèces de
sacs qui paraissaient contenir des habits; (4.3.12) qu'ils
avaient cru pouvoir y passer en sûreté, parce que le sol ne permettait
pas à la cavalerie ennemie d'en approcher; qu'ils avaient dépouillé
leurs vêtements, et, n'ayant qu'un poignard nu à la main, s'étaient
jetés dans le fleuve comme pour nager, mais qu'ils l'avaient traversé
sans avoir de l'eau, jusqu'à la ceinture; qu'ils avaient pris les
habits cachés, par les Arméniens, et étaient revenus. Aussitôt Xénophon
fit lui-même des libations; il ordonna qu'on versât du vin à ces jeunes
gens pour qu'ils en fissent aussi, et conjurassent les dieux qui lui
avaient envoyé le songe et fait connaître un gué, de confirmer, par des
succès, de si heureux présages. Après cet acte de religion, il les mena
aussitôt à Chirisophe : ils lui répétèrent le même récit. (4.3.14) Chirisophe,
quand il eut entendu leur rapport, fit à son tour des libations; puis
ayant donné ordre à toute l'armée de plier ses équipages, on assembla
les autres généraux, et l'on délibéra sur les meilleures dispositions à
faire pour passer le fleuve sans perte, repousser les ennemis qui
étaient sur l'autre rive, et n'être pas entamés par ceux qu'on laissait
derrière soi. On décida que Chirisophe marcherait à la tête, et
traverserait le Centrite, suivi de la moitié de l'armée; que Xénophon
resterait en deçà avec l'autre moitié; et que les équipages et les
esclaves passeraient le gué entre ces deux corps. (4.3.16) Après
avoir bien arrêté ce projet, on se mit en marche. Les jeunes gens,
servaient de guides; l'armée longeait le fleuve et l'avait à sa gauche
: elle fit ainsi à peu près quatre stades pour arriver au gué. (4.3.17) Pendant
la marche la cavalerie ennemie se portait toujours à la hauteur des
Grecs sur la rive opposée. Quand on
fut vis-à-vis du gué, on posa les
armes à terre, en ordre, sur le bord du fleuve. Puis Chirisophe, le
premier, la tête ceinte d'une couronne, quitta ses habits, reprit ses
armes et donna ordre aux troupes d'en faire autant. Il dit aux chefs de
former l'armée en colonnes par lochos, et de marcher à la même hauteur,
les uns à sa droite, les autres à sa gauche. (4.3.18) Les
sacrificateurs
immolèrent des victimes sur le bord du fleuve. Les ennemis
se servirent en vain de leurs arcs et de leurs frondes; (4.3.19) les
Grecs étaient hors de portée. Quand les entrailles eurent été jugées
favorables, toute l'armée chanta le péan et poussa des cris de guerre.
Toutes les femmes y joignirent leurs voix; car beaucoup de Grecs
avaient des maîtresses à leur suite.
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κατατίθημι : déposer; moyen déposer,
quitter.
παιδίσκη, ης (ἡ) : petite fille, jeune
fille.
προσϐατός, ή, όν : accessible à.
ἰδοῦσι
δὲ σφίσι δόξαι ἀσφαλὲς εἶναι διαϐῆναι· οὐδὲ γὰρ τοῖς πολεμίοις
ἱππεῦσι προσϐατὸν εἶναι κατὰ τοῦτο : à cette vue ils avaient estimé
qu'il n'y avait aucun danger à passer, car en face il n'y avait même
pas d'accès pour la cavalerie ennemie.
αἰδοῖος, α, ον : vénérable, digne de respect; honteux, vil; qui marque
du respect, respectueux, déférent.
τὰ αἰδοῖα : les organes génitaux.
βρέχω (imparf. ἔϐρεχον, futur réc. βρέξω, aor. ἔϐρεξα; passif futur
réc. βραχήσομαι, aor. ἐϐρέχθην, aor.2 ἐϐράχην, parf. βέϐρεγμαι) :
mouiller.
ἐκδύντες
δ᾽ ἔφασαν ἔχοντες τὰ
ἐγχειρίδια γυμνοὶ ὡς νευσόμενοι διαϐαίνειν· πορευόμενοι δὲ πρόσθεν
διαϐῆναι πρὶν βρέξαι τὰ αἰδοῖα : ils se déshabillent et, disent-ils, un
poignard à la main, nus, comme s'ils allaient nager, ils se mettent à
traverser, et tout en s'avançant, ils franchissent la rivière sans se
mouiller les organes génitaux.
καλῶς
: voir dico Bailly version établie par
Gérard Gréco.
ἐπεὶ
δὲ ταῦτα καλῶς εἶχεν ἐπορεύοντο : ces dispositions une fois bien
arrêtées, on se mit en marche.
ἀντιπάρειμι (imparf. ἀντιπαρῇν) : s’avancer
parallèlement.
ἀντιπαρῇσαν
: ils marchaient en se maintenant à
leur hauteur sur la rive opposée.
ἀντιπαρῇσαν
αἱ τάξεις τῶν ἱππέων : pendant la
marche la cavalerie ennemie se portait toujours à la hauteur des Grecs
sur la rive opposée.
ἡγοῦντο
δ᾽ οἱ νεανίσκοι ἐν
ἀριστερᾷ ἔχοντες τὸν ποταμόν· ὁδὸς δὲ ἦν ἐπὶ τὴν διάϐασιν ὡς τέτταρες
στάδιοι : on se mit en marche sous la conduite des jeunes gens, en
ayant le cours d'eau à gauche; on fit
ainsi à peu près quatre stades pour arriver au gué.
ἐξικνέομαι,
-οῦμαι (futur ἐξίξομαι, aor.2 ἐξικόμην) : dépasser, s’étendre, parvenir
à, atteindre.
σφάγιον, ου (τὸ) : victime (pour un sacrifice);
sacrifice.
καὶ οἱ μὲν
μάντεις
ἐσφαγιάζοντο εἰς τὸν ποταμόν· οἱ
δὲ πολέμιοι ἐτόξευον καὶ ἐσφενδόνων : cependant les devins égorgèrent
les victimes sur le bord du fleuve, tandis que les ennemis tiraient
avec leurs arcs, leurs frondes.
ἀλλ᾽
οὔπω ἐξικνοῦντο· ἐπεὶ δὲ καλὰ ἦν τὰ σφάγια, ἐπαιάνιζον πάντες οἱ
στρατιῶται καὶ ἀνηλάλαζον, συνωλόλυζον δὲ καὶ αἱ γυναῖκες ἅπασαι : mais
les projectiles n'atteignaient pas les Grecs; quand les
entrailles eurent été jugées
favorables, toute l'armée chanta le péan et poussa des cris de guerre; toutes les
femmes y joignirent leurs voix.
στράτευμα, ατος (τὸ) : expédition, campagne.
ἑταίρα, ας (ἡ) : maîtresse, courtisane.
πολλαὶ
γὰρ ἦσαν ἑταῖραι ἐν τῷ στρατεύματι : car
beaucoup de Grecs
à l'armée avaient des maîtresses.
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Combat
des Lacédémoniens et des Thébains
à Coronée
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(12) ἀντιμέτωπος
συνέρραξε τοῖς Θηϐαίοις, καὶ συμϐαλόντες
τὰς ἀσπίδας ἐωθοῦντο, ἐμάχοντο, ἀπέκτεινον, ἀπέθνηισκον. καὶ κραυγὴ μὲν
οὐδεμία παρῆν, οὐ μὴν οὐδὲ σιγή, φωνὴ δέ τις ἦν τοιαύτη οἵαν ὀργή τε
καὶ μάχη παράσχοιτ᾽ ἄν. τέλος δὲ τῶν Θηϐαίων
οἱ μὲν διαπίπτουσι πρὸς τὸν Ἑλικῶνα, πολλοὶ δ᾽ ἀποχωροῦντες ἀπέθανον. (13)
ἐπειδὴ δὲ ἡ μὲν νίκη σὺν Ἀγησιλάῳ ἐγένετο, τετρωμένος δ᾽ αὐτὸς
προσηνέχθη πρὸς τὴν φάλαγγα, προσελάσαντές τινες τῶν ἱππέων λέγουσιν
αὐτῷ ὅτι τῶν πολεμίων ὀγδοήκοντα σὺν τοῖς ὅπλοις ὑπὸ τῷ ναῷ εἰσι, καὶ
ἠρώτων τί χρὴ ποιεῖν. ὁ δὲ καίπερ πολλὰ τραύματα ἔχων πάντοσε καὶ
παντοίοις ὅπλοις ὅμως οὐκ ἐπελάθετο τοῦ θείου, ἀλλ᾽ ἐᾶν τε ἀπιέναι ὅποι
βούλοιντο ἐκέλευε καὶ ἀδικεῖν οὐκ εἴα, καὶ προπέμψαι ἐπέταξε τοὺς ἀμφ᾽
αὐτὸν ἱππεῖς ἔστε ἐν τῶι ἀσφαλεῖ ἐγένοντο. (14)
ἐπεί γε μὴν ἔληξεν ἡ μάχη, παρῆν δὴ θεάσασθαι ἔνθα συνέπεσον ἀλλήλοις
τὴν μὲν γῆν αἵματι πεφυρμένην, νεκροὺς δὲ κειμένους φιλίους καὶ
πολεμίους μετ᾽ ἀλλήλων, ἀσπίδας δὲ διατεθρυμμένας, δόρατα
συντεθραυσμένα, ἐγχειρίδια γυμνὰ κολεῶν, τὰ μὲν χαμαί, τὰ δ᾽ ἐν σώματι,
τὰ δ᾽ ἔτι μετὰ χεῖρας. (15)
τότε μὲν οὖν (καὶ γὰρ ἦν ἤδη ὀψέ) συνελκύσαντες τοὺς τῶν πολεμίων
νεκροὺς εἴσω φάλαγγος ἐδειπνοποιήσαντο καὶ ἐκοιμήθησαν· πρῲ δὲ Γῦλιν
τὸν πολέμαρχον παρατάξαι τε ἐκέλευσε τὸ στράτευμα καὶ τρόπαιον ἵστασθαι
καὶ στεφανοῦσθαι πάντας τῷ θεῷ καὶ τοὺς αὐλητὰς πάντας αὐλεῖν. (16) καὶ οἱ
μὲν ταῦτ᾽ ἐποίουν· οἱ δὲ Θηϐαῖοι
ἔπεμψαν κήρυκα, ὑποσπόνδους τοὺς νεκροὺς αἰτοῦντες θάψαι. καὶ οὕτως δὴ
αἵ τε σπονδαὶ γίγνονται καὶ ὁ Ἀγησίλαος οἴκαδε ἀπεχώρει, ἑλόμενος ἀντὶ
τοῦ μέγιστος εἶναι ἐν τῇ Ἀσίᾳ οἴκοι τὰ νόμιμα μὲν ἄρχειν, τὰ νόμιμα δὲ
ἄρχεσθαι.
Xénophon,
Agésilas, 2, 12-16
Il fondit sur les Thébains front contre front. Dès
lors, heurtant
bouclier contre bouclier, on pousse, on combat, on tue, on meurt. On
n'entend aucun cri, et pourtant ce n'est pas le silence, mais un bruit
comme celui que produisent la colère et la lutte. A la fin, les
Thébains se frayèrent un passage vers l'Hélicon, mais beaucoup périrent
dans la retraite. (13) Quand
la victoire se fut déclarée pour Agésilas, comme on le rapportait,
blessé, vers sa ligne de bataille, quelques cavaliers accoururent lui
dire que quatre-vingts soldats ennemis s'étaient réfugiés dans le
temple avec leurs armes et ils demandèrent ce qu'il fallait faire. Bien
qu'il eût été blessé en maint endroit et par des armes de toute sorte,
il n'oublia pas ce qu'il devait aux dieux et donna l'ordre de les
laisser partir où ils voudraient, sans leur faire de mal. Il ordonna
même aux cavaliers de son escorte de les accompagner jusqu'à ce qu'ils
fussent en lieu sûr. (14)
Le combat fini, on put voir sur le lieu de la rencontre la terre teinte
de sang, les morts, amis et ennemis, gisant pêle-mêle, des boucliers en
pièces, des lances brisées, des poignards sans fourreau, les uns à
terre, les autres enfoncés dans les corps, les autres restés dans les
mains des combattants. Comme il était déjà tard, les Lacédémoniens
ramassèrent les cadavres des ennemis à l'intérieur de la phalange, puis
dînèrent et se couchèrent. Le lendemain matin, Agésilas ordonna au
polémarque Gylis de mettre les troupes sous les armes et de dresser un
trophée, et à tous ses soldats de se couronner en l'honneur du dieu et
à tous les joueurs de flûte de jouer de leurs instruments.(16) Tandis
qu'on exécutait ces ordres, les Thébains envoyèrent un héraut demander
une trêve pour ensevelir leurs morts. Elle leur fut accordée, et
Agésilas partit pour son pays, ayant préféré, au lieu d'être le plus
grand en Asie, commander et obéir en son pays conformément aux
lois.
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ἀντιμέτωπος, ος, ον : opposés front contre front,
de front.
ὠθέω, ὠθῶ (imparf. ἐώθουν, futur ὤσω, aor. ἔωσα, parf. ἔωκα) : pousser,
pousser en avant.
λήγω (futur λήξω, aor. ἔληξα) : faire cesser; cesser, finir, se
terminer.
συμπίπτω, ancien
att. ξυμπίπτω (futur συμπεσοῦμαι, aor.2 συνέπεσον, parf.
συμπέπτωκα) : tomber sur, se heurter contre, être aux prises
avec.
(12)
ἀντιμέτωπος
συνέρραξε τοῖς Θηϐαίοις,
καὶ συμϐαλόντες
τὰς ἀσπίδας ἐωθοῦντο, ἐμάχοντο, ἀπέκτεινον, ἀπέθνηισκον : il
fondit sur les Thébains front contre front; dès lors, heurtant
bouclier contre bouclier, on pousse, on combat, on tue, on meurt.
(14)
ἐπεί γε μὴν ἔληξεν ἡ μάχη, παρῆν δὴ θεάσασθαι ἔνθα συνέπεσον ἀλλήλοις
τὴν μὲν γῆν αἵματι πεφυρμένην, νεκροὺς δὲ κειμένους φιλίους καὶ
πολεμίους μετ᾽ ἀλλήλων, ἀσπίδας δὲ διατεθρυμμένας, δόρατα
συντεθραυσμένα, ἐγχειρίδια γυμνὰ κολεῶν, τὰ μὲν χαμαί, τὰ δ᾽ ἐν σώματι,
τὰ δ᾽ ἔτι μετὰ χεῖρας : le combat fini, on put voir sur le lieu de la
rencontre la terre teinte
de sang, les morts, amis et ennemis, gisant pêle-mêle, des boucliers en
pièces, des lances brisées, des poignards sans fourreau, les uns à
terre, les autres enfoncés dans les corps, les autres restés dans les
mains des combattants.
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Une
maladie qui envahit la Grèce
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[259]
Νόσημα γάρ, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, νόσημα δεινὸν ἐμπέπτωκεν εἰς τὴν Ἑλλάδα,
καὶ χαλεπὸν καὶ πολλῆς τινὸς εὐτυχίας καὶ παρ’ ὑμῶν ἐπιμελείας
δεόμενον. Οἱ γὰρ ἐν ταῖς πόλεσι γνωριμώτατοι καὶ προεστάναι τῶν κοινῶν
ἀξιούμενοι, τὴν αὑτῶν προδιδόντες ἐλευθερίαν οἱ δυστυχεῖς, αὐθαίρετον
αὑτοῖς ἐπάγονται δουλείαν, Φιλίππῳ ξενίαν καὶ ἑταιρίαν καὶ φιλίαν καὶ
τοιαῦθ’ ὑποκοριζόμενοι· οἱ δὲ λοιποὶ καὶ τὰ κύρι’ ἅττα ποτ’ ἔστ’ ἐν
ἑκάστῃ τῶν πόλεων, οὓς ἔδει τούτους κολάζειν καὶ παραχρῆμ’
ἀποκτιννύναι, τοσοῦτ’ ἀπέχουσι τοῦ τοιοῦτόν τι ποιεῖν ὥστε θαυμάζουσι
καὶ ζηλοῦσι καὶ βούλοιντ’ ἂν αὐτὸς ἕκαστος τοιοῦτος εἶναι. [260] Καίτοι
τοῦτο
τὸ πρᾶγμα καὶ τὰ τοιαῦτα ζηλώματα Θετταλῶν μέν, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι,
μέχρι μὲν χθὲς ἢ πρώην τὴν ἡγεμονίαν καὶ τὸ κοινὸν ἀξίωμ’ ἀπωλωλέκει,
νῦν δ’ ἤδη καὶ τὴν ἐλευθερίαν παραιρεῖται· τὰς γὰρ ἀκροπόλεις αὐτῶν
ἐνίων Μακεδόνες φρουροῦσιν· εἰς Πελοπόννησον δ’ εἰσελθὸν τὰς ἐν Ἤλιδι
σφαγὰς πεποίηκε, καὶ τοσαύτης παρανοίας καὶ μανίας ἐνέπλησε τοὺς
ταλαιπώρους ἐκείνους ὥσθ’, ἵν’ ἀλλήλων ἄρχωσι καὶ Φιλίππῳ χαρίζωνται,
συγγενεῖς αὑτῶν καὶ πολίτας μιαιφονεῖν. [261] Καὶ
οὐδ’ ἐνταῦθ’ ἕστηκεν, ἀλλ’
εἰς Ἀρκαδίαν εἰσελθὸν πάντ’ ἄνω καὶ κάτω τἀκεῖ πεποίηκε, καὶ νῦν
Ἀρκάδων πολλοί, προσῆκον αὐτοῖς ἐπ’ ἐλευθερίᾳ μέγιστον φρονεῖν ὁμοίως
ὑμῖν (μόνοι γὰρ πάντων αὐτόχθονες ὑμεῖς ἐστε κἀκεῖνοι), Φίλιππον
θαυμάζουσι καὶ χαλκοῦν ἱστᾶσι καὶ στεφανοῦσι, καὶ τὸ τελευταῖον, ἂν εἰς
Πελοπόννησον ἴῃ, δέχεσθαι ταῖς πόλεσίν εἰσιν ἐψηφισμένοι. [262] Ταὐτὰ
δὲ
ταῦτ’ Ἀργεῖοι. Ταῦτα νὴ τὴν Δήμητρα, εἰ δεῖ μὴ ληρεῖν, εὐλαϐείας οὐ
μικρᾶς δεῖται, ὡς βαδίζον γε κύκλῳ καὶ δεῦρ’ ἐλήλυθεν, ὦ ἄνδρες
Ἀθηναῖοι, τὸ νόσημα τοῦτο. Ἕως οὖν ἔτ’ ἐν ἀσφαλεῖ, φυλάξασθε καὶ τοὺς
πρώτους εἰσαγαγόντας ἀτιμώσατε· εἰ δὲ μή, σκοπεῖθ’ ὅπως μὴ τηνικαῦτ’ εὖ
λέγεσθαι δόξει τὰ νῦν εἰρημένα ὅτ’ οὐδ’ ὅ τι χρὴ ποιεῖν ἕξετε. [263] Οὐχ
ὁρᾶθ’ ὡς ἐναργές, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, καὶ σαφὲς παράδειγμ’ οἱ ταλαίπωροι
γεγόνασιν Ὀλύνθιοι ; Οἳ παρ’ οὐδὲν οὕτως ὡς τὸ τοιαῦτα ποιεῖν
ἀπολώλασιν οἱ δείλαιοι.
Ἔχοιτε δ' ἂν ἐξετάσαι καθαρῶς ἐκ τῶν συμβεβηκότων αὐτοῖς. Ἐκεῖνοι γάρ,
ἡνίκα μὲν τετρακοσίους ἱππέας ἐκέκτηντο μόνον καὶ σύμπαντες οὐδὲν ἦσαν
πλείους πεντακισχιλίων τὸν ἀριθμόν, οὔπω Χαλκιδέων πάντων εἰς ἓν
συνῳκισμένων.
Démosthène, sur les forfaitures de l’ambassade, 259-263
[259] En
effet, une maladie, Athéniens, une maladie redoutable s'est abattue sur
la Grèce, terrible, exigeant chez vous beaucoup de chance et beaucoup
d'attention. Les plus notables dans chaque cité, ceux qui étaient jugés
dignes de diriger l'Etat, livrant leur propre liberté (les malheureux
!) attirent sur eux-mêmes une servitude volontaire et parlent
gentiment, en faveur de Philippe, d'hospitalité, de camaraderie,
d'amitié, etc... Les autres, tout ce qui a de l'autorité dans chaque
pays, eux qui devraient châtier ces gens-là et les mettre à mort sur le
champ, bien loin d'agir ainsi, les admirent, les envient et voudraient
chacun personnellement, être comme eux. [260] Or,
ces actes, les rivalités de cet ordre, jusqu'à hier ou avant-hier,
avaient détruit chez les Thessaliens leur hégémonie et leur honneur
national; maintenant cela leur enlève encore la liberté; car les
Lacédémoniens ont des garnisons dans certaines de leurs
citadelles. Pénétrant dans le Péloponnèse, cela a provoqué
le massacre d'Elis et a rempli les malheureux habitants de ce pays
d'une telle folie et d'une telle fureur que, pour se commander
mutullement et faire plaisir à Philippe, ils se souillent du sang de
parents et de concitoyens. [261]
Cela ne s'est même pas arrêté là. Pénétrant en Arcadie, cela a mis
là-bas tout sens dessus dessous; maintenant beaucoup d'Arcadiens, qui
devraient être fiers de leur liberté tout autant que vous (seuls au
monde, eux et vous êtes autochtones), admirent Philippe, lui dressent
une statue de bronze, le couronnent, et enfin ils ont voté, au cass où
il viendrait dans le Péloponnèse, de l'accueillir dans leurs villes. De
même les Argiens. [262]
Par Déméter, ce mal, pour parler sérieusement, exige les plus grandes
précautions; car, en nous encerclant, il a même pénétré ici, Athéniens.
Donc, tant que vous êtes encore en sûreté, tenez-vous sur vos gardes,
et privez de leurs droits les premiers qui l'ont introduit; sinon,
prenez garde que les paroles dites maintenant ne paraissent justifiées
au moment même où vous n'aurez plus rien à faire. [263] Ne
voyez-vous pas, Athéniens, comme les pauvres Olynthiens ont donné
un exemple clair et éclatant ? Eux qui n'ont pas succombé pour autre
chose que pour avoir agi ainsi, les infortunés. Vous pourrez vous en
rendre un compte exact d'après ce qui leur est arrivé. Quand ils
avaient seulement quatre cents cavaliers et n'étaient pas au total plus
de cinq mille, alors que les gens de Chalcidique n'étaient pas encore
réunis en un seul Etat.
trad. Georges Matthieu; éd. les
belles lettres.
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συνοικέω, ancien
att. ξυνοικέω-ῶ : habiter ensemble ou avec; vivre avec,
former une communauté avec.
οὔπω Χαλκιδέων πάντων εἰς ἓν συνῳκισμένων : alors que les gens de
Chalcidique n'étaient pas encore réunis en un seul Etat.
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Les
devoirs d'un ambassadeur
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(3)
Τὸ μὲν οὖν ἐξελέγξειν πολλὰ καὶ δεινὰ πεποιηκότα τουτονὶ καὶ τῆς
ἐσχάτης ὄντα τιμωρίας ἄξιον θαρρῶ καὶ πάνυ πιστεύω· ὃ δὲ καίπερ
ὑπειληφὼς ταῦτα φοϐοῦμαι, φράσω πρὸς ὑμᾶς καὶ οὐκ ἀποκρύψομαι, ὅτι μοι
δοκοῦσιν ἅπαντες οἱ παρ' ὑμῖν ἀγῶνες οὐχ ἧττον, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τῶν
καιρῶν ἢ τῶν πραγμάτων εἶναι, καὶ τὸ χρόνον γεγενῆσθαι μετὰ τὴν
πρεσϐείαν πολὺν δέδοικα, μή τινα λήθην ἢ συνήθειαν τῶν ἀδικημάτων ὑμῖν
ἐμπεποιήκῃ.
(4)
Ὡς δή μοι δοκεῖτ' ἂν ὅμως ἐκ τούτων καὶ γνῶναι τὰ δίκαια καὶ δικάσαι
νυνί, τοῦθ' ὑμῖν λέξω· εἰ σκέψαισθε παρ' ὑμῖν αὐτοῖς, ὦ ἄνδρες
δικασταί, καὶ λογίσαισθε τίνων προσήκει λόγον παρὰ πρεσϐευτοῦ λαϐεῖν.
Πρῶτον μὲν τοίνυν ὧν ἀπήγγειλε, δεύτερον δ' ὧν ἔπεισε, τρίτον δ' ὧν
προσετάξατ' αὐτῷ, μετὰ ταῦτα τῶν χρόνων, ἐφ' ἅπασι δὲ τούτοις, εἰ
ἀδωροδοκήτως ἢ μὴ πάντα ταῦτα πέπρακται. (5)
Τί δήποτε τούτων; Ὅτι ἐκ μὲν τῶν ἀπαγγελιῶν τὸ βουλεύσασθαι περὶ τῶν
πραγμάτων ὑμῖν ἐστίν· ἂν μὲν οὖν ὦσιν ἀληθεῖς, τὰ δέοντ' ἔγνωτε, ἂν δὲ
μὴ τοιαῦται, τἀναντία. Τὰς δὲ συμϐουλίας πιστοτέρας ὑπολαμϐάνετ' εἶναι
τὰς τῶν πρέσϐεων· ὡς γὰρ εἰδότων περὶ ὧν ἐπέμφθησαν ἀκούετε· οὐδὲν οὖν
ἐξελέγχεσθαι δίκαιός ἐστιν ὁ πρεσβευτὴς φαῦλον οὐδ' ἀσύμφορον ὑμῖν
συμϐεϐουλευκώς.
(6) Καὶ
μὴν περὶ ὧν γε προσετάξατ' εἰπεῖν ἢ πρᾶξαι καὶ διαρρήδην ἐψηφίσασθε
ποιῆσαι, προσήκει διῳκηκέναι. Εἶεν· τῶν δὲ δὴ χρόνων διὰ τί; Ὅτι
πολλάκις, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, συμϐαίνει πολλῶν πραγμάτων καὶ μεγάλων
καιρὸν ἐν βραχεῖ χρόνῳ γίγνεσθαι, ὃν ἄν τις ἑκὼν καθυφῇ τοῖς ἐναντίοις
καὶ προδῷ, οὐδ' ἂν ὁτιοῦν ποιῇ πάλιν οἷός τ' ἔσται σῶσαι.
(7) Ἀλλὰ
μὴν ὑπέρ γε τοῦ προῖκ' ἢ μή, τὸ μὲν ἐκ τούτων λαμϐάνειν, ἐξ ὧν ἡ πόλις
βλάπτεται, πάντες οἶδ' ὅτι φήσαιτ' ἂν εἶναι δεινὸν καὶ πολλῆς ὀργῆς
ἄξιον· ὁ μέντοι τὸν νόμον τιθεὶς οὐ διώρισεν τοῦτο, ἀλλ' ἁπλῶς εἶπε
μηδαμῶς δῶρα λαμϐάνειν, ἡγούμενος, ὡς ἐμοὶ δοκεῖ, τὸν ἅπαξ λαϐόντα καὶ
διαφθαρένθ' ὑπὸ χρημάτων οὐδὲ κριτὴν ἔτι τῶν συμφερόντων ἀσφαλῆ μένειν
τῇ πόλει.
Démosthène, sur l'ambassade, 3-7
(3) Démontrer
dans un instant que cet individu a commis bien des forfaits et mérite
les derniers châtiments, j'en ai la pleine et ferme confiance.
Mais ce que je crains, malgré cette persuasion, je vais vous le dire :
je ne vous dissimulerai pas que, selon moi, tous les débats qui ont
lieu devant vous, Athéniens, portent tout autant sur les conjectures
que sur les faits; or je crains que le long temps qui s'est écoulé
depuis l'ambassade ne vous ait fait oublier ou rendu trop familières
les fautes commises.
(4)
La façon dont, à mon avis, vous pourriez malgré tout reconnaître la
justice en cette affaire et pronocer aujourd'hui votre verdict, je vais
vous le dire : ce serait d'examiner en vous mêmes, juges, et de
calculer de quoi l'on doit rendre responsable un ambassadeur.
Tout d'abord de ses rapports; en second lieu de ses conseils; en
troisième, des instructions reçues de vous; puis du temps
employé; enfin, et par dessus tout, de la façon intègre ou non
dont il a agi en tout cela.
(5)
Pourquoi
est-il responsable de tout cela ? Parce ce que ses rapports vous
permettent d'examiner la situation : s'ils sont véridiques, vous
décidez ce qu'il faut; sinon, c'est le contraire. D'autre part vous
jugez que les meilleurs conseils sont ceux des ambassadeurs; car, en
les écoutant, vous vous dites qu'ils sont instruits de l'objet de leur
mission; il est donc juste qu'on ne puisse convaincre l'ambassadeur de
vous avoir conseillé rien de mauvais ni de désavantageux.
(6)
En
outre, il convient qu'il ait agi selon ce que vous lui avez ordonné de
dire ou de faire et ce que vos votes lui ont explicitement ordonné
d'exécuter. Et ensuite ? Pourquoi est-il responsable du temps
employé ? Parce que souvent, Athéniens, il arrive que l'occasion
favorable à beaucoup de grandes actions dure peu; si quelqu'un
abandonne volontairement ou livre à l'adversaire cette occasion,
quoi qu'il fasse, il ne pourra à nouveau la recouvrer.
(7)
En ce qui concerne l'intégrité ou son contraire, recevoir de l'argent
pour ce qui nuit à l'Etat, tous, je le sais, vous diriez que c'est un
crime qui mérite la plus juste indignation. Mais celui qui a établi la
loi n'a pas fait cette distinction; il a dit simplement qu'on ne
reçoive de présents en aucun cas; il pensait (à ce que je crois) que
quiconque a touché une fois et a été corrompu par l'argent ne reste
plus pour l'Etat un sûr juge de ce qui est utile.
trad. Geoges Mathieu; éd. les belles lettres.
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ἐξελέγχω (parf. passif ἐξελήλεγμαι ou ἐξήλεγμαι)
: réfuter, confondre;
fournir une preuve, démontrer.
ποιέω -ῶ (imparf. ἐποίουν, futur ποιήσω, aor. ἐποίησα, parf. πεποίηκα)
: faire, fabriquer, exécuter, confectionner, produire, causer.
δεινός, ή, όν : qui inspire la crainte, et, par la suite,
l’étonnement.
--- cf. dico Bailly
version établie par Gérard Gréco.
ἔσχατος, η, ον : qui est à l’extrémité, extrême, dernier.
ἄξιος, α, ον : qui entraîne par son poids, qui est de poids; qui vaut,
qui a la valeur de.
τὸ μὲν οὖν ἐξελέγξειν πολλὰ καὶ δεινὰ πεποιηκότα τουτονὶ καὶ τῆς
ἐσχάτης ὄντα τιμωρίας ἄξιον θαρρῶ καὶ πάνυ πιστεύω : démontrer
dans un instant que cet individu a commis bien des forfaits et mérite
les derniers châtiments, j'en ai la pleine et ferme confiance.
διαφθείρω (futur διαφθερῶ, aor. διέφθειρα, parf.1 διέφθαρκα, parf.2
διέφθορα) : détruire; mettre à mal, corrompre.
ἅπαξ adv. : une fois, une seule fois.
ἡγούμενος, ὡς ἐμοὶ δοκεῖ, τὸν ἅπαξ λαϐόντα καὶ
διαφθαρένθ' ὑπὸ χρημάτων οὐδὲ κριτὴν ἔτι τῶν συμφερόντων ἀσφαλῆ μένειν
τῇ πόλει : pensant, (à ce que je crois) que
quiconque a touché une fois et a été corrompu par l'argent ne reste
plus pour l'Etat un sûr juge de ce qui est utile.
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La vocation de Lucien
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[10]
Ἤν δ᾿ ἐμοὶ πείθῃ, πρῶτον μὲν σοι πολλὰ ἐπιδείξω παλαιῶν ἀνδρῶν ἔργα καὶ
πράξεις θαυμαστὰς, καὶ λόγους αὐτῶν ἀπαγγέλουσα καὶ πάντων ὡς εἰπεῖν
ἔμπειρον ἀποφαίνουσα, καὶ τὴν ψυχὴν, ὅπερ σου κυριώτατόν ἐστι,
κατακοσμήσῳ πολλοῖς καὶ ἀγαθοῖς κοσμήμασι, σωφροσύνῃ, δικαιοσύνῃ,
εὐσεϐείᾳ, πρᾳότητι, ἐπιεικίᾳ, συνέσει, καρτερίᾳ, τῷ τῶν καλῶν ἔρωτι, τῇ
πρὸς τὰ σεμνότατα ὁρμῇ· ταῦτα γὰρ ἐστιν ὁ τῆς ψυχῆς ἀκήρατος ὡς ἀληθῶς
κόσμος. Λήσει δὲ σε οὔτε νῦν γενέσθαι δέον, ἀλλὰ καὶ τὰ μέλλοντα πρόψει
μετ᾿ ἐμοῦ, καὶ ὅλως ἅπαντα, ὁπόσα ἐστὶ, τά τε θεῖα τά τ᾿ ἀνθρώπινα, οὐκ
εἰς μακράν σε διδάξομαι.
[11]
Καὶ ὁ νῦν πένης ὁ τοῦ δεῖνος, ὁ βουλευσάμενός τι περὶ ἀγεννοῦς οὕτω
τέχνης, μετ᾿ ὀλίγον ἅπασι ζηλωτὸς καὶ ἐπίφθονος ἔσῃ, τιμώμενος καὶ
ἐπαινούμενος καὶ ἐπὶ τοῖς ἀρίστοις εὐδοκιμῶν καὶ ὑπὸ τῶν γένει καὶ
πλούτῳ προὐχόντων ἀποϐλεπόμενος, ἐσθῆτα μὲν τοιαύτην ἀμπεχόμενος,
δείξασα τὴν ἑαυτῆς· πάνυ δὲ λαμπρὰν ἐφόρει- ἀρχῇς δὲ καὶ προεδρίας
ἀξιούμενος· κἄν που ἀποδημῇς, οὐδ᾿ ἐπὶ τῆς ἀλλοδαπῆς ἀγνὼς καὶ ἀφανὴς
ἔσῃ· τοιαῦτα σοι περιθήσω τὰ γνωρίσματα, ὥστε τῶν ὁρώντων ἕκαστος τὸν
πλησίον κινήσας δεει σε τῷ δακτύλῳ "οὖτος ἐκεῖνος" λέγων.
[12]
Ἄν
δὲ τι σπουδῆς ἄξιον ᾖ καὶ τοὺς φίλους ἢ καὶ τὴν πόλιν ὅλην καταλαμϐάνῃ,
εἰς σὲ πάντες ἀποϐλέψονται• κἄν πού τι λέγων τύχῃς, κεχηνότες οἱ πολλοὶ
ἀκούσονται, θαυμάζοντες καὶ εὐδαιμονίζοντές σε τῆς δυνάμεως τῶν λόγων
καὶ τὸν πατέρα τῆς εὐποτμίας ὅ δὲ λέγουσιν, ὡς ἄρα καὶ ἀθάνατοι τινες
γίγνονται ἐξ ἀνθρώπων, τοῦτό σοι περιποιήσω καὶ γὰρ ἤν αὐτὸς ἐκ τ0ῦ
βίου ἀπέλθῃς, οὔποτε παύσῃ συνὼν τοῖς πεπαιδευμένοις καὶ προσομιλῶν
τοῖς ἀρίστοις. Ὁρᾷς τὸν Δημοσθένην ἐκεῖνον, τίνος υἱὸν ὄντα ἐγὼ ἡλίκον
ἐποίησα; Ὁρᾷς τὸν Αἰσχίνην, ὅς τυμπανιστρίας υἱὸς ἦν; Ἀλλ᾿ ὅμως αὐτὸν
δι᾿ ἐμὲ Φίλιππος ἐθεράπευσεν.
Ὁ δὲ Σωκράτης καὶ αὐτὸς ὑπὸ τῇ ἑρμογλυφικῇ ταύτῃ τραφεὶς ἐπειδὴ τάχιστα
συνῆκε τοῦ κρείττονος καὶ δραπετεύσας παρ᾿ αὐτῆς ηὐτομόλησεν ὡς ἐμὲ,
ἀκούεις ὡς παρὰ πάντων ᾄδεται.
[13]
Ἀφεὶς δὲ αὐτοὺς τηλικούτους καὶ τοιούτους ἄνδρας καὶ πράξεις λαμπρὰς
καὶ λόγους σεμνοὺς καὶ σχήμα εὐπρεπὲς καὶ τιμὴν καὶ δόξαν καὶ ἔπαινον
καὶ προεδρίας καὶ δυνάμεις καὶ ἀρχὰς καὶ τὸ ἐπὶ λόγοις εὐδοκιμεῖν καὶ
τὸ ἐπὶ συνέσει εὐδαιμονίζεσθαι χιτώνιον τὶ πιναρὸν ἐνδύσῃ καὶ σχήμα
δουλοπρεπὲς ἀναλήψῃ καὶ μοχλία καὶ γλυφεῖα καὶ κοπέας καὶ κολαπτῆρας ἐν
ταῖν χεροῖν ἕξεις κάτω νενευκὼς εἰς τὸ ἔργον, χαμαιπετὴς καὶ χαμαίζηλος
καὶ πάντα τρόπον ταπεινὸς, ἀνακύπτων δὲ οὐδέποτε οὐδὲ ἀνδρῶδες οὐδὲ
ἐλεύθερον οὐδὲν ἐπινοῶν, ἀλλὰ τὰ μὲν ἔργα ὅπως εὔρυθμα καὶ εὐσχήμονα
ἔσται σοι προνοῶν, ὅπως δὲ αὐτὸς εὔρυθμος καὶ κόσμιος ἔσῃ, ἥκιστα
πεφροντικώς, ἀλλ᾿ ἀτιμότερον ποιῶν σεαυτὸν λίθων.
Lucien, le songe, 10-13
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πείθω (futur πείσω, aor.1 ἔπεισα, parf. πέπεικα)
: persuader,
convaincre.
moyen
πείθομαι (futur πείσομαι, aor.2 ἐπιθόμην; passif futur πεισθήσομαι,
aor. ἐπείσθην, parf. πέπεισμαι) : se laisser persuader; croire,
obéir.
memento
πέποιθα : j'ai confiance.
Ἤν δ᾿ ἐμοὶ πείθῃ, πρῶτον μὲν σοι πολλὰ ἐπιδείξω παλαιῶν ἀνδρῶν ἔργα καὶ
πράξεις θαυμαστὰς : en revanche, si tu me fais confiance, je te
montrerai d'abord beaucoup d'œuvres des hommes de l'antiquité.
ἀφίημι (imparf. ἀφίην ou ἠφίην, futur ἀφήσω, aor.1 ἀφῆκα, aor.2 *ἀφῆν)
: laisser aller, lâcher, lancer, abandonner; négliger, se détourner de.
τηλικοῦτος, -αύτη, -οῦτο ou -οῦτον : de cet âge; aussi âgé; aussi
jeune; aussi grand, aussi puissant, aussi important.
εὐπρεπής, ής, ές : de belle apparence, convenable, décent.
λαμπρός, ά, όν : brillant, splendide, magnifique.
σεμνός, ή, όν : vénérable, auguste, saint.
