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 Chapitre 29 
 Correction des exercices de grammaire 
 
 
 
Eloge de Pompée
 
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 Jam vero virtuti Cn. Pompei quae potest oratio par inveniri? Quid est quod quisquam aut illo dignum aut vobis novum aut cuiquam inauditum possit adferre? Neque enim illae sunt solae virtutes imperatoriae, quae vulgo existimantur, labor in negotiis, fortitudo in periculis, industria in agendo, celeritas in conficiendo, consilium in providiendo: quae tanta sunt in hoc uno, quanta in omnibus reliquis imperatoribus, quos aut vidimus aut audivimus, non fuerunt. 
 
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 Et maintenant, quelles paroles peut-on trouver qui soient égales à la valeur de Cn. Pompée ! Quel est le mot que l'on puisse