ἀφεὶς δὲ αὐτοὺς τηλικούτους καὶ τοιούτους ἄνδρας καὶ πράξεις λαμπρὰς
καὶ λόγους σεμνοὺς καὶ σχήμα εὐπρεπὲς : si tu te détournes de ces
hommes si grands et si remarquables, des
actions éclatantes, des nobles discours, d'une tenue pleine de décence.
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Cruauté
des Trente
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6
Θέογνις γὰρ καὶ Πείσων ἔλεγον ἐν τοῖς τριάκοντα περὶ τῶν μετοίκων, ὡς
εἶέν τινες τῇ πολιτείᾳ ἀχθόμενοι· καλλίστην οὖν εἶναι πρόφασιν
τιμωρεῖσθαι μὲν δοκεῖν, τῷ δ' ἔργω χρηματίζεσθαι· πάντως δὲ τὴν μὲν
πόλιν πένεσθαι τὴν δ' ἀρχὴν δεῖσθαι χρημάτων. 7 Καὶ τοὺς ἀκούοντας οὐ χαλεπῶς
ἔπειθον· ἀποκτιννύναι μὲν γὰρ ἀνθρώπους
περὶ οὐδενὸς ἡγοῦντο, λαμϐάνειν δὲ χρήματα περὶ πολλοῦ ἐποιοῦντο.
Ἔδοξεν οὖν αὐτοῖς δέκα συλλαϐεῖν, τούτων δὲ δύο πένητας, ἵνα αὐτοῖς ᾖ
πρὸς τοὺς ἄλλους ἀπολογία, ὡς οὐ χρημάτων ἕνεκα ταῦτα πέπρακται, ἀλλὰ
συμφέροντα τῇ πολιτεία γεγένηται, ὥσπερ τι τῶν ἄλλων [εὐλόγως
πεποιηκότες].
8
Διαλαϐόντες δὲ τὰς οἰκίας ἐϐάδιζον· καὶ ἐμὲ μὲν ξένους ἑστιῶντα
κατέλαϐον, οὓς ἐξελάσαντες Πείσωνί με παραδιδόασιν· οἱ δὲ ἄλλοι εἰς τὸ
ἐργαστήριον ἐλθόντες τὰ ἀνδράποδα ἀπεγράφοντο. 9
Ἐγὼ δὲ Πείσωνα μὲν ἠρώτων εἰ βούλοιτό με σῶσαι χρήματα λαϐών. Ὁ δ'
ἔφασκεν, εἰ πολλὰ εἴη. Εἶπον ὅτι τάλαντον ἀργυρίου ἕτοιμος εἴην δοῦναι·
ὁ δ' ὡμολόγησε ταῦτα ποιήσειν. Ἠπιστάμην μὲν οὖν ὅτι οὔτε θεοὺς οὔτ'
ἀνθρώπους νομίζει, ὅμως δ' ἐκ τῶν παρόντων ἐδόκει μοι ἀναγκαιότατον
εἶναι πίστιν παρ' αὐτοῦ λαϐεῖν. 10
Ἐπειδὴ δὲ ὤμοσεν, ἐξώλειαν ἑαυτῷ καὶ τοῖς παισὶν ἐπαρώμενος, λαϐὼν τὸ
τάλαντόν με σώσειν, εἰσελθὼν εἰς τὸ δωμάτιον τὴν κιϐωτὸν ἀνοίγνυμι.
Πείσων δ' αἰσθόμενος εἰσέρχεται, καὶ ἰδὼν τὰ ἐνόντα καλεῖ τῶν ὑπηρετῶν
δύο, καὶ τὰ ἐν τῇ κιϐωτῷ λαϐεῖν ἐκέλευσεν. 11
Ἐπεὶ δὲ οὐχ ὅσον ὡμολόγητο εἶχεν, ὦ ἄνδρες δικασταί, ἀλλὰ τρία τάλαντα
ἀργυρίου καὶ τετρακοσίους κυζικηνοὺς καὶ ἑκατὸν δαρεικοὺς καὶ φιάλας
ἀργυρᾶς τέτταρας, ἐδεόμην αὐτοῦ ἐφόδιά μοι δοῦναι. (12) ὁ δ'
ἀγαπήσειν με ἔφασκεν, εἰ τὸ σῶμα σώσω.
17
Πολεμάρχῳ
δὲ παρήγγειλαν οἱ τριάκοντα τοὐπ' ἐκείνων εἰθισμένον παράγγελμα, πίνειν
κώνειον, πρὶν τὴν αἰτίαν εἰπεῖν δι' ἥντινα ἔμελλεν ἀποθανεῖσθαι· οὕτω
πολλοῦ ἐδέησε κριθῆναι καὶ ἀπολογήσασθαι. 18
Καὶ ἐπειδὴ ἀπεδέρετο ἐκ τοῦ δεσμωτηρίου τεθνεώς, τριῶν ἡμῖν οἰκιῶν
οὐσῶν ἐξ οὐδεμιᾶς εἴασαν ἐξενεχθῆναι, ἀλλὰ κλεισίον μισθωσάμενοι
προὔθεντο αὐτόν. Καὶ πολλῶν ὄντων ἱματίων αἰτοῦσιν οὐδὲν ἔδοσαν εἰς τὴν
ταφήν, ἀλλὰ τῶν φίλων ὁ μὲν ἱμάτιον, ὁ δὲ προσκεφάλαιον, ὁ δὲ ὅ τι
ἕκαστος ἔτυχεν ἔδωκεν εἰς τὴν ἐκείνου ταφήν. 19
Καὶ ἔχοντες μὲν ἑπτακοσίας ἀσπίδας τῶν ἡμετέρων, ἔχοντες δὲ ἀργύριον
καὶ χρυσίον τοσοῦτον, χαλκὸν δὲ καὶ κόσμον καὶ ἔπιπλα καὶ ἱμάτια
γυναικεῖα ὅσα οὐδεπώποτε ᾤοντο κτήσεσθαι, καὶ ἀνδράποδα εἴκοσι καὶ
ἑκατόν, ὧν τὰ μὲν βέλτιστα ἔλαϐον, τὰ δὲ λοιπὰ εἰς τὸ δημόσιον
ἀπέδοσαν, εἰς τοσαύτην ἀπληστίαν καὶ αἰσχροκέρδειαν ἀφίκοντο καὶ τοῦ
τρόπου τοῦ αὑτῶν ἀπόδειξιν ἐποιήσαντο· τῆς γὰρ Πολεμάρχου γυναικὸς
χρυσοῦς ἑλικτῆρας, οὓς ἔχουσα ἐτύγχανεν, ὅτε [τὸ] πρῶτον ἦλθεν εἰς τὴν
οἰκίαν Μηλόϐιος ἐκ τῶν ὤτων ἐξείλετο.
Lysias,
contre Eratosthène, 6-11; 17-19
6
Théognis
et Pison déclarèrent dans le Conseil des Trente que, parmi les
métèques, il y en avait d'hostiles à la constitution : "excellent
prétexte pour se procurer de l'argent, sous couleur de faire un
exemple; la ville était sans ressources et le pouvoir avait besoin de
fonds. 7 Ils
n'eurent pas de peine à persuader des auditeurs qui comptaient pour
rien la vie des gens, et pour beaucoup l'argent qu'ils en tireraient.
On décida d'arrêter dix métèques, et, dans le groupe, deux pauvres,
afin de pouvoir protester auprès du public que la mesure avait été
dicté non par la cupidité, mais par l'intérêt de l'Etat, comme tout le
reste.
8
Ils se partageaient donc les maisons, et les voilà en route. Pour moi,
ils me trouvent à table avec des hôtes; ils les chassent et me livrent
à Pison. Le reste de la bande entre dans l'atelier et dresse la liste
des esclaves. Je dis à Pison : "Veux-tu me sauver pour de l'argent"
? 9 "Oui",
répond-il, "si la somme est forte". Je me déclarai prêt à lui donner un
talent. "Entendu", fit-il. Je le connaissais pour n'avoir ni foi ni
loi; pourtant, dans ma situation, il me parut indispensable d'exiger de
lui un serment. 10 Il
jura sur la tête de ses enfants et sur la sienne de me sauver la vie
pour un talent. J'entre alors dans ma chambre, et j'ouvre mon coffre.
Pison s'en aperçoit, entre à son tour, et, voyant le contenu, il
appelle deux de ses aides et leur ordonne de s'en saisir. 11
Ce n'était plus seulement la somme convenu, juges, mais trois talents
d'argent, quatre cents cyzicènes, cent dariques et quatre coupes
d'argent : je lui demandai de me laisser au moins de quoi voyager. (12) "Tu
devras t'estimer heureux, me répondit-il, si tu as la vie
sauve".
17
Quant
à Polémarque, les Trente lui envoyèrent leur ordre habituel, celui de
boire la ciguë, sans lui faire connaître le motif de sa condamnation, à
plus forte raison sans le juger ni le laisser se défendre. 18
Une fois mort, ils l'emportèrent hors de la prison; mais au lieu de
laisser le convoi partir d'une des trois maisons qui nous
appartenaient, ils louèrent un hangar pour y exposer le corps. Nous
avions beaucoup de manteaux, mais quand on en demanda, ils n'en
donnèrent pas un seul pour les funérailles; mais ce furent nos amis qui
fournirent, l'un un manteau, l'autre un coussin, chacun enfin ce qu'il
pouvait avoir, pour l'ensevelir. 19
Ils avaient à nous sept cents boucliers, ils avaient de l'argent et de
l'or en quantité, du cuivre, des bijoux, des meubles, des vêtements de
femmes plus qu'ils n'avaient jamais espéré en prendre, sans
parler de cent vingt esclaves, dont ils gardèrent les meilleurs pour
eux, abandonnant le reste au trésor. Voyez pourtant jusqu'où alla leur
insatiable cupidité et comment ils montrèrent ce qu'ils étaient. La
femme de Polémarque avait des pendants d'or qu'elle possédait
lorsqu'elle entra dans la maison : Mélibios les lui arracha des
oreilles.
trad. Louis Gernet et Marcel
Bizos; éd. les belles lettres
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ἄχθομαι (futur ἀχθέσομαι ou
ἀχθεσθήσομαι, aor. ἠχθέσθην) : être chargé; être accablé, souffrir;
supporter.
Θέογνις γὰρ καὶ Πείσων ἔλεγον ἐν τοῖς τριάκοντα περὶ τῶν μετοίκων, ὡς
εἶέν τινες τῇ πολιτείᾳ ἀχθόμενοι : Théognis
et Pison déclarèrent dans le Conseil des Trente que, parmi les
métèques, il y en avait d'hostiles à la constitution.
διαλαμϐάνω (futur διαλήψομαι, aor.2 διέλαϐον, parf. διείληφα, etc.) :
prendre ou recevoir séparément; diviser, séparer, se répartir.
ἑστιάω, -ῶ (imparf. εἱστίων, futur ἑστιάσω, aor. εἱστίασα) : recevoir à
son foyer, donner l’hospitalité à; recevoir à sa table.
ἐξελαύνω (futur ἐξελάσω, att. et ion.
ἐξελῶ, aor. ἐξήλασα, parf. ἐξελήλακα) : pousser hors de; expulser,
chasser.
παραδίδωμι (futur παραδώσω, etc.) : remettre de la main à la main;
livrer, remettre.
διαλαϐόντες δὲ τὰς οἰκίας ἐϐάδιζον· καὶ ἐμὲ μὲν ξένους ἑστιῶντα
κατέλαϐον, οὓς ἐξελάσαντες Πείσωνί με παραδιδόασιν : ils se
partageaient donc les maisons, et les voilà en route; pour moi,
ils me trouvent à table avec des hôtes; ils les chassent et me livrent
à Pison.
ἑλικτήρ, ῆρος (ὁ) : objet enroulé ou recourbé; boucle de cheveux;
pendant d’oreilles.
ἐξαιρέω-ῶ (futur ἐξαιρήσω, aor.2 ἐξεῖλον, parf. ἐξῄρηκα) : extraire,
retrancher; ôter, enlever.
οὖς, gén.
ὠτός (τὸ) : oreille.
τῆς γὰρ Πολεμάρχου γυναικὸς
χρυσοῦς ἑλικτῆρας, οὓς ἔχουσα ἐτύγχανεν, ὅτε [τὸ] πρῶτον ἦλθεν εἰς τὴν
οἰκίαν Μηλόϐιος ἐκ τῶν ὤτων ἐξείλετο : la femme de Polémarque avait des
pendants d'or qu'elle possédait
lorsqu'elle entra dans la maison : Mélibios les lui arracha des
oreilles.
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La morale de
Calliclès
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(Καλλίκλης)
πάνυ γε σφόδρα, ὦ Σώκρατες. ἐπεὶ πῶς ἂν εὐδαίμων γένοιτο ἄνθρωπος
δουλεύων ὁτῳοῦν; ἀλλὰ τοῦτ' ἐστὶν τὸ κατὰ φύσιν καλὸν καὶ δίκαιον, ὃ
ἐγώ σοι νῦν παρρησιαζόμενος λέγω, ὅτι δεῖ τὸν ὀρθῶς βιωσόμενον τὰς μὲν
ἐπιθυμίας τὰς ἑαυτοῦ ἐᾶν ὡς μεγίστας εἶναι καὶ μὴ κολάζειν. (492a)
ταύταις δὲ ὡς μεγίσταις οὔσαις ἱκανὸν εἶναι ὑπηρετεῖν δι' ἀνδρείαν καὶ
φρόνησιν, καὶ ἀποπιμπλάναι ὧν ἂν ἀεὶ ἡ ἐπιθυμία γίγνηται.
ἀλλὰ τοῦτ' οἶμαι τοῖς πολλοῖς οὐ δυνατόν· ὅθεν ψέγουσιν τοὺς τοιούτους
δι' αἰσχύνην, ἀποκρυπτόμενοι τὴν αὑτῶν ἀδυναμίαν, καὶ αἰσχρὸν δή φασιν
εἶναι τὴν ἀκολασίαν, ὅπερ ἐν τοῖς πρόσθεν ἐγὼ ἔλεγον, δουλούμενοι τοὺς
βελτίους τὴν φύσιν ἀνθρώπους, καὶ αὐτοὶ οὐ δυνάμενοι ἐκπορίζεσθαι ταῖς
ἡδοναῖς πλήρωσιν (492b)
ἐπαινοῦσιν τὴν σωφροσύνην καὶ τὴν δικαιοσύνην διὰ τὴν αὑτῶν ἀνανδρίαν.
ἐπεὶ ὅσοις ἐξ ἀρχῆς ὑπῆρξεν ἢ βασιλέων ὑέσιν εἶναι ἢ αὐτοὺς τῇ φύσει
ἱκανοὺς ἐκπορίσασθαι ἀρχήν τινα ἢ τυραννίδα ἢ δυναστείαν, τί τῇ ἀληθείᾳ
αἴσχιον καὶ κάκιον <ἂν> εἴη σωφροσύνης καὶ δικαιοσύνης τούτοις
τοῖς ἀνθρώποις, οἷς ἐξὸν ἀπολαύειν τῶν ἀγαθῶν καὶ μηδενὸς ἐμποδὼν
ὄντος, αὐτοὶ ἑαυτοῖς δεσπότην ἐπαγάγοιντο τὸν τῶν πολλῶν ἀνθρώπων νόμον
τε καὶ λόγον καὶ ψόγον ; ἢ πῶς οὐκ ἂν ἄθλιοι γεγονότες (492c)
εἶεν ὑπὸ τοῦ καλοῦ τοῦ τῆς δικαιοσύνης καὶ τῆς σωφροσύνης, μηδὲν πλέον
νέμοντες τοῖς φίλοις τοῖς αὑτῶν ἢ τοῖς ἐχθροῖς, καὶ ταῦτα ἄρχοντες ἐν
τῇ ἑαυτῶν πόλει; ἀλλὰ τῇ ἀληθείᾳ, ὦ Σώκρατες, ἣν φῂς σὺ διώκειν, ὧδ'
ἔχει· τρυφὴ καὶ ἀκολασία καὶ ἐλευθερία, ἐὰν ἐπικουρίαν ἔχῃ, τοῦτ' ἐστὶν
ἀρετή τε καὶ εὐδαιμονία, τὰ δὲ ἄλλα ταῦτ' ἐστὶν τὰ καλλωπίσματα, τὰ
παρὰ φύσιν συνθήματα ἀνθρώπων, φλυαρία καὶ οὐδενὸς ἄξια.
(Σωκράτης)
(492d)
οὐκ
ἀγεννῶς γε, ὦ Καλλίκλεις, ἐπεξέρχῃ τῷ λόγῳ παρρησιαζόμενος· σαφῶς γὰρ
σὺ νῦν λέγεις ἃ οἱ ἄλλοι διανοοῦνται μέν, λέγειν δὲ οὐκ ἐθέλουσιν.
δέομαι οὖν ἐγώ σου μηδενὶ τρόπῳ ἀνεῖναι, ἵνα τῷ ὄντι κατάδηλον γένηται
πῶς βιωτέον. καί μοι λέγε· τὰς μὲν ἐπιθυμίας φῂς οὐ κολαστέον, εἰ
μέλλει τις οἷον δεῖ εἶναι, ἐῶντα δὲ αὐτὰς ὡς μεγίστας πλήρωσιν αὐταῖς
ἁμόθεν γέ ποθεν ἑτοιμάζειν, καὶ τοῦτο εἶναι τὴν ἀρετήν;
Καλλίκλης
φημὶ ταῦτα ἐγώ.
Platon, Gorgias, 491e-492d
CALLICLÈS.
Tu parles d'eux très expressément, Socrate. Qui donc, en effet, peut
être heureux, s'il est esclave de qui que ce soit ? Non; le beau et le
juste, selon la nature, c'est ce que je suis en train de t'expliquer
sans déguisement : à savoir, que pour bien vivre, il faut entretenir en
soi-même les plus fortes passions au lieu de les réprimer, (492a) et
qu'à ces passions, quelles que fortes qu'elles soient, il faut se
mettre en état de donner satisfaction par son courage et son
intelligence, en leur prodiguant tout ce qu'elles désirent.
Mais cela, sans doute, n'est pas à la portée du vulgaire; de là
vient que la foule blâme ceux qu'elle rougit de ne pouvoir imiter, dans
l'espoir de cacher par là sa propre faiblesse; elle déclare que
l'intempérance est honteuse, s'appliquant, comme je le disais
précédemment, à asservir les hommes mieux doués par la nature, et,
faute de pouvoir elle-même procurer à ses passions une satisfaction
complète, (492b)
elle
vante la tempérance et la justice à cause de sa propre lâcheté. Quand
un homme est né de roi ou trouve d'abord en lui-même la force
nécessaire pour conquérir un commandement, une tyrannie, un pouvoir
suprême, que pourrait-il, en vérité, y avoir de plus honteux et de plus
funeste pour un homme qu'une sage tempérance ? Quand on peut jouir de
tous les biens sans que personne y fasse obstacle, on se donnerait pour
maître à soi-même la loi de la foule, ses propos et son blâme ? Et
comment cet homme ne serait-il pas malheureux, du fait de la morale,
selon la justice et la tempérance, lorsqu'il ne pourrait rien donner de
plus à ses amis qu'à ses ennemis, et cela dans sa propre cité, où il
serait le maître ?
La vérité, Socrate, que tu prétends chercher, la voici : la vie facile,
l'intempérance, la licence, quand elles sont favorisées, font la vertu
et le bonheur; le reste, toutes ces fantasmagories qui reposent sur les
conventions humaines contraires à la nature, n'est que sottise et néant.
SOCRATE.
(492d)
Ton exposé, Calliclès, ne manque ni de bravoure ni de franchise :
tu as exprimé clairement ce que les autres pensent, mais n'osent pas
dire. Je te prie donc de ne faire aucune concession, afin que nous
apparaisse en toute évidence la vérité sur la meilleure manière de
vivre. Dis-moi : les passions, à ton avis, ne doivent être en rien
combattues, si l'on veut être tel qu'on doit être; il faut au contraire
les laisser grandir autant que possible, les satifaire par tous les
moyens, et c'est en quoi consiste la vertu ?
CALLICLÈS.
Telle est, en effet, mon affimation.
trad. Alfred
Croiset et Jean-François Pradeau; éd. les belles lettres
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ὑπηρετέω, -ῶ (futur ὑπηρετήσω, aor. ὑπηρέτησα,
parf. ὑπηρέτηκα) :
servir comme rameur ou comme matelot; servir, aider, assister, se
mettre à la disposition de.
ἀνδρεία, ας (ἡ) : virilité, énergie, bravoure, courage.
φρόνησις, εως (ἡ) : pensée, dessein; intelligence raisonnable, raison,
sagesse.
ἀποπίμπλημι (futur ἀποπλήσω, etc.) : remplir complètement.
ἀποπιμπλάναι ἐπιθυμίας : satisfaire ses désirs.
ἐπιθυμία, ας (ἡ) : désir, souhait.
ἐν ἐπιθυμίᾳ εἶναί τινος, PLAT. Prot. 318a, ou
γίγνεσθαι, PLAT. Leg. 841c : avoir le désir de quelque chose.
γίγνομαι (imparf. ἐγιγνόμην, futur γενήσομαι, aor.2 ἐγενόμην) :
devenir; naître. --- voir conj. subjonctif.
ταύταις δὲ ὡς μεγίσταις οὔσαις ἱκανὸν εἶναι ὑπηρετεῖν δι' ἀνδρείαν καὶ
φρόνησιν, καὶ ἀποπιμπλάναι ὧν ἂν ἀεὶ ἡ ἐπιθυμία γίγνηται : lorsqu'elles
sont ainsi parvenues à leur plus grand développement, il faut être en
état de les satisfaire par son courage et son intelligence, et de
remplir chaque désir à mesure qu'il naît.
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L'œil du maître
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(12, 17) ἴθι, ἐγὼ ἔφην, ὦ Ἰσχόμαχε,
καὶ τόδε μοι παρατραπόμενος τοῦ λόγου περὶ τῶν παιδευομένων εἰς
τὴν
ἐπιμέλειαν δήλωσον περὶ τοῦ παιδεύεσθαι, εἰ οἷόν τέ ἐστιν ἀμελῆ αὐτὸν
ὄντα ἄλλους ποιεῖν ἐπιμελεῖς. (18) οὐ
μὰ Δί', ἔφη ὁ Ἰσχόμαχος, οὐδέν γε μᾶλλον ἢ ἄμουσον ὄντα αὐτὸν ἄλλους
μουσικοὺς ποιεῖν. χαλεπὸν γὰρ τοῦ διδασκάλου πονηρῶς τι ὑποδεικνύοντος
καλῶς τοῦτο ποιεῖν μαθεῖν, καὶ ἀμελεῖν γε ὑποδεικνύοντος τοῦ δεσπότου
χαλεπὸν ἐπιμελῆ θεράποντα γενέσθαι.
(19) ὡς δὲ
συντόμως
εἰπεῖν, πονηροῦ μὲν δεσπότου οἰκέτας οὐ δοκῶ χρηστοὺς καταμεμαθηκέναι
·
χρηστοῦ μέντοι πονηροὺς ἤδη εἶδον, οὐ μέντοι ἀζημίους γε. τὸν δὲ
ἐπιμελητικοὺς βουλόμενον ποιήσασθαί τινας καὶ ἐφορατικὸν
δεῖ εἶναι τῶν
ἔργων καὶ ἐξεταστικὸν καὶ χάριν θέλοντα τῶν καλῶς τελουμένων ἀποδιδόναι
τῷ αἰτίῳ, καὶ δίκην μὴ ὀκνοῦντα τὴν ἀξίαν ἐπιθεῖναι τῷ ἀμελοῦντι.
(20) καλῶς δέ μοι
δοκεῖ
ἔχειν, ἔφη ὁ Ἰσχόμαχος, καὶ ἡ τοῦ βαρϐάρου λεγομένη ἀπόκρισις, ὅτε
βασιλεὺς ἄρα ἵππου ἐπιτυχὼν ἀγαθοῦ παχῦναι αὐτὸν ὡς τάχιστα βουλόμενος
ἤρετο τῶν δεινῶν τινα ἀμφ' ἵππους δοκούντων εἶναι τί τάχιστα παχύνει
ἵππον · τὸν δ' εἰπεῖν λέγεται ὅτι δεσπότου ὀφθαλμός. οὕτω δ',
ἔφη, ὦ Σώκρατες, καὶ τἆλλα μοι δοκεῖ δεσπότου ὀφθαλμὸς τὰ καλά τε
κἀγαθὰ μάλιστα ἐργάζεσθαι.
Xénophon, Economique 12, 17-20
(12, 17) Allons, dis-je,
Ischomaque,
laisse de côté la question du choix des hommes que l'on forme à ses
soins, et explique-moi plutôt au sujet de cette formation même
s'il est possible quand on est soi-même négligent de rendre d'autres
capables de prendre soin de quelque chose. (18) Non,
par
Zeus, dit Ischomaque, pas plus que d'enseigner la musique à
autrui quand on n'est pas musicien soi-même. Il est bien difficile,
quand le professeur donne de mauvais exemples, d'apprendre soi-même à
bien faire; de même si le maître donne l'exemple de la négligence, il
est difficile que le serviteur devienne soigneux.
(19) Pour tout
dire en un mot, je ne crois pas avoir jamais
découvert chez un mauvais maître de bons domestiques; en revanche, j'ai
déjà vu chez un bon maître de mauvais serviteurs, et cela en dépit des
punitions. Si quelqu'un veut former des gens aptes à veiller avec soin
à ses affaires, il faut qu'il soit lui-même apte à surveiller et à
examiner les travaux, qu'il soit décidé quand un travail est bien
exécuté à en témoigner sa reconnaissance à celui qui en est
responsable, et qu'il n'hésite pas à châtier la négligence qomme elle
le mérite.
(20) J'approuve, a
ajouté Ischomaque, la réponse qu'on attribue à
ce barbare : le grand roi était justement tombé sur un bon cheval et
désirait le faire forcir aussi vite que possible, il demanda à l'un de
ceux qui passaient pour s'y connaître en chevaux ce qui faisait forcir
un cheval le plus rapidement : l'autre a répondu, dit-on, "l'œil du
maître". De même en tout affaire, c'est surtout l'œil du maître
qui peut tout mener à bien.
trad. Pierre Chantraine; éd. les belles lettres
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παρατρέπω : détourner.
moyen
παρατρέπομαι : se détourner; s'écarter.
παρατραπόμενος τοῦ λόγου : s'étant écarté de l’objet de son discours.
τἄλλα, crase pour
τὰ ἄλλα, voir
ἄλλος.
κἀγαθός, crase
pour καὶ ἀγαθός.
τὰ καλά τε κἀγαθὰ = τὰ καλά τε καὶ ἀγαθὰ
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Quelle
belle chose que l'ordre !
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8, 3)
ἔστι δ' οὐδὲν οὕτως, ὦ γύναι, οὔτ' εὔχρηστον
οὔτε καλὸν ἀνθρώποις ὡς
τάξις. καὶ γὰρ χορὸς ἐξ ἀνθρώπων συγκείμενός ἐστιν · ἀλλ' ὅταν μὲν
ποιῶσιν ὅ τι ἂν τύχῃ ἕκαστος, ταραχή τις φαίνεται καὶ θεᾶσθαι ἀτερπές,
ὅταν δὲ τεταγμένως ποιῶσι καὶ φθέγγωνται, ἅμα οἱ αὐτοὶ οὗτοι καὶ
ἀξιοθέατοι δοκοῦσιν εἶναι καὶ ἀξιάκουστοι. (4)
καὶ στρατιά γε, ἔφην ἐγώ, ὦ γύναι, ἄτακτος μὲν οὖσα ταραχωδέστατον, καὶ
τοῖς μὲν πολεμίοις εὐχειρωτότατον, τοῖς δὲ φίλοις ἀκλεέστατον ὁρᾶν καὶ
ἀχρηστότατον, ὄνος ὁμοῦ, ὁπλίτης, σκευοφόρος, ψιλός, ἱππεύς, ἅμαξα. πῶς
γὰρ ἂν πορευθείησαν, ἔχοντες οὕτως ἐπικωλύσωσιν ἀλλήλους, ὁ μὲν βαδίζων
τὸν τρέχοντα, ὁ δὲ τρέχων τὸν ἑστηκότα, ἡ δὲ ἅμαξα τὸν ἱππέα, ὁ δὲ ὄνος
τὴν ἅμαξαν, ὁ δὲ σκευοφόρος τὸν ὁπλίτην; (5)
εἰ δὲ καὶ μάχεσθαι δέοι, πῶς ἂν οὕτως ἔχοντες μαχέσαιντο; οἷς γὰρ
ἀνάγκη αὐτῶν τοὺς ἐπιόντας φεύγειν, οὗτοι ἱκανοί εἰσι φεύγοντες
καταπατῆσαι τοὺς ὅπλα ἔχοντας. (6)
τεταγμένη δὲ στρατιὰ κάλλιστον μὲν ἰδεῖν τοῖς φίλοις, δυσχερέστατον δὲ
τοῖς πολεμίοις. τίς μὲν γὰρ οὐκ ἂν φίλος ἡδέως θεάσαιτο ὁπλίτας πολλοὺς
ἐν τάξει πορευομένους, τίς δ' οὐκ ἂν θαυμάσειεν ἱππέας κατὰ τάξεις
ἐλαύνοντας, τίς δὲ οὐκ ἂν πολέμιος φοϐηθείη ἰδὼν διηυκρινημένους
ὁπλίτας, ἱππέας, πελταστάς, τοξότας, σφενδονήτας, καὶ τοῖς ἄρχουσι
τεταγμένως ἑπομένους; (7) ἀλλὰ
καὶ πορευομένων ἐν τάξει, κἂν πολλαὶ μυριάδες ὦσιν, ὁμοίως ὥσπερ εἷς
ἕκαστος καθ' ἡσυχίαν πάντες πορεύονται: εἰς γὰρ τὸ κενούμενον ἀεὶ
ὄπισθεν ἐπέρχονται. (8)
καὶ τριήρης δέ τοι ἡ σεσαγμένη ἀνθρώπων διὰ τί ἄλλο φοϐερόν ἐστι
πολεμίοις ἢ φίλοις ἀξιοθέατον ἢ ὅτι ταχὺ πλεῖ; διὰ τί δὲ ἄλλο ἄλυποι
ἀλλήλοις εἰσὶν οἱ ἐμπλέοντες ἢ διότι ἐν τάξει μὲν κάθηνται, ἐν τάξει δὲ
προνεύουσιν,
ἐν τάξει δ' ἀναπίπτουσιν, ἐν τάξει δ' ἐμϐαίνουσι καὶ ἐκϐαίνουσιν;
(9)
ἡ δ' ἀταξία ὅμοιόν τί μοι δοκεῖ εἶναι οἷόνπερ εἰ γεωργὸς ὁμοῦ ἐμϐάλοι
κριθὰς καὶ πυροὺς καὶ ὄσπρια, κἄπειτα, ὁπότε δέοι ἢ μάζης ἢ ἄρτου ἢ
ὄψου, διαλέγειν δέοι αὐτῷ ἀντὶ τοῦ λαϐόντα διηυκρινημένοις χρῆσθαι.
Xénophon, Economique, 8, 3-9
(8, 3)
Or il n'est rien au monde, ma femme, d'aussi utile que l'ordre, ni
d'aussi beau. Un chœur est composé d'hommes, mais s'ils font chacun
n'importe quel geste, c'est un spectacle confus et désagréable à voir;
au contraire, lorsque leurs gestes et leurs chants sont bien
ordonnés, ces mêmes hommes nous semblent vraiment mériter d'être
vus et entendus. (4)
Il en va de même, dis-je, ma femme, d'une armée : est-elle en désordre
? C'est une affreuse cohue, une proie bien facile pour l'ennemi, mais
rien n'est plus pénible à voir pour des amis, ni plus inutile :
pêle-mêle les ânes, les hoplites, les valets d'armée, les troupes
légères, les cavaliers, les chariots. Comment pourraient-ils avancer en
pareil désordre ? Ils se barreront la route les uns aux autres, celui
qui marche à celui qui court, celui qui court à celui qui est arrêté,
le chariot au cavalier, l'âne au chariot, le valet d'armée à l'hoplite.
(5)
Et s'il fallait se battre, comment pourraient-ils livrer bataille dans
un tel désordre ? Car ceux dont la mission est de se replier
rapidement devant une attaque sont bien capables dans leur repli de
piétiner les hoplites. (6)
Au contraire une armée en bon ordre est le plus beau des spectacles
pour les amis, le plus désagréable pour les ennemis. Quel ami ne
prendrait pas plaisir à regarder une grands troupe d'hoplites marchant
en bon ordre ? Qui n'admirerait des cavaliers qui s'avancent formés en
escadrons ? Quel ennemi, en revanche, ne prendrait pas peur en voyant
hoplites, cavaliers, peltastes, archers, frondeurs rangés en corps
distincts et suivant en bon ordre leurs officiers ? (7) Quand ils s'avancent en ordre, même s'ils sont
des milliers et des milliers,
tous les soldats s'avancent sans encombre comme un seul homme, ceux qui
sont derrière emboîtent régulièrement le pas à ceux qui les précèdent. (8)(9)
Voici ce qui donne, à mon avis, une idée du désordre : un
agriculteur qui verserait pêle-mêle de l'orge, du froment, des légumes
secs, ensuite, chaque fois qu'il lui faudrait galette, pain ou plat de
légumes il devrait les trier au lieu de n'avoir à puiser qu'à des tas
bien distincts.
trad. Pierre Chantraine; éd. les belles
lettres
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πῶς
γὰρ ἂν πορευθείησαν, ἔχοντες οὕτως ἐπικωλύσωσιν ἀλλήλους, ὁ μὲν βαδίζων
τὸν τρέχοντα, ὁ δὲ τρέχων τὸν ἑστηκότα, ἡ δὲ ἅμαξα τὸν ἱππέα, ὁ δὲ ὄνος
τὴν ἅμαξαν, ὁ δὲ σκευοφόρος τὸν ὁπλίτην : comment pourraient-ils
avancer en
pareil désordre ? Ils se barreront la route les uns aux autres, celui
qui marche à celui qui court, celui qui court à celui qui est arrêté,
le chariot au cavalier, l'âne au chariot, le valet d'armée à l'hoplite.
εἰ δὲ καὶ μάχεσθαι δέοι, πῶς ἂν οὕτως ἔχοντες μαχέσαιντο; et s'il
fallait se battre, comment pourraient-ils livrer bataille dans
un tel désordre ?
διευκρινέω ῶ : séparer avec soin, disposer séparément en bon ordre;
distinguer, discerner; examiner en détail, avec soin.
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Rendre les gens
zélés, ardents au travail
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(6) ἀλλ'
ὥσπερ ἰδιώταις ἔστιν οἷς ἐγγίγνεται φιλοπονία τις, οὕτω καὶ ὅλῳ τῷ
στρατεύματι ὑπὸ τῶν ἀγαθῶν ἀρχόντων ἐγγίγνεται καὶ τὸ φιλοπονεῖν καὶ τὸ
φιλοτιμεῖσθαι ὀφθῆναι καλόν τι ποιοῦντας ὑπὸ τοῦ ἄρχοντος. (7) πρὸς
ὅντινα δ' ἂν ἄρχοντα διατεθῶσιν οὕτως οἱ ἑπόμενοι, οὗτοι δὴ ἐρρωμένοι
γε ἄρχοντες γίγνονται, οὐ μὰ Δί' οὐχ οἳ ἂν αὐτῶν ἄριστα τὸ σῶμα τῶν
στρατιωτῶν ἔχωσι καὶ ἀκοντίζωσι καὶ τοξεύωσιν ἄριστα καὶ ἵππον ἄριστον
ἔχοντες ὡς ἱππικώτατα ἢ πελταστικώτατα προκινδυνεύωσιν, ἀλλ' οἳ ἂν
δύνωνται ἐμποιῆσαι τοῖς στρατιώταις ἀκολουθητέον
εἶναι καὶ διὰ πυρὸς
καὶ διὰ παντὸς κινδύνου.
(8) τούτους δὴ
δικαίως ἄν τις καλοίη μεγαλογνώμονας, ᾧ ἂν ταῦτα
γιγνώσκοντες πολλοὶ ἕπωνται, καὶ μεγάλῃ χειρὶ εἰκότως οὗτος λέγοιτο
πορεύεσθαι οὗ ἂν τῇ γνώμῃ πολλαὶ χεῖρες ὑπηρετεῖν ἐθέλωσι, καὶ μέγας τῷ
ὄντι οὗτος ἁνὴρ ὃς ἂν μεγάλα δύνηται γνώμῃ διαπράξασθαι
μᾶλλον ἢ
ῥώμῃ. (9) οὕτω
δὲ καὶ ἐν τοῖς ἰδίοις ἔργοις, ἄν τε ἐπίτροπος ᾖ ὁ ἐφεστηκὼς ἄν τε καὶ
ἐπιστάτης, ὃς ἂν δύνηται προθύμους καὶ ἐντεταμένους παρέχεσθαι εἰς τὸ
ἔργον καὶ συνεχεῖς, οὗτοι δὴ οἱ ἁνύτοντές εἰσιν ἐπὶ τἀγαθὰ καὶ πολλὴν
τὴν περιουσίαν ποιοῦντες.
(10) τοῦ δὲ
δεσπότου ἐπιφανέντος, ὦ Σώκρατες, ἔφη, ἐπὶ τὸ ἔργον, ὅστις
δύναται καὶ μέγιστα βλάψαι τὸν κακὸν τῶν ἐργατῶν καὶ μέγιστα τιμῆσαι
τὸν πρόθυμον, εἰ μηδὲν ἐπίδηλον ποιήσουσιν οἱ ἐργάται, ἐγὼ μὲν αὐτὸν
οὐκ ἂν ἀγαίμην, ἀλλ' ὃν ἂν ἰδόντες κινηθῶσι καὶ μένος ἑκάστῳ ἐμπέσῃ τῶν
ἐργατῶν καὶ φιλονικία πρὸς ἀλλήλους καὶ φιλοτιμία κρατιστεῦσαι ἑκάστῳ,
τοῦτον ἐγὼ φαίην ἂν ἔχειν τι ἤθους βασιλικοῦ.
Xénophon, Economique, 21, 6-10
(6) Comme
on voit parfois chez de simples soldats une ardeur innée à se donner de
la peine, de même de bons officiers font naître dans toute leur armée
tout entière l'ardeur à se donner de la peine, l'ardeur à mériter des
récompenses sous les yeux du chef en accomplissant quelque exploit. (7) Que
les hommes de troupe se trouvent dans de telles dispositions à l'égard
de leur chef, voilà qui fait des chefs puissants; non, par Zeus, ce ne
sont pas ceux dont le corps est plus robuste que celui de leurs soldats
ou ceux qui tirent le mieux à l'arc ou au javelot, ni ceux qui, montant
le meilleur cheval, affrontent les dangers au premier rang en se
montrant les meilleurs cavaliers ou les meilleurs peltastes, mais
ceux
qui inspirent à leurs soldats la volonté de les suivre à travers le feu
et à travers n'importe quel danger.
(8) Voilà ceux que
l'on a le
droit d'appeler des chefs au grand caractère, ceux que suivent avec le
même cœur beaucoup de soldats, et on peut bien dire qu'il est terrible
le bras du guerrier qui s'avance avec tant de bras tout disposés à lui
obéir; il est véritablement grand cet homme capable d'accomplir de
grandes choses par la force de son caractère plutôt que par la vigueur
de son corps. (9) De
même, quand il
s'agit des affaires d'un particulier : lorsque celui qui y est préposé,
intendant ou surveillant, est capable de rendre ses gens zélés, ardents
au travail, persévérants, voilà les hommes qui ont vite fait de vous
mener au succès et de vous faire acquérir une belle fortune.
(10) Mais,
Socrate,
ajoutait-il, quand le maître se montre sur le lieu de travail, lui qui
a le pouvoir d'infliger les plus grands châtiments au mauvais ouvrier
comme d'accorder les plus grandes récompenses à celui qui fait
preuve
de zèle, si les ouvriers ne manfestent pas de leur mieux leur ardeeur,
vraiment je ne saurais éprouver pour lui la moindre admiration;
lorsqu'au contraire, la vue du maître les stimule et leur inspire à
chacun du courage, une émulation mutuelle, cette ambition en chacun de
semontrer le meilleur, alors je suis prêt à reconnaître dans le
caractère de cet homme quelque chose de royal.
trad. Pierre Chantraine; éd. les belles lettres
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(
ἐγγίγνομαι (futur ἐγγενήσομαι, aor. ἐνεγενόμην) :
naître dans; être
inné, être naturel à; se produire.
impers.
ἐγγίγνεται : se produire; être possible.
φιλοπονία, ας (ἡ) : amour du travail, habitudes laborieuses.
φιλοτιμέομαι, -οῦμαι (futur φιλοτιμήσομαι et au sens moyen
φιλοτιμηθήσομαι, ao. ἐφιλοτιμησάμην et au sens moyen
ἐφιλοτιμήθην, parf. πεφιλοτίμημαι) : litt. aimer
l’honneur; aimer et chercher de l’honneur, avoir de l’ambition.
μεγαλογνώμων, ων, ον, gén. ονος : qui a de grands sentiments, magnanime.
τὸ μεγαλογνῶμον : la magnanimité.
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Tout le monde n'est
pas apte à commander
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(21, 3) οἷον
καὶ ἐν τριήρει, ἔφη, ὅταν πελαγίζωσι, καὶ δέῃ περᾶν ἡμερινοὺς πλοῦς
ἐλαύνοντας, οἱ μὲν τῶν κελευστῶν δύνανται τοιαῦτα λέγειν καὶ ποιεῖν
ὥστε ἀκονᾶν τὰς ψυχὰς τῶν ἀνθρώπων ἐπὶ τὸ ἐθελοντὰς πονεῖν, οἱ δὲ οὕτως
ἀγνώμονές εἰσιν ὥστε πλέον ἢ ἐν διπλασίῳ χρόνῳ τὸν αὐτὸν ἁνύτουσι
πλοῦν. καὶ οἱ μὲν ἱδροῦντες καὶ ἐπαινοῦντες ἀλλήλους, ὅ τε κελεύων καὶ
οἱ πειθόμενοι, ἐκϐαίνουσιν, οἱ δὲ ἀνιδρωτὶ ἥκουσι, μισοῦντες τὸν
ἐπιστάτην καὶ μισούμενοι.
(4)
καὶ
τῶν στρατηγῶν ταύτῃ διαφέρουσιν, ἔφη, οἱ ἕτεροι τῶν ἑτέρων · οἱ μὲν γὰρ
οὔτε πονεῖν ἐθέλοντας οὔτε κινδυνεύειν παρέχονται, πείθεσθαί τε οὐκ
ἀξιοῦντας οὐδ' ἐθέλοντας ὅσον ἂν μὴ ἀνάγκη ᾖ, ἀλλὰ καὶ μεγαλυνομένους
ἐπὶ τῷ ἐναντιοῦσθαι τῷ ἄρχοντι · οἱ δὲ αὐτοὶ οὗτοι οὐδ' αἰσχύνεσθαι
ἐπισταμένους παρέχουσιν, ἄν τι τῶν αἰσχρῶν συμϐαίνῃ.
(5)
οἱ δ' αὖ θεῖοι καὶ ἀγαθοὶ καὶ ἐπιστήμονες ἄρχοντες τοὺς αὐτοὺς τούτους,
πολλάκις δὲ καὶ ἄλλους παραλαμϐάνοντες, αἰσχυνομένους τε ἔχουσιν
αἰσχρόν τι ποιεῖν καὶ πείθεσθαι οἰομένους βέλτιον εἶναι, καὶ
ἀγαλλομένους τῷ πείθεσθαι ἕνα ἕκαστον καὶ σύμπαντας, πονεῖν ὅταν δεήσῃ,
οὐκ ἀθύμως πονοῦντας.
(6) ἀλλ' ὥσπερ ἰδιώταις ἔστιν οἷς ἐγγίγνεται φιλοπονία τις,
οὕτω
καὶ ὅλῳ τῷ στρατεύματι ὑπὸ τῶν ἀγαθῶν ἀρχόντων ἐγγίγνεται καὶ τὸ
φιλοπονεῖν καὶ τὸ φιλοτιμεῖσθαι ὀφθῆναι καλόν τι ποιοῦντας ὑπὸ τοῦ
ἄρχοντος.
Xénophon, Economique, 21, 3-6
(21, 3) Par
exemple, dans une trière, ajoutait-il, lorsqu'on navigue en
pleine mer et qu'il faut faire à la rame des traversées qui durent un
jour entier, certains chefs de nage trouvent ce qu'il faut dire et ce
qu'il faut faire pour stimuler l'ardeur des rameurs et les faire peiner
de bon cœur, mais d'autres savent tellement mal s'y prendre qu'il faut
plus du double de temps pour accomplir la même traversée. Les uns sont
couverts de sueur mais se félicitent mutuellement, chef et équipage,
lorsqu'ils débarquent; les autres arrivent le corps bien sec, mais ils
en veulent à leur officier et leur officier leur en veut.
(4) Les
généraux diffèrent aussi les uns les autres à cet égard. Les uns
font de leurs hommes des gens qui ne sont disposés ni à se donner
de la peine, ni à s'exposer au danger, qui ne daignent et ne
consentent à obéir que contraints par la nécessité, qui même sont tout
fiers de tenir tête à leur chef. Ce sont ces mêmes généraux qui ne leur
apprennent pas non plus à avoir le sens de l'honneur si quelque affaire
peu honorable survient.
(5) Au
contraire, les chefs qui sont inspirés des dieux, qui sont braves, qui
sont capables, donnez-leur à commander ces mêmes soldats, confiez-leur
en n'importe quels autres encore si vous voulez, ils ont des hommes que
leur sens de l'honneur empêche de commettre un acte contraire aux lois
de l'honneur, qui comprennent les avantages de l'obéissance et qui,
mettant leur fierté à obéir chacun pour son compte et tous ensemble,
quand il faut se donner de la peine, se donnent de la peine de bon
cœur.
(6) Comme on voit parfois chez de simples soldats une
ardeur innée à se donner de la peine, de même de bons officiers font
naître dans leur armée tout entière à se donner de la peine, l'ardeur à
mériter des récompenses sous les yeux du chef en accomplissant quelque
exploit.
trad. Pierre
Chantraine; éd. les belles lettres
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πελαγίζω : naviguer en pleine mer.
ἡμερινός, ή, όν : du jour, qui se fait pendant le jour.
πλόος -οῦς, όου-οῦ (ὁ) : navigation, traversée.
ἀκονάω, -ῶ (futur ἀκονήσω, aor. ἠκόνησα) : aiguiser (une arme).
fig.
ἀκονᾶν τὴν ψυχὴν ἐπί τι : exciter les âmes ou l’âme en vue de quelque
chose.
διπλάσιος, α, ον : double.
ἐκϐαίνω (futur ἐκϐήσομαι, aor. ἐξέϐην, parf. ἐκϐέϐηκα) : sortir;
débarquer.
μισέω, -ῶ (futur μισήσω, aor. ἐμίσησα, pf. μεμίσηκα) : haïr, détester,
en vouloir à.
ἐγγίγνομαι (futur ἐγγενήσομαι, aor. ἐνεγενόμην) : naître dans; être
inné, être naturel à; se produire.
impers.
avec datif ἐγγίγνεται : il est naturel à, il est inné à.
φιλοπονία, ας (ἡ) : amour du travail, habitudes laborieuses.
φιλοπονέω, -ῶ : aimer le travail, être laborieux.
ἄρχων, οντος (ὁ) : chef.
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Pourquoi nous avons
la vue et l'ouïe
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[47] Ὄψις δὴ κατὰ τὸν ἐμὸν λόγον
αἰτία τῆς μεγίστης ὠφελίας γέγονεν
ἡμῖν, ὅτι τῶν νῦν λόγων περὶ τοῦ παντὸς λεγομένων οὐδεὶς ἄν ποτε ἐρρήθη
μήτε ἄστρα μήτε ἥλιον μήτε οὐρανὸν ἰδόντων.
νῦν δ᾽ ἡμέρα τε καὶ νὺξ ὀφθεῖσαι μῆνές τε καὶ ἐνιαυτῶν περίοδοι καὶ ἰσημερίαι
καὶ τροπαὶ μεμηχάνηνται μὲν ἀριθμόν, χρόνου δὲ ἔννοιαν περί
τε τῆς τοῦ παντὸς φύσεως ζήτησιν ἔδοσαν· ἐξ
ὧν (47b) ἐπορισάμεθα
φιλοσοφίας γένος, οὗ μεῖζον ἀγαθὸν οὔτ᾽ ἦλθεν οὔτε ἥξει ποτὲ τῷ θνητῷ
γένει δωρηθὲν ἐκ θεῶν. λέγω δὴ τοῦτο ὀμμάτων μέγιστον ἀγαθόν· τἆλλα δὲ
ὅσα ἐλάττω τί ἂν ὑμνοῖμεν, ὧν ὁ μὴ φιλόσοφος τυφλωθεὶς ὀδυρόμενος ἂν
θρηνοῖ μάτην; ἀλλὰ τούτου λεγέσθω παρ᾽ἡμῶν αὕτη ἐπὶ ταῦτα αἰτία, θεὸν
ἡμῖν ἀνευρεῖν δωρήσασθαί τε ὄψιν, ἵνα τὰς ἐν οὐρανῷ τοῦ νοῦ κατιδόντες
περιόδους χρησαίμεθα ἐπὶ τὰς περιφορὰς τὰς τῆς παρ᾽ ἡμῖν διανοήσεως,
συγγενεῖς (47c) ἐκείναις οὔσας, ἀταράκτοις τεταραγμένας,
ἐκμαθόντες δὲ
καὶ λογισμῶν κατὰ φύσιν ὀρθότητος μετασχόντες, μιμούμενοι τὰς τοῦ θεοῦ
πάντως ἀπλανεῖς οὔσας, τὰς ἐν ἡμῖν πεπλανημένας καταστησαίμεθα.
Φωνῆς τε δὴ καὶ ἀκοῆς πέρι πάλιν ὁ αὐτὸς λόγος, ἐπὶ ταὐτὰ τῶν αὐτῶν
ἕνεκα παρὰ θεῶν δεδωρῆσθαι.
λόγος τε γὰρ ἐπ᾽ αὐτὰ ταῦτα τέτακται, τὴν μεγίστην συμϐαλλόμενος εἰς
αὐτὰ μοῖραν, ὅσον τ᾽ αὖ μουσικῆς (47d) φωνῇ
χρήσιμον πρὸς
ἀκοὴν ἕνεκα
ἁρμονίας ἐστὶ δοθέν. ἡ δὲ ἁρμονία, συγγενεῖς ἔχουσα φορὰς ταῖς ἐν ἡμῖν
τῆς ψυχῆς περιόδοις, τῷ μετὰ νοῦ προσχρωμένῳ Μούσαις οὐκ ἐφ᾽
ἡδονὴν
ἄλογον καθάπερ νῦν εἶναι δοκεῖ χρήσιμος, ἀλλ᾽ ἐπὶ τὴν γεγονυῖαν ἐν ἡμῖν
ἀνάρμοστον ψυχῆς περίοδον εἰς κατακόσμησιν
καὶ συμφωνίαν ἑαυτῇ σύμμαχος
ὑπὸ Μουσῶν δέδοται· καὶ ῥυθμὸς αὖ διὰ τὴν ἄμετρον ἐν ἡμῖν καὶ
χαρίτων (47e) ἐπιδεᾶ
γιγνομένην ἐν τοῖς πλείστοις ἕξιν ἐπίκουρος
ἐπὶ
ταὐτὰ ὑπὸ τῶν αὐτῶν ἐδόθη.
Platon, Timée,
47, a-e
[47] La vue nous
est de la
plus grande utilité : des propos que nous tenons en ce moment sur
l'univers, aucun n'aurait jamais été tenu si nous n'avions vu ni les
astres ni le soleil ni le ciel.
Mais la vue du jour, de la nuit, des mois, du cycle des années, des
équinoxes, des solstices a engendré la science des nombres, nous donné
la notion du temps et la possibilité de spéculer sur la nature du tout.
Nous en avons tiré ce genre de spéculation dont la valeur dépasse celle
de tous les biens que les dieux ont envoyés et enverront jamais à la
race humaine. Je dis donc que c'est là la plus grande utilité des yeux;
leurs autres moindres avantages, pourquoi les célébrer ? L'homme qui
n'est pas philosophe peut bien, privé de la vue, pousser sur cette
perte des gémissements et de vaines lamentations, nous dirons, nous,
que la cause et la fin de la vision sont les suivantes : la divinité
l'a inventée et nous en a fait présent afin que, voyant les mouvements
périodiques de l'intelligence dans le ciel, nous en tirions parti pour
les démarches de notre pensée, qui sont de même espèce, mais
troublées, tandis que les mouvements du ciel sont sans trouble, et que,
après en avoir fait une étude approfondie, participant à la rigueur des
calculs qu'on voit dans la nature, imitant les mouvements du dieu, qui
se font sans aucune erreur, nous rectifions ceux qui s'égarent en nous.
Pour la voix et l'ouïe, nous pouvons redire la même chose : les dieux
nous en ont fait présent dans la même intention et pour les mêmes
rasons. Le langage a été institué en vue des mêmes fins et y contribue
pour la plus grande part, et, de même, tout ce qui, dans la musique, a
des accents utiles à entendre en vue de l'harmonie : l'harmonie, en
effet, est faite de mouvements dont la nature est la même que celle des
démarches de notre âme, et quiconque a un commerce intelligents avec
les Muses, ne pense pas, comme on le fait aujourd'hui, que son utilité
soit de nous procurer un plaisir irrationnel, mais qu'elle nous a été
donnée par les Muses comme une aide pour que les mouvements périodiques
de l'âme, qui sont en nous dissonants, se résolvent en un accord de
cette âme avec elle-même. Quant au rythme, c'est à cause de la tendance
que nous avons pour la plupart à manquer de mesure et de grâce que les
mêmes Muses, pour les mêmes fins, nous ont donné son assistance.
trad. Bizos et Flacelière; éd. Vuibert
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ὄψις, εως
(ἡ) : voir dico Bailly, version établie par Gérard Gréco.
ὄψις δὴ
κατὰ τὸν ἐμὸν λόγον αἰτία τῆς
μεγίστης ὠφελίας γέγονεν ἡμῖν, ὅτι τῶν νῦν λόγων περὶ τοῦ παντὸς
λεγομένων οὐδεὶς ἄν ποτε ἐρρήθη μήτε ἄστρα μήτε ἥλιον μήτε οὐρανὸν
ἰδόντων : la vue nous est de la
plus grande utilité : des propos que nous tenons en ce moment sur
l'univers, aucun n'aurait jamais été tenu si nous n'avions vu ni les
astres ni le soleil ni le ciel.
ταὐτά, crase attique pour τὰ αὐτά,
plur. neutre de ὁ αὐτός.
φωνῆς τε δὴ καὶ ἀκοῆς πέρι πάλιν ὁ αὐτὸς
λόγος, ἐπὶ ταὐτὰ τῶν αὐτῶν ἕνεκα παρὰ θεῶν δεδωρῆσθαι : pour la voix et
l'ouïe, nous pouvons redire la même chose : les dieux
nous en ont fait présent dans la même intention et pour les mêmes
raisons.
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Portrait d'un
sycophante
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<51>
(Σκοπεῖτε γάρ.) Εἰσὶν ὁμοῦ δισμύριοι πάντες Ἀθηναῖοι. Τούτων ἕκαστος ἕν
γέ τι πράττων κατὰ τὴν ἀγορὰν περιέρχεται, ἤτοι νὴ τὸν Ἡρακλέα τῶν
κοινῶν ἢ τῶν ἰδίων. Ἀλλ' οὐχ οὗτος οὐδέν, οὐδ' ἂν ἔχοι δεῖξαι πρὸς ὅτῳ
τὸν βίον ἐστὶ τῶν μετρίων ἢ καλῶν. Οὐχὶ τῶν πολιτικῶν ἀγαθῶν ἐπ' οὐδενὶ
τῇ ψυχῇ διατρίϐει· οὐ τέχνης, οὐ γεωργίας, οὐκ ἄλλης ἐργασίας οὐδεμιᾶς
ἐπιμελεῖται· οὐ φιλανθρωπίας, οὐχ ὁμιλίας οὐδεμιᾶς οὐδενὶ κοινωνεῖ·
<52> ἀλλὰ πορεύεται διὰ τῆς ἀγορᾶς, ὥσπερ ἔχις ἢ
σκορπίος ἠρκὼς
τὸ κέντρον, ᾄττων δεῦρο κἀκεῖσε, σκοπῶν τίνι συμφορὰν ἢ βλασφημίαν ἢ
κακόν τι προστριψάμενος καὶ καταστήσας εἰς φόϐον ἀργύριον εἰσπράξεται.
Οὐδὲ προσφοιτᾷ πρός τι τούτων τῶν ἐν τῇ πόλει κουρείων ἢ μυροπωλίων ἢ
τῶν ἄλλων ἐργαστηρίων οὐδὲ πρὸς ἕν· ἀλλ' ἄσπειστος, ἀνίδρυτος,
ἄμεικτος, οὐ χάριν, οὐ φιλίαν, οὐκ ἄλλ' οὐδὲν ὧν ἄνθρωπος μέτριος
γιγνώσκων· μεθ' ὧν δ' οἱ ζωγράφοι τοὺς ἀσεϐεῖς ἐν Ἅιδου γράφουσιν, μετὰ
τούτων, μετ' ἀρᾶς καὶ βλασφημίας καὶ φθόνου καὶ στάσεως καὶ νείκους,
περιέρχεται. <53> Εἶθ' ὃν
οὐδὲ τῶν ἐν Ἅιδου θεῶν εἰκός ἐστιν
τυχεῖν ἵλεων, ἀλλ' εἰς τοὺς ἀσεϐεῖς ὠσθῆναι διὰ τὴν πονηρίαν τοῦ βίου,
τοῦτον ὑμεῖς ἀδικοῦντα λαϐόντες οὐ μόνον οὐ τιμωρήσεσθε, ἀλλὰ καὶ
μειζόνων ἀξιώσαντες δωρειῶν ἀφήσετ' ἢ τοὺς εὐεργέτας; Τίνι γὰρ πώποθ'
ὑμεῖς ἔδοτε, ἐὰν ὄφλῃ τι τῷ δημοσίῳ, τοῦτο μὴ καταθέντι τῶν ἴσων
μετέχειν; Οὐδενί. Μὴ τοίνυν μηδὲ τούτῳ δῶτε νῦν, ἀλλὰ τιμωρήσασθε καὶ
παράδειγμα ποιήσατε τοῖς ἄλλοις.
<54> Ἄξιον δ' ἐστίν, ὦ ἄνδρες
Ἀθηναῖοι, καὶ τὰ λοίπ' ἀκοῦσαι· δεινῶν γὰρ ὄντων, οὐ μὲν οὖν ἐχόντων
ὑπερϐολήν, ὧν ἠκούσατ' ἄρτι λέγοντος Λυκούργου, τὰ λοίπ' ἐνάμιλλα
τούτοις καὶ τῆς αὐτῆς φύσεως εὑρεθήσεται. Πρὸς μὲν γὰρ τῷ τὸν πατέρ' ἐν
τῷ δεσμωτηρίῳ προδοὺς ἀπελθεῖν ἐξ Ἐρετρίας, ὥσπερ ἠκούσατε Φαίδρου,
ἀποθανόνθ' ὁ ἀσεϐὴς οὗτος καὶ μιαρὸς οὐκ ἔθαψεν, οὐδὲ τοῖς θάψασι τὴν
ταφὴν ἀπέδωκεν, ἀλλὰ καὶ δίκην πρὸς ἔλαχεν. <55>
Πρὸς δὲ τῷ τῆς
μητρὸς μὴ ἀπεσχῆσθαι τὼ χεῖρε, ὥσπερ ἀρτίως ἠκούσατε τῶν μαρτύρων, καὶ
τὴν ἀδελφὴν τὴν ἑαυτοῦ, οὐχ ὁμοπατρίαν μὲν οὖσαν, θυγατέρα δ' ἐκείνης
ὁπωσδήποτε γενομένην νἐῶ γὰρ τοῦτὀ, ἀλλ' ἀδελφήν γε, ἐπ' ἐξαγωγῇ
ἀπέδοτο, ὥς φησι τὸ ἔγκλημα τῆς δίκης, ἣν ὑπὲρ τούτων ἔλαχεν αὐτῷ ὁ
χρηστὸς ἀδελφὸς οὑτοσί, ὁ νῦν συναπολογησόμενος.
<56> Πρὸς δὲ
τούτοις τοιούτοις οὖσιν ἕτερον δεινόν, ὦ γῆ καὶ θεοί, πρᾶγμ' ἀκούσεσθε.
Ὅτε γὰρ τὸ δεσμωτήριον διορύξας ἀπέδρα, τότε πρὸς γυναῖκά τιν' ἔρχεται
Ζωϐίαν ὄνομα, ᾗ ἐτύγχανεν, ὡς ἔοικε, κεχρημένος ποτέ· καὶ κρύπτει καὶ
διασῴζει τὰς πρώτας ἡμέρας αὐτὸν ἐκείνη, ἃς ἐζήτουν καὶ ἐκήρυττον οἱ
ἕνδεκα, καὶ μετὰ ταῦτα δοῦσα δραχμὰς ὀκτὼ ἐφόδιον καὶ χιτωνίσκον καὶ
ἱμάτιον ἐξέπεμψεν εἰς Μέγαρα. <57>
Ταύτην τὴν ἄνθρωπον, τὴν
τοιαῦτ' εὐεργετήσασαν αὐτόν, ὡς πολὺς παρ' ὑμῖν ἔπνει καὶ λαμπρός,
μεμφομένην τι καὶ τούτων ὑπομιμνῄσκουσαν καὶ ἀξιοῦσαν εὖ παθεῖν τὸ μὲν
πρῶτον ῥαπίσας καὶ ἀπειλήσας ἀπέπεμψεν ἀπὸ τῆς οἰκίας, ὡς δ' οὐκ
ἐπαύεθ' ἡ ἄνθρωπος, ἀλλὰ γυναίου πρᾶγμ' ἐποίει καὶ πρὸς τοὺς γνωρίμους
προσιοῦσ' ἐνεκάλει, λαϐὼν αὐτὸς αὐτοχειρίᾳ πρὸς τὸ πωλητηρίον τοῦ
μετοικίου ἀπήγαγεν· καὶ εἰ μὴ κείμενον αὐτῇ τὸ μετοίκιον ἔτυχεν,
ἐπέπρατ' ἂν διὰ τοῦτον, ᾧ τῆς σωτηρίας αὐτὴ αἰτία ἐγεγόνει. <58>
Καὶ ταῦθ' ὡς ἀληθῆ λέγω, κάλει μοι τὸν τὴν ταφὴν τοῦ πατρὸς οὐκ
ἀπειληφότα, καὶ τὸν τῆς δίκης διαιτητήν, ἣν ὑπὲρ τῆς πράσεως τῆς
ἀδελφῆς ἔλαχεν αὐτῷ οὑτοσί, καὶ τὸ ἔγκλημα φέρε. Κάλει δέ μοι πρῶτον
πάντων τὸν τῆς Ζωβίας προστάτην, τῆς ὑποδεξαμένης αὐτόν, καὶ τοὺς
πωλητάς, πρὸς οὓς ἀπήγαγεν αὐτήν. Ὑμεῖς δ' ἠγανακτεῖτ' ἀρτίως εἰ τῶν
τὸν ἔρανον φερόντων εἰς τὴν σωτηρίαν αὐτῷ κατηγόρει. Μιαρόν, μιαρόν, ὦ
ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τὸ θηρίον καὶ ἄμεικτον. Λέγε τὰς μαρτυρίας. Μαρτυρίαι <59> Τίς οὖν
ἱκανὴ κατὰ τοῦ τοσαῦτα καὶ τοιαῦτα πεποιηκότος
γένοιτ' ἂν δίκη; Τίς ἀξία τιμωρία; Θάνατος μὲν γὰρ ἔμοιγε μικρὰ
φαίνεται.
Démosthène, Contre Aristogiton, 51-59
<51> En effet, on
compte environ dans Athènes vingt mille citoyens. Tous fréquentent la
place publique, occupés des affaires de la ville ou de leurs affaires
particulières, engagés dans quelque profession. Pour Aristogiton, il ne
pourrait montrer quelle est la sienne; il n'a d'occupation ni noble, ni
vulgaire, ni politique; il n'exerce ni les arts, ni l'agriculture, ni
le commerce ; n'est lié avec personne, ni d'intérêts, ni d'amitié. <52> Il parcourt la place publique
comme un serpent ou un scorpion, dressant son dard, s'élançant tantôt
d'un côté, tantôt d'un autre; examinant qui il percera de ses
calomnies, qui il jettera dans le malheur, à qui, en un mot, il fera
quelque mal; à qui il inspirera de la crainte, pour en tirer de
l'argent. On ne le voit dans aucune des maisons de la ville où
s'assemblent les autres citoyens ; errant, sans retraite, sans amis,
sans connaissance, il ne formé aucune des liaisons les plus ordinaires,
et ne goûte aucune des douceurs de la société. Il marche accompagné des
monstres que les peintres nous représentent dans le Tartare escortant
les scélérats, l'imprécation, la calomnie, l'envie, la contention, la
discorde. <53> Un aussi
méchant homme, un homme pour qui les dieux des enfers seraient
inexorables, qu'ils ne manqueraient pas de précipiter dans la troupe
des pervers; un pareil homme, ô Athéniens, cité devant vous, est livré
à votre justice; et, loin de le punir, vous lui accorderiez des grâces
que vous n'accordâtes jamais aux bienfaiteurs de la patrie ? Car à qui
d'entre eux, condamné à une amende envers le trésor, permîtes-vous
jamais de jouir des droits de citoyens avant qu'il eût payé ? Ne le
permettez donc pas à l'homme que nous accusons mais punissez-le de
manière qu'il puisse servir d'exemple.
<54> Il est à
propos d'entendre le reste. Les traits qu'a rapportés avant moi
Lycurgue, sont affreux et au-dessus de tout ce qu'on peut dire ; ce qui
suit y répondra et sera de même nature. Je ne parlerai pas de son père,
qu'il a laissé dans la prison d'Érétrie, comme vous l'avez appris de
Phèdre. Oui, cet homme exécrable, ce fils dénaturé, n'a point donné à
son père la sépulture ; et, loin de payer les dépenses à ceux, qui lui
avaient rendu les derniers devoirs, il leur a intenté procès. <55> Je ne dirai rien, ni de sa
mère qu'il n'a pas craint de frapper, ni de sa soeur, non pas soeur de
père mais au moins de mère, de quelque commerce qu'elle soit le fruit,
ce que je n'examine pas. Il a vendu cette soeur pour être transportée
en pays étranger, comme il est marqué dans l'acte de l'accusation que
lui a intentée à ce sujet son vertueux frère, qui aujourd'hui prend sa
défense.
<56> Sans parler de tous ces faits atroces, en voici,
oui, en voici un des plus révoltants auquel je m'arrête. Lorsqu'il
s'échappa de la prison qu'il avait forcée, il se retira chez une femme
nommée Zobie, avec laquelle probablement il avait eu autrefois quelque
commerce. Cette femme le garde et le cache chez elle, dans les premiers
jours où les ondécemvirs le faisaient chercher partout, et promettaient
de récompenser quiconque le ramènerait. Ensuite elle lui donne huit
drachmes, une robe et un manteau, pour faire le voyage de Mégare, où il
se réfugia. <57> De retour à
Athènes, où il devint un personnage puissant et distingué, loin de
reconnaître de tels services, il traita indignement celle qui les lui
avait rendus, et qui, se plaignant à lui-même, les lui rappelait et lui
en demandait la récompense. Il commence par la frapper et la chasser de
chez lui. Comme elle ne cessait pas ses plaintes, et que, suivant la
coutume des femmes, elle les allait porter chez tous ceux qu'elle
connaissait, il la saisit de sa propre main, la traîne devant le
tribunal des étrangers ; et si elle n'eût été inscrite comme ayant payé
sa taxe, elle aurait été vendue, grâce à celui même qu'elle avait
sauvé. <58> Afin de prouver
tout ce que j'avance, greffier, faites paraître celui auquel
Aristogiton n'a pas payé les frais de la sépulture de son père, et le
juge du procès que son digne frère lui a intenté pour avoir vendu sa
sœur : produisez l'acte d'accusation. Mais faites paraître, avant
tout, le protecteur de cette Zobie qui a reçu Aristogiton chez elle, et
les juges devant lesquels il l'a traînée. Vous étiez indignés tout à
l'heure Athéniens, qu'il eût accusé ceux même qui s'étaient cotisés
pour le tirer d'un mauvais pas: c'est un monstre, oui, c'est un monstre
odieux, un animal féroce. Greffier, lisez les dépositions. On lit les
dépositions. <59> Quel
supplice pourrait répondre à des traits de méchanceté si multipliés ? Y
aurait-il une punition assez forte ? pour moi, il me semble que le mort
serait une peine trop douce.
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De la providence
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Περὶ
προνοίας.
Μὴ θαυμάζετʼ εἰ τοῖς μὲν ἄλλοις ζῴοις τὰ πρὸς τὸ σῶμα ἕτοιμα γέγονεν,
οὐ μόνον τροφαὶ καὶ πόμα, ἀλλὰ καὶ κοίτη καὶ τὸ μὴ δεῖσθαι ὑποδημάτων,
μὴ ὑποστρωμάτων, μὴ ἐσθῆτος, ἡμεῖς δὲ πάντων τούτων προσδεόμεθα. τὰ γὰρ
οὐκ αὐτῶν ἕνεκα, ἀλλὰ πρὸς ὑπηρεσίαν γεγονότα οὐκ ἐλυσιτέλει
προσδεόμενα ἄλλων πεποιηκέναι. ἐπεὶ ὅρα οἷον ἦν ἡμᾶς φροντίζειν μὴ περὶ
αὑτῶν μόνον ἀλλὰ καὶ περὶ τῶν προβάτων καὶ τῶν ὄνων, πῶς ἐνδύσηται καὶ
πῶς ὑποδήσηται, πῶς φάγῃ, πῶς πίῃ. ἀλλʼ ὥσπερ οἱ στρατιῶται ἕτοιμοί
εἰσι τῷ στρατηγῷ ὑποδεδεμένοι ἐνδεδυμένοι ὡπλισμένοι, εἰ δʼ ἔδει
περιερχόμενον τὸν χιλίαρχον ὑποδεῖν ἢ ἐνδύειν τοὺς χιλίους, δεινὸν ἂν
ἦν, οὕτω καὶ ἡ φύσις πεποίηκε τὰ πρὸς ὑπηρεσίαν γεγονότα ἕτοιμα
παρεσκευασμένα μηδεμιᾶς ἐπιμελείας ἔτι προσδεόμενα. οὕτως ἓν παιδίον
μικρὸν καὶ ῥάβδῳ ἐλαύνει τὰ πρόβατα. νῦν δʼ ἡμεῖς ἀφέντες ἐπὶ τούτοις
εὐχαριστεῖν, ὅτι μὴ καὶ αὐτῶν τὴν ἴσην ἐπιμέλειαν ἐπιμελούμεθα, ἐφʼ
αὑτοῖς ἐγκαλοῦμεν τῷ θεῷ. καίτοι νὴ τὸν Δία καὶ τοὺς θεοὺς ἓν τῶν
γεγονότων ἀπήρκει πρὸς τὸ αἰσθέσθαι τῆς προνοίας τῷ γε αἰδήμονι καὶ
εὐχαρίστῳ. καὶ μή μοι νῦν τὰ μεγάλα· αὐτὸ τοῦτο τὸ ἐκ πόας γάλα
γεννᾶσθαι καὶ ἐκ γάλακτος τυρὸν καὶ ἐκ δέρματος ἔρια τίς ἐστιν ὁ
πεποιηκὼς ταῦτα ἢ ἐπινενοηκώς; οὐδὲ εἷς φησίν. ὦ μεγάλης ἀναισθησίας
καὶ ἀναισχυντίας.
Ἄγε ἀφῶμεν
τὰ ἔργα τῆς φύσεως, τὰ πάρεργα αὐτῆς θεασώμεθα. μή
τι
ἀχρηστότερον τριχῶν τῶν ἐπὶ γενείου; τί οὖν; οὐ συνεχρήσατο καὶ ταύταις
ὡς μάλιστα πρεπόντως ἐδύνατο; οὐ διέκρινεν διʼ αὐτῶν τὸ ἄρρεν καὶ τὸ
θῆλυ; οὐκ εὐθὺς μακρόθεν κέκραγεν ἡμῶν ἑκάστου ἡ φύσις ἀνήρ εἰμι· οὕτω
μοι προσέρχου, οὕτω μοι λάλει, ἄλλο μηδὲν ζήτει· ἰδοὺ τὰ σύμβολα; πάλιν
ἐπὶ τῶν γυναικῶν ὥσπερ ἐν φωνῇ τι ἐγκατέμιξεν ἁπαλώτερον, οὕτως καὶ τὰς
τρίχας ἀφεῖλεν. οὔ· ἀλλʼ ἀδιάκριτον ἔδει τὸ ζῷον ἀπολειφθῆναι καὶ
κηρύσσειν ἕκαστον ἡμῶν ὅτι ἀνήρ εἰμι. πῶς δὲ καλὸν τὸ σύμβολον καὶ
εὐπρεπὲς καὶ σεμνόν, πόσῳ κάλλιον τοῦ τῶν ἀλεκτρυόνων λόφου, πόσῳ
μεγαλοπρεπέστερον τῆς χαίτης τῶν λεόντων. διὰ τοῦτο ἔδει σῴζειν τὰ
σύμβολα τοῦ θεοῦ, ἔδει αὐτὰ μὴ καταπροίεσθαι, μὴ συγχεῖν ὅσον ἐφʼ
ἑαυτοῖς τὰ γένη τὰ διῃρημένα.
Ταῦτα μόνα ἐστὶν ἔργα ἐφʼ ἡμῶν τῆς προνοίας; καὶ τίς ἐξαρκεῖ
λόγος
ὁμοίως αὐτὰ ἐπαινέσαι
ἢ παραστῆσαι; εἰ γὰρ νοῦν εἴχομεν, ἄλλο τι ἔδει
ἡμᾶς ποιεῖν καὶ κοινῇ καὶ ἰδίᾳ ἢ ὑμνεῖν τὸ θεῖον καὶ εὐφημεῖν καὶ
ἐπεξέρχεσθαι τὰς χάριτας; οὐκ ἔδει καὶ σκάπτοντας καὶ ἀροῦντας καὶ
ἐσθίοντας ᾄδειν τὸν ὕμνον τὸν εἰς τὸν θεόν; μέγας ὁ θεὸς, ὅτι ἡμῖν
παρέσχεν ὄργανα ταῦτα διʼ ὧν τὴν γῆν ἐργασόμεθα· μέγας ὁ θεός, ὅτι
χεῖρας δέδωκεν, ὅτι κατάποσιν, ὅτι κοιλίαν, ὅτι αὔξεσθαι λεληθότως, ὅτι
καθεύδοντας ἀναπνεῖν. ταῦτα ἐφʼ ἑκάστου ἐφυμνεῖν ἔδει καὶ τὸν μέγιστον
καὶ θειότατον ὕμνον ἐφυμνεῖν, ὅτι τὴν δύναμιν ἔδωκεν τὴν παρακολουθητικὴν
τούτοις καὶ ὁδῷ χρηστικήν. τί
οὖν; ἐπεὶ οἱ πολλοὶ ἀποτετύφλωσθε,
οὐκ ἔδει τινὰ εἶναι τὸν ταύτην ἐκπληροῦντα τὴν χώραν καὶ
ὑπὲρ πάντων ᾄδοντα τὸν ὕμνον τὸν εἰς τὸν θεόν; τί γὰρ ἄλλο δύναμαι
γέρων χωλὸς εἰ μὴ ὑμνεῖν τὸν θεόν; εἰ γοῦν ἀηδὼν
ἤμην, ἐποίουν τὰ τῆς
ἀηδόνος, εἰ κύκνος, τὰ τοῦ κύκνου. νῦν δὲ λογικός εἰμι· ὑμνεῖν με δεῖ
τὸν θεόν. τοῦτό μου τὸ ἔργον ἐστίν, ποιῶ αὐτὸ οὐδʼ ἐγκαταλείψω
τὴν
τάξιν ταύτην, ἐφʼ ὅσον ἂν διδῶται, καὶ ὑμᾶς ἐπὶ τὴν αὐτὴν ταύτην ᾠδὴν
παρακαλῶ.
Arrien, manuel d'Epictète, 1, 15
De la Providence.
Ne vous étonnez pas que les autres êtres animés trouvent tout prêt ce
qui est nécessaire à leur corps, non seulement les aliments et les
boissons, mais encore le coucher; ne vous étonnez pas qu'ils n'aient
besoin ni de chaussures, ni de couvertures, ni de vêtements, tandis que
nous nous avons besoin de tout cela. Ces êtres ne sont pas nés pour
eux-mêmes, mais pour servir; il n'était pas bon dès lors de les créer
ayant besoin de quelque chose. Car vois un peu ce qui arriverait, si
nous avions à nous occuper non seulement de nous-mêmes, mais encore de
nos brebis et de nos ânes, pour leurs vêtements, pour leur chaussure,
pour leurs aliments et pour leur boisson. Les soldats sont mis à là
disposition du général, chaussés, habillés et armés (que d'embarras
pour le chiliarque, s'il lui fallait courir de tous les côtés pour
chausser et pour habiller ses mille hommes!) ; il en est de même des
êtres nés pour notre service : la nature les a créés tout équipés,
pourvus de tout, et n'ayant besoin d'aucun soin, c'est ce qui fait
qu'un petit enfant conduit les brebis avec un simple bâton. Mais nous
maintenant, au lieu de remercier Dieu au sujet de ces animaux, parce
que nous n'avons pas à nous occuper d'eux autant que de nous-mêmes,
nous l'accusons à notre sujet. Et cependant, par Jupiter et par tous
les dieux, ce serait assez d'une seule créature pour révéler la
Providence à un homme honnête et reconnaissant. Je n'ai que faire pour
cela des grandes choses : il m'y suffit du lait qui provient de
l'herbe, du fromage qui provient du lait, de la toison qui provient de
la peau. Quel est celui qui a fait, qui a conçu tout cela ? Personne,
dis-tu. Quelle imprudence et quelle absurdité !
Eh bien ! laissons
les œuvres utiles de la nature, et contemplons ses hors-d'œuvre
(apparents). Qu'y a-t-il de plus inutile que les poils qui naissent au
menton ? Mais quoi! la nature ne les a-t-elle pas fait servir eux aussi
à l'usage le plus convenable possible? N'a-t-elle point par eux
distingué l'homme de la femme? Par eux la nature de chacun de nous ne
crie-t-elle pas de bien loin, Je suis un homme ; c'est de telle façon
qu'il faut m'aborder, de telle façon qu'il faut me parler? Ne cherche
pas ailleurs : voici mes signes. Et d'autre part, en même temps qu'elle
donnait aux femmes quelque chose de plus doux dans la voix, elle les a
privées de ces poils. Il n'aurait pas fallu que cela fût peut-être ! Il
aurait fallu que les sexes fussent laissés sans signe distinctif, et
que chacun de nous eût à crier : Je suis un homme! Et ce signe n'est-il
pas beau? Ne nous sied-il pas? N'est-il pas imposant ? Combien il est
plus beau que l'aigrette du coq ! D'un plus grand aspect que la
crinière
du lion! Nous devions donc conserver ces signes donnés par Dieu; nous
devions ne pas y renoncer, et ne pas confondre, autant qu'il est en
nous, les sexes qu'il a distingués.
Sont-ce donc là les seules choses
que la Providence ait faites en nous ? Et quel discours pourrait
suffire
à louer convenablement tout ce qu'elle y a fait, ou même à l'exposer ?
Car, si nous avions le sens droit, quelle autre chose devrions-nous
faire, tous en commun et chacun en particulier, que de célébrer Dieu,
de chanter ses louanges, et de lui adresser des actions de grâces ? Ne
devrions-nous pas, en fendant la terre, en labourant, en prenant nos
repas, chanter cet hymne à Dieu ? Dieu est grand, parce qu'il nous a
donné ces instruments, avec lesquels nous travaillerons la terre! Dieu
est grand, parce qu'il nous a donné des mains, un gosier, un estomac ;
parce qu'il nous a permis de croître sans nous en apercevoir, et de
réparer nos forces en dormant! Voilà ce que nous devrions chanter à
propos de chaque chose; mais ce pourquoi nous devrions chanter l'hymne
le plus grand, le plus à la gloire de Dieu, c'est la faculté qu'il nous
a accordée de nous rendre compte de ces dons, et d'en faire un emploi
méthodique. Eh bien! puisque vous êtes aveugles, vous le grand nombre,
ne fallait-il pas qu'il y eût quelqu'un qui remplît ce rôle, et qui
chantât pour tous l'hymne à la divinité ? Que puis-je faire, moi, vieux
et boiteux, si ce n'est de chanter Dieu? Si j'étais rossignol, je
ferais le métier d'un rossignol; si j'étais cygne, celui d'un cygne. Je
suis un être raisonnable; il me faut chanter Dieu. Voilà mon métier, et
je le fais. C'est un rôle auquel je ne faillirai pas, autant qu'il sera
en moi; et je vous engage tous à chanter avec moi.
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Du calme de l'âme
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Περὶ
ἀταραξίας.
Ὅρα σὺ ὁ ἀπιὼν ἐπὶ τὴν δίκην, τί θέλεις τηρῆσαι καὶ ποῦ θέλεις
ἀνύσαι.
εἰ γὰρ προαίρεσιν θέλεις τηρῆσαι κατὰ φύσιν ἔχουσαν, πᾶσά σοι ἀσφάλεια,
πᾶσά σοι εὐμάρεια, πρᾶγμα οὐκ ἔχεις. τὰ γὰρ ἐπὶ σοὶ αὐτεξούσια καὶ
φύσει ἐλεύθερα θέλων τηρῆσαι καὶ τούτοις ἀρκούμενος τίνος ἔτι
ἐπιστρέφῃ; τίς γὰρ αὐτῶν κύριος, τίς αὐτὰ δύναται ἀφελέσθαι; εἰ θέλεις
αἰδήμων εἶναι καὶ πιστός, τίς οὐκ ἐάσει σε; εἰ θέλεις μὴ κωλύεσθαι μηδ´
ἀναγκάζεσθαι, τίς σε ἀναγκάσει ὀρέγεσθαι ὧν οὐ δοκεῖ σοι, τίς ἐκκλίνειν
ἃ μὴ φαίνεταί σοι; ἀλλὰ τί; πράξει μέν σοί τινα ἃ δοκεῖ φοϐερὰ εἶναι·
ἵνα δὲ καὶ ἐκκλίνων αὐτὰ πάθῃς, πῶς δύναται ποιῆσαι; ὅταν οὖν ἐπὶ σοὶ ᾖ
τὸ ὀρέγεσθαι καὶ ἐκκλίνειν, τίνος ἔτι ἐπιστρέφῃ; τοῦτό σοι προοίμιον,
τοῦτο διήγησις, τοῦτο πίστις, τοῦτο νίκη, τοῦτο ἐπίλογος, τοῦτο
εὐδοκίμησις.
Διὰ τοῦτο ὁ Σωκράτης πρὸς τὸν ὑπομιμνῄσκοντα, ἵνα
παρασκευάζηται πρὸς τὴν δίκην, ἔφη ‘οὐ δοκῶ οὖν σοι ἅπαντι τῷ βίῳ πρὸς
τοῦτο παρασκευάζεσθαι;’
(-) ‘Ποίαν παρασκευήν;’ (-) ‘Τετήρηκα’, φησίν,
‘τὸ ἐπ´ ἐμοί.’ (-) ‘Πῶς οὖν;’ (-) ‘Οὐδὲν οὐδέποτ´ ἄδικον οὔτ´ ἰδίᾳ οὔτε
δημοσίᾳ ἔπραξα.’ εἰ δὲ θέλεις καὶ τὰ ἐκτὸς τηρῆσαι, τὸ σωμάτιον καὶ τὸ
οὐσίδιον καὶ τὸ ἀξιωμάτιον, λέγω σοι· ἤδη αὐτόθεν παρασκευάζου τὴν
δυνατὴν παρασκευὴν πᾶσαν καὶ λοιπὸν σκέπτου καὶ τὴν φύσιν τοῦ δικαστοῦ
καὶ τὸν ἀντίδικον. εἰ γονάτων ἅψασθαι δεῖ, γονάτων ἅψαι· εἰ κλαῦσαι,
κλαῦσον· εἰ οἰμῶξαι, οἴμωξον. ὅταν γὰρ ὑποθῇς τὰ σὰ τοῖς ἐκτός, δούλευε
τὸ λοιπὸν καὶ μὴ ἀντισπῶ καὶ ποτὲ μὲν θέλε δουλεύειν, ποτὲ δὲ μὴ θέλε,
ἀλλ´ ἁπλῶς καὶ ἐξ ὅλης τῆς διανοίας ἢ ταῦτα ἢ ἐκεῖνα· ἢ ἐλεύθερος ἢ
δοῦλος, ἢ πεπαιδευμένος ἢ ἀπαίδευτος, ἢ γενναῖος ἀλεκτρυὼν ἢ ἀγεννής, ἢ
ὑπόμενε τυπτόμενος, μέχρις ἂν ἀποθάνῃς, ἢ ἀπαγόρευσον εὐθύς. μή σοι
γένοιτο πληγὰς πολλὰς λαϐεῖν καὶ ὕστερον ἀπαγορεῦσαι. εἰ δ´ αἰσχρὰ
ταῦτα, αὐτόθεν ἤδη δίελε ‘ποῦ φύσις κακῶν καὶ ἀγαθῶν; οὗ καὶ ἀλήθεια.
ὅπου ἀλήθεια καὶ οὗ φύσις, ἐκεῖ τὸ εὐλαβές· ὅπου ἡ ἀλήθεια, ἐκεῖ τὸ
θαρραλέον, ὅπου ἡ φύσις’.
Ἐπεί τοι δοκεῖς, ὅτι τὰ ἐκτὸς τηρῆσαι θέλων
Σωκράτης παρελθὼν ἂν ἔλεγε ‘ἐμὲ δ´ Ἄνυτος καὶ Μέλητος ἀποκτεῖναι μὲν
δύνανται, βλάψαι δ´ οὔ’; οὕτω μωρὸς ἦν, ἵνα μὴ ἴδῃ ὅτι αὕτη ἡ ὁδὸς
ἐνταῦθα οὐ φέρει, ἀλλ´ ἄλλῃ; τί οὖν ἐστιν, ὅτι οὐκ ἔχει λόγον καὶ
προσερεθίζει; ὡς ὁ ἐμὸς Ἡράκλειτος περὶ ἀγριδίου πραγμάτιον ἔχων ἐν
Ῥόδῳ καὶ ἀποδείξας τοῖς δικασταῖς ὅτι δίκαια λέγει ἐλθὼν ἐπὶ τὸν
ἐπίλογον ἔφη ὅτι ‘ἀλλ´ οὔτε δεήσομαι ὑμῶν οὔτ´ ἐπιστρέφομαι, τί μέλλετε
κρίνειν· ὑμεῖς τε μᾶλλον οἱ κρινόμενοί ἐστε ἢ ἐγώ.’ καὶ οὕτως
κατέστρεψε τὸ πραγμάτιον. τίς χρεία; μόνον μὴ δέου, μὴ προστίθει δ´ ὅτι
‘καὶ οὐ δέομαι’. εἰ μή τι καιρός ἐστιν ἐπίτηδες ἐρεθίσαι τοὺς δικαστὰς
ὡς Σωκράτει. καὶ σὺ εἰ τοιοῦτον ἐπίλογον παρασκευάζῃ, τί ἀναϐαίνεις, τί
ὑπακούεις; εἰ γὰρ σταυρωθῆναι θέλεις, ἔκδεξαι καὶ ἥξει ὁ σταυρός· εἰ δ´
ὑπακοῦσαι λόγος αἱρεῖ καὶ πεῖσαι τό γε παρ´ αὐτόν, τὰ ἑξῆς τούτῳ
ποιητέον τηροῦντι μέντοι τὰ ἴδια.
Ταύτῃ καὶ γελοῖόν
ἐστι τὸ λέγειν
‘ὑπόθου
μοι’. τί σοι ὑποθῶμαι; ἀλλὰ ‘ποίησόν μου τὴν διάνοιαν ὅ τι ἂν
ἀποϐαίνῃ πρὸς τοῦτο ἁρμόσασθαι’. ἐπεὶ ἐκεῖνό γε ὅμοιόν ἐστιν οἷον εἰ
ἀγράμματος λέγοι ‘εἰπέ μοι τί γράψω, ὅταν μοι προϐληθῇ τι ὄνομα’. ἂν
γὰρ εἴπω ὅτι Δίων, εἶτα παρελθὼν ἐκεῖνος αὐτῷ προϐάλῃ μὴ τὸ Δίωνος
ὄνομα, ἀλλὰ τὸ Θέωνος, τί γένηται; τί γράψῃ; ἀλλ´ εἰ μὲν μεμελέτηκας
γράφειν, ἔχεις καὶ παρασκευάςασθαι πρὸς πάντα τὰ ὑπαγορευόμενα· εἰ δὲ
μή, τί σοι ἐγὼ νῦν ὑποθῶμαι; ἂν γὰρ ἄλλο τι ὑπαγορεύῃ τὰ πράγματα, τί
ἐρεῖς ἢ τί πράξεις; τούτου οὖν τοῦ καθολικοῦ μέμνησο καὶ ὑποθήκης οὐκ
ἀπορήσεις. ἐὰν δὲ πρὸς τὰ ἔξω χάσκῃς, ἀνάγκη σε ἄνω καὶ κάτω κυλίεσθαι
πρὸς τὸ βούλημα τοῦ κυρίου. τίς δ´ ἐστὶ κύριος; ὁ τῶν ὑπὸ σοῦ τινος
σπουδαζομένων ἢ ἐκκλινομένων ἔχων ἐξουσίαν.
Arrien, manuel
d'Epictète, 2, 2
Du calme de l'âme.
Toi qui te rends devant la justice, vois ce que tu
veux sauver, et l'espèce de succès que tu cherches. Si tu ne veux
sauver que l'accord de ton jugement et de ta volonté avec la nature,
tout est sûr, tout est facile pour toi; tu n'as rien à craindre. Car,
dès que tu ne veux que sauver ce qui est en ton pouvoir, ce qui de sa
nature est indépendant et libre, dès que tu ne prétends à rien de plus,
de quoi as-tu à t'inquiéter encore? Ces choses ont-elles un maître en
effet? Est-il quelqu'un qui puisse te les enlever? Si tu veux te
respecter toi-même et être honnête, qui t'en empêchera? Si tu veux
n'être jamais entravé ni contraint, qui te forcera à désirer ce que tu
ne croiras pas devoir désirer, à redouter ce que tu ne croiras pas
devoir redouter? Qu'y a-t-il en effet? On peut bien te faire des choses
qui paraissent effroyables, mais comment peut-on faire que tu les
subisses en les craignant? Dès l'instant donc où le désir et la crainte
sont en ta puissance, de quoi peux-tu t'inquiéter encore? Que ce soit
là ton exorde, que ce soit là ta narration, que ce soit là ta
confirmation, que ce soit là ta réfutation, que ce soit là ta
péroraison, que ce soit là ton moyen de te faire admirer.
C'est pour
cela que Socrate répondit à celui qui lui conseillait de se préparer à
son procès : Ne trouves-tu donc pas que je m'y suis préparé par ma vie
tout entière? — De quelle façon? — J'ai sauvé ce qui est vraiment à
moi. — Comment cela? — Je n'ai jamais rien fait de mal, ni comme homme
ni comme citoyen. Mais si tu veux sauver aussi les choses extérieures,
ton corps, ta fortune, ta réputation, voici ce que je te dirai :
Prépare-toi dès maintenant à ton procès par tous les moyens possibles,
puis étudie et le caractère de ton juge et ton adversaire. S'il faut
t'attacher à leurs genoux, attache-toi à leurs genoux; s'il te faut
pleurer, pleure ; s'il te faut pousser des gémissements, pousse des
gémissements. Car, dès l'instant où tu soumets ce qui est toi à ce qui
n'est pas toi, il te faut être à jamais esclave. Ne va pas regimber par
moments, et tantôt consentir à servir, tantôt t'y refuser : il te faut
absolument et complètement être dans ton âme ceci ou cela, libre ou
esclave, éclairé ou ignorant, brave coq ou mauvais coq. Il te faut
supporter les coups jusqu'à ce que tu en meures, ou te rendre
immédiatement, si tu ne veux pas qu'il t'arrive de recevoir des coups
d'abord et de te rendre ensuite. Si tu crois que ce serait là une
honte, fais-toi dès maintenant ce raisonnement : Qu'est-ce qui est un
bien ou un mal suivant la nature ? Ce qui l'est en toute vérité. Mais
où
sont la vérité et la nature, là aussi est la prudence ; où sont la
vérité et la nature, là aussi est l'assurance.
Penses-tu en effet que,
si Socrate avait voulu sauver ce qui n'était pas lui, il se serait
avancé pour dire : Anytus et Melitus peuvent me tuer, mais ils ne
peuvent me faire de tort? Etait-il assez simple pour ne pas voir que
cette route ne l'y conduisait pas; qu'elle le conduisait ailleurs?
Autrement quel motif aurait-il eu de n'en tenir aucun compte et de les
provoquer? Ainsi fit mon ami Héraclite, dans un procès qu'il eut à
Rhodes au sujet d'un champ. Après avoir démontré à ses juges que sa
causé était juste, il leur dit, quand il en fut arrivé à sa péroraison
: Je ne vous prierai pas, et je m'inquiète peu du jugement que vous
allez prononcer. C'est vous que l'on juge bien plutôt que moi. Il gâta
ainsi son affaire. Et qu'avait-il besoin de le dire ? Borne-toi à ne
pas
prier; et n'ajoute pas : Je ne vous prie point; à moins que tu n'aies
comme Socrate quelque motif suffisant de provoquer tes juges. Si tu
veux être mis en croix, attends, et la croix viendra; mais si la raison
te détermine à te rendre à la citation du juge et à faire ton possible
pour le persuader, il faut être conséquent avec ce premier pas, tout en
ne compromettant point ce qui est vraiment à toi.
C'est pour cela aussi
qu'il est ridicule de dire : Conseille-moi. Que te conseillerais-je, en
effet ? Ce que tu devrais dire, c'est ceci : Fais que mon âme se
conforme à tout ce qui lui arrive. Tu ressembles à un homme qui ne
saurait pas écrire, et qui viendrait me dire : Indique-moi les
caractères qu'il faudra que je trace, quand on me donnera un nom à
écrire. Si moi je lui disais qu'il doit tracer les caractères qui
entrent dans le mot Dion, et que survînt un autre qui lui donnât à
écrire, non pas Dion, mais Théon, qu'arriverait-il de notre homme?
Qu'écrirait-il? Tandis que, si tu as appris à écrire, tu peux être prêt
pour tous les noms qu'on te demandera. Mais, si tu n'as pas appris,
quel conseil puis-je te donner? Car si les circonstances te demandent
un autre mot, que diras-tu? Que feras-tu? Aie la science générale, et
tu n'auras pas besoin de conseils. Si tu tombes en extase devant les
choses du dehors, il te faudra forcément rouler dans tous les sens, au
gré des caprices de ton maître. Et qu'est-ce qui est ton maître?
Quiconque tient sous sa main ce que tu désires ou ce que tu crains.
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Comment doit-on
supporter les maladies ?
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[3,10] Πῶς
φέρειν δεῖ τὰς νόσους.
Ἑκάστου δόγματος ὅταν ἡ χρεία παρῇ, πρόχειρον αὐτὸ ἔχειν δεῖ· ἐπ´
ἀρίστῳ τὰ περὶ ἀρίστου, ἐν βαλανείῳ τὰ περὶ βαλανείου, ἐν κοίτῃ τὰ περὶ
κοίτης. μηδ´ ὕπνον μαλακοῖσιν ἐπ´ ὄμμασι προσδέξασθαι, πρὶν τῶν
ἡμερινῶν ἔργων λογίσασθαι ἕκαστα· ‘πῇ παρέϐην; τί δ´ ἔρεξα; τί μοι
δέον
οὐ τετέλεσται;’ ἀρξάμενος
δ´ ἀπὸ τοῦδε ἐπέξιθι· καὶ μετέπειτα δειλὰ μὲν
ῥέξας ἐπιπλήσσεο, χρηστὰ δὲ τέρπου. καὶ τούτους τοὺς στίχους κατέχειν χρηστικῶς,
οὐχ ἵνα δι´ αὐτῶν ἀναφωνῶμεν,
ὡς διὰ τοῦ Παιὰν Ἄπολλον.
πάλιν ἐν πυρετῷ τὰ πρὸς τοῦτο· μή, ἂν πυρέξωμεν,
ἀφιέναι πάντα καὶ ἐπιλανθάνεσθαι· ‘ἂν ἐγὼ ἔτι φιλοσοφήσω, ὃ θέλει
γινέσθω. πού ποτ´
ἀπελθόντα τοῦ σωματίου ἐπιμελεῖσθαι εἴ τε καὶ πυρετὸς οὐκ ἔρχεται. τὸ
δὲ φιλοσοφῆσαι τί ἐστιν; οὐχὶ παρασκευάσασθαι πρὸς τὰ συμϐαίνοντα;
οὐ
παρακολουθεῖς οὖν, ὅτι τοιοῦτόν τι λέγεις ‘ἂν ἔτι ἐγὼ παρασκευάσωμαι
πρὸς τὸ πρᾴως φέρειν τὰ συμϐαίνοντα, ὃ θέλει γινέσθω’; οἷον εἴ τις πληγὰς
λαϐὼν ἀποσταίη τοῦ παγκρατιάζειν. ἀλλ´ ἐκεῖ μὲν ἔξεστι καταλῦσαι
καὶ μὴ δέρεσθαι, ἐνθάδε δ´ ἂν καταλύσωμεν φιλοσοφοῦντες, τί ὄφελος; τί
οὖν δεῖ λέγειν αὐτὸν ἐφ´ ἑκάστου τῶν τραχέων; ὅτι ‘ἕνεκα τούτου ἐγυμναζόμην,
ἐπὶ τοῦτο ἤσκουν’. ὁ θεός σοι λέγει ‘δός μοι ἀπόδειξιν, εἰ
νομίμως ἤθλησας, εἰ ἔφαγες ὅσα δεῖ, εἰ ἐγυμνάσθης, εἰ τοῦ ἀλείπτου
ἤκουσας’· εἶτ´ ἐπ´ αὐτοῦ τοῦ ἔργου καταμαλακίζῃ; νῦν τοῦ πυρέττειν
καιρός ἐστιν, τοῦτο καλῶς γινέσθω· τοῦ διψᾶν, δίψα καλῶς· τοῦ πεινᾶν,
πείνα καλῶς. οὐκ {ἐξ}ἔστιν ἐπὶ σοί; τίς σε κωλύσει;
ἀλλὰ πιεῖν μὲν
κωλύσει ὁ ἰατρός, καλῶς δὲ διψᾶν οὐ δύναται· καὶ φαγεῖν μὲν κωλύσει,
πεινᾶν δὲ καλῶς οὐ δύναται. Ἀλλ´ οὐ φιλολογῶ; (-) Τίνος δ´ ἕνεκα
φιλολογεῖς; ἀνδράποδον, οὐχ ἵνα εὐροῇς; οὐχ ἵνα εὐσταθῇς; οὐχ ἵνα κατὰ
φύσιν ἔχῃς καὶ διεξάγῃς; τί κωλύει πυρέσσοντα
κατὰ φύσιν ἔχειν τὸ
ἡγεμονικόν; ἐνθάδ´ ὁ ἔλεγχος τοῦ πράγματος, ἡ δοκιμασία τοῦ
φιλοσοφοῦντος. μέρος γάρ ἐστι καὶ τοῦτο τοῦ βίου, ὡς περίπατος, ὡς
πλοῦς, ὡς ὁδοιπορία, οὕτως καὶ πυρετός. μή τι περιπατῶν ἀναγιγνώσκεις;
(-) Οὔ. (-) Οὕτως οὐδὲ πυρέσσων. ἀλλ´ ἂν καλῶς περιπατῇς, ἔχεις τὸ τοῦ
περιπατοῦντος· ἂν καλῶς πυρέξῃς, ἔχεις τὰ τοῦ πυρέσσοντος. τί ἐστι
καλῶς πυρέσσειν; μὴ θεὸν μέμψασθαι, μὴ ἄνθρωπον, μὴ θλιϐῆναι ὑπὸ τῶν
γινομένων, εὖ καὶ καλῶς προσδέχεσθαι τὸν θάνατον, ποιεῖν τὰ
προστασσόμενα· ὅταν ὁ ἰατρὸς εἰσέρχηται, μὴ φοϐεῖσθαι, τί εἴπῃ, μηδ´ ἂν
εἴπῃ ‘κομψῶς ἔχεις’, ὑπερχαίρειν· τί γάρ σοι ἀγαθὸν εἶπεν; ὅτε γὰρ
ὑγίαινες, τί σοι ἦν ἀγαθόν; μηδ´ ἂν εἴπῃ ‘κακῶς ἔχεις’, ἀθυμεῖν· τί γάρ
ἐστι τὸ κακῶς ἔχειν; ἐγγίζειν τῷ διαλυθῆναι τὴν ψυχὴν ἀπὸ τοῦ σώματος.
τί οὖν δεινόν ἐστιν; ἐὰν νῦν μὴ ἐγγίσῃς, ὕστερον οὐκ ἐγγιεῖς; ἀλλὰ ὁ
κόσμος μέλλει ἀνατρέπεσθαι σοῦ ἀποθανόντος; τί οὖν κολακεύεις
τὸν
ἰατρόν; τί λέγεις ‘ἐὰν σὺ θέλῃς, κύριε, καλῶς ἕξω’; τί παρέχεις αὐτῷ
ἀφορμὴν τοῦ ἐπᾶραι ὀφρῦν; οὐχὶ δὲ τὴν αὑτοῦ ἀξίαν αὐτῷ ἀποδίδως, ὡς
σκυτεῖ περὶ τὸν πόδα, ὡς τέκτονι περὶ τὴν οἰκίαν, οὕτως καὶ τῷ ἰατρῷ
περὶ τὸ σωμάτιον, τὸ οὐκ ἐμόν, τὸ φύσει νεκρόν; τούτων ὁ καιρός ἐστι τῷ
πυρέσσοντι· ἂν ταῦτα ἐκπληρώσῃ, ἔχει τὰ αὑτοῦ. οὐ γάρ ἐστιν ἔργον τοῦ
φιλοσόφου ταῦτα τὰ ἐκτὸς τηρεῖν, οὔτε τὸ οἰνάριον οὔτε τὸ ἐλάδιον οὔτε
τὸ σωμάτιον, ἀλλὰ τί; τὸ ἴδιον ἡγεμονικόν. τὰ δ´ ἔξω πῶς; μέχρι τοῦ μὴ ἀλογίστως
κατὰ ταῦτα ἀναστρέφεσθαι. ποῦ οὖν ἔτι καιρὸς τοῦ φοϐεῖσθαι;
ποῦ οὖν ἔτι καιρὸς ὀργῆς; ποῦ φόϐου περὶ τῶν ἀλλοτρίων,
περὶ τῶν
μηδενὸς ἀξίων; δύο γὰρ ταῦτα πρόχειρα ἔχειν δεῖ· ὅτι ἔξω τῆς προαιρέσεως
οὐδέν ἐστιν οὔτε ἀγαθὸν οὔτε κακὸν καὶ ὅτι οὐ δεῖ
προηγεῖσθαι τῶν πραγμάτων, ἀλλ´ ἐπακολουθεῖν. ‘οὐκ ἔδει οὕτως μοι
προσενεχθῆναι τὸν ἀδελφόν.’ οὔ· ἀλλὰ τοῦτο μὲν ἐκεῖνος ὄψεται. ἐγὼ δ´,
ὡς ἂν προσενεχθῇ, αὐτὸς ὡς δεῖ χρήσομαι τοῖς πρὸς ἐκεῖνον. τοῦτο γὰρ
ἐμόν ἐστιν, ἐκεῖνο δ´ ἀλλότριον· τοῦτο οὐδεὶς κωλῦσαι
δύναται, ἐκεῖνο
κωλύεται.
Arrien, manuel d'Epictète, 3, 10
[3,10] Comment doit-on supporter les maladies ?
Quand vient le moment d'appliquer quelques-uns de nos principes, il
faut toujours les avoir là présents : à table, ceux qui sont pour la
table; aux bains, ceux qui sont pour le bain ; au lit, ceux qui sont
pour le lit. Que tes yeux trop faibles ne donnent jamais entrée au
sommeil, avant que tu n'aies passé en revue toutes tes actions de la
journée. Quelle loi ai-je violée? Quel acte ai-je fait? A quel devoir
ai-je failli? Pars de là et continue. Puis, si tu as fait du mal,
reproche-le toi; si tu as fait du bien, sois-en content. Voilà des vers
qu'il faut retenir pour les mettre en pratique, et non pas pour les
débiter à haute voix, comme on débite le Péan Apollon!
Dans la fièvre à son tour, ayons présents les principes qui sont faits
pour elle, bien loin de les laisser de côté tous en masse et de les
oublier, parce que nous avons la fièvre. M'arrive ce qui voudra,
t'écries-tu, si je m'occupe encore de philosophie! Je m'en irai quelque
part, où je ne songerai qu'aux soins de mon corps, et où la fièvre ne
me viendra plus! Mais qu'est-ce que s'occuper de philosophie? N'est-ce
pas se préparer contre les événements? Ne comprends-tu pas alors que
tes paroles reviennent à dire : M'arrive ce qui voudra, si je me
prépare encore à supporter avec calme les événements! C'est comme si
quelqu'un renonçait au jeu du Pancrace, parce qu'il y aurait reçu des
coups. Encore est-il tout loisible dans ce cas de cesser la lutte et de
ne plus être battu ; tandis que nous, si nous cessons de nous occuper
de philosophie, qu'est-ce que nous y gagnerons? Que doit donc dire le
philosophe, à chaque chose pénible qui lui arrive? Voilà ce à quoi je
me suis préparé, ce en vue de quoi je me suis exercé. Dieu te dit :
Donne-moi une preuve que tu t'es préparé à la lutte suivant toutes les
règles, que tu t'es nourri comme on doit le faire, que tu as fréquenté
le gymnase, que tu as écouté les leçons du maître. Vas-tu maintenant
mollir à l'instant décisif? Voici le moment d'avoir la fièvre; qu'elle
vienne, et sois convenable. Voici le moment d'avoir soif; aie soif, et
sois convenable. Voici le moment d'avoir faim; aie faim, et sois
convenable. Cela ne dépend-il pas de toi? Quelqu'un peut-il t'en
empêcher? Le médecin t'empêchera de boire; mais il ne peut t'empêcher
d'être convenable en ayant soif. Il t'empêchera de manger ; mais il ne
peut t'empêcher d'être convenable en ayant faim. — Mais (en cet état)
je ne puis pas étudier! — A quelle fin étudies-tu donc, esclave?
N'est-ce pas pour arriver au calme? à la tranquillité? N'est-ce pas
pour te mettre et te maintenir en conformité avec la nature? Or, quand
tu as la fièvre, qui t'empêche de mettre cet accord entre la nature et
ta partie maîtresse? C'est ici le moment de faire tes preuves ; c'est
ici l'épreuve du philosophe ; car la fièvre fait partie de la vie,
comme la promenade, les traversées, les voyages par terre. Est-ce que
tu lis en te promenant? — Non. — Eh bien, c'est la même chose quand tu
as la fièvre. Si tu restes convenable, en te promenant, tu es ce que
doit être un promeneur; si tu es convenable, en ayant la fièvre, tu es
ce que doit être un fiévreux. Qu'est-ce donc qu'être convenable en
ayant la fièvre? C'est de ne t'en prendre ni à Dieu ni aux hommes ;
c'est de ne pas te désoler de ce qui arrive; c'est d'attendre dignement
et convenablement la mort; c'est de faire tout ce que l'on t'ordonne ;
c'est de ne pas t'effrayer de ce que va dire le médecin, quand il
arrive, et de ne pas te réjouir outre mesure, quand il te dit : Tu te
portes bien. Qu'est-ce là, en effet, te dire de bon? Car, lorsque tu te
portais bien, qu'y avait-il là de bon pour toi? C'est encore de ne pas
te désespérer, quand il te dit : Tu te portes mal. Qu'est-ce, en effet,
que se mal porter? Approcher du moment où l'âme se sépare du corps.
Qu'y a-t-il donc là de terrible? Est-ce que, si tu n'en approches pas
maintenant, tu n'en approcheras pas plus tard? Est-ce encore que le
monde doit être bouleversé par ta mort? Pourquoi donc flattes-tu le
médecin? Pourquoi lui dis-tu: Si tu le veux, maître, je serai en bonne
santé? Pourquoi lui donner un motif de porter haut la tête? Pourquoi ne
pas l'estimer juste ce qu'il vaut? Le cordonnier est pour mon pied, le
charpentier pour ma maison, et le médecin, à son tour, pour mon
misérable corps, c'est-à-dire pour quelque chose qui n'est pas à moi,
pour un être mort né. Voilà ce qu'a à faire le fiévreux ; et, s'il le
fait il est ce qu'il doit être. La tâche du philosophe, en effet, n'est
pas de sauvegarder les choses du dehors, son vin, son huile, son corps,
mais de sauvegarder sa partie maîtresse. Comment se conduira-t-il
vis-à-vis les choses du dehors? Il s'en occupera dans la mesure que la
raison comporte. Et alors quand aura-t-il encore à s'effrayer? Quand
aura-t-il encore à se mettre en colère? Quand aura-t-il encore à
trembler pour des choses qui ne sont pas à lui, et qui ne méritent pas
qu'il en fasse cas? Voici, en effet, les deux qu'il faut avoir
toujours présentes : c'est qu'en dehors de notre libre arbitre, il n'y
a rien de bon ni de mauvais, et qu'il ne faut pas vouloir conduire les
événements, mais les suivre. Mon frère ne devait pas se conduire ainsi
avec moi. Oui ; mais c'est à lui d'y voir ; et quant à moi, de quelque
façon qu'il se soit conduit, j'agirai envers lui comme je le dois. Car
voilà ce qui me regarde, tandis que l'autre chose ne me regarde pas ;
voilà ce que nul ne peut empêcher, tandis qu'on peut empêcher l'autre
chose.
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μηδ´ ὕπνον μαλακοῖσιν ἐπ´ ὄμμασι προσδέξασθαι,
πρὶν τῶν ἡμερινῶν ἔργων λογίσασθαι ἕκαστα· ‘πῇ παρέϐην; τί δ´ ἔρεξα; τί
μοι δέον οὐ τετέλεσται;’ : que tes yeux trop faibles ne donnent jamais
entrée au sommeil, avant que tu n'aies passé en revue toutes tes
actions de la journée. Quelle loi ai-je violée? Quel acte ai-je fait? A
quel devoir ai-je failli?
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Voilà comment tu
seras sans terreurs et sans trouble
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[4,1g]
οὐκοῦν ἄφοϐος
μὲν οὕτως ἔσει καὶ ἀτάραχος.
λύπη δὲ τί πρὸς σέ; ὧν γὰρ προσδοκωμένων φόϐος γίνεται, καὶ λύπη
παρόντων. ἐπιθυμήσεις δὲ τίνος ἔτι; τῶν μὲν γὰρ προαιρετικῶν ἅτε καλῶν
ὄντων καὶ παρόντων σύμμετρον ἔχεις καὶ καθισταμένην τὴν ὄρεξιν, τῶν δ´
ἀπροαιρέτων οὐδενὸς ὀρέγῃ, ἵνα καὶ τόπον σχῇ τὸ ἄλογον ἐκεῖνο καὶ
ὠστικὸν καὶ παρὰ τὰ μέτρα ἠπειγμένον; Ὅταν οὖν πρὸς τὰ πράγματα οὕτως
ἔχῃς, τίς ἔτι ἄνθρωπος δύναται φοϐερὸς
εἶναι; τί γὰρ ἔχει ἄνθρωπος
ἀνθρώπῳ φοϐερὸν ἢ ὀφθεὶς ἢ λαλήσας ἢ
ὅλως συναναστραφείς;
οὐ μᾶλλον ἢ
ἵππος ἵππῳ ἢ κύων κυνὶ ἢ μέλισσα μελίσσῃ. ἀλλὰ τὰ πράγματα ἑκάστῳ
φοϐερά ἐστιν· ταῦτα δ´ ὅταν περιποιεῖν τις δύνηταί τινι ἢ ἀφελέσθαι,
τότε καὶ αὐτὸς φοϐερὸς γίνεται. πῶς οὖν ἀκρόπολις καταλύεται; οὐ σιδήρῳ
οὐδὲ πυρί, ἀλλὰ δόγμασιν. ἂν γὰρ τὴν οὖσαν ἐν τῇ πόλει καθέλωμεν, μή τι
καὶ τὴν τοῦ πυρετοῦ, μή τι καὶ τὴν τῶν καλῶν γυναικαρίων, μή τι ἁπλῶς
τὴν ἐν ἡμῖν ἀκρόπολιν καὶ τοὺς ἐν ἡμῖν τυράννους ἀποϐεϐλήκαμεν,
οὓς ἐφ´
ἑκάστοις καθ´ ἡμέραν ἔχομεν, ποτὲ μὲν τοὺς αὐτούς, ποτὲ δ´ ἄλλους; ἀλλ´
ἔνθεν ἄρξασθαι δεῖ καὶ ἔνθεν καθελεῖν τὴν ἀκρόπολιν, ἐκϐάλλειν
τοὺς
τυράννους· τὸ σωμάτιον ἀφεῖναι, τὰ μέρη αὐτοῦ, τὰς δυνάμεις, τὴν
κτῆσιν, τὴν φήμην, ἀρχάς, τιμάς, τέκνα, ἀδελφούς, φίλους, πάντα ταῦτα
ἡγήσασθαι ἀλλότρια. κἂν ἔνθεν ἐκϐληθῶσιν οἱ τύραννοι, τί ἔτι ἀποτειχίζω
τὴν ἀκρόπολιν ἐμοῦ γε ἕνεκα; ἑστῶσα γὰρ τί μοι ποιεῖ; τί ἔτι ἐκϐάλλω
τοὺς δορυφόρους; ποῦ γὰρ αὐτῶν αἰσθάνομαι; ἐπ´ ἄλλους ἔχουσιν τὰς
ῥάϐδους καὶ τοὺς κοντοὺς καὶ τὰς μαχαίρας. ἐγὼ δ´ οὐπώποτ´ οὔτε θέλων
ἐκωλύθην οὔτ´ ἠναγκάσθην μὴ θέλων καὶ πῶς τοῦτο δυνατόν; προσκατατέταχά
μου τὴν ὁρμὴν τῷ θεῷ. θέλει μ´ ἐκεῖνος πυρέσσειν· κἀγὼ θέλω. θέλει
ὁρμᾶν ἐπί τι· κἀγὼ θέλω. θέλει ὀρέγεσθαι· κἀγὼ θέλω. θέλει με τυχεῖν
τινος· κἀγὼ βούλομαι. οὐ θέλει· οὐ βούλομαι. ἀποθανεῖν οὖν θέλω· στρεϐλωθῆναι
οὖν θέλω. τίς ἔτι με κωλῦσαι δύναται παρὰ τὸ ἐμοὶ φαινόμενον
ἢ ἀναγκάσαι; οὐ μᾶλλον ἢ τὸν Δία.
[4,1g] Voilà comment tu seras sans terreurs et sans trouble
Le chagrin, en effet, existera-t-il alors pour toi? Non, car on ne
s'afflige de voir arriver que les choses qu'on a redoutées quand on les
attendait. Convoiteras-tu encore quoique ce soit? Tu désireras d'une
manière calme et régulière tout ce qui relève de ton libre arbitre,
tout ce qui est honnête et sous ta main ; quant aux choses qui ne
relèvent pas de ton libre arbitre, tu n'en désireras aucune assez pour
qu'il y ait place en toi à des ardeurs de bête brute et à des
impatiences sans mesure. Lorsque l'on est dans cette disposition
d'esprit à l'égard des objets, quel homme peut-on redouter encore?
Comment, en effet, un homme peut-il être redoutable pour un autre
homme, soit qu'il se trouve devant lui, soit qu'il lui parle, soit même
qu'il vive avec lui? Il ne peut pas plus l'être qu'un cheval pour un
cheval, un chien pour un chien, une abeille pour une abeille. Ce que
chacun redoute, ce sont les choses; et c'est quand quelqu'un peut nous
les donner ou nous les enlever, qu'il devient redoutable à son tour.
Cela étant, qu'est-ce qui met anéanties les citadelles? Ce n'est ni le
fer, ni le feu, mais nos façons de juger et de vouloir. Car, lorsque
nous aurons mis à néant la citadelle qui est dans la ville, aurons-nous
mis à néant, du même coup, celle d'où nous commande la fièvre? Et celle
d'où nous maîtrisent les jolies filles? En un mot, aurons-nous
renversé, avec la citadelle qu'ils s'y sont faite, tous les tyrans qui
sont en nous, ces tyrans que nous y trouvons chaque jour à propos de
tout, tantôt les mêmes, tantôt divers? C'est par là qu'il faut
commencer; c'est de là qu'il faut chasser les tyrans, après avoir mis à
néant leur citadelle : il faut, pour cela, renoncer à son corps avec
toutes ses parties et toutes ses facultés; renoncer à la fortune, à la
gloire, aux dignités, aux honneurs, à ses enfants, à ses frères; se
dire qu'il n'y a rien là qui soit à nous. Mais, une fois que j'ai ainsi
chassé de mon âme ses tyrans, que me servirait encore, à moi du moins,
de renverser les citadelles de pierre? Car, debout, quel mal me
font-elles? A quoi bon chasser les gardes du tyran? En quoi
m'aperçois-je de leur existence? C'est contre d'autres qu'ils ont ces
faisceaux, ces lances et ces épées. Jamais je n'ai été empêché de faire
ce que je voulais, ni contraint à faire ce que je ne voulais pas. Et
comment y ai-je pu arriver? J'ai subordonné ma volonté à celle de Dieu.
Veut-il que j'aie la fièvre? Moi aussi je le veux. Veut-il que
j'entreprenne quelque chose? Moi aussi je le veux. Veut-il que je
désire? Moi aussi je le veux. Veut-il que quelque chose m'arrive? Moi
aussi je le veux. Ne le veut-il pas? Je ne le veux pas. Veut-il que je
meure? Veut-il que je sois torturé? Je veux mourir; je veux être
torturé. Qu'est-ce qui peut alors m'entraver ou me forcer contrairement
à ce qui me semble bon? On ne le peut pas plus pour moi que pour
Jupiter.
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στρεϐλωθῆναι
οὖν θέλω : je veux donc être torturé.
οὐκοῦν ἄφοϐος
μὲν οὕτως ἔσει καὶ ἀτάραχος : voilà comment tu seras sans terreurs et sans
trouble
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Dans quelle
mesure on peut avoir recours à la divination
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32.1
ὅταν μαντικῇ προσίῃς,
μέμνησο ὅτι τί μὲν ἀποϐήσεται οὐκ οἶδας, ἀλλὰ
ἥκεις ὡς παρὰ τοῦ μάντεως αὐτὸ πευσόμενος, ὁποῖον δέ τι ἐστιν, εἰδὼς
ἐλήλυθας, εἴπερ εἶ φιλόσοφος. εἰ γάρ ἐστί τι τῶν οὐκ ἐφ' ἡμῖν, πᾶσα
ἀνάγκη μήτε ἀγαθὸν αὐτὸ εἶναι μήτε κακόν. 32.2
μὴ φέρε οὖν πρὸς τὸν
μάντιν ὄρεξιν
ἢ ἔκκλισιν
μήδε τρέμων αὐτῷ πρόσει ἀλλὰ διεγνωκώς
ὅτι πᾶν τὸ ἀποϐησόμενον ἀδιάφορον καὶ οὐδὲν πρὸς σέ, ὁποῖον δʹἂν, ᾖ
ἔσται γὰρ αὐτῷ χρήσασθαι καλῶς καὶ τοῦτο οὐδεὶς κωλύσει. θαρρῶν οὖν ὡς
ἐπὶ συμϐούλους ἔρχου τοὺς θεούς, καὶ λοιπόν ὅταν
τί σοι συμϐουλευθῇ,
μέμνησο τίνας συμϐούλους παρέλαϐες
καὶ τίνων παρακούσεις ἀπειθήσας.
32.3 ἔρχου δὲ
ἐπὶ τὸ μαντεύεσθαι καθάπερ ἠξίου Σωκράτης, ἐφ' ὧν ἡ πᾶσα
σκέψις τὴν ἀναφορὰν εἰς τὴν ἔκϐασιν ἔχει καὶ οὔτε ἐκ λόγου οὔτε ἐκ
τέχνης τινὸς ἄλλης ἀφορμαὶ δίδονται πρὸς τὸ συνιδεῖν τὸ προκείμενον·
ὥστε ὅταν δεήσῃ συγκινδυνεῦσαι φίλῳ ἢ πατρίδι, μὴ μαντεύεσθαι εἰ συγκινδυνευτέον.
καὶ γὰρ ἂν προείπῃ σοι ὁ μάντις
φαῦλα γεγονέναι τὰ
ἱερά, δῆλον ὅτι θάνατος σημαίνεται ἢ πήρωσις μέρους τινὸς τοῦ σώματος ἢ
φυγή· ἀλλ' αἱρεῖ ὁ λόγος καὶ σὺν τούτοις παρίστασθαι τῷ φίλῳ καὶ τῇ
πατρίδι συγκινδυνεύειν. τοιγαροῦν τῷ μείζονι μάντει πρόσεχε τῷ Πυθίῳ,
ὃς ἐξέϐαλε τοῦ ναοῦ τὸν οὐ βοηθήσαντα
ἀναιρουμένῳ
τῷ φίλῳ.
Epictète, Manuel, 32
Toutes les fois que tu auras recours à la divination, souviens-toi que
tu ignores l'événement qui doit arriver et que tu es là pour
l'apprendre du divin; par contre, de quelle nature il est, tu le savais
en arrivant, si tu es philosophe. Si c'est en effet une des
choses qui ne dépendent pas de nous, elle n'est, de toute nécessité ni
bonne ni mauvaise. N'apporte donc chez le divin ni désir ni aversion,
et approche-toi de lui sans trembler, avec la persuasion que tout
ce qui arrivera est indifférent et ne te regarde en rien; que, de toute
façon, tu pourras en faire un bon usage, et que, cela, personne ne
pourra l'empêcher. Ainsi, va avec confiance vers les dieux, comme vers
des conseillers; et, du reste, lorsque tu auras reçu d'eux un conseil,
rappelle-toi quels conseillers tu as pris, qui tu refuserais d'écouter,
si tu ne leur obéis pas.
Ne va consulter l'oracle, comme le voulait Socrate, qu'autant que ta
question concerne uniquement le résultat final et que ni le
raisonnement ni un art quelconque ne te fournissent de données pour
résoudre le problème. Par conséquent, lorsqu'il s'agira de partager le
péril d'un ami ou de la patrie, ne demande pas au devin si tu dois
partager ce péril. Si en effet le devin déclare que les victimes
donnent des présages défavorables, il t'annonce évidemment que tu
mourras, que tu seras estropié ou exilé; mais la raison prescrit, même
avec cette perspective, de secourir son ami, de partager le péril de sa
patrie. Crois-en donc le plus grand des devins, Apollon Pythien, qui
chassa de son temple le lâche qui n'avait pas porté secours à son ami
qu'on assassinait.
trad. Bizos et Flacelière; versions grecques, librairie Vuibert
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Socrate fait
l'éloge de l'agriculture
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[5,1]
ταῦτα δέ, ὦ Κριτόϐουλε, ἐγὼ διηγοῦμαι, ἔφη
ὁ Σωκράτης, ὅτι τῆς
γεωργίας οὐδ' οἱ πάνυ μακάριοι δύνανται ἀπέχεσθαι. ἔοικε γὰρ ἡ
ἐπιμέλεια αὐτῆς εἶναι ἅμα τε ἡδυπάθειά
τις καὶ οἴκου αὔξησις
καὶ
σωμάτων ἄσκησις
εἰς τὸ δύνασθαι ὅσα ἀνδρὶ ἐλευθέρῳ προσήκει. (2)
πρῶτον
μὲν γὰρ ἀφ' ὧν ζῶσιν οἱ ἄνθρωποι, ταῦτα ἡ γῆ φέρει ἐργαζομένοις,
καὶ
ἀφ' ὧν τοίνυν ἡδυπαθοῦσι, προσεπιφέρει · (3)
ἔπειτα δὲ ὅσοις κοσμοῦσι
βωμοὺς καὶ ἀγάλματα καὶ οἷς αὐτοὶ κοσμοῦνται, καὶ ταῦτα μετὰ ἡδίστων
ὀσμῶν καὶ θεαμάτων παρέχει: ἔπειτα δὲ ὄψα πολλὰ τὰ μὲν φύει, τὰ δὲ
τρέφει: καὶ γὰρ ἡ προϐατευτικὴ τέχνη συνῆπται τῇ γεωργίᾳ, ὥστε ἔχειν
καὶ θεοὺς ἐξαρέσκεσθαι θύοντας καὶ αὐτοὺς χρῆσθαι.
(4) παρέχουσα δ'
ἀφθονώτατα τἀγαθὰ οὐκ ἐᾷ ταῦτα μετὰ μαλακίας λαμϐάνειν, ἀλλὰ ψύχη τε
χειμῶνος καὶ θάλπη θέρους ἐθίζει καρτερεῖν. καὶ τοὺς μὲν αὐτουργοὺς διὰ
τῶν χειρῶν γυμνάζουσα ἰσχὺν αὐτοῖς προστίθησι, τοὺς δὲ τῇ ἐπιμελείᾳ
γεωργοῦντας ἀνδρίζει πρῴ τε ἐγείρουσα καὶ πορεύεσθαι σφοδρῶς
ἀναγκάζουσα. καὶ γὰρ ἐν τῷ χώρῳ καὶ ἐν τῷ ἄστει ἀεὶ ἐν ὥρᾳ αἱ
ἐπικαιριώταται πράξεις εἰσίν. (5)
ἔπειτα ἄν τε σὺν ἵππῳ ἀρήγειν τις τῇ
πόλει βούληται, τὸν ἵππον ἱκανωτάτη ἡ γεωργία συντρέφειν, ἄν τε πεζῇ,
σφοδρὸν τὸ σῶμα παρέχει · θήραις τε ἐπιφιλοπονεῖσθαι συνεπαίρει τι ἡ γῆ
καὶ κυσὶν εὐπέτειαν τροφῆς παρέχουσα καὶ θηρία συμπαρατρέφουσα.
(6)
ὠφελούμενοι δὲ καὶ οἱ ἵπποι καὶ αἱ κύνες ἀπὸ τῆς γεωργίας ἀντωφελοῦσι
τὸν χῶρον, ὁ μὲν ἵππος πρῴ τε κομίζων τὸν κηδόμενον εἰς τὴν ἐπιμέλειαν
καὶ ἐξουσίαν παρέχων ὀψὲ ἀπιέναι, αἱ δὲ κύνες τά τε θηρία ἀπερύκουσαι
ἀπὸ λύμης καρπῶν καὶ προϐάτων καὶ τῇ ἐρημίᾳ τὴν ἀσφάλειαν
συμπαρέχουσαι. (7) παρορμᾷ δέ τι
καὶ εἰς τὸ ἀρήγειν σὺν ὅπλοις τῇ χώρᾳ
καὶ ἡ γῆ τοὺς γεωργοὺς ἐν τῷ μέσῳ τοὺς καρποὺς τρέφουσα τῷ κρατοῦντι
λαμϐάνειν.
(8) καὶ δραμεῖν δὲ καὶ βαλεῖν καὶ πηδῆσαι τίς ἱκανωτέρους
τέχνη γεωργίας παρέχεται; τίς δὲ τοῖς ἐργαζομένοις πλείω τέχνη
ἀντιχαρίζεται; τίς δὲ ἥδιον τὸν ἐπιμελόμενον δέχεται προτείνουσα
προσιόντι λαβεῖν ὅ τι χρῄζει; (9)
τίς δὲ ξένους ἀφθονώτερον δέχεται;
χειμάσαι δὲ πυρὶ ἀφθόνῳ καὶ θερμοῖς λουτροῖς ποῦ πλείων εὐμάρεια ἢ ἐν
χώρῳ τῳ; ποῦ δὲ ἥδιον θερίσαι ὕδασί τε καὶ πνεύμασι καὶ σκιαῖς ἢ κατ'
ἀγρόν; (10) τίς δὲ ἄλλη θεοῖς
ἀπαρχὰς πρεπωδεστέρας παρέχει ἢ ἑορτὰς
πληρεστέρας ἀποδεικνύει; τίς δὲ οἰκέταις προσφιλεστέρα ἢ γυναικὶ ἡδίων
ἢ τέκνοις ποθεινοτέρα ἢ φίλοις εὐχαριστοτέρα; (11)
ἐμοὶ μὲν θαυμαστὸν
δοκεῖ εἶναι εἴ τις ἐλεύθερος ἄνθρωπος ἢ κτῆμά τι τούτου ἥδιον κέκτηται
ἢ ἐπιμέλειαν ἡδίω τινὰ ταύτης ηὕρηκεν ἢ ὠφελιμωτέραν εἰς τὸν βίον. (12)
ἔτι δὲ ἡ γῆ θεὸς οὖσα τοὺς δυναμένους καταμανθάνειν
καὶ δικαιοσύνην
διδάσκει · τοὺς γὰρ ἄριστα θεραπεύοντας αὐτὴν πλεῖστα ἀγαθὰ ἀντιποιεῖ.
Xénophon, Economique, 5, 1-12
Ce récit, Critobule, dit Socrate, te montre que les personnages
les plus opulents ne peuvent se passer de l'agriculture : tu le vois,
cette occupation une source d'agrément, un moyen d'accroître sa maison,
un moyen d'entraîner son corps à tout ce qu'il sied qu'un homme libre
soit capable de faire. (2)
D'abord, les aliments qui font vivre l'homme, c'est la terre qui les
produit lorsqu'on la travaille, et elle produit d'ailleurs de surcroît
tous les agréments de la vie. (3) En outre, tout ce qui sert à parer
les autels, les statues des dieux, les hommes eux-mêmes, c'est encore
elle qui le procure et rien n'est plus agréable à voir ni à sentir.
Enfin mille mets proviennent de ce qu'elle produit ou de ce qu'elle
nourrit : l'élevage des troupeaux est lié est lié à l'agriculture; nous
avons ainsi de quoi nous concilier les dieux par des sacrifices et de
quoi subvenir à nos propres besoins.
(4) Mais ces biens qu'elle nous procure
à foison, elle ne nous permet pas de les prendre sans peine;
elle nous habitue à endurer les froids de l'hiver et les chaleurs de
l'été. En exerçant ceux qui travaillent leur terre de leurs bras, elle
accroît leur force. Quant à ceux qui n'ont qu'à surveiller leur
domaine, elle leur donne une vigueur virile en les faisant se lever de
bonne heure et en les contraignant à de rudes marches. Aux
champs comme à la ville c'est toujours à un moment qu'on ne peut
remettre que s'accomplissent les opérations les plus importantes. (5) En
outre, si l'on veut servir la cité dans la cavalerie, rien de plus
capable que l'agricuture d'aider à nourrir le cheval à la maison;
si l'on veut servir dans l'infanterie, elle rend le corps vigoureux. La
terre contribue aussi à développer le goût de la chasse en donnant des
facilités pour nourrir les chiens, en nourrissant de surcroît le gibier.
(6) Puis, en échange des services qu'ils
reçoivent de l'agriculture, chiens et chevaux de leur côté rendent
service à la ferme, le cheval en amenant de bonne heure le maître
aux champs pour les surveiller et en lui permettant d'en
repartir tard, et les chiens en écartant les bêtes sauvages, en
les empêchant de ravager les récoltes et les troupeaux, enfin en
procurant la sécurité dans la solitude. (7) La
terre incite aussi les cultivateurs à défendre leur pays par les
armes : les récoltes qu'elle fait pousser sont offertes à
tous, à la merci du plus fort.
8) Quel art nous rend plus capables que
l'agriculture, de courir, de lancer le javelot, de sauter ? Quel
art paie mieux de retour ceux qui le pratiquent ? Lequel fait plus
plaisant accueil à qui s'y adonne ? Vous l'abordez, et vous tend et
vous offre tout ce que vous désirez. Lequel accueille des hôtes plus
généreusement ? (9) Et pour passer l'hiver avec un bon
feu et des bains chauds, où est-ce plus facile que dans quelque campagne
? Où donc, pour passer l'été, jouit-on davantage qu'aux champs
des ruisseaux, de la brise, des ombrages ? (10)
Quel autre art offre aux dieux des prémisses plus dignes
d'eux ou présente le spectacle de fêtes plus parfaites ? Lequel est
plus agréable pour les serviteurs, plus plaisant pour la femme,
plus désirables pour les enfants, plus généreux pour les amis ? (11)
Pour ma part, il m'apparaît surprenant qu'un homme libre
puisse posséder un bien plus plaisant, avoir trouvé une occupation plus
plaisante et plus avantageuse pour le faire vivre ? (12)
Ce n'est pas tout, la terre, étant une divinité, enseigne
aussi la justice à ceux qui sont capables de l'apprendre; c'est à ceux
qui lui témoignent le plus d'égards qu'elle accorde en échange le plus
de biens.
trad. Pierre Chantraine; éd. les belles
lettres
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Réquisitoire contre un sycophante
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Réquisitoire contre un
sycophante
<92> Λοιπὸν
τοίνυν ἐστίν, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τοῖς ἀπαλλαγῆναι
βουλομένοις τούτου, ἀδίκημα σαφὲς καὶ ἐναργὲς ἔχοντας ἐκ τῶν νόμων,
μάλιστα μὲν αὐτῷ θανάτου τιμῆσαι, εἰ δὲ μή, τοσοῦτον ἀναθεῖναι τίμημα
χρημάτων ὅσον μὴ δυνήσεται φέρειν· ἄλλη γὰρ οὐκ ἔστιν ἀπαλλαγὴ
τούτου,
σαφῶς ἐπίστασθε.
<93> Καὶ
γάρ, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τῶν μὲν ἄλλων
ἀνθρώπων ἄν τις ἴδοι τοὺς μὲν βελτίστους καὶ μετριωτάτους αὐτῇ τῇ φύσει
πάντα ποιοῦντας ἑκόντας ἃ δεῖ, τοὺς δὲ χείρους μὲν τούτων, ἔξω δὲ τοῦ
πονηροὺς ἄγαν κληθῆναι, τῷ φόϐῳ τῷ πρὸς ὑμᾶς καὶ τῷ τοῖς αἰσχροῖς καὶ
λόγοις καὶ ὀνείδεσιν ἀλγεῖν εὐλαβουμένους ἐξαμαρτάνειν· τοὺς δὲ
πονηροτάτους καὶ ἐξαγίστους ὀνομαζομένους τάς γε συμφορὰς σωφρονίζειν
λέγουσιν.
<94> Οὑτοσὶ
τοίνυν Ἀριστογείτων
τοσοῦτον ὑπερῆρκεν
ἅπαντας ἀνθρώπους πονηρίᾳ ὥστ' οὐδὲ παθὼν ἐνουθετήθη, ἀλλ' ἐπὶ τοῖς
αὐτοῖς ἀδικήμασι
καὶ πλεονεκτήμασιν
πάλιν εἴληπται. Καὶ τοσούτῳ
πλείονος ὀργῆς ἄξιός ἐστιν νῦν ἢ πρότερον, ὅσῳ τότε μὲν γράφειν μόνον
ᾤετο δεῖν παρὰ τοὺς νόμους, νυνὶ δὲ πάντα ποιεῖν, αἰτιᾶσθαι, λέγειν, διαϐάλλειν,
βλασφημεῖν,
θανάτου τιμᾶσθαι, εἰσαγγέλλειν, κακολογεῖν
τοὺς
ἐπιτίμους αὐτὸς ὀφείλων τῷ δημοσίῳ· τούτου γὰρ οὐδέν ἐστι δεινότερον.
<95> Τὸ μὲν
οὖν νουθετεῖν
τοῦτον μανία· ὃς γὰρ οἷς ὁ δῆμος ἅπας
τοὺς ἐνοχλοῦντας ἑαυτὸν νουθετεῖ θορύϐοις μηδεπώποθ'
ὑπεῖξε μηδὲ
διετράπη, ταχύ γ' ἂν φροντίσειέ τι τοῦ παρ' ἑνὸς λόγου. Ἀνίατον,
ἀνίατον, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τὸ πρᾶγμ' ἔστι τὸ τούτου. Δεῖ δὴ πάντας,
ὥσπερ οἱ ἰατροί, ὅταν καρκίνον ἢ φαγέδαιναν ἢ
τῶν ἀνιάτων τι κακῶν
ἴδωσιν, ἀπέκαυσαν
ἢ ὅλως ἀπέκοψαν,
οὕτω τοῦτο τὸ θηρίον ὑμᾶς ἐξορίσαι,
ῥῖψαι ἐκ τῆς πόλεως, ἀνελεῖν, μὴ περιμείναντάς
τι παθεῖν, ὃ μήτ' ἰδίᾳ
μήτε δημοσίᾳ γένοιτο, ἀλλὰ προευλαϐηθέντας.
Démosthène, contre Aristogiton, 1, 92-95
<92> Il reste, Athéniens, à ceux qui veulent se
débarrasser de cet homme, puisqu'ils sont en présence d'un délit
précis, manifeste et spécifié par les lois, à le frapper de la peine de
mort -- ce serait la meilleure solution -- sinon à lui infliger une
amende telle qu'il ne pourra la payer, il n'y a pas d'autre moyen de se
défaire de lui, sachez-le bien.
<93> Voyez en effet
les autres hommes : les meilleurs, les plus sages font, rien que par
nature et de bon gré, tout leur devoir; pour d'autres qui valent moins
qu'eux assurément, mais qu'on ne va pas jusqu'à traiter
tout à fait de misérables, c'est parce qu'ils ont peur de vous et
qu'ils souffrent des propos et des blâmes infamants, qu'ils se gardent
de commettre des fautes. Quant aux plus mauvais, à ceux qu'on appelle
de francs scélérats, on dit que les malheurs du moins les rendent
sages.
<94> Eh bien ! cet
homme dépasse tellement tous les autres en méchanceté, que ses
disgrâces mêmes ne lui ont pas servi de leçon : le voilà repris à
commettre, les mêmes fautes, les mêmes abus. Et il mérite bien plus
notre colère aujourd'hui qu'autrefois : il trouvait alors suffisant de
proposer des décrets illégaux; maintenant il se croit tout permis :
accuser, parler à la tribune, calomnier, diffamer, demander des
condamnations à mort, citer devant le peuple, injurier les
citoyens qui jouissent de leurs droits alors qu'il est lui-même
débiteur envers le trésor, ce qui dépasse les bornes.
<95> Aussi, vouloir
corriger serait folie : quand les huées par lesquelles quand le peuple
tout entier rappelle à l'ordre ceux qui l'importunent n'ont pu le faire
ni céder ni détourner dee son chemin, vous pensez comme il va
s'empresser d'écouter les paroles d'un citoyen isolé ! Incurable, son
cas est incurable. Vous devez donc tous faire comme les médecins,
lorsqu'ils voient un ulcère, un chancre ou quelque autre mal qu'ils ne
peuvent guérir, le brûlent ou l'extirpent complètement : bannissez
cette bête mauvaise, rejetez-la de la cité, n'attendez pas qu'elle vous
ait fait du mal -- et, de ce mal, puissent les dieux préserver les
particuliers et l'Etat ! prenez les devants.
trad. Bizos et Flacelière; versions grecques, librairie
Vuibert
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Contre un riche et puissant adversaire
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Contre un riche et
puissant adversaire
[136] Τοῖς μὲν
τοίνυν ἄλλοις
ἅπασιν ἀνθρώποις ὁρῶ τοῖς κρινομένοις, ὦ ἄνδρες δικασταί, ἓν μὲν ἢ δύ'
ὄντα τἀδικήμαθ' ἃ κατηγορεῖται, λόγους δ' ἀφθόνους
τοιούτους ὑπάρχοντας
τίς ὑμῶν ἐμοί τι σύνοιδε τοιοῦτον; Τίς ὑμῶν ἐμὲ ταῦθ' ἑόρακε ποιοῦντα;
Οὐκ ἔστιν, ἀλλ' οὗτοι δι' ἔχθραν καταψεύδονταί μου, καταψευδομαρτυροῦμαι,
τὰ τοιαῦτα· τούτῳ δ' αὖ
τἀναντία τούτων.
[137]
Πάντας γὰρ ὑμᾶς εἰδέναι νομίζω τὸν τρόπον καὶ τὴν ἀσέλγειαν καὶ τὴν
ὑπερηφανίαν τοῦ βίου, καὶ πάλαι θαυμάζειν ἐνίους οἴομαι ὧν αὐτοὶ μὲν
ἴσασιν, οὐκ ἀκηκόασι δὲ νῦν ἐμοῦ. Πολλοὺς δὲ τῶν πεπονθότων οὐδὲ πάνθ'
ὅσ' ἠδίκηνται μαρτυρεῖν ἐθέλοντας ὁρῶ, τὴν βίαν καὶ τὴν φιλοπραγμοσύνην
ὁρῶντας τὴν τούτου καὶ τὴν ἀφορμήν, ἥπερ ἰσχυρὸν ποιεῖ καὶ φοϐερὸν τὸν κατάπτυστον
τουτονί.
[138] Τὸ γὰρ
ἐπ' ἐξουσίας
καὶ πλούτου πονηρὸν
εἶναι καὶ ὑϐριστὴν
τεῖχός ἐστι πρὸς τὸ
μηδὲν ἂν αὐτὸν ἐξ ἐπιδρομῆς παθεῖν, ἐπεὶ περιαιρεθεὶς
οὗτος τὰ ὄντα
ἴσως μὲν οὐκ ἂν ὑϐρίζοι, εἰ δ' ἄρα, ἐλάττονος ἄξιος ἔσται τοῦ μικροτάτου
παρ' ὑμῖν· μάτην γὰρ λοιδορήσεται καὶ βοήσεται,
δίκην δ', ἂν ἀσελγαίνῃ τι, τοῖς ἄλλοις ἡμῖν ἐξ ἴσου δώσει.
[139]
Νῦν δ', οἶμαι, τούτου προϐέϐληται ... τινές εἰσι μισθοφόροι περὶ
αὐτόν, καὶ πρὸς ἔθ'
ἕτεροι τούτοις, μαρτύρων συνεστῶσα
ἑταιρεία, φανερῶς μὲν οὐκ
ἐνοχλούντων ὑμῖν, σιγῇ δὲ τὰ ψευδῆ ῥᾷστ' ἐπινευόντων. Οὓς μὰ τοὺς θεοὺς
οὐδὲν ὠφελεῖσθαι νομίζω παρὰ τούτου· ἀλλὰ δεινοί τινές εἰσιν φθείρεσθαι
πρὸς τοὺς πλουσίους καὶ παρεῖναι καὶ μαρτυρεῖν.
[140]
Πάντα δὲ ταῦτ', οἶμαι, φοϐέρ' ἐστὶ τῶν ἄλλων ὑμῶν ἑκάστῳ καθ' ἑαυτὸν
ὅπως δύναται ζῶντι. Οὗπερ εἵνεκα συλλέγεσθ'
ὑμεῖς, ἵν', ὧν καθ' ἕν'
ἐστὶν ἕκαστος ὑμῶν ἐλάττων ἢ φίλοις ἢ τοῖς οὖσιν ἢ τῶν ἄλλων τινί,
τούτων συλλεγέντες ἑκάστου κρείττους τε γίγνησθε καὶ παύητε τὴν ὕϐριν.
Démosthène, contre
Midias, 136-140
[136] Je vois tous les accusés,
juges, pour un ou deux délits qu'on leur reproche, faire force
protestations de ce genre : "Qui de vous me sait coupable de cette
faute ? Qui de vous me l'a vu commettre ? Personne; c'est la haine qui
pousse mes adversaires à ma calomnier; je suis victime de faux
témoignages. Et ainsi de suite. Mais pour mon adversaire, c'est
l'inverse.
137] Je crois en effet que vous
connaissez tous son caractère, l'insolence et l'orgueil de sa conduite,
et je pense que quelques-uns d'entre vous s'étonnent depuis un moment
de n'avoir pas entendu relater par moi aujourd'hui des faits
qu'ils connaissent par eux-mêmes. Mais je vois aussi que beaucoup de
ses victimes ne consentent pas à donner leur témoignage même pour
toutes les injustices qu'il leur a fait subir, considérant la violance,
l'esprit d'intrigue de mon adversaire, les ressources dont il dispose,
qui rendent fort et redoutable cet individu.
138] Car la méchanceté et la morgue
brutale à la faveur de la puissance et de la richesse sont un rempart
qui le met à l'abri d'une attaque. Que l'on dépouille cet homme de ses
biens peut-être aura-t-il moins de morgue; s'il en montre, vous ne
ferez pas plus de cas de lui que du plus humble citoyen; c'est en vain
qu'il proférera ses injures et ses cris : il recevra sa punition, s'il
commet quelque insolence au même titre que les autres.
[139] Mais cette fois, il
s'abrite, je crois, derrière des hommes à ses gages, sans parler des
autres, de ces témoins organisés en confrérie, qui, sans doute, ne
troublent pas ouvertement vos débats, mais opinent complaisamment à ses
mensonges par des signes de tête silencieux. Je ne prétends pas,
parbleu, qu'ils en tirent aucun bénéfice; mais il est des gens enragés
à s'empresser auprès des riches, à se tenir à leurs côtés, à leur
servir de témoins.
[140] Tout cela est de
nature, je pense, à effrayer chacun de nous autres, pris en particulier
et réduit à ses seules forces. C'est pourquoi, justement, vous vous
assemblez : de la sorte chacun de ces individus, bien que supérieur à
chacun de vous, pris à part, grâce à ses amis, à sa fortune ou à
quelque autre avantage, se trouve être inférieur à vous, du fait de
votre réunion, et vous pouvez mettre un terme à son insolence.
trad. Bizos et
Flacelière; versions grecques, librairie Vuibert
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τοῖς κρινομένοις : à ceux
qui passent un jugement
εἰ δ' ἄρα, ἐλάττονος
ἄξιος ἔσται τοῦ μικροτάτου
παρ' ὑμῖν : s'il montre (de la morgue), vous ne ferez pas
plus de cas de lui que du plus humble citoyen
ἂν ἀσελγαίνῃ
τι : s'il commet quelque insolence.
πάντα δὲ ταῦτ', οἶμαι, φοϐέρ' ἐστὶ τῶν
ἄλλων ὑμῶν ἑκάστῳ καθ' ἑαυτὸν
ὅπως δύναται ζῶντι : tout cela, je crois, est effrayant
pour un citoyen isolé, qui subsiste, comme il peut, par lui-même.
Rentrée d'Alcibiade à Athènes
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Rentrée d'Alcibiade à
Athènes
[32] (1) Ὁ δ´
Ἀλκιϐιάδης ἰδεῖν τε ποθῶν ἤδη τὰ οἴκοι καὶ ἔτι μᾶλλον
ὀφθῆναι βουλόμενος τοῖς πολίταις, νενικηκὼς τοὺς πολεμίους τοσαυτάκις,
ἀνήχθη, πολλαῖς μὲν ἀσπίσι καὶ λαφύροις κύκλῳ κεκοσμημένων τῶν Ἀττικῶν
τριήρων, πολλὰς δ´ ἐφελκόμενος αἰχμαλώτους, ἔτι δὲ πλείω κομίζων
ἀκροστόλια τῶν διεφθαρμένων ὑπ´ αὐτοῦ καὶ κεκρατημένων. ἦσαν γὰρ οὐκ
ἐλάττους συναμφότεραι διακοσίων.
(2) ἃ δὲ Δοῦρις ὁ
Σάμιος, Ἀλκιϐιάδου
φάσκων ἀπόγονος εἶναι, προστίθησι τούτοις, αὐλεῖν μὲν εἰρεσίαν τοῖς
ἐλαύνουσι Χρυσόγονον τὸν πυθιονίκην, κελεύειν δὲ Καλλιππίδην τὸν τῶν
τραγῳδιῶν ὑποκριτήν, στατοὺς καὶ ξυστίδας καὶ τὸν ἄλλον ἐναγώνιον
ἀμπεχομένους κόσμον, ἱστίῳ δ´ ἁλουργῷ τὴν ναυαρχίδα προσφέρεσθαι τοῖς
λιμέσιν, ὥσπερ ἐκ μέθης ἐπικωμάζοντος, οὔτε Θεόπομπος οὔτ´ Ἔφορος οὔτε
Ξενοφῶν γέγραφεν, οὔτ´ εἰκὸς ἦν οὕτως ἐντρυφῆσαι τοῖς Ἀθηναίοις μετὰ
φυγὴν καὶ συμφορὰς τοσαύτας κατερχόμενον, ἀλλ´ ἐκεῖνος καὶ δεδιὼς
κατήγετο, καὶ καταχθεὶς οὐ πρότερον ἀπέϐη τῆς τριήρους, ἢ στὰς ἐπὶ τοῦ
καταστρώματος ἰδεῖν Εὐρυπτόλεμόν τε τὸν ἀνεψιὸν παρόντα καὶ τῶν ἄλλων
φίλων καὶ οἰκείων συχνοὺς ἐκδεχομένους καὶ παρακαλοῦντας.
(3) ἐπεὶ δ´
ἀπέϐη, τοὺς μὲν ἄλλους στρατηγοὺς οὐδ´ ὁρᾶν ἐδόκουν ἀπαντῶντες οἱ
ἄνθρωποι, πρὸς δ´ ἐκεῖνον συντρέχοντες ἐϐόων, ἠσπάζοντο, παρέπεμπον,
ἐστεφάνουν προσιόντες, οἱ δὲ μὴ δυνάμενοι προσελθεῖν ἄπωθεν ἐθεῶντο,
καὶ τοῖς νέοις ἐδείκνυσαν οἱ πρεσϐύτεροι.
(4) πολὺ δὲ καὶ
τὸ δακρῦον τῷ
χαίροντι τῆς πόλεως ἀνεκέκρατο καὶ μνήμη πρὸς τὴν παροῦσαν εὐτυχίαν τῶν
πρόσθεν ἀτυχημάτων λογιζομένοις, ὡς οὔτ´ ἂν Σικελίας διήμαρτον, οὔτ´
ἄλλο τι τῶν προσδοκηθέντων ἐξέφυγεν αὐτοὺς ἐάσαντας Ἀλκιϐιάδην ἐπὶ τῶν
τότε πραγμάτων καὶ τῆς δυνάμεως ἐκείνης, εἰ νῦν τὴν πόλιν παραλαϐὼν
ὀλίγου δέουσαν ἐκπεπτωκέναι τῆς θαλάσσης, κατὰ γῆν δὲ μόλις τῶν
προαστείων κρατοῦσαν, αὐτὴν δὲ πρὸς ἑαυτὴν στασιάζουσαν, ἐκ λυπρῶν ἔτι
λειψάνων καὶ ταπεινῶν ἀναστήσας οὐ μόνον τῆς θαλάσσης τὸ κράτος
ἀποδέδωκεν, ἀλλὰ καὶ πεζῇ νικῶσαν ἀποδείκνυσι πανταχοῦ τοὺς πολεμίους.
Plutarque,
vie d'Alcibiade, 32
[32] (1)
Désormais passionnément désireux de revoir sa patrie et, plus
encore, lui qui avait tant de fois vaincu l'ennemi, de se faire voir à
ses concitoyens, Alcibiade prit la mer. Les trières attiques étaient
sur leur pourtour ornées de quantité de boucliers et de dépouilles;
Alcibiade tirait après lui beaucoup de vaisseaux captifs et
transportait, en plus grand nombre encore, les figures de proue des
trières qu'il avait saisies et détruites. Les deux catégories mises
ensemble ne faisaient pas moins de deux cents.
(2) Douris de
Samos, qui
se prétend descendant d'Alcibiade, ajoute encore que c'était
Chrysogone, le fameux vainqueur des Jeux Pythiques, qui, sur la flûte,
donnait le rythme aux rameurs, tandis que Callipide, l'acteur tragique,
commandait la manoeuvre de la voix; ils étaient vêtus de tuniques
droites, de manteaux flottants et des autres parures des concours.
Douris affirme que le vaisseau amiral se présenta au port avec une
voile de pourpre comme si, sous le coup de l'ivresse, on faisait
cortège à Dionysos. Ni Théopompe, ni Éphore, ni Xénophon ne l'ont
consigné, et il serait invraisemblable qu'Alcibiade se soit ainsi moqué
des Athéniens, lui qui rentrait d'exil après tant de vicissitudes. Au
contraire, c'est même avec crainte qu'il aborda et, arrivé à terre, il
ne quitta pas ses vaisseaux avant d'avoir, debout sur le pont, vu
Euryptolème, son cousin, qui était là, et nombre de ses autres amis et
familiers qui l'accueillaient et l'engageaient à venir à eux.
(3) Quand
il eut débarqué, les gens qui allaient à sa rencontre n'avaient pas
même l'air de voir les autres stratèges; courant tous ensemble vers
lui, ils criaient, l'embrassaient, l'escortaient, se précipitaient pour
le couronner. S'il s'en trouvait qui ne pouvaient parvenir jusqu'à lui,
ils le saluaient de loin, et les vieux le montraient aux jeunes.
(4)
Mais beaucoup de larmes aussi se mêlaient à la joie de la cité, et le
souvenir des malheurs passés, face au bonheur présent, revenait aux
gens qui réfléchissaient qu'ils n'auraient pas échoué en Sicile, et que
rien de ce qu'ils avaient escompté ne leur eût échappé s'ils avaient à
l'époque laissé Alcibiade à la tête des affaires et de leur célèbre
puissance militaire: aussi bien, ayant maintenant récupéré la cité
presque chassée de la mer et, sur terre, à peine maîtresse de ses
faubourgs, en proie aux luttes intestines, il la relevait de ses
ruines, de ses tristes et humbles ruines. Non seulement il lui a rendu
l'empire de la mer, mais sur terre également il la fait apparaître
partout victorieuse de ses ennemis.
trad. Loicq-Berger, 2003
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Nécessité
pour Athènes d'entreprendre l'expédition de Sicile
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Nécessité
pour Athènes d'entreprendre l'expédition de Sicile
[6,18] τί ἂν
λέγοντες εἰκὸς ἢ αὐτοὶ ἀποκνοῖμεν ἢ πρὸς τοὺς ἐκεῖ
ξυμμάχους σκηπτόμενοι μὴ βοηθοῖμεν; οἷς χρεών, ἐπειδή γε καὶ
ξυνωμόσαμεν, ἐπαμύνειν, καὶ μὴ ἀντιτιθέναι ὅτι οὐδὲ ἐκεῖνοι ἡμῖν. οὐ
γὰρ ἵνα δεῦρο ἀντιϐοηθῶσι προσεθέμεθα αὐτούς, ἀλλ' ἵνα τοῖς ἐκεῖ
ἐχθροῖς ἡμῶν λυπηροὶ ὄντες (6.18.2)
δεῦρο κωλύωσιν αὐτοὺς ἐπιέναι. τήν
τε ἀρχὴν οὕτως ἐκτησάμεθα καὶ ἡμεῖς καὶ ὅσοι δὴ ἄλλοι ἦρξαν,
παραγιγνόμενοι προθύμως τοῖς αἰεὶ ἢ βαρϐάροις ἢ Ἕλλησιν ἐπικαλουμένοις,
ἐπεὶ εἴ γε ἡσυχάζοιεν πάντες ἢ φυλοκρινοῖεν οἷς χρεὼν βοηθεῖν, βραχὺ ἄν
τι προσκτώμενοι αὐτῇ περὶ αὐτῆς ἂν ταύτης μᾶλλον κινδυνεύοιμεν. τὸν γὰρ
προύχοντα οὐ μόνον ἐπιόντα τις ἀμύνεται, ἀλλὰ καὶ ὅπως μὴ ἔπεισι
προκαταλαμϐάνει. (6.18.3) καὶ οὐκ
ἔστιν ἡμῖν ταμιεύεσθαι ἐς ὅσον
βουλόμεθα ἄρχειν, ἀλλ' ἀνάγκη, ἐπειδήπερ ἐν τῷδε καθέσταμεν, τοῖς μὲν
ἐπιϐουλεύειν, τοὺς δὲ μὴ ἀνιέναι, διὰ τὸ ἀρχθῆναι ἂν ὑφ' ἑτέρων αὐτοῖς
κίνδυνον εἶναι, εἰ μὴ αὐτοὶ ἄλλων ἄρχοιμεν. καὶ οὐκ ἐκ τοῦ αὐτοῦ
ἐπισκεπτέον ὑμῖν τοῖς ἄλλοις τὸ ἥσυχον, εἰ μὴ καὶ τὰ ἐπιτηδεύματα ἐς τὸ
ὁμοῖον μεταλήψεσθε.
(6.18.4) ’Λογισάμενοι
οὖν τάδε μᾶλλον αὐξήσειν, ἐπ'
ἐκεῖνα ἢν ἴωμεν, ποιώμεθα τὸν πλοῦν, ἵνα Πελοποννησίων τε
στορέσωμεν τὸ
φρόνημα, εἰ δόξομεν ὑπεριδόντες τὴν ἐν τῷ παρόντι ἡσυχίαν καὶ ἐπὶ
Σικελίαν πλεῦσαι· καὶ ἅμα ἢ τῆς Ἑλλάδος τῶν ἐκεῖ προσγενομένων πάσης τῷ
εἰκότι ἄρξομεν, ἢ κακώσομέν (6.18.4.6)
γε Συρακοσίους, ἐν ᾧ καὶ αὐτοὶ
καὶ οἱ ξύμμαχοι (6.18.5)
ὠφελησόμεθα. τὸ δὲ ἀσφαλές, καὶ μένειν, ἤν τι
προχωρῇ, καὶ ἀπελθεῖν, αἱ νῆες παρέξουσιν· ναυκράτορες γὰρ ἐσόμεθα
(6.18.6) καὶ ξυμπάντων Σικελιωτῶν.
καὶ μὴ ὑμᾶς ἡ Νικίου τῶν λόγων ἀπραγμοσύνη
καὶ διάστασις τοῖς νέοις ἐς τοὺς πρεσϐυτέρους ἀποτρέψῃ,
τῷ
δὲ εἰωθότι κόσμῳ, ὥσπερ καὶ οἱ πατέρες ἡμῶν ἅμα νέοι γεραιτέροις
βουλεύοντες ἐς τάδε ἦραν αὐτά, καὶ νῦν τῷ αὐτῷ τρόπῳ πειρᾶσθε
προαγαγεῖν τὴν πόλιν, καὶ νομίσατε νεότητα μὲν καὶ γῆρας ἄνευ ἀλλήλων
μηδὲν δύνασθαι, ὁμοῦ δὲ τό τε φαῦλον καὶ τὸ μέσον καὶ τὸ πάνυ ἀκριϐὲς
ἂν ξυγκραθὲν μάλιστ' ἂν ἰσχύειν, καὶ τὴν πόλιν, ἐὰν μὲν ἡσυχάζῃ,
τρίψεσθαί τε αὐτὴν περὶ αὑτὴν ὥσπερ καὶ ἄλλο τι, καὶ πάντων τὴν
ἐπιστήμην ἐγγηράσεσθαι, ἀγωνιζομένην δὲ αἰεὶ προσλήψεσθαί τε τὴν
ἐμπειρίαν καὶ τὸ ἀμύνεσθαι οὐ λόγῳ ἀλλ' ἔργῳ μᾶλλον ξύνηθες
ἕξειν.
(6.18.7) παράπαν τε
γιγνώσκω πόλιν μὴ ἀπράγμονα τάχιστ' ἄν μοι δοκεῖν
ἀπραγμοσύνης μεταϐολῇ διαφθαρῆναι, καὶ τῶν ἀνθρώπων ἀσφαλέστατα τούτους
οἰκεῖν οἳ ἂν τοῖς παροῦσιν ἤθεσι καὶ νόμοις, ἢν καὶ χείρω ᾖ, ἥκιστα
διαφόρως πολιτεύωσιν.
Thucydide, 6, 18
[6,18] « Quel
prétexte pourrions-nous donner à notre inaction ou
invoquer devant nos alliés de Sicile pour justifier notre refus de les
secourir ? C'est une nécessité pour nous de nous porter à leur secours,
puisque nous nous sommes engagés par serment à le faire. Nous n'avons
pas à leur objecter qu'ils ne nous rendent pas la pareille. Ce n'est
pas pour les voir venir ici à notre secours que nous les avons reçus
dans notre alliance ; mais bien pour qu'ils fussent une menace pour nos
ennemis de là-bas et les empêchassent de venir nous attaquer ici. En
outre, nous-mêmes comme tout le monde, nous n'avons acquis l'empire
qu'en nous portant avec empressement à l'aide de tous ceux qui,
Barbares ou Grecs, sollicitaient notre assistance. Si l'on se tenait
tranquille et si l'on perdait son temps à épiloguer sur ceux qu'on doit
secourir, on se condamnerait rapidement, après avoir augmenté quelque
peu son empire, à le voir mettre en péril. Car il ne suffit pas de
repousser l'attaque d'un ennemi supérieur en nombre, il faut encore la
prévenir. D'ailleurs il ne nous est pas possible de régler
minutieusement les limites de notre empire. Dans l'état où nous sommes,
c'est une nécessité pour nous de montrer notre hostilité aux États
puissants, de ne pas laisser libres nos sujets, car nous risquerions de
tomber sous la domination des autres, si nous ne leur imposions pas la
nôtre. Enfin nous ne pouvons pas envisager la tranquillité du même
point de vue que les autres peuples, si nous n'adoptons pas leur ligne
de conduite.
(6.18.4) Disons-nous bien que le meilleur moyen
d'augmenter notre
puissance, c'est d'aller combattre là-bas; faisons cette expédition
pour abattre l'orgueil des Péloponnésiens, résultat que nous
obtiendrons, si nous avons l'air, en voguant vers la Sicile, de
dédaigner la tranquillité dont nous jouissons actuellement. De deux
choses l'une ou bien nous augmenterons là-bas notre puissance et nous
nous placerons tout naturellement à la tête de la Grèce entière ; ou, à
tout le moins, nous ferons du tort aux Syracusains et nous-mêmes comme
nos alliés nous ne manquerons pas d'en tirer avantage. Notre flotte
nous garantira la possibilité, soit de rester en Sicile si tout va
bien, soit de nous retirer. Car sur mer nous aurons la supériorité même
sur tous les Siciliens réunis.
« Les paroles de Nicias vous engagent à
l'inaction et veulent opposer les jeunes aux vieux. Qu'elles ne vous
détournent pas de votre projet ! Suivez la tradition établie par nos
pères qui, par les conseils communs de la jeunesse et de la vieillesse,
ont donné à la cité son brillant développement. Imitez-les pour tâcher
d'accroître encore sa puissance. Dites-vous bien que, les uns sans les
autres, les jeunes gens et les vieillards ne peuvent aboutir à rien;
tandis que, par leur collaboration, cette jeunesse qu'on méprise, l'âge
moyen et l'âge de la prévoyance attentive arrivent aux meilleurs
résultats; si la république demeure inactive, elle s'usera d'elle-même
comme toute chose; tous les talents s'y flétriront. Au contraire, dans
la lutte, elle développera sans cesse son expérience; elle prendra
l'habitude de se défendre par des actes et non plus par des paroles.
D'une manière générale, je soutiens qu'un État accoutumé à l'activité
risque de périr très rapidement en se laissant aller à l'inaction et
que pour un peuple le meilleur moyen de se maintenir, c'est de changer
le moins possible ses mœurs et ses lois, si imparfaites qu'elles
soient. »
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Eloge funèbre
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Eloge funèbre
[2,3] Πρῶτον μὲν
οὖν τοὺς παλαιοὺς κινδύνους τῶν προγόνων δίειμι,
μνήμην παρὰ
τῆς φήμης λαϐών · ἄξιον γὰρ πᾶσιν ἀνθρώποις κἀκείνων μεμνῆσθαι,
ὑμνοῦντας μὲν ἐν ταῖς ᾠδαῖς, λέγοντας δ’ ἐν τοῖς τῶν ἀγαθῶν ἐγκωμίοις,
τιμῶντας δ’ ἐν τοῖς καιροῖς τοῖς τοιούτοις, παιδεύοντας δ’ ἐν τοῖς τῶν
τεθνεώτων ἔργοις τοὺς ζῶντας. [4]
Ἀμαζόνες γὰρ Ἄρεως μὲν τὸ παλαιὸν ἦσαν
θυγατέρες, οἰκοῦσαι
δὲ παρὰ τὸν Θερμώδοντα ποταμόν, μόναι μὲν
ὡπλισμέναι σιδήρῳ τῶν περὶ αὐτάς, πρῶται δὲ τῶν πάντων ἐφ’ ἵππους ἀναϐᾶσαι,
οἷς ἀνελπίστως δι’ ἀπειρίαν τῶν ἐναντίων
ᾕρουν μὲν τοὺς
φεύγοντας, ἀπέλειπον δὲ τοὺς διώκοντας: ἐνομίζοντο δὲ διὰ τὴν εὐψυχίαν
μᾶλλον ἄνδρες ἢ διὰ τὴν φύσιν γυναῖκες · πλέον γὰρ ἐδόκουν τῶν ἀνδρῶν
ταῖς ψυχαῖς διαφέρειν ἢ ταῖς ἰδέαις ἐλλείπειν.
[2,5] ἄρχουσαι δὲ
πολλῶν ἐθνῶν, καὶ ἔργῳ μὲν τοὺς περὶ αὐτὰς καταδεδουλωμέναι,
λόγῳ δὲ περὶ τῆσδε τῆς χώρας
ἀκούουσαι κλέος μέγα,
πολλῆς δόξης καὶ μεγάλης ἐλπίδος χάριν παραλαϐοῦσαι τὰ μαχιμώτατα τῶν
ἐθνῶν ἐστράτευσαν ἐπὶ τήνδε τὴν πόλιν. τυχοῦσαι δ’ ἀγαθῶν ἀνδρῶν ὁμοίας
ἐκτήσαντο τὰς ψυχὰς τῇ φύσει, καὶ ἐναντίαν τὴν δόξαν τῆς προτέρας
λαϐοῦσαι μᾶλλον ἐκ τῶν κινδύνων ἢ ἐκ τῶν σωμάτων ἔδοξαν εἶναι γυναῖκες.
[6] μόναις δ’
αὐταῖς οὐκ ἐξεγένετο
ἐκ τῶν ἡμαρτημένων μαθούσαις περὶ τῶν
λοιπῶν ἄμεινον βουλεύσασθαι, οὐδ’ οἴκαδε ἀπελθούσαις ἀπαγγεῖλαι τήν τε
σφετέραν αὐτῶν δυστυχίαν καὶ τὴν τῶν ἡμετέρων προγόνων ἀρετήν · αὐτοῦ
γὰρ ἀποθανοῦσαι,
καὶ δοῦσαι δίκην τῆς ἀνοίας, τῆσδε μὲν τῆς πόλεως διὰ
τὴν ἀρετὴν ἀθάνατον τὴν μνήμην ἐποίησαν, τὴν δὲ ἑαυτῶν πατρίδα διὰ τὴν
ἐνθάδε συμφορὰν ἀνώνυμον κατέστησαν. ἐκεῖναι μὲν οὖν τῆς ἀλλοτρίας
ἀδίκως ἐπιθυμήσασαι τὴν ἑαυτῶν δικαίως ἀπώλεσαν.
[2,7] Ἀδράστου δὲ καὶ
Πολυνείκους ἐπὶ Θήϐας στρατευσάντων καὶ ἡττηθέντων
μάχῃ, οὐκ ἐώντων
Καδμείων θάπτειν τοὺς νεκρούς, Ἀθηναῖοι ἡγησάμενοι ἐκείνους μέν, εἴ τι
ἠδίκουν, ἀποθανόντας δίκην ἔχειν τὴν μεγίστην, τοὺς δὲ κάτω τὰ αὑτῶν οὐ
κομίζεσθαι, ἱερῶν δὲ μιαινομένων τοὺς ἄνω θεοὺς ἀσεϐεῖσθαι, τὸ μὲν
πρῶτον πέμψαντες κήρυκας ἐδέοντο αὐτῶν δοῦναι τῶν νεκρῶν ἀναίρεσιν,
[8] νομίζοντες ἀνδρῶν μὲν ἀγαθῶν εἶναι ζῶντας τοὺς ἐχθροὺς τιμωρήσασθαι,
ἀπιστούντων δὲ σφίσιν αὐτοῖς ἐν τοῖς τῶν τεθνεώτων σώμασι τὴν εὐψυχίαν
ἐπιδείκνυσθαι · οὐ δυνάμενοι δὲ τούτων τυχεῖν ἐστράτευσαν ἐπ’ αὐτούς,
οὐδεμιᾶς διαφορᾶς πρότερον πρὸς Καδμείους ὑπαρχούσης, οὐδὲ τοῖς ζῶσιν
Ἀργείων χαριζόμενοι, [9] ἀλλὰ τοὺς
τεθνεῶτας ἐν τῷ πολέμῳ ἀξιοῦντες τῶν
νομιζομένων τυγχάνειν πρὸς τοὺς ἑτέρους ὑπὲρ ἀμφοτέρων ἐκινδύνευσαν,
ὑπὲρ μὲν τῶν, ἵνα μηκέτι εἰς τοὺς τεθνεῶτας ἐξαμαρτάνοντες
πλείω περὶ
τοὺς θεοὺς ἐξυϐρίσωσιν,
ὑπὲρ δὲ τῶν ἑτέρων, ἵνα μὴ πρότερον εἰς τὴν
αὑτῶν ἀπέλθωσι πατρίου τιμῆς ἀτυχήσαντες καὶ Ἑλληνικοῦ νόμου
στερηθέντες καὶ κοινῆς ἐλπίδος ἡμαρτηκότες.
Lysias, oraison funèbre, 2, 3-9
[2,3] Je vais d'abord exposer les
luttes soutenues par nos ancêtres dans les anciens temps et dont la
renommée a transmis le souvenir. Elles méritent qu'on les commémore
partout, soit dans les chants de la poésie, soit dans les discours à la
louange des bons citoyens, soit dans les hommages que nous leur rendons
en des occasions comme celles-ci, soit dans les leçons dont les
exploits des morts offrent aux vivants la matière. [4] Jadis vivaient les Amazones, filles
d'Arès, habitant près du fleuve Thermodon. Elles étaient
les seules, parmi les peuples d'alentour, à porter une armure de fer,
et elles furent les premières dans le monde entier qui montèrent
sur des chevaux : ainsi, elles pouvaient surprendre l'ennemi étonné,
l'atteindre dans sa fuite, aussi bien qu'échapper à sa poursuite.
Femmes par le sexe, leur courage les faisait plutôt considérer comme
des hommes. Elles se montraient en effet supérieures aux hommes par la
vigueur de leurs âmes, plus qu'elles ne leur cédaient par la faiblesse
de leurs corps.
[2,5] Souveraines de nombreux peuples,
elles avaient déjà asservi leurs voisins quand la glorieuse
renommée de notre pays leur inspire un grand espoir de s'illustrer :
suivies des nations les plus belliqueuses, elles marchent sur notre
ville. Mais elles trouvèrent devant elles des hommes de cœur, et leurs
âmes ne furent plus au-dessus de leur sexe : elles démentirent leur
première réputation, et ces périls mieux que la faiblesse de leurs
corps les révélèrent femmes. [6]
Par un malheur singulier, elles ne purent tirer une leçon de leurs
fautes pour mieux se conduire dans la suite : au lieu de retourner chez
elles avouer leur insuccès et proclamer la valeur de nos ancêtres,
c'est sur notre sol même qu'elles périrent, et que leur folie reçut son
châtiment. Elles fournirent à notre cité l'occasion de s'immortaliser
par sa valeur, tandis que, vainement chez nous, elles jetaient leur
propre patrie dans l'obscurité. Ainsi ces femmes pour avoir injustement
convoité la terre d'autrui, perdirent justement la leur.
2,7] Adraste et Polynice, qui
avaient marché contre Thèbes avaient été vaincus, et les Cadméens
refusèrent de laisser enterrer leurs cadavres. Les Athéniens, estimant
que, s'ils avaient commis une faute, ils en avaient, par leur mort,
reçu le châtiment le plus rigoureux, que les dieux des enfers étaient
frustrés de leurs droits, et qu'en souillant les sanctuaires, on
commettait une impiété envers les dieux du ciel, commencèrent par
envoyer des hérauts pour demander la permission d'enlever les morts
: [8]
le devoir des hommes de cœur,
pensaient-ils, est de châtier leurs ennemis vivants, mais c'est avoir
une médiocre confiance en sa
valeur que de l'exercer sur des cadavres. Ne pouvant obtenir gain de
cause, ils marchèrent contre les Cadméens, non pour vider son ancienne
querelle, ni pour complaire aux Argiens survivants, [9] mais parce qu'ils revendiquaient pour les soldats
morts à la guerre le droit à la séputure. En affrontant l'un des
adversaires, c'est pour tous les deux qu'ils combattaient; l'un
n'outragerait plus les dieux en offensant les morts,
l'autre ne rentrerait pas dans sa patrie privé d'un honneur
traditionnel, exclu d'un droit hellénique et frustré d'une commune
espérance.
trad. Gernet et Bizos; éd. les belles
lettres
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τοὺς περὶ
αὐτὰς : (ayant déjà asservi) ceux qui étaient autour
d'elles = leurs voisins
L'éducation
spartiate
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Τῶν
μὲν τοίνυν ἄλλων Ἑλλήνων οἱ φάσκοντες κάλλιστα τοὺς υἱεῖς παιδεύειν,
ἐπειδὰν τάχιστα αὐτοῖς οἱ παῖδες τὰ λεγόμενα ξυνιῶσιν,
εὐθὺς μὲν ἐπ᾽
αὐτοῖς παιδαγωγοὺς
θεράποντας
ἐφιστᾶσιν, εὐθὺς δὲ πέμπουσιν εἰς
διδασκάλων μαθησομένους
καὶ γράμματα καὶ μουσικὴν καὶ τὰ ἐν παλαίστρᾳ.
Πρὸς δὲ τούτοις τῶν παίδων πόδας μὲν ὑποδήμασιν ἁπαλύνουσι, σώματα δὲ
ἱματίων μεταϐολαῖς διαθρύπτουσι · σίτου γε μὴν αὐτοῖς γαστέρα μέτρον
νομίζουσιν. [2.2] ὁ δὲ Λυκοῦργος,
ἀντὶ μὲν τοῦ ἰδίᾳ ἕκαστον παιδαγωγοὺς δούλους ἐφιστάναι, ἄνδρα ἐπέστησε
κρατεῖν αὐτῶν ἐξ ὧνπερ αἱ μέγισται ἀρχαὶ καθίστανται, ὃς δὴ καὶ
παιδονόμος καλεῖται. Τοῦτον δὲ κύριον ἐποίησε καὶ ἁθροίζειν τοὺς παῖδας
καὶ ἐπισκοποῦντα, εἴ τις ῥαιδιουργοίη, ἰσχυρῶς κολάζειν. Ἔδωκε δ᾽ αὐτῷ
καὶ τῶν ἡϐώντων μαστιγοφόρους, ὅπως τιμωροῖεν ὅτε δέοι· ὥστε
πολλὴν μὲν
αἰδῶ, πολλὴν δὲ πειθὼ ἐκεῖ συμπαρεῖναι. [2.3]
Ἀντί γε μὴν τοῦ ἁπαλύνειν τοὺς πόδας ὑποδήμασιν ἔταξεν ἀνυποδησίαι
κρατύνειν[…]. [2.4]
Καὶ ἀντί γε τοῦ ἱματίοις διαθρύπτεσθαι ἐνόμιζεν ἑνὶ ἱματίῳ δι᾽ ἔτους
προσεθίζεσθαι, νομίζων οὕτως καὶ πρὸς ψύχη καὶ πρὸς θάλπη ἄμεινον ἂν
παρεσκευάσθαι. [2.5] Σῖτόν γε μὴν
ἔταξε τοσοῦτον ἔχοντα συμϐολεύειν τὸν εἴρενα, ὡς ὑπὸ πλησμονῆς μὲν
μήποτε βαρύνεσθαι, τοῦ δὲ ἐνδεεστέρως διάγειν μὴ ἀπείρως ἔχειν, νομίζων
τοὺς οὕτω παιδευομένους μᾶλλον μὲν ἂν δύνασθαι, εἰ δεήσειεν,
ἀσιτήσαντας ἐπιπονῆσαι, μᾶλλον δ᾽ ἄν, εἰ παραγγελθείη, ἀπὸ τοῦ αὐτοῦ
σίτου πλείω χρόνον ἐπιταθῆναι. […]
[2.6] Ὡς δὲ μὴ ὑπὸ
λιμοῦ ἄγαν αὖ πιέζοιντο,
ἀπραγμόνως μὲν αὐτοῖς οὐκ ἔδωκε λαμϐάνειν ὧν ἂν προσδέωνται, κλέπτειν
δ᾽ ἐφῆκεν ἔστιν ἃ τῷ λιμῷ ἐπικουροῦντας. [2.7]
Καὶ ὡς μὲν οὐκ ἀπορῶν ὃ τι δοίη ἐφῆκεν αὐτοῖς γε μηχανᾶσθαι τὴν τροφήν,
οὐδένα οἶμαι τοῦτο ἀγνοεῖν· δῆλον δ᾽ ὅτι τὸν μέλλοντα κλωπεύειν καὶ
νυκτὸς ἀγρυπνεῖν δεῖ καὶ μεθ᾽ ἡμέραν ἀπατᾶν καὶ ἐνεδρεύειν, καὶ
κατασκόπους δὲ ἑτοιμάζειν τὸν μέλλοντά τι λήψεσθαι. Ταῦτα οὖν δὴ πάντα
δηλονότι μηχανικωτέρους τῶν ἐπιτηδείων βουλόμενος τοὺς παῖδας ποιεῖν
καὶ πολεμικωτέρους οὕτως ἐπαίδευσεν. [2.8]
Εἴποι δ᾽ ἂν οὖν τις · τί δῆτα, εἴπερ τὸ κλέπτειν ἀγαθὸν ἐνόμιζε, πολλὰς
πληγὰς ἐπέϐαλε τῷ ἁλισκομένῳ ; ὅτι, φημὶ ἐγώ, καὶ τἆλλα, ὅσα ἄνθρωποι
διδάσκουσι, κολάζουσι τὸν μὴ καλῶς ὑπηρετοῦντα.
Κἀκεῖνοι οὖν τοὺς ἁλισκομένους
ὡς κακῶς κλέπτοντας
τιμωροῦνται.
Xénophon, La République des
Lacédémoniens, II, 1-8
Ceux parmi les Grecs, donc, qui prétendent éduquer le mieux leurs fils,
dès que leurs enfants comprennent ce qu’on leur dit, aussitôt ils
placent au-dessus d’eux des serviteurs comme pédagogues, aussitôt ils
les envoient chez des maîtres d’école pour apprendre les lettres, la
musique et les jeux de la palestre. En outre, ils amollissent les pieds
de leurs enfants avec des sandales, et ils rendent leurs corps
efféminés en changeant leurs vêtements ; ils considèrent par ailleurs
leur estomac comme la mesure de leur faim. Lycurgue, lui, au lieu que
chacun en privé, attribue [aux enfants] des esclaves comme pédagogues,
institua pour les commander un homme pris parmi les citoyens que l’on
revêt des plus hautes magistratures, qui est appelé le « pédonome ». Il
le rendit maître de rassembler les enfants et, les surveillant, si l’un
d’eux était négligent, de le châtier fortement. Il lui donna des
porteurs de fouet parmi les jeunes gens, afin qu’ils les punissent
quand il le fallait ; de sorte qu’il y ait là beaucoup de respect et
beaucoup d’obéissance. Au lieu d’amollir les pieds avec des sandales,
il prescrivit de les endurcir en allant pieds nus […] [2.4] et
au lieu de les efféminer avec des vêtements, il établit l’usage qu’ils
s’habituent à un seul vêtement tout au long de l’année, pensant
qu’ainsi ils seraient mieux préparés et au froid et à la chaleur. Il a
d’autre part prescrit que l’irène ne distribue qu’une quantité de
nourriture telle qu’ils ne soient jamais alourdis par la satiété, mais
qu’ils ne soient pas sans l’expérience de rester sur leur faim, pensant
que des gens ainsi éduqués seraient davantage capables, s’il en était
besoin, de continuer à peiner sans manger, et qu’ils pourraient
davantage, s’ils en recevaient l’ordre, de tenir plus longtemps sans
cette même nourriture […]
[2,6] Cependant, pour qu’ils ne soient pas trop
accablés par la faim, il ne leur permit pas de prendre sans peine ce
dont ils avaient besoin en plus, mais il leur permit de voler certaines
choses pour se défendre contre la faim. Et ce n’était pas parce qu’il
ne savait pas que leur donner qu’il leur permit de se débrouiller pour
se procurer de la nourriture, je pense que personne ne l’ignore. Il est
évident que celui qui va voler doit veiller la nuit, ruser pendant le
jour et se mettre en embuscade, et que celui qui est décidé à prendre
quelque chose dispose des guetteurs. Il leur enseigna tout cela,
évidemment, en voulant les rendre plus aptes à se procurer le
nécessaire, et meilleurs soldats. On pourrait me dire : s’il pensait
que voler était bien, pourquoi a-t-il roué de coups celui qui se
faisait prendre ? parce que, je l’affirme, dans toutes les disciplines
que les hommes enseignent, ils punissent celui qui obéit mal. Et eux
punissent ceux qui se font prendre parce qu’ils sont de mauvais voleurs.
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Retour
d'Alcibiade à Athènes
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(11)
Ἀλκιϐιάδης δὲ ἐκ τῆς Σάμου ἔχων τὰ χρήματα κατέπλευσεν
εἰς Πάρον ναυσὶν
εἴκοσιν, ἐκεῖθεν δ᾽ ἀνήχθη εὐθὺ Γυθείου ἐπὶ κατασκοπὴν τῶν τριήρων, ἃς
ἐπυνθάνετο Λακεδαιμονίους αὐτόθι παρασκευάζειν τριάκοντα, καὶ τοῦ
οἴκαδε κατάπλου ὅπως ἡ πόλις πρὸς αὐτὸν ἔχοι. (12)
Ἐπεὶ δὲ ἑώρα ἑαυτῷ
εὔνουν οὖσαν καὶ στρατηγὸν αὑτὸν ᾑρημένον καὶ ἰδίᾳ μεταπεμπομένους τοὺς
ἐπιτηδείους, κατέπλευσεν εἰς τὸν Πειραιᾶ ἡμέρᾳ ᾗ Πλυντήρια ἦγεν ἡ
πόλις, τοῦ ἕδους κατακεκαλυμμένου τῆς Ἀθηνᾶς, ὅ τινες οἰωνίζοντο
ἀνεπιτήδειον εἶναι καὶ αὐτῷ καὶ τῇ πόλει. Ἀθηναίων γὰρ οὐδεὶς ἐν ταύτῃ
τῇ ἡμέρᾳ οὐδενὸς σπουδαίου ἔργου τολμήσαι ἂν ἅψασθαι.
(13) Καταπλέοντος
δ᾽ αὐτοῦ ὅ τε ἐκ τοῦ Πειραιῶς καὶ ὁ ἐκ τοῦ ἄστεως ὄχλος ἡθροίσθη πρὸς
τὰς ναῦς, θαυμάζοντες καὶ ἰδεῖν βουλόμενοι τὸν Ἀλκιϐιάδην, λέγοντες
(ὅτι) οἱ μὲν ὡς κράτιστος
εἴη τῶν πολιτῶν καὶ μόνος ...
ἀπελογήθη
ὡς οὐ
δικαίως φύγοι, ἐπιϐουλευθεὶς δὲ ὑπὸ τῶν ἔλαττον ἐκείνου δυναμένων
μοχθηρότερά τε λεγόντων καὶ πρὸς τὸ αὑτῶν ἴδιον κέρδος πολιτευόντων,
ἐκείνου ἀεὶ τὸ κοινὸν αὔξοντος καὶ ἀπὸ τῶν αὑτοῦ καὶ ἀπὸ τοῦ τῆς πόλεως
δυνατοῦ· (14) Ἐθέλοντος δὲ τότε
κρίνεσθαι παραχρῆμα τῆς αἰτίας ἄρτι γεγενημένης
ὡς ἠσεϐηκότος εἰς τὰ μυστήρια, ὑπερϐαλλόμενοι οἱ
ἐχθροὶ τὰ
δοκοῦντα δίκαια εἶναι ἀπόντα αὐτὸν ἐστέρησαν τῆς πατρίδος·
(15) ἐν ᾧ
χρόνῳ ὑπὸ ἀμηχανίας δουλεύων ἠναγκάσθη μὲν θεραπεύειν τοὺς ἐχθίστους,
κινδυνεύων ἀεὶ παρ᾽ ἑκάστην ἡμέραν ἀπολέσθαι · τοὺς δὲ οἰκειοτάτους
πολίτας τε καὶ συγγενεῖς καὶ τὴν πόλιν ἅπασαν ὁρῶν ἐξαμαρτάνουσαν,
οὐκ
εἶχεν ὅπως ὠφελοίη φυγῇ ἀπειργόμενος· (16)
οὐκ ἔφασαν δὲ τῶν οἵωνπερ
αὐτὸς ὄντων εἶναι καινῶν δεῖσθαι πραγμάτων οὐδὲ μεταστάσεως· ὑπάρχειν
γὰρ ἐκ τοῦ δήμου αὐτῷ μὲν τῶν τε ἡλικιωτῶν πλέον ἔχειν τῶν τε
πρεσβυτέρων μὴ ἐλαττοῦσθαι, τοῖς δ᾽ αὐτοῦ ἐχθροῖς τοιούτοις δοκεῖν
εἶναι οἵοισπερ πρότερον, ὕστερον δὲ δυνασθεῖσιν ἀπολλύναι τοὺς
βελτίστους, αὐτοὺς δὲ μόνους λειφθέντας δι᾽ αὐτὸ τοῦτο ἀγαπᾶσθαι ὑπὸ
τῶν πολιτῶν ὅτι ἑτέροις βελτίοσιν οὐκ εἶχον χρῆσθαι·
(17) οἱ δέ, ὅτι
τῶν παροιχομένων αὐτοῖς κακῶν μόνος αἴτιος εἴη, τῶν τε φοϐερῶν ὄντων τῇ
πόλει γενέσθαι μόνος κινδυνεύσαι ἡγεμὼν καταστῆναι.
(18) Ἀλκιϐιάδης δὲ
πρὸς τὴν γῆν ὁρμισθεὶς ἀπέϐαινε μὲν οὐκ εὐθύς, φοϐούμενος τοὺς ἐχθρούς·
ἐπαναστὰς δὲ ἐπὶ τοῦ καταστρώματος ἐσκόπει τοὺς αὑτοῦ ἐπιτηδείους, εἰ
παρείησαν. (19) Κατιδὼν δὲ
Εὐρυπτόλεμον τὸν Πεισιάνακτος, αὑτοῦ δὲ
ἀνεψιόν, καὶ τοὺς ἄλλους οἰκείους καὶ τοὺς φίλους μετ᾽ αὐτῶν, τότε
ἀποϐὰς ἀναϐαίνει εἰς τὴν πόλιν μετὰ τῶν παρεσκευασμένων, εἴ τις ἅπτοιτο, μὴ
ἐπιτρέπειν.
(20) Ἐν δὲ τῇ
βουλῇ καὶ τῇ ἐκκλησίᾳ
ἀπολογησάμενος ὡς οὐκ ἠσεϐήκει, εἰπὼν δὲ ὡς ἠδίκηται, λεχθέντων δὲ καὶ
ἄλλων τοιούτων καὶ οὐδενὸς ἀντειπόντος διὰ τὸ μὴ ἀνασχέσθαι ἂν τὴν
ἐκκλησίαν, ἀναρρηθεὶς
ἁπάντων ἡγεμὼν αὐτοκράτωρ, ὡς οἷός τε ὢν σῶσαι
τὴν προτέραν τῆς πόλεως δύναμιν, πρότερον μὲν τὰ μυστήρια τῶν Ἀθηναίων
κατὰ θάλατταν ἀγόντων διὰ τὸν πόλεμον, κατὰ γῆν ἐποίησεν ἐξαγαγὼν τοὺς
στρατιώτας ἅπαντας· (21) μετὰ δὲ
ταῦτα κατελέξατο στρατιάν, ὁπλίτας μὲν
πεντακοσίους καὶ χιλίους, ἱππέας δὲ πεντήκοντα καὶ ἑκατόν, ναῦς δ᾽
ἑκατόν. Καὶ μετὰ τὸν κατάπλουν τρίτῳ μηνὶ ἀνήχθη ἐπ᾽ Ἄνδρον ἀφεστηκυῖαν
τῶν Ἀθηναίων, καὶ μετ᾽ αὐτοῦ Ἀριστοκράτης καὶ Ἀδείμαντος ὁ Λευκολοφίδου
συνεπέμφθησαν ᾑρημένοι κατὰ γῆν στρατηγοί.
(22)
Ἀλκιϐιάδης δὲ τὸ
στράτευμα ἀπεϐίϐασε τῆς Ἀνδρίας χώρας εἰς Γαύριον· ἐκϐοηθήσαντας
δὲ
τοὺς Ἀνδρίους ἐτρέψαντο καὶ κατέκλεισαν εἰς τὴν πόλιν καί τινας
ἀπέκτειναν οὐ πολλούς, καὶ τοὺς Λάκωνας οἳ αὐτόθι ἦσαν. (23) Ἀλκιϐιάδης
δὲ τροπαῖόν τε ἔστησε καὶ μείνας αὐτοῦ ὀλίγας ἡμέρας ἔπλευσεν εἰς
Σάμον, κἀκεῖθεν ὁρμώμενος ἐπολέμει.
Xénophon, Hell. 1, 4, 11-23
(11) Alcibiade, muni de l'argent
recueilli, quitta avec ses vingt vaisseaux Samos pour Paros; et de là
il fila droit sur Gyteion pour surveiller à la fois la construction de
trières que, d'après ses renseignements, les Lacédémoniens y
avaient mises en chantier, au nombre de trente, et les dispositions
d'Athènes au sujet de son retour. (12) En voyant qu'elles lui
étaient favorbles, qu'on l'avait déjà élu stratège, et que ses proches
venaient le chercher en leur nom privé, il fit voile vers le Pirée : il
y arriva le jour où l'on célébrait les Plyntéries, pendant que la
statue d'Athéna restait voilée : ce que certains considéraient comme
bien mal tombé pour lui comme pour la cité; aucun Athénien n'oserait en
effet se mettre ce jour-là à une besogne sérieuse.
(13) A son débarquement, on
vit se rassembler du côté des vaisseaux la foule venue du Pirée et
d'Athènes, pleine d'étonnement et désireuse de contempler Alcibiade;
les uns disaient qu'il était le plus capable des citoyens, et seul ... qui s'était justifié en
montrant que son exil n'était pas équitable, mais dû aux manoeuvres de
ceux qui, moins puissants que lui, compensaient leur faiblesse par la
méchanceté de leur propos, et cherchaient leur propre intérêt en se
mêlant des affaires publiques, tandis que lui-même ne cessait
d'employer ses propres ressources et celles de la cité au bénéfice de
l'Etat. ... (14)
il voulait alors passer sans délai en justice dès qu'il
avait été inculpé d'impiété à l'égard des Mystères, mais ses ennemis,
en faisant différer ce qui semble être une juste mesure, avaient
profité de son absence pour le priver de sa patrie.
(15) c'est alors que cette situation
sans issue, le réduisant à l'esclavage, l'avait obligé à
servir ses propres ennemis, en risquant continuellement et tous les
jours d'être tué; et pendant ce temps il voyait ses plus intimes ---
concitoyens et parents --- et la ville entièrement fourvoyée sans être
en mesure de lui donner une aide que son exil lui interdisait. (16)
D'ailleurs ce n'est pas, affirmaient-ils, le fait de gens
tels que lui de désirer les révolutions ou même des changements
politiques; le résultat du régime démocratique, c'est pour lui d'être
dans une situation meilleure que ses contemporains, égale à celle de
ses aînés, tandis que ses ennemis se rendent compte qu'il est toujours
ce qu'il était autrefois ... si, par la suite, ils ont pu faire périr
les meilleurs citoyens, une fois qu'ils sont restés seuls, leurs
concitoyens ne se sont contentés d'eux que parce qu'on n'avait
plus les autres, les meilleurs sous la main.
(17) Les autres disaient qu'il était la seule cause des
maux passés, et que, pour les périls, que la cité pouvait redouter pour
l'avenir, il risquait bien d'en prendre à lui seul la responsabilité. (18)
Alcibiade cependant, maintenant que son vaisseau avait
mouillé à la côte, n'était pas pressé de descendre, car il craignait
ses ennemis, mais debout sur le pont, il tâchait de voir si ses proches
étaient présents. (19) découvrant
Euryptolémos, fils de Peisianax, son parent, les autres membres de sa
famille et ses amis avec eux, alors il débarque et remonte vers
Athènes, escorté de ceux qui étaient tout prêts à ne laisser personne
toucher à Alcibiade.
(20) Au Conseil et à l'Assemblée, il
se défendit de l'accusation d'impiété, se dit victime d'une injustice,
et, après d'autres déclarations de ce genre, qui ne trouvèrent pas de
contradiction, parce que l'Assemblée ne l'aurait pas supporté, il fut
proclamé chef suprême avec pleins pouvoirs, comme étant le seul capable
de rétablir la puissance que la ville possédait auparavant : et tandis
qu'avant son retour les Athéniens faisaient la procession des Mystères
par mer, à cause de l'état de guerre, il la fit passer par terre,
protégée par une sortie générale des troupes. (21)
Puis il leva un corps de quinze cents hoplites, cnet
cinquante cavaliers, cent navires : et, quatre mois après son retour,
il fit voile pour Andros, qui avait abandonné la confédération
athénienne; il avait avec lui Aristocratès et Adeimantos, fils de
Leucolophidès, qui lui avaient été adjoints après avoir d'abord été
désignés comme stratèges pour les opérations sur terre.
(22) Alcibiade fit débarquer
ses troupes sur le territoire d'Andros, près de Gaureion; les Andriens
qui avaient fait une sortie, furent repoussés, réduits à s'enfermer
dans la ville; et un petit nombre furent tués, ainsi que les
Lacédémoniens qui se trouvaient là. (23) Alcibiade éleva un
trophée, et, après un court séjour, il partit pour Samos, et prit cette
île comme base d'opérations.
trad. Hatzfeld; éd.
les belles lettres
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Critias
fait arrêter et exécuter Théramène
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[2,3,50] Ὡς
δ᾽ εἰπὼν ταῦτα ἐπαύσατο, καὶ ἡ βουλὴ δήλη ἐγένετο εὐμενῶς ἐπιθορυϐήσασα,
γνοὺς ὁ Κριτίας ὅτι εἰ ἐπιτρέψοι τῇ
βουλῇ διαψηφίζεσθαι
περὶ αὐτοῦ, ἀναφεύξοιτο, καὶ τοῦτο οὐ βιωτὸν ἡγησάμενος, προσελθὼν καὶ
διαλεχθείς τι τοῖς τριάκοντα ἐξῆλθε, καὶ ἐπιστῆναι ἐκέλευσε τοὺς τὰ
ἐγχειρίδια ἔχοντας φανερῶς τῇ βουλῇ ἐπὶ τοῖς δρυφάκτοις. (51)
Πάλιν δὲ εἰσελθὼν
εἶπεν· « Ἐγώ, ὦ βουλή, νομίζω προστάτου ἔργον εἶναι
οἵου δεῖ, ὃς ἂν ὁρῶν τοὺς φίλους ἐξαπατωμένους
μὴ ἐπιτρέπῃ. Καὶ ἐγὼ οὖν
τοῦτο ποιήσω. καὶ γὰρ οἵδε οἱ ἐφεστηκότες οὔ φασιν ἡμῖν ἐπιτρέψειν, εἰ
ἀνήσομεν ἄνδρα τὸν φανερῶς τὴν ὀλιγαρχίαν λυμαινόμενον.
Ἔστι δὲ ἐν τοῖς
καινοῖς νόμοις τῶν μὲν ἐν τοῖς τρισχιλίοις ὄντων μηδένα ἀποθνῄσκειν
ἄνευ τῆς ὑμετέρας ψήφου, τῶν δ᾽ ἔξω τοῦ καταλόγου κυρίους εἶναι τοὺς
τριάκοντα θανατοῦν. Ἐγὼ οὖν, ἔφη, Θηραμένην τουτονὶ ἐξαλείφω ἐκ τοῦ
καταλόγου, συνδοκοῦν ἅπασιν ἡμῖν. Καὶ τοῦτον, ἔφη, ἡμεῖς θανατοῦμεν. »
[2,3,52] Ἀκούσας
ταῦτα ὁ
Θηραμένης ἀνεπήδησεν ἐπὶ τὴν ἑστίαν καὶ εἶπεν· « Ἐγὼ δ᾽, ἔφη, ὦ ἄνδρες,
ἱκετεύω τὰ πάντων ἐννομώτατα, μὴ ἐπὶ Κριτίᾳ εἶναι ἐξαλείφειν
μήτε ἐμὲ
μήτε ὑμῶν ὃν ἂν βούληται, ἀλλ᾽ ὅνπερ νόμον οὗτοι ἔγραψαν περὶ τῶν ἐν τῷ
καταλόγῳ, κατὰ τοῦτον καὶ ὑμῖν καὶ ἐμοὶ τὴν κρίσιν εἶναι. (53)
Καὶ τοῦτο μέν, ἔφη, μὰ τοὺς θεοὺς οὐκ ἀγνοῶ, ὅτι οὐδέν μοι ἀρκέσει ὅδε
ὁ βωμός,
ἀλλὰ βούλομαι καὶ τοῦτο ἐπιδεῖξαι, ὅτι οὗτοι οὐ μόνον εἰσὶ
περὶ ἀνθρώπους ἀδικώτατοι, ἀλλὰ καὶ περὶ θεοὺς ἀσεϐέστατοι. Ὑμῶν
μέντοι, ἔφη, ὦ ἄνδρες καλοὶ κἀγαθοί, θαυμάζω, εἰ μὴ βοηθήσετε
ὑμῖν
αὐτοῖς, καὶ ταῦτα γιγνώσκοντες ὅτι οὐδὲν τὸ ἐμὸν ὄνομα εὐεξαλειπτότερον
ἢ τὸ ὑμῶν ἑκάστου. »
[2,3,54] Ἐκ δὲ τούτου ἐκέλευσε μὲν ὁ τῶν τριάκοντα κῆρυξ
τοὺς ἕνδεκα ἐπὶ τὸν Θηραμένην· ἐκεῖνοι δὲ εἰσελθόντες σὺν τοῖς
ὑπηρέταις, ἡγουμένου αὐτῶν Σατύρου τοῦ θρασυτάτου τε καὶ ἀναιδεστάτου,
εἶπε μὲν ὁ Κριτίας· « Παραδίδομεν ὑμῖν, ἔφη, Θηραμένην τουτονὶ κατακεκριμένον
κατὰ τὸν νόμον· ὑμεῖς δὲ λαϐόντες
καὶ ἀπαγαγόντες οἱ
ἕνδεκα οὗ δεῖ τὰ ἐκ τούτων πράττετε. »
[2,3,55] Ὡς δὲ
ταῦτα εἶπεν,
εἷλκε μὲν ἀπὸ τοῦ βωμοῦ ὁ Σάτυρος, εἷλκον δὲ οἱ ὑπηρέται. ὁ δὲ
Θηραμένης ὥσπερ εἰκὸς καὶ θεοὺς ἐπεκαλεῖτο
καὶ ἀνθρώπους καθορᾶν τὰ
γιγνόμενα. Ἡ δὲ βουλὴ ἡσυχίαν εἶχεν, ὁρῶσα καὶ τοὺς ἐπὶ τοῖς δρυφάκτοις
ὁμοίους Σατύρῳ καὶ τὸ ἔμπροσθεν τοῦ βουλευτηρίου πλῆρες τῶν φρουρῶν,
καὶ οὐκ ἀγνοοῦντες ὅτι ἐγχειρίδια ἔχοντες παρῆσαν. (56)
Οἱ δ᾽ ἀπήγαγον τὸν ἄνδρα διὰ τῆς ἀγορᾶς μάλα μεγάλῃ τῇ φωνῇ δηλοῦντα
οἷα ἔπασχε. Λέγεται δ᾽ ἓν ῥῆμα καὶ τοῦτο αὐτοῦ. Ὡς εἶπεν ὁ Σάτυρος ὅτι
οἰμώξοιτο, εἰ μὴ σιωπήσειεν, ἐπήρετο· « Ἂν δὲ σιωπῶ, οὐκ ἄρ᾽, ἔφη,
οἰμώξομαι; » Καὶ ἐπεί γε ἀποθνῄσκειν ἀναγκαζόμενος τὸ κώνειον ἔπιε, τὸ
λειπόμενον ἔφασαν ἀποκοτταϐίσαντα εἰπεῖν αὐτόν· Κριτίᾳ τοῦτ᾽ ἔστω τῷ
καλῷ. Καὶ τοῦτο μὲν οὐκ ἀγνοῶ, ὅτι ταῦτα ἀποφθέγματα οὐκ ἀξιόλογα,
ἐκεῖνο δὲ κρίνω τοῦ ἀνδρὸς ἀγαστόν, τὸ τοῦ θανάτου παρεστηκότος
μήτε τὸ
φρόνιμον μήτε τὸ παιγνιῶδες ἀπολιπεῖν
ἐκ τῆς ψυχῆς.
[2,4,1] Θηραμένης
μὲν δὴ οὕτως ἀπέθανεν.
Xénophon, Hell. 2, 3, 50-56 et 2, 4, 1
[2,3,50] Comme il avait
terminé sur ces mots, et qu'on vit nettement
dans le Conseil des mouvements qui lui étaient favorables, Critias, qui
se rendait compte que, s'il laissait le Conseil voter par oui ou par
non sur le cas de Théramène, celui-ci se tirerait d'affaire, et qui
estimait alors que l'existence ne serait plus tolérable alors, alla
s'entretenir un moment avec les Trente, puis il sortit pour donner
l'ordre aux porteurs de poignards de se tenir bien en vue du Conseil
contre la balustrade. (51)
Puis il rentra et dit : "A mon avis, membres
du Conseil, c'est l'affaire d'un chef digne de ce nom, quand il voit
ses amis entraînés dans l'erreur, de ne pas les y laisser. C'est bien
ce que je vais faire. Au reste ces gens que vous voyez debout ici
déclarent qu'ils ne nous laisseront pas faire si nous voulons acquitter
un homme qui ruine ouvertement l'oligarchie. Il est stipulé dans les
lois nouvelles que personne parmi les Trois-Mille ne peut être mis à
mort sans un vote de vous, tandis que ceux qui ne sont pas sur cette
liste, les Trente ont plein pouvoir pour les faire exécuter. Eh bien,
moi -- ce qui furent ses paroles -- j'efface de la liste Théramène que
voici, avec votre assentiment à tous. Et cet homme, ajouta-t-il, nous
le faisons exécuter".
2,3,52]
En entendant ces mots, Théramène bondit
auprès de l'autel Hestia et dit : "Et moi, j'invoque ce qui représente
la légalité même, pour qu'il ne soit pas au pouvoir d'un Critias ni
moi ni aucun de vous, à son gré, mais que cette même loi qu'ils ont
rédigée au sujet des gens de la liste, que cette loi soit appliquée
s'il s'agit de juger vous ou moi. (53)
Il y a une chose que, par les Dieux, je
n'ignore pas : c'est que cet autel ne me sera d'aucun secours, mais je
tiens bien à vous montrer que ces gens-là sont de la dernière injustice
vis-à-vis des hommes et de la dernière impiété vis-à-vis des Dieux.
Pour vous cependant, gens de bien, je m'étonne à l'idée que vous ne
vous défendiez pas vous-mêmes, car, vous le savez bien, mon nom n'est
pas plus facile à effacer que celui de chacun de vous.
[2,3,54] Là-dessus le héraut
des Trente appela les Onze pour saisir Théramène. Ceux-ci entrés avec
leurs agents sous la conduite de Satyros, l'homme le plus hardi et le
plus impudent, Critias dit : "Nous remettons entre vos mains Théramène
que voici : il a été condamné conformément à la loi; vous autres, vous
allez le saisir et le mener où il faut, et vous agirez en conséquence.
2,3,55] A ces mots, voici Satyros, voici
les agents qui arrachent Théramène de l'autel. Cependant Théramène,
comme on pouvait s'y attendre, suppliait les dieux et aussi les hommes
de jeter les yeux sur ce qui se passait. Cependant le Conseil ne
bougeait pas : il voyait que les gens qui étaient près de la balustrade
étaient pareils à Satyros, que le devant de la salle était plein de
gardes, et l'on n'ignorait qu'ils étaient là avec leurs poignards. (56)
On entraîna à travers l'Agora l'homme qui prenait, et à
grands cris, les gens à témoin de tout ce qu'il subissait. On cite
encore de lui, entre autres, le propos que voici : comme Satyros
lui disait qu'il en aurait à s'en plaindre s'il ne se taisaait pas, il
demanda : "Et si je me tais, n'aurais-je donc pas à m'en plaindre. Et
quand il dut, contraint à mourir, boire la ciguë, on raconte qu'il
jeta, comme au jeu de cottabe, la dernière goutte, en disant : "A la
santé du beau Critias." Je n'ignore pas que ce sont là que des bons
mots qui ne méritent guère de mention : mais il faut quand même, je
crois, admirer que chez cet homme, malgré l'imminence de sa mort, ni le
bon sens, ni l'esprit, n'abandonnèrent son âme.
trad. Hatzfeld; éd. les belles
lettres
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ἔστι δὲ ἐν τοῖς
καινοῖς νόμοις τῶν μὲν ἐν τοῖς τρισχιλίοις ὄντων μηδένα ἀποθνῄσκειν
ἄνευ τῆς ὑμετέρας ψήφου : il est stipulé dans
les lois nouvelles que personne parmi les Trois-Mille ne peut être mis
à mort sans un vote de vous
ὁ δὲ
Θηραμένης ὥσπερ εἰκὸς καὶ θεοὺς ἐπεκαλεῖτο καὶ ἀνθρώπους καθορᾶν τὰ
γιγνόμενα : cependant Théramène, comme on pouvait s'y
attendre, suppliait les dieux
et aussi les hommes de jeter les yeux sur ce qui se passait
ἐκεῖνο δὲ κρίνω τοῦ
ἀνδρὸς ἀγαστόν, τὸ τοῦ θανάτου παρεστηκότος μήτε τὸ
φρόνιμον μήτε τὸ παιγνιῶδες ἀπολιπεῖν ἐκ τῆς ψυχῆς : mais
il faut quand même, je crois, admirer que chez cet homme, malgré
l'imminence de sa mort, ni le bon sens, ni l'esprit, n'abandonnèrent
son âme.
Pour un suspect
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[7]
πειράσομαι δ᾽ ὑμᾶς διδάξαι, οὓς ἡγοῦμαι τῶν
πολιτῶν προσήκειν
ὀλιγαρχίας ἐπιθυμεῖν καὶ οὓς δημοκρατίας. ἐκ τούτου γὰρ καὶ ὑμεῖς
γνώσεσθε, κἀγὼ περὶ ἐμαυτοῦ τὴν ἀπολογίαν ποιήσομαι, ἀποφαίνων
ὡς οὔτε
ἐξ ὧν ἐν δημοκρατίᾳ οὔτε ἐξ ὧν ἐν ὀλιγαρχία πεποίηκα, οὐδέν μοι προσῆκον
κακόνουν εἶναι τῷ πλήθει τῷ ὑμετέρῳ.
[8] πρῶτον μὲν
οὖν ἐνθυμηθῆναι
χρὴ ὅτι οὐδείς ἐστιν ἀνθρώπων φύσει οὔτε
ὀλιγαρχικὸς οὔτε δημοκρατικός, ἀλλ᾽ ἥτις ἄν ἑκάστῳ πολιτεία συμφέρῃ,
ταύτην προθυμεῖται καθεστάναι · ὥστε οὐκ ἐλάχιστον ἐν ὑμῖν ἐστι μέρος
ὡς πλείστους ἐπιθυμεῖν τῶν παρόντων νυνὶ πραγμάτων. καὶ ταῦτα ὅτι οὕτως
ἔχει, οὐ χαλεπῶς ἐκ τῶν πρότερον γεγενημένων μαθήσεσθε.
[9] σκέψασθε
γάρ, ὦ ἄνδρες δικασταί, τοὺς προστάντας
ἀμφοτέρων τῶν
πολιτειῶν, ὁσάκις
δὴ μετεϐάλοντο.
οὐ Φρύνιχος μὲν καὶ Πείσανδρος καὶ οἱ
μετ᾽ ἐκείνων δημαγωγοί, ἐπειδὴ πολλὰ εἰς ὑμᾶς ἐξήμαρτον, τὰς περὶ
τούτων δείσαντες τιμωρίας τὴν προτέραν ὀλιγαρχίαν κατέστησαν,
πολλοὶ δὲ
τῶν τετρακοσίων
μετὰ τῶν ἐκ Πειραιῶς συγκατῆλθον, ἔνιοι δὲ τῶν ἐκείνους
ἐκϐαλόντων αὐτοὶ αὖθις τῶν τριάκοντα ἐγένοντο; εἰσὶ δὲ οἵτινες τῶν Ἐλευσῖνάδε ἀπογραψαμένων,
ἐξελθόντες μεθ᾽ ὑμῶν, ἐπολιόρκουν τοὺς μεθ᾽
αὑτῶν.
[10] οὔκουν
χαλεπὸν γνῶναι, ὦ ἄνδρες δικασταὶ, ὅτι οὑ περὶ πολιτείας
εἰσὶν αἱ πρὸς ἀλλήλους διαφοραί, ἀλλὰ περὶ τῶν ἰδίᾳ των ἑκάστῳ. ὑμᾶς
οὖν χρὴ ἐκ τούτων δοκιμάζειν τοὺς πολίτας, σκοποῦντας μὲν πως ἦσαν
ἐν
τῇ δημοκρατίᾳ πεπολιτευμένοι, ζητοῦντας δὲ εἴ τις αὐτοῖς
ἐγίγνετο
ὠφέλεια τῶν πραγμάτων μεταπεσόντων · οὕτως γὰρ δικαι οτάτην τὴν κρίσιν
περὶ αὐτῶν ποιοῖσθε.
[11] ἐγὼ τοίνυν
ἡγοῦμαι, ὅσοι μὲν ἐν τῇ δημοκρατίᾳ ἄτιμοι ἦσαν εὐθύνας
δεδωκότες ἢ τῶν ὄντων ἀπεστερημένοι ἢ ἄλλῃ τινὶ συμφορᾷ τοιαύτῃ
κεχρημένοι, προσήκειν αὐτοῖς ἑτέρας ἐπιθυμεῖν πολιτείας,
ἐλπίζοντας τὴν
μεταϐολὴν ὠφέλειάν τινα αὑτοῖς ἔσεσθαι · ὅσοι δὲ τὸν δῆμον πολλὰ κἀγαθὰ
εἰργασμένοι εἰσί, κακὸν δὲ μηδὲν πώποτε, ὀφείλεται δὲ αὐτοῖς χάριν κομίσασθαι
παρ᾽ ὑμῶν μᾶλλον ἢ δοῦναι δίκην τῶν
πεπραγμένων, οὐκ ἄξιον
τὰς κατὰ τούτων ἀποδέχεσθαι διαϐολάς, οὐδ᾽ ἐὰν πάντες οἱ τὰ τῆς πόλεως
πράττοντες ὀλιγαρχικοὺς αὐτοὺς φάσκωσιν εἶναι.
[12] ἐμοὶ τοίνυν,
ὦ ἄνδρες δικασταί, οὔτ᾽ ἰδίᾳ οὔτε δημοσίᾳ συμφορὰ ἐν
ἐκείνῳ τῷ χρόνῳ οὐδεμία πώποτε ἐγένετο, ἀνθ᾽ ἧστινος ἂν προθυμούμενος
τῶν παρόντων κακῶν ἀπαλλαγῆναι ἑτέρων ἐπεθύμουν πραγμάτων.
τετριηράρχηκά τε γὰρ πεντάκις καὶ τετράκις νεναυμάχηκα, καὶ εἰσφορὰς
ἐν τῷ πολέμῳ πολλὰς εἰσενήνοχα, καὶ τἆλλα λελῃτούργηκα
οὐδενὸς χεῖρον
τῶν πολιτῶν.
[13] καίτοι διὰ
τοῦτο πλείω τῶν ὑπὸ τῆς πόλεως προσταττομένων
ἐδαπανώμην, ἵνα καὶ βελτίων ὑφ᾽ ὑμῶν νομιζοίμην,
καὶ εἴ πού μοί τις συμφορὰ γένοιτο, ἄμεινον
ἀγωνιζοίμην. ὧν ἐν τῇ ὀλιγαρχίᾳ ἁπάντων ἀπεστερούμην · οὐ γὰρ τοὺς τῷ
πλήθει ἀγαθοῦ τινος αἰτίους γεγενημένους χάριτος παρ᾽ αὑτῶν ἠξίουν
τυγχάνειν, ἀλλὰ τοὺς πλεῖστα κακὰ ὑμᾶς εἰργασμένους εἰς τὰς τιμὰς
καθίστασαν, ὡς ταύτην παρ᾽ ἡμῶν πίστιν εἰληφότες. ἃ χρὴ πάντας
ἐνθυμουμένους μὴ τοῖς τούτων λόγοις πιστεύειν, ἀλλὰ καὶ ἐκ τῶν ἔργων
σκοπεῖν ἃ ἑκάστῳ τυγχάνει πεπραγμένα.
[14] ἐγὼ γάρ, ὦ
ἄνδρες δικασταί, οὔτε ἐπὶ τῶν τετρακοσίων ἐγενόμην · ἢ τῶν κατηγόρων ὁ
βουλόμενος παρελθὼν
ἐλεγξάτω · οὐ τοίνυν οὐδ᾽ ἐπειδὴ οἱ τριάκοντα
κατέστησαν, οὐδείς με ἀποδείξει οὔτε βουλεύσαντα οὔτε ἀρχὴν οὐδεμίαν
ἄρξαντα. καίτοι εἰ μὲν ἐξόν μοι ἄρχειν μὴ ἐβουλόμην, ὑφ᾽ ὑμῶν νυνὶ
τιμᾶσθαι δίκαιός εἰμι · εἰ δὲ οἱ τότε δυνάμενοι μὴ ἠξίουν μοι μεταδιδόναι
τῶν πραγμάτων, πῶς ἂν φανερώτερον ἢ
οὕτως ψευδομένους
ἀποδείξαιμι τοὺς κατηγόρους;
Lysias, pour un suspect, 25, 7-14
[7]
J'essaierai de vous montrer quels sont à mon avis, parmi les citoyens,
ceux qui doivent naturellement souhaiter, les uns, un régime
oligarchique, les autres, une démocratie. Cette distinction nous
permettra, à vous, de prendre votre décision, à moi de présenter ma
défense. J'établierai, en effet, que rien dans ma conduite, ni sous la
démocratie, ni sous l'oligarchie, ne devait faire de moi un ennemi du
peuple.
[8] Cela étant, vous devez avant tout
vous bien mettre dans l'esprit que nul homme n'est, par caractère, ni
partisan de l'oligagarchie, ni partisan de la démocratie. Le régime que
chacun souhaite de voir établi, c'est celui qui sert le mieux ses
intérêts. C'est donc de vous qu'il dépend pour une large part que les
partisans de l'ordre de choses actuel soient le plus nombreux possible.
Et la preuve qu'il en est bien ainsi, vous la trouverez sans peine dans
les événements antérieurs.
[9] Considérez en effet, juges, de quelle
versatilité les chefs de nos deux oligarchies ont fait preuve. N'est-ce
pas Phrynichos, Pisandre et les démagogues de leur suite qui,
après vous avoir fait beaucoup de mal, ont établi, par crainte du
châtiment qu'ils s'étaient attiré, la première oligarchie ? N'a-t-on
pas vu un grand nombre de ceux qui ont fait partie des Quatre-Cents
rentrer à Athènes avec les démocrates du Pirée, et quelques-uns de ceux
qui avaient renversé les Quatre-Cents, se retrouver ensuite parmi les
Trente ? Certains même, après s'être fait inscrire pour résider à
Eleusis, ont marché avec vous contre cette ville, assiégeant ainsi ceux
dont ils avaient partagé les sentiments.
[10] Il n'est donc pas difficile de voir,
juges, que ce n'est point la question de la forme du gouvernement qui
nous divise, mais bien celle de nos intérêts particuliers. Voilà ce qui
doit vous guider, lorsque vous avez à juger, dans une dokimasie, des
citoyens : examinez leur conduite sous la dernière démocratie,
cherchez s'ils avaient quelque intérêt au renversement de la
constitution, et votre sentence sera alors tout à fait conforme à la
justice.
[11] Ainsi, à mon sens, tous
ceux qui, sous la démocratie, avaient, à la suite d'une reddition de
comptes, été privés de leurs droits de citoyens, tous ceux qui
s'étaient vu confisquer leurs biens ou qui avaient éprouvé
quelque autre disgrâce du même genre, tous ceux-là devaient
naturellement souhaiter l'avènement d'un nouveau régime, dans l'espoir
de retirer quelque avantage d'une révolution. Quant à ceux, au
contraire, qui souvent ont rendu service au peuple sans jamais lui
faire de mal, et dont la conduite mérite de votre part plutôt de la
reconnaissance qu'un châtiment, il ne convient pas d'accueillir
les calomnies qèu'on débite contre eux, non, pas même si tous nos
hommes politiques vous les représentent comme animés de sentiments
oligarchiques.
[12] Et maintenant, en ce
qui me concerne, juges, jamais à l'époque dont je vous parle, je
n'avais à aucun moment, ni dans des affaires privées ni dans des
affaires publiques, éprouvé la moindre disgrâce qui pût faire de moi,
par désir de me tirer d'une situation fâcheuse, le partisan d'un nouvel
ordre de choses. J'ai exercé cinq fois la triérarchie et pris part à
quatre batailles navales; pendant la guerre j'ai fourni de nombreuses
contributions, enfin je me suis montré, dans l'exercice de mes
liturgies, inférieur à aucun de mes concitoyens.
[13] Or si je dépensais ainsi
plus que la cité ne le demandait, c'était afin que vous eussiez de moi
une meilleure opinion, et que, si jamais quelque disgrâce
m'atteignait, je pusse me défendre dans de meilleures conditions.
Ces avantages, j'en ai été complètement privé sous l'oligarchie. Ce
n'était pas en effet à des hommes qui avaient rendu quelque service au
peuple que les oligarques croyaient devoir de la reconnaissance : ceux
qu'ils élevaient aux honneurs, c'étaient ceux qui vous avaient fait le
plus de mal, trouvant là, de la part des gens restés comme moi dans la
ville, un gage de fidélité donné à leur cause. Voilà ce dont vous devez
vous persuader, ne vous fiant pas aux discours des hommes ici présents,
mais cherchant, à la lumière des faits, ce qu'a été la conduite de
chacun.
[14] Quant à moi, en effet, juges, je
n'ai pas fait partie des Quatre-Cents -- ou bien que celui de mes
accsateurs s'avance à la tribune pour me confondre; -- encore
bien moins pourra-t-on vous prouvez qu'après l'établissement des
Trente, j'ai fait partie du Conseil ou exercé aucune magistrature. Eh
bien, si pouvant exercer des charges, je les ai refusées, j'ai droit
aujourd'hui à recevoir de vous un honneur, et si c'est que les gens
alors au pouvoir ne voulaient pas de moi comme collaborateur, puis-je
vous prouver plus clairement l'imposture de ceux qui m'accusent ?
trad. Louis Bodin, extraits des orateurs
attiques, librairie Hachette
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[12] τετριηράρχηκά τε γὰρ
πεντάκις, καὶ τετράκις νεναυµάχηκα καὶ εἰσφορὰς ἐν τῷ πολέµῳ πολλὰς
εἰσενήνοχα, καὶ τἆλλα λελῃτούργηκα οὐδενὸς χεῖρον τῶν πολιτῶν : j’ai
exercé la triérarchie cinq fois, participé à quatre combats navals,
versé de nombreuses contributions en temps de guerre et me suis
acquitté des autres liturgies aussi bien que n’importe quel citoyen.
οὐδενὸς χεῖρον τῶν πολιτῶν : pas moins bien qu’aucun des citoyens (=
aussi bien ou mieux que n’importe
quel citoyen).
[13] ἄμεινον, adv. : mieux,
dans de meilleures conditions.
Influence
civilisatrice d'Athènes
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[19]
Ἐχρῆν μὲν οὖν καὶ τοὺς ἄλλους ἐντεῦθεν ἄρχεσθαι καὶ μὴ πρότερον περὶ
τῶν ὁμολογουμένων συμϐουλεύειν, πρὶν περὶ τῶν ἀμφισϐητουμένων ἡμᾶς
ἐδίδαξαν· ἐμοὶ δ' οὖν ἀμφοτέρων ἕνεκα προσήκει περὶ ταῦτα ποιήσασθαι
τὴν πλείστην διατριϐὴν, μάλιστα μὲν ἵνα προὔργου τι γένηται καὶ
παυσάμενοι τῆς πρὸς ἡμᾶς αὐτοὺς φιλονικίας κοινῇ τοῖς βαρϐάροις
πολεμήσωμεν,
[20] εἰ δὲ τοῦτ'
ἐστὶν ἀδύνατον, ἵνα δηλώσω τοὺς ἐμποδὼν ὄντας τῇ τῶν
Ἑλλήνων εὐδαιμονίᾳ, καὶ πᾶσι γένηται φανερὸν ὅτι καὶ πρότερον ἡ πόλις
ἡμῶν δικαίως τῆς θαλάττης ἦρξεν καὶ νῦν οὐκ ἀδίκως ἀμφισϐητεῖ τῆς
ἡγεμονίας.
[21] Τοῦτο μὲν γὰρ
εἰ δεῖ τούτους ἐφ' ἑκάστῳ τιμᾶσθαι τῶν ἔργων τοὺς ἐμπειροτάτους
ὄντας καὶ μεγίστην δύναμιν ἔχοντας, ἀναμφισϐητήτως ἡμῖν
προσήκει τὴν ἡγεμονίαν ἀπολαϐεῖν, ἥνπερ πρότερον ἐτυγχάνομεν ἔχοντες·
οὐδεὶς γὰρ ἂν ἑτέραν πόλιν ἐπιδείξειεν τοσοῦτον ἐν τῷ πολέμῳ τῷ κατὰ
γῆν ὑπερέχουσαν, ὅσον τὴν ἡμετέραν ἐν τοῖς κινδύνοις τοῖς κατὰ θάλατταν
διαφέρουσαν.
[22] Τοῦτο δ' εἴ
τινες ταύτην μὲν μὴ νομίζουσιν δικαίαν εἶναι τὴν
κρίσιν, ἀλλὰ πολλὰς τὰς μεταϐολὰς γίγνεσθαι, τὰς γὰρ δυναστείας
οὐδέποτε τοῖς αὐτοῖς παραμένειν, ἀξιοῦσιν δὲ τὴν ἡγεμονίαν
ἔχειν ὥσπερ
ἄλλο τι γέρας ἢ τοὺς πρώτους τυχόντας ταύτης τῆς τιμῆς ἢ τοὺς πλείστων
ἀγαθῶν αἰτίους τοῖς Ἕλλησιν ὄντας, ἡγοῦμαι καὶ τούτους εἶναι μεθ' ἡμῶν·
[23] ὅσῳ γὰρ ἄν τις
πορρωτέρωθεν σκοπῇ περὶ τούτων ἀμφοτέρων, τοσούτῳ
πλέον ἀπολείψομεν
τοὺς ἀμφισϐητοῦντας.
Ὁμολογεῖται μὲν γὰρ τὴν πόλιν
ἡμῶν ἀρχαιοτάτην εἶναι καὶ μεγίστην καὶ παρὰ πᾶσιν ἀνθρώποις
ὀνομαστοτάτην· οὕτω δὲ καλῆς τῆς ὑποθέσεως οὔσης, ἐπὶ τοῖς ἐχομένοις
τούτων ἔτι μᾶλλον ἡμᾶς προσήκει τιμᾶσθαι.
[24] Ταύτην γὰρ
οἰκοῦμεν οὐχ ἑτέρους ἐκϐαλόντες οὐδ' ἐρήμην
καταλαϐόντες οὐδ' ἐκ πολλῶν ἐθνῶν μιγάδες συλλεγέντες,
ἀλλ' οὕτω καλῶς
καὶ γνησίως γεγόναμεν ὥστ' ἐξ ἧσπερ ἔφυμεν, ταύτην ἔχοντες ἅπαντα τὸν
χρόνον διατελοῦμεν,
αὐτόχθονες ὄντες καὶ τῶν ὀνομάτων τοῖς αὐτοῖς
οἷσπερ τοὺς οἰκειοτάτους τὴν πόλιν ἔχοντες προσειπεῖν.
[25] Μόνοις γὰρ
ἡμῖν τῶν Ἑλλήνων τὴν αὐτὴν τροφὸν καὶ πατρίδα καὶ μητέρα
καλέσαι προσήκει. Καίτοι χρὴ τοὺς εὐλόγως
μέγα φρονοῦντας καὶ
περὶ τῆς ἡγεμονίας δικαίως ἀμφισϐητοῦντας
καὶ τῶν πατρίων πολλάκις μεμνημένους
τοιαύτην τὴν ἀρχὴν τοῦ γένους ἔχοντας
φαίνεσθαι.
Isocrate, Panégyrique, 19-25
[19] c’est là ce
que les orateurs qui m’ont précédé devaient examiner d’abord, sans nous
donner des conseils sur les points convenus, avant que de lever les
obstacles sur les objets contestés. Le point essentiel qu’ils ont omis,
je dois m’attacher à l’éclaircir; et deux raisons m’y engagent. La
première et la principale est d’opérer quelque effet utile, et de
porter les Grecs à terminer leurs querelles pour attaquer en commun les
Barbares;
[20] et, si je ne puis
réussir, je ferai du moins connaître quels sont ceux qui s’opposent au
bonheur de la Grèce, et je prouverai aux Grecs qui m’écoutent, que
notre république a joui en tous temps, et à juste titre, de l’empire
maritime, et que c’est encore avec justice qu’elle réclame aujourd’hui
le commandement.
[21]
Et d’abord, si dans tous les cas on doit
honorer ceux qui réunissent de grandes forces et une grande expérience,
nous devons incontestablement recouvrer l’empire dont nous avons été en
possession. En effet, qui pourrait citer une république aussi
distinguée dans les combats sur terre, que la nôtre s’est signalée sur
mer ?
[22]
Mais, si, sous prétexte que les choses
humaines sont sujettes à mille révolutions, et que les mêmes peuples ne
jouissent pas toujours de la même puissance, quelqu’un trouvait ce
raisonnement peu solide, et voulait que la prééminence, ainsi que toute
autre prérogative, appartînt à ceux qui en ont joui les premiers, ou
qui ont rendu aux Grecs les plus signalés services, nous attaquer par
de telles raisons, ce serait combattre en notre faveur.
[23]
Car, plus nous reculons dans les siècles
pour examiner ce double titre de primauté, plus nous laissons derrière
nous ceux qui nous le contestent. C’est un fait généralement reconnu,
que notre ville est la plus ancienne de la Grèce, la plus grande et la
plus renommée dans tout l’univers. A ce premier avantage si glorieux,
nous en joignons d’autres qui lui sont supérieurs et qui nous donnent
droit à des distinctions.
[24]
La terre que nous habitons n’était pas une
terre déserte dont nous nous soyons emparés, ni occupée par d’autres
peuples que nous ayons chassés pour prendre leur place; nous ne sommes
pas un mélange de nations diverses: nous avons une origine et plus
noble et plus pure.
[25]
Nés du sol même sur lequel nous avons
toujours vécu, nous sommes les seuls parmi les Grecs qui donnions à
notre contrée les noms par lesquels on désigne les objets les plus
chers; qui puissions à la fois l’appeler du doux nom de patrie, de
mère, de nourrice. Telle est néanmoins l’origine que doivent produire
les peuples dont la fierté n’est pas un vain orgueil, qui disputent
avec droit la prééminence, et qui ne cessent de vanter leurs ancêtres.
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[19]
Ἐχρῆν μὲν οὖν καὶ τοὺς ἄλλους ἐντεῦθεν ἄρχεσθαι καὶ μὴ πρότερον περὶ
τῶν ὁμολογουμένων συμϐουλεύειν, πρὶν περὶ τῶν ἀμφισϐητουμένων ἡμᾶς
ἐδίδαξαν : les autres
(orateurs) auraient donc
mieux fait de commencer par là, au lieu de nous donner leur opinion sur
les points incontestés avant de nous éclairer sur les autres.
[20] εἰ δὲ τοῦτ' ἐστὶν ἀδύνατον, ἵνα
δηλώσω τοὺς ἐμποδὼν ὄντας τῇ τῶν
Ἑλλήνων εὐδαιμονίᾳ, καὶ πᾶσι γένηται φανερὸν ὅτι καὶ πρότερον ἡ πόλις
ἡμῶν δικαίως τῆς θαλάττης ἦρξεν καὶ νῦν οὐκ ἀδίκως ἀμφισϐητεῖ τῆς
ἡγεμονίας : et, si je ne puis réussir, je ferai du moins connaître
quels sont ceux qui s’opposent au bonheur de la Grèce, et je prouverai
aux Grecs qui m’écoutent, que notre république a joui en tous temps, et
à juste titre, de l’empire maritime, et que c’est encore avec justice
qu’elle réclame aujourd’hui le commandement.
[22] ἀξιοῦσιν δὲ τὴν ἡγεμονίαν ἔχειν
ὥσπερ
ἄλλο τι γέρας ἢ τοὺς πρώτους τυχόντας ταύτης τῆς τιμῆς ἢ τοὺς πλείστων
ἀγαθῶν αἰτίους τοῖς Ἕλλησιν ὄντας, ἡγοῦμαι καὶ τούτους εἶναι μεθ' ἡμῶν
: ils voulaient que la prééminence, ainsi que toute autre
prérogative,
appartînt à ceux qui en ont joui les premiers, ou qui ont rendu aux
Grecs les plus signalés services, nous attaquer par de telles raisons,
ce serait combattre en notre faveur.
[23] ὅσῳ γὰρ ἄν
τις πορρωτέρωθεν σκοπῇ περὶ τούτων ἀμφοτέρων, τοσούτῳ πλέον ἀπολείψομεν
τοὺς ἀμφισϐητοῦντας. Ὁμολογεῖται μὲν γὰρ τὴν πόλιν ἡμῶν ἀρχαιοτάτην
εἶναι καὶ μεγίστην καὶ παρὰ πᾶσιν ἀνθρώποις ὀνομαστοτάτην : car, plus
nous reculons dans les siècles pour examiner ce double titre de
primauté, plus nous laissons derrière nous ceux qui nous le contestent.
C’est un fait généralement reconnu, que notre ville est la plus
ancienne de la Grèce, la plus grande et la plus renommée dans tout
l’univers.
ὅσῳ ἄν τις πορρωτέρωθεν σκοπῇ περὶ τούτων ἀμφοτέρων : d'autant qu'on
partira de plus loin pour examiner ... plus...
La
démocratie athénienne
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La démocratie athénienne
Γεννηθέντες δὲ καὶ παιδευθέντες οὕτως οἱ τῶνδε
πρόγονοι ᾤκουν πολιτείαν κατασκευασάμενοι, ἧς ὀρθῶς ἔχει διὰ βραχέων [238c] ἐπιμνησθῆναι.
Πολιτεία γὰρ τροφὴ ἀνθρώπων ἐστίν, καλὴ μὲν ἀγαθῶν, ἡ δὲ ἐναντία κακῶν.
Ὡς οὖν ἐν καλῇ πολιτείᾳ ἐτράφησαν οἱ πρόσθεν ἡμῶν, ἀναγκαῖον δηλῶσαι,
δι' ἣν δὴ κἀκεῖνοι ἀγαθοὶ καὶ οἱ νῦν εἰσιν, ὧν οἵδε τυγχάνουσιν ὄντες
οἱ τετελευτηκότες. Ἡ γὰρ αὐτὴ πολιτεία καὶ τότε ἦν καὶ νῦν,
ἀριστοκρατία, ἐν ᾗ νῦν τε πολιτευόμεθα καὶ τὸν ἀεὶ χρόνον ἐξ ἐκείνου ὡς
τὰ πολλά. Καλεῖ δὲ ὁ μὲν αὐτὴν [238d] δημοκρατίαν,
ὁ δὲ ἄλλο, ᾧ ἂν
χαίρῃ, ἔστι δὲ τῇ ἀληθείᾳ μετ' εὐδοξίας πλήθους ἀριστοκρατία. Βασιλῆς
μὲν γὰρ ἀεὶ ἡμῖν εἰσιν· οὗτοι δὲ τοτὲ μὲν ἐκ γένους, τοτὲ δὲ αἱρετοί·
ἐγκρατὲς δὲ τῆς πόλεως τὰ πολλὰ τὸ πλῆθος, τὰς δὲ ἀρχὰς δίδωσι καὶ
κράτος τοῖς ἀεὶ δόξασιν ἀρίστοις εἶναι, καὶ οὔτε ἀσθενείᾳ οὔτε πενίᾳ
οὔτ' ἀγνωσίᾳ πατέρων ἀπελήλαται οὐδεὶς οὐδὲ τοῖς ἐναντίοις τετίμηται,
ὥσπερ ἐν ἄλλαις πόλεσιν, ἀλλὰ εἷς ὅρος, ὁ δόξας σοφὸς ἢ ἀγαθὸς εἶναι
κρατεῖ καὶ ἄρχει.
[238e]
Αἰτία δὲ ἡμῖν τῆς πολιτείας ταύτης ἡ ἐξ ἴσου γένεσις. Αἱ μὲν γὰρ
ἄλλαι πόλεις ἐκ παντοδαπῶν
κατεσκευασμέναι ἀνθρώπων εἰσὶ καὶ ἀνωμάλων,
ὥστε αὐτῶν ἀνώμαλοι
καὶ αἱ πολιτεῖαι, τυραννίδες τε καὶ ὀλιγαρχίαι
·
οἰκοῦσιν οὖν ἔνιοι μὲν δούλους, οἱ δὲ δεσπότας ἀλλήλους νομίζοντες
·
ἡμεῖς δὲ καὶ οἱ ἡμέτεροι, [239a]
μιᾶς μητρὸς πάντες ἀδελφοὶ φύντες, οὐκ
ἀξιοῦμεν δοῦλοι οὐδὲ δεσπόται ἀλλήλων εἶναι, ἀλλ' ἡ ἰσογονία ἡμᾶς ἡ
κατὰ φύσιν ἰσονομίαν
ἀναγκάζει ζητεῖν κατὰ νόμον, καὶ μηδενὶ ἄλλῳ
ὑπείκειν ἀλλήλοις ἢ ἀρετῆς δόξῃ καὶ φρονήσεως.
Ὅθεν δὴ ἐν πάσῃ ἐλευθερίᾳ τεθραμμένοι οἱ τῶνδέ γε πατέρες καὶ οἱ
ἡμέτεροι καὶ αὐτοὶ οὗτοι, καὶ καλῶς φύντες, πολλὰ
δὴ καὶ καλὰ ἔργα
ἀπεφήναντο εἰς πάντας ἀνθρώπους [239b]
καὶ ἰδίᾳ καὶ δημοσίᾳ, οἰόμενοι
δεῖν ὑπὲρ τῆς ἐλευθερίας καὶ Ἕλλησιν ὑπὲρ Ἑλλήνων μάχεσθαι καὶ
βαρϐάροις ὑπὲρ ἁπάντων τῶν Ἑλλήνων.
Εὐμόλπου μὲν οὖν καὶ Ἀμαζόνων ἐπιστρατευσάντων
ἐπὶ τὴν χώραν καὶ τῶν ἔτι προτέρων ὡς ἠμύναντο, καὶ ὡς ἤμυναν Ἀργείοις
πρὸς Καδμείους καὶ Ἡρακλείδαις πρὸς Ἀργείους, ὅ τε χρόνος βραχὺς ἀξίως
διηγήσασθαι, ποιηταί τε αὐτῶν ἤδη καλῶς τὴν ἀρετὴν ἐν μουσικῇ
ὑμνήσαντες εἰς πάντας μεμηνύκασιν · ἐὰν οὖν ἡμεῖς.
Platon, Ménexène 238c-239b
(238d) Avec
cette naissance et cette éducation, les ancêtres de ces morts vivaient
sous le régime politique qu'ils avaient organisé pour leur usage, et
qu'il convient de rappeler brièvement. C'est en effet le régime
politique qui forme les hommes : de braves gens, s'il est bon, des
méchants, s'il est le contraire. Que nos devanciers ont été nourris
sous un bon gouvernement, il importe de le montrer : c'est à lui qu'ils
ont dû leur vertu, comme les hommes d'aujourd'hui dont font partie les
morts ici présents. Car c'était alors le même régime que de nos jours,
le gouvernement de l'élite, qui nous régit aujjourd'hui, et qui
toujours, depuis cette époque lointaine, s'est maintenu la plupart du
temps. Celui-ci l'appelle démocratie, celui-là de tel autre nom qu'il
lui plaît; mais c'est en réalité le gouvernement de l'élite avec
l'approbation de la foule. Des rois, nous en avons toujours; tantôt ils
ont tenu ce titre de leur naissance, et tantôt de l'élection; mais le
pouvoir dans la cité appartient pour la plus grande part à la foule;
charges et autorité sont données par elle à ceux qui chaque fois ont
paru être les meilleurs. Ni l'infirmité, ni la pauvreté, ni l'obscurité
de la naissance ne sont pour personne une cause d'exclusion, non plus
que les avantages contraires un titre d'honneur, comme c'est le cas
dans d'autres villes. Il n'est qu'une règle : l'homme réputé capable ou
honnête a l'autorité et les charges;
(238e) et la cause de ce
régime politique est l'égalité de naissance. Les autres cités sont
constituées par des populations de toute provenance, et formées
d'éléments inégaux, d'où résulte chez elles l'inégalité des
gouvernements, tyrannies et oligarchies; le gens y vivent, un petit
nombre en regardant le reste comme des esclaves, la plupart en tenant
les autres pour des maîtres.
[239] Nous et les nôtres, tous frères nés d'une
même mère, nous ne nous croyons pas les esclaves ni les maîtres les uns
des autres, mais l'égalité d'origine, établie par la nature, nous
oblige à rechercher l'égalité politique établie par la loi, et à ne
céder le pas les uns aux autres qu'au nom d'un seul droit, la
réputation de vertu et de sagesse. Voilà pourquoi les pères de ces
morts, qui sont aussi les nôtres, et ces morts eux-mêmes, nourris dans
une entière liberté et doués d'une bonne naissance, ont fait briller
aux yeux de tous les hommes, en particulier comme en public, tant de
nobles actions, se croyant tenus de combattre, dans l'intérêt de la
liberté, contre les Grecs pour la défense des Grecs et contre les
Barbares pour la défense de la Grèce entière.
Eumolpe, les Amazones, d'autres encore avant eux, avaient envahi le
territoire : comment ils se défendirent et comment ils défendirent les
Argiens contre Thèbes et les Héraclides contre Argos, le temps me
manque pour le raconter dignement, et d'ailleurs les poètes ont déjà
chanté magnifiquement en vers et signalé leur valeur à tout le monde.
trad. Louis Méridier; éd. les belles lettres
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(238e)
Αἰτία δὲ ἡμῖν τῆς πολιτείας ταύτης ἡ ἐξ ἴσου γένεσις : Ce
gouvernement, nous le devons à l'égalité de notre origine.
ὅ τε χρόνος βραχὺς ἀξίως διηγήσασθαι, ποιηταί τε αὐτῶν ἤδη καλῶς τὴν
ἀρετὴν ἐν μουσικῇ ὑμνήσαντες εἰς πάντας μεμηνύκασιν : le temps me
manque pour le raconter dignement, et d'ailleurs les poètes ont déjà
chanté magnifiquement en vers et signalé leur valeur à tout le monde.
De
l'utilité du poète comique,en général, et d'Aristophane, en particulier
(paroles du coryphée directement adressées
au public athénien)
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(Χορός) ἁνὴρ νικᾷ τοῖσι λόγοισιν, καὶ τὸν δῆμον μεταπείθει
περὶ τῶν σπονδῶν. ἀλλ᾽ ἀποδύντες τοῖς ἀναπαίστοις ἐπίωμεν.
ἐξ οὗ γε χοροῖσιν
ἐφέστηκεν τρυγικοῖς ὁ διδάσκαλος ἡμῶν,
οὔπω παρέϐη πρὸς τὸ θέατρον λέξων ὡς δεξιός ἐστιν·
630 διαϐαλλόμενος
δ᾽ ὑπὸ τῶν ἐχθρῶν ἐν Ἀθηναίοις ταχυϐούλοις,
ὡς κωμῳδεῖ
τὴν πόλιν ἡμῶν καὶ τὸν δῆμον καθυϐρίζει,
ἀποκρίνασθαι δεῖται νυνὶ πρὸς Ἀθηναίους μεταϐούλους.
φησὶν δ᾽ εἶναι πολλῶν ἀγαθῶν ἄξιος ὑμῖν ὁ ποιητής,
παύσας ὑμᾶς ξενικοῖσι λόγοις μὴ λίαν ἐξαπατᾶσθαι,
635 μήθ᾽
ἥδεσθαι θωπευομένους, μήτ᾽ εἶναι χαυνοπολίτας.
πρότερον δ᾽ ὑμᾶς ἀπὸ τῶν πόλεων οἱ πρέσϐεις ἐξαπατῶντες
πρῶτον μὲν ἰοστεφάνους
ἐκάλουν · κἀπειδὴ
τοῦτό τις εἴποι,
εὐθὺς διὰ τοὺς στεφάνους ἐπ᾽ ἄκρων τῶν πυγιδίων ἐκάθησθε.
εἰ δέ τις ὑμᾶς ὑποθωπεύσας λιπαρὰς καλέσειεν Ἀθήνας,
640 ηὕρετο
πᾶν ἂν διὰ τὰς λιπαράς, ἀφύων τιμὴν περιάψας.
ταῦτα ποιήσας πολλῶν ἀγαθῶν αἴτιος ὑμῖν γεγένηται,
καὶ τοὺς δήμους ἐν ταῖς πόλεσιν δείξας ὡς δημοκρατοῦνται.
τοιγάρτοι νῦν ἐκ τῶν πόλεων τὸν φόρον ὑμῖν ἀπάγοντες
ἥξουσιν ἰδεῖν ἐπιθυμοῦντες
τὸν ποιητὴν τὸν ἄριστον,
645 ὅστις παρεκινδύνευσ᾽
εἰπεῖν ἐν Ἀθηναίοις τὰ δίκαια.
οὕτω δ᾽ αὐτοῦ περὶ τῆς τόλμης ἤδη πόρρω κλέος ἥκει,
ὅτε καὶ βασιλεὺς Λακεδαιμονίων τὴν πρεσϐείαν βασανίζων
ἠρώτησεν πρῶτα μὲν αὐτοὺς πότεροι ταῖς ναυσὶ
κρατοῦσιν,
εἶτα δὲ τοῦτον τὸν ποιητὴν ποτέρους εἴποι κακὰ πολλά·
[650] τούτους
γὰρ ἔφη τοὺς ἀνθρώπους πολὺ βελτίους γεγενῆσθαι
καὶ τῷ πολέμῳ πολὺ νικήσειν τοῦτον ξύμϐουλον
ἔχοντας.
Aristophane, les Acharniens
LE CHOEUR. Cet homme a la parole triomphante, et il va convaincre le
peuple au sujet de la trêve. Mais changeons notre habit contre des
anapestes.
Depuis que notre directeur préside à des chœurs tragiques, il ne s'est
point encore avancé sur le théâtre pour parler de son talent. Mais
diffamé par ses ennemis auprès des Athéniens au jugement hâtif, comme
ridiculisant la ville et outrageant le peuple, il faut qu'il se
disculpe maintenant auprès des Athéniens au jugement réfléchi. Notre
poète dit donc qu'il est digne de tous biens, en vous empêchant d'être
trop dupés par les discours des étrangers ou séduits par la flatterie,
vrais citoyens de la ville des sots. Jadis les envoyés des villes
commençaient, afin de vous tromper, par vous appeler les gens aux
couronnes de violettes. Et aussitôt que le mot de couronnes était
prononcé, vous n'étiez plus assis que du bout des fesses. Si un autre,
d'un ton flatteur, parlait de la « grasse Athènes », il obtenait tout
pour ce mot « grasse », dont il vous honorait comme des anchois. En
agissant de la sorte, le poète à été pour vous là cause de grands
biens, ainsi qu'en faisant voir au peuple des autres villes ce qu'est
une démocratie. Voilà
pourquoi, lorsque les envoyés de ces villes viendront vous apporter
leur tribut, ils désireront voir le poète éminent qui ne craint pas de
dire aux Athéniens ce qui est juste. Aussi le bruit de son audace
s'est-il déjà répandu si loin, que le Roi, questionnant un jour les
envoyés de Lacédémone, après leur avoir demandé quel était le peuple le
plus puissant par ses vaisseaux, les interrogea ensuite sur ce poète et
sur ceux dont il disait tant de mal ;
[650] et il
ajouta que ces hommes étaient devenus de beaucoup
meilleurs, et qu'à la guerre, ils seraient tout à fait victorieux, en
ayant un tel conseiller.
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637 κἀπειδὴ =
καὶ ἐπειδὴ
εἰ
δέ τις ὑμᾶς ὑποθωπεύσας λιπαρὰς καλέσειεν Ἀθήνας,
640 ηὕρετο
πᾶν ἂν διὰ τὰς λιπαράς : si
un autre,
d'un ton flatteur, parlait de la grasse
Athènes, il obtenait tout
pour ce mot grasse.
651 καὶ τῷ πολέμῳ πολὺ νικήσειν τοῦτον ξύμϐουλον
ἔχοντας : et (il dit) qu'à
la guerre, ils seraient tout à fait victorieux, en
ayant un tel conseiller.
πολὺ νικᾶν : remporter une victoire décisive, être tout à fait
victorieux.
La volonté de Dieu est que nous
descendions dans l'arène
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σὺ μόνον μέμνησο τῶν καθολικῶν · [29]
‘τί ἐμόν, τί οὐκ ἐμόν; τί μοι δίδοται; τί θέλει με ποιεῖν ὁ θεὸς νῦν,
τί οὐ θέλει;’ [30] πρὸ ὀλίγου
χρόνου ἤθελέν σε σχολάζειν, σαυτῷ λαλεῖν, γράφειν περὶ τούτων, ἀναγιγνώσκειν,
ἀκούειν, παρασκευάζεσθαι ·
ἔσχες εἰς τοῦτο ἱκανὸν χρόνον.
νῦν σοι λέγει ‘ἐλθὲ ἤδη ἐπὶ τὸν ἀγῶνα, δεῖξον ἡμῖν, τί ἔμαθες, πῶς
ἤθλησας. μέχρι τίνος γυμνασθήσῃ μόνος; ἤδη καιρὸς γνῶναί σε, πότερον
τῶν ἀξιονίκων εἶ τις ἀθλητῶν ἢ ἐκείνων, οἳ τὴν οἰκουμένην περιέρχονται
νικώμενοι.’ [31] τί οὖν ἀγανακτεῖς; οὐδεὶς ἀγὼν
δίχα θορύβου γίνεται. πολλοὺς δεῖ προγυμναστὰς εἶναι, πολλοὺς τοὺς ἐπικραυγάζοντας,
πολλοὺς ἐπιστάτας, πολλοὺς
θεατάς.
[32] — ἀλλ᾽ ἐγὼ ἤθελον
ἐφ᾽ ἡσυχίας
διάγειν. — οἴμωζε τοίνυν καὶ στένε, ὥσπερ ἄξιος εἶ. τίς γὰρ ἄλλη μείζων
ταύτης ζημία τῷ ἀπαιδεύτῳ καὶ ἀπειθοῦντι τοῖς θείοις διατάγμασιν ἢ τὸ
λυπεῖσθαι, τὸ πενθεῖν, τὸ φθονεῖν, ἁπλῶς τὸ ἀτυχεῖν καὶ δυστυχεῖν;
τούτων οὐ θέλεις ἀπαλλάξαι σεαυτόν;
[39] μία ὁδὸς
ἐπὶ εὔροιαν
τοῦτο καὶ ὄρθρου καὶ μεθ᾽ ἡμέραν καὶ νύκτωρ ἔστω
πρόχειρον, ἀπόστασις
τῶν ἀπροαιρέτων,
τὸ μηδὲν ἴδιον ἡγεῖσθαι, τὸ
παραδοῦναι πάντα τῷ δαιμονίῳ, τῇ τύχῃ, ἐκείνους ἐπιτρόπους αὐτῶν
ποιήσασθαι, [40] οὓς καὶ ὁ Ζεὺς
πεποίηκεν, αὐτὸν δὲ πρὸς ἑνὶ εἶναι μόνῳ, τῷ ἰδίῳ, τῷ ἀκωλύτῳ, καὶ
ἀναγιγνώσκειν ἐπὶ τοῦτο ἀναφέροντα τὴν ἀνάγνωσιν καὶ γράφειν καὶ
ἀκούειν. [41] διὰ τοῦτο οὐ δύναμαι
εἰπεῖν φιλόπονον, ἂν ἀκούσω τοῦτο μόνον, ὅτι ἀναγιγνώσκει ἢ γράφει, κἂν
προσθῇ τις, ὅτι ὅλας τὰς νύκτας, οὔπω λέγω, ἂν μὴ γνῶ τὴν ἀναφοράν.
οὐδὲ γὰρ σὺ λέγεις φιλόπονον τὸν διὰ παιδισκάριον ἀγρυπνοῦντα · οὐ
τοίνυν οὐδ᾽ ἐγώ.
[42] ἀλλ᾽ ἐὰν
μὲν ἕνεκα δόξης αὐτὸ ποιῇ, λέγω φιλόδοξον, ἂν δ᾽ ἕνεκα ἀργυρίου, φιλάργυρον,
οὐ φιλόπονον. [43] ἂν
δ᾽ ἐπὶ τὸ ἴδιον ἡγεμονικὸν ἀναφέρῃ τὸν πόνον, ἵν᾽ ἐκεῖνο κατὰ
φύσιν ἔχῃ
καὶ διεξάγῃ, τότε λέγω μόνον φιλόπονον. [44]
μηδέποτε γὰρ ἀπὸ τῶν κοινῶν μήτ᾽ ἐπαινεῖτε
μήτε ψέγετε,
ἀλλὰ ἀπὸ
δογμάτων. ταῦτα γάρ ἐστι τὰ ἴδια ἑκάστου, τὰ καὶ τὰς πράξεις αἰσχρὰς ἢ
καλὰς ποιοῦντα ·
[45] τούτων μεμνημένος
χαῖρε τοῖς παροῦσιν καὶ ἀγάπα ταῦτα, ὧν
καιρός ἐστιν. [46] εἴ τινα ὁρᾷς,
ὧν ἔμαθες
καὶ διεσκέψω,
ἀπαντῶντά σοι εἰς τὰ ἔργα, εὐφραίνου ἐπ᾽
αὐτοῖς. εἰ τὸ
κακόηθες καὶ λοίδορον ἀποτέθεισαι, μεμείωκας, εἰ τὸ προπετές, εἰ τὸ
αἰσχρολόγον, εἰ τὸ εἰκαῖον, εἰ τὸ ἐπισεσυρμένον, εἰ οὐ κινῇ ἐφ᾽ οἷς
πρότερον, εἰ οὐχ ὁμοίως γ᾽ ὡς πρότερον, ἑορτὴν ἄγειν δύνασαι καθ᾽
ἡμέραν, σήμερον, ὅτι καλῶς ἀνεστράφης ἐν τῷδε τῷ ἔργῳ, αὔριον, ὅτι ἐν
ἑτέρῳ. πόσῳ μείζων αἰτία θυσίας ἢ ὑπατ [47]
εία ἢ ἐπαρχία. ταῦτα ἐκ σοῦ αὐτοῦ γίνεταί σοι καὶ ἀπὸ τῶν θεῶν. ἐκεῖνο
μέμνησο, τίς ὁ διδούς ἐστι καὶ τίσιν καὶ διὰ τίνα.
[48] τούτοις
τοῖς διαλογισμοῖς
ἐντρεφόμενος ἔτι διαφέρῃ, ποῦ ὢν εὐδαιμονήσεις, ποῦ
ὢν ἀρέσεις τῷ θεῷ; οὐ πανταχόθεν τὸ ἴσον ἀπέχουσιν; οὐ πανταχόθεν
ὁμοίως ὁρῶσιν τὰ γινόμενα;
Epictète,
Entretiens, 29-32 et 39-48
Toi, rappelle-toi seulement les principes généraux : "Qu'est-ce qui est
à moi, qu'est-ce qui n'est pas à moi ? Qu'est-ce qui m'est permis ?
Qu'est-ce que Dieu veut que je fasse maintenant, qu'est-ce qu'il ne
veut pas ? Il y a peu de temps, il voulait pour toi du loisir, il
voulait te voir converser avec toi-même, écrire sur ces matières, lire,
écouter, te préparer. Tu as eu pour cela un temps suffisant. A présent,
il
te dit : "En route, enfin, pour la lutte, montre-nous en quoi tu as
appris, comment tu t'es entraîné. Jusqu'à quand t'exerceras-tu seul ?
Voici le moment de savoir si tu appartiens à la catégorie des athlètes
qui méritent de vaincre, ou de ceux qui font le tour du monde en se
faisant battre". Pourquoi te fâches-tu ? [31] Il n'y a pas de combat sans
tumulte. Nombreux doivent être les entraîneurs, nombreux sont les gens
qui poussent des clameurs, nombreux les ordonnateurs des jeux, nombreux
les spectateurs.
[32] —Mais moi, je désirais vivre
tranquille. --- Eh bien, lamente-toi et gémis : tu en es bien digne.
Car peut-il y avoir châtiment plus grand pour un homme sans éducation
philosophique et désobéissant aux lois divines, que de s'affliger, de
pleurer, d'être envieux, en un mot d'être infortuné et
misérable. Ne veus-tu pas te délivrer de ces maux ?
[39] Il n'y a qu'une seule voie
pour trouver le bonheur (que cette idée soit présente à ton esprit, dès
l'aurore, et durant la journée, et pendant la nuit) : c'est de renoncer
à ce qui ne dépend pas de nous, de ne rien regarder comme notre
propriété, de tout abandonner à la divinité, à la fortune, de
constituer administrateurs de ces choses ceux mêmes que Zeus a
constitués tels, de nous consacrer à une seule tâche, celle qui nous
est propre, celle qui est libre de toute entrave, et de lire en
rapportant nos lectures à cette fin, et d'écrire et d'écouter de même.
Aussi ne puis-je appeler laborieux un homme dont j'entends dire
seulement qu'il lit ou qu'il écrit, et même ajouterait-on qu'il passe
ses nuits entières au travail, je ne pourrais l'appeler ainsi, à moins
de connaître quel est son but. Car, toi non plus, tu n'appelles
laborieux l'homme qui veille pour l'amour d'une jouvencelle. Non,
évidemment, pas plus que moi.
[42] Mais s'il agit de la
sorte pour la gloire, je l'appelle ambitieux, si c'est pour l'argent,
je l'appelle cupide, non laborieux. Mais si c'est la partie maîtresse
de son âme qui est le but de ses efforts, s'il travaille à la conserver
et à la développer en plein accord avec la nature, alors seulement je
l'appelle un homme laborieux. Ne louez jamais personne, en effet, ni ne
la blamez pour les qualités communes à tous, mais pour ses jugements.
Car voilà ce qui est propre à chacun, ce qui rend les actions laides ou
belles. Te souvenant de ces principes, réjouis-toi de ce que tu as, et
contente-toi de ce qui se présente opportunément. Si tu t'aperçois que
certaines doctrines que tu as apprises et bien examinées s'offrent à
toi pour être mises en pratique, qu'elles te soient un motif de joie.
[45] Que ce soit la
malignité ou l'intempérance de langage que tu aies écartées ou
diminuées, ou bien l'emportement, ou l'obscénité des paroles, ou la
légèreté, ou la négligence, si tu ne te laisses pas émouvoir par ce qui
t'émouvait jadis, du moins pas au même degré que jadis, alors tu peux
passer tous les jours en fête, aujourd'hui parce que tu t'es bien
comporté en telle action, demain dans telle autre. Combien y a-t-il là
un plus grand motif de sacrifice que pour un consulat ou une charge de
gouverneur ! Cela te vient de toi seul et des dieux. Rappelle-toi quel
est le donateur, à qui il donne et pour quelles fins.
[48]
Nourris de ces pensées, y a-t-il encore intérêt pour toi à
savoir où te pour être heureux, où te trouver pour plaire à Dieu ?
N'est-on point partout à la même distance de Dieu ? Partout, ne voit-on
pas les événements de la même façon ?
trad.
Joseph Souilhé et Amand Jagu; éd.
les belles lettres
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s
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τὰ γινόμενα : les
choses qui arrivent, les événements.
[48] οὐ πανταχόθεν
ὁμοίως ὁρῶσιν τὰ γινόμενα;
: partout, ne voit-on pas les événements de la même façon ?
Lysandre s'empare
d'Athènes
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[3] Ἐν δὲ ταῖς Ἀθήναις
τῆς Παράλου ἀφικομένης νυκτὸς ἐλέγετο ἡ συμφορά,
καὶ οἰμωγὴ
ἐκ τοῦ Πειραιῶς διὰ τῶν μακρῶν τειχῶν εἰς ἄστυ διῆκεν, ὁ
ἕτερος τῷ ἑτέρῳ παραγγέλλων · ὥστ᾽ ἐκείνης τῆς νυκτὸς οὐδεὶς
ἐκοιμήθη,
οὐ μόνον τοὺς ἀπολωλότας
πενθοῦντες, ἀλλὰ πολὺ μᾶλλον ἔτι αὐτοὶ
ἑαυτούς, πείσεσθαι νομίζοντες οἷα ἐποίησαν Μηλίους τε Λακεδαιμονίων
ἀποίκους ὄντας, κρατήσαντες πολιορκίᾳ, καὶ Ἱστιαιέας καὶ Σκιωναίους
καὶ
Τορωναίους καὶ Αἰγινήτας καὶ ἄλλους πολλοὺς τῶν Ἑλλήνων. [4] Τῇ
δ᾽
ὑστεραίᾳ ἐκκλησίαν ἐποίησαν, ἐν ᾗ ἔδοξε τούς τε λιμένας ἀποχῶσαι πλὴν
ἑνὸς καὶ τὰ τείχη εὐτρεπίζειν καὶ φυλακὰς ἐφιστάναι καὶ τἆλλα πάντα ὡς
εἰς πολιορκίαν παρασκευάζειν τὴν πόλιν. Καὶ οὗτοι μὲν περὶ ταῦτα ἦσαν.
[5] Λύσανδρος δ᾽ ἐκ τοῦ
Ἑλλησπόντου ναυσὶ διακοσίαις ἀφικόμενος εἰς
Λέσϐον κατεσκευάσατο
τάς τε ἄλλας πόλεις ἐν αὐτῇ καὶ Μυτιλήνην· εἰς δὲ
τὰ ἐπὶ Θρᾴκης χωρία ἔπεμψε δέκα τριήρεις ἔχοντα Ἐτεόνικον, ὃς τὰ ἐκεῖ
πάντα πρὸς Λακεδαιμονίους μετέστησεν. [6]
Εὐθὺς δὲ καὶ ἡ ἄλλη
Ἑλλὰς ἀφειστήκει
Ἀθηναίων μετὰ τὴν ναυμαχίαν πλὴν Σαμίων· οὗτοι δὲ σφαγὰς τῶν
γνωρίμων ποιήσαντες κατεῖχον τὴν πόλιν. [7]
Λύσανδρος δὲ μετὰ ταῦτα
ἔπεμψε πρὸς Ἆγίν τε εἰς Δεκέλειαν καὶ εἰς Λακεδαίμονα ὅτι προσπλεῖ σὺν
διακοσίαις ναυσί.
Λακεδαιμόνιοι δ᾽ ἐξῇσαν πανδημεὶ καὶ οἱ ἄλλοι Πελοποννήσιοι πλὴν
Ἀργείων, παραγγείλαντος τοῦ ἑτέρου Λακεδαιμονίων βασιλέως
Παυσανίου. [8] Ἐπεὶ δ᾽
ἅπαντες ἡθροίσθησαν,
ἀναλαϐὼν αὐτοὺς πρὸς τὴν πόλιν ἐστρατοπέδευσεν
ἐν τῇ Ἀκαδημείᾳ [τῷ καλουμένῳ
γυμνασίῳ]. [9]
Λύσανδρος
δὲ ἀφικόμενος εἰς Αἴγιναν ἀπέδωκε τὴν πόλιν Αἰγινήταις, ὅσους ἐδύνατο
πλείστους αὐτῶν ἁθροίσας, ὡς δ᾽ αὔτως καὶ Μηλίοις καὶ τοῖς ἄλλοις ὅσοι
τῆς αὑτῶν ἐστέροντο. Μετὰ δὲ τοῦτο δῃώσας Σαλαμῖνα ὡρμίσατο πρὸς τὸν
Πειραιᾶ ναυσὶ πεντήκοντα καὶ ἑκατόν, καὶ τὰ πλοῖα εἶργε τοῦ εἴσπλου.
[10] Οἱ δ᾽ Ἀθηναῖοι πολιορκούμενοι
κατὰ γῆν καὶ κατὰ θάλατταν ἠπόρουν
τί χρὴ ποιεῖν, οὔτε νεῶν οὔτε συμμάχων αὐτοῖς ὄντων οὔτε σίτου ·
ἐνόμιζον δὲ οὐδεμίαν εἶναι σωτηρίαν εἰ μὴ παθεῖν ἃ οὐ τιμωρούμενοι
ἐποίησαν, ἀλλὰ διὰ τὴν ὕϐριν ἠδίκουν ἀνθρώπους μικροπολίτας
οὐδ᾽ ἐπὶ
μιᾷ αἰτίᾳ ἑτέρᾳ ἢ ὅτι ἐκείνοις συνεμάχουν. [11]
Διὰ ταῦτα τοὺς
ἀτίμους
ἐπιτίμους ποιήσαντες ἐκαρτέρουν, καὶ ἀποθνῃσκόντων
ἐν τῇ πόλει λιμῷ
πολλῶν οὐ διελέγοντο περὶ διαλλαγῆς. Ἐπεὶ δὲ παντελῶς ἤδη ὁ σῖτος ἐπελελοίπει,
ἔπεμψαν πρέσϐεις παρ᾽ Ἆγιν, βουλόμενοι σύμμαχοι εἶναι
Λακεδαιμονίοις ἔχοντες τὰ τείχη καὶ τὸν Πειραιᾶ, καὶ ἐπὶ τούτοις συνθήκας
ποιεῖσθαι.
Xénophon, Helléniques, II, 2, 3-11.
[3] A Athènes, la
Paralos étant arrivée de nuit, le bruit de la
catastrophe se répand, et les gémissements passent du Pirée et des
Longs-Murs jusqu’à la ville, la nouvelle se transmettant de bouche en
bouche. Cette nuit personne ne dormit ; tous pleuraient non-seulement
sur ceux qui n’étaient plus, mais bien plus encore sur eux-mêmes,
persuadés qu’ils allaient subir ce qu’ils avaient fait aux Méliens,
métèques des Lacédémone, après la prise de leur ville, ainsi qu’aux
Histiéens, aux Scionéens, aux Toronéens, aux Éginètes et à beaucoup
d’autres Grecs. [4] Le lendemain
ils tiennent une assemblée, où il
est résolu d’obstruer les ports, un seul excepté, de réparer les murs,
d’établir des gardes, de prendre enfin toutes les mesures pour mettre
la ville en état de soutenir un siège. Telle était la position
d’Athènes.
[5] Lysandre, parti de
l’Hellespont avec deux cents vaisseaux, arrive à
Lesbos, où il règle le gouvernement des autres villes et de Mitylène,
et envoie dans les places de la Thrace dix trirèmes, commandées par
Étéonicus, qui soumet tout le pays aux Lacédémoniens. [6] La Grèce
entière, après le combat naval, abandonne le parti des Athéniens, à
l’exception des habitants de Samos. Ceux-ci égorgent les notables et se
maintiennent maîtres dans leur ville. [7]
Lysandre députe ensuite à
Agis, qui était à Décélie, et puis à Lacédémone, pour annoncer qu’il
arrive avec deux cents vaisseaux.
Les Lacédémoniens et les autres Péloponnésiens, sauf les Argiens, se
lèvent en masse sur l’ordre de Pausanias, l’un des deux rois de Sparte.
[8] Quand toutes les
troupes sont réunies, Pausanias se met à leur
tête, et va camper près d’Athènes, dans le Gymnase nommé Académie. [9] Lysandre, arrivé à Égine, rend la
ville aux
Éginètes, dont il avait
rassemblé le plus grand nombre, et en fait autant aux Méliens, ainsi
qu’à tous les peuples qui avaient été dépossédés : après quoi, il
ravage Salamine, et mouille, avec cent cinquante vaisseaux, près du
Pirée, dont il ferme l’entrée aux bâtiments.
[10] Les Athéniens,
assiégés par terre et par mer, ne savent à quoi se
résoudre, n’ayant ni vaisseaux, ni alliés, ni vivres. Ils pensent
n’avoir d’autre salut à attendre que ce qu’ils ont fait subir, non par
vengeance, mais par violence, aux citoyens de petits États, sans autre
grief que leur alliance avec Sparte. [11]
Aussi, réhabilitant les gens
flétris, ils tiennent ferme, et, malgré les morts nombreux qu’emporte
la famine, personne ne parle de capitulation. Cependant, le blé venant
à manquer complètement, ils députent à Agis pour traiter d’une alliance
avec les Lacédémoniens, à condition de conserver les murs et le Pirée :
ce seront les bases du traité.
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Isocrate donne à Philippe de Macédoine des
conseils sur la manière de gouverner et de se conduire avec les Grecs
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[116] Καὶ
μὴ θαυμάσῃς
εἰ διὰ παντός σε τοῦ λόγου πειρῶμαι προτρέπειν
ἐπί τε τὰς εὐεργεσίας
τὰς τῶν Ἑλλήνων καὶ πραότητα καὶ φιλανθρωπίαν
· ὁρῶ γὰρ τὰς
μὲν χαλεπότητας λυπηρὰς οὔσας καὶ τοῖς ἔχουσι καὶ τοῖς ἐντυγχάνουσιν,
τὰς δὲ πραότητας οὐ μόνον ἐπὶ τῶν ἀνθρώπων καὶ τῶν ἄλλων
ζῴων ἁπάντων εὐδοκιμούσας, [117]
ἀλλὰ καὶ τῶν
θεῶν τοὺς μὲν τῶν ἀγαθῶν αἰτίους ἡμῖν
ὄντας Ὀλυμπίους προσαγορευομένους, τοὺς δ' ἐπὶ ταῖς συμφοραῖς καὶ
ταῖς
τιμωρίαις τεταγμένους δυσχερεστέρας τὰς ἐπωνυμίας ἔχοντας, καὶ τῶν μὲν
καὶ τοὺς ἰδιώτας καὶ τὰς πόλεις καὶ νεὼς καὶ βωμοὺς ἱδρυμένους,
τοὺς δ'
οὔτ' ἐν ταῖς εὐχαῖς
οὔτ' ἐν ταῖς θυσίαις τιμωμένους, ἀλλ' ἀποπομπὰς
αὐτῶν ἡμᾶς ποιουμένους.
[118] Ὧν ἐνθυμούμενον
ἐθίζειν
σαυτὸν χρὴ καὶ μελετᾶν ὅπως ἔτι μᾶλλον ἢ νῦν τοιαύτην ἅπαντες περὶ σοῦ
τὴν γνώμην ἕξουσιν. Χρὴ δὲ τοὺς μείζονος δόξης τῶν ἄλλων ἐπιθυμοῦντας
περιϐάλλεσθαι μὲν τῇ διανοίᾳ τὰς πράξεις, δυνατὰς
μὲν, εὐχῇ δ' ὁμοίας,
ἐξεργάζεσθαι δὲ ζητεῖν αὐτὰς, ὅπως ἂν οἱ καιροὶ παραδιδῶσιν.
[119] Ἐκ πολλῶν δ' ἂν κατανοήσειας
ὅτι
δεῖ τοῦτον τὸν τρόπον πράττειν, μάλιστα δ' ἐκ τῶν Ἰάσονι συμϐάντων.
Ἐκεῖνος γὰρ
οὐδὲν τοιοῦτον οἷον
σὺ κατεργασάμενος
μεγίστης δόξης ἔτυχεν, οὐκ ἐξ ὧν ἔπραξεν ἀλλ' ἐξ ὧν
ἔφησεν· ἐποιεῖτο γὰρ τοὺς λόγους ὡς εἰς τὴν ἤπειρον διαϐησόμενος
καὶ
βασιλεῖ πολεμήσων. [120] Ὅπου δ'
Ἰάσων λόγῳ μόνον χρησάμενος οὕτως
αὑτὸν ηὔξησεν, ποίαν τινὰ χρὴ προσδοκᾶν περὶ σοῦ γνώμην ἅπαντας ἕξειν,
ἢν ἔργῳ ταῦτα πράξῃς καὶ μάλιστα μὲν πειραθῇς ὅλην τὴν βασιλείαν
ἀνελεῖν, εἰ δὲ μὴ, χώραν ὅτι πλείστην ἀφορίσασθαι καὶ διαλαϐεῖν
τὴν
Ἀσίαν, ὡς λέγουσίν τινες, ἀπὸ Κιλικίας μέχρι Σινώπης, πρὸς δὲ τούτοις
κτίσαι πόλεις ἐπὶ τούτῳ τῷ τόπῳ καὶ κατοικίσαι
τοὺς νῦν πλανωμένους
δι'
ἔνδειαν τῶν καθ' ἡμέραν καὶ λυμαινομένους οἷς ἂν ἐντύχωσιν.
[121] Οὓς εἰ
μὴ παύσομεν ἀθροιζομένους
βίον αὐτοῖς ἱκανὸν πορίσαντες,
λήσουσιν ἡμᾶς τοσοῦτοι γενόμενοι τὸ πλῆθος ὥστε μηδὲν ἧττον αὐτοὺς
εἶναι φοϐεροὺς τοῖς Ἕλλησιν ἢ τοῖς βαρϐάροις · ὧν
οὐδεμίαν ποιούμεθα
πρόνοιαν, ἀλλ' ἀγνοοῦμεν κοινὸν φόϐον
καὶ κίνδυνον ἅπασιν ἡμῖν
αὐξανόμενον. [122] Ἔστιν οὖν
ἀνδρὸς μέγα φρονοῦντος καὶ φιλέλληνος καὶ
πορρωτέρω τῶν ἄλλων τῇ διανοίᾳ καθορῶντος, ἀποχρησάμενον τοῖς τοιούτοις
πρὸς τοὺς βαρϐάρους καὶ χώραν ἀποτεμόμενον τοσαύτην ὅσην
ὀλίγῳ πρότερον
εἰρήκαμεν, ἀπαλλάξαι τε τοὺς ξενιτευομένους τῶν κακῶν ὧν αὐτοί τ'
ἔχουσιν καὶ τοῖς ἄλλοις παρέχουσιν, καὶ πόλεις ἐξ αὐτῶν συστῆσαι καὶ
ταύταις ὁρίσαι τὴν Ἑλλάδα καὶ προϐαλέσθαι
πρὸ ἁπάντων ἡμῶν.
Isocrate, Philippe 116-122
(116) Et ne
vous étonnez pas que, dans tout mon discours, je vous
exhorte à vous montrer le bienfaiteur des Grecs, paraître un prince
doux et humain. La rudesse du caractère nous est aussi nuisible à
nous-mêmes qu’à ceux qui nous approchent; au lieu que la douceur se
fait aimer non seulement dans les hommes, dans les animaux et dans tous
les êtres, (117) mais encore dans
les dieux. Nous appelons habitants de
l’Olympe les divinités bienfaisantes; nous donnons des noms plus
tristes à celles qui président aux calamités et aux châtiments. Les
villes et les particuliers élèvent des temples et des autels pour les
unes, tandis que l’on se contente d’apaiser les autres par des
cérémonies lugubres, sans les honorer ni dans les prières ni dans les
sacrifices.
(118) Pénétré
de ces idées, employez tous vos soins, et faites de
nouveaux efforts pour donner une haute opinion de vous-même à tous les
peuples. Quiconque aspire à la gloire ne doit pas être effrayé de la
grandeur des projets, dès qu’ils sont possibles, mais se porter à
l’exécution selon que les circonstances le lui permettent.
(119) Bien
des motifs doivent vous faire entrer dans la carrière que je
vous ouvre; un des plus forts est l’exemple d’un prince de Thessalie.
Jason, sans s’être distingué par des exploits tels que les vôtres,
s’est couvert de gloire, moins par ses actions que par ses paroles; il
avait simplement parlé de passer en Asie et de faire la guerre au roi
de Perse. [120] Or, si Jason s’est
fait tant d’honneur par de simples
projets, quelle idée n’aura-t-on pas d’un monarque qui, exécutant ce
que le Thessalien n’avait fait que projeter, entreprendra de détruire
l’empire des Perses, ou du moins d’en démembrer une portion
considérable, et, comme le disent quelques-uns, de faire une province
grecque de cette partie de l’Asie qui s’étend depuis la Cilicie jusqu’à
Sinope ? Que ne pensera-t-on pas d’un monarque qui travaillera à fonder
des cités dans ses nouvelles conquêtes, pour y fixer ces troupes
vagabondes qui traînent leur indigence de pays en pays, et portent
partout le ravage ?
(121) Oui, si
nous n’empêchons ces malheureux de s’attrouper, en leur
procurant l’aisance dont ils manquent, nous verrons insensiblement leur
nombre s’accroître au point qu’ils se rendront aussi redoutables aux
Grecs qu’aux Barbares. Nous ne cherchons pas à réprimer ces désordres,
et nous ignorons qu’ils nous préparent à tous des périls et des
alarmes. (122) Un grand homme, un
prince ami des Grecs, qui se pique
d’avoir des vues plus étendues que les autres, doit se servir contre
les Barbares de ces soldats mercenaires, conquérir pour eux de vastes
contrées, et, les délivrant des maux qu’ils souffrent et font souffrir,
les réunir dans des cités qui puissent défendre toute la Grèce et la
couvrir d’un rempart insurmontable.
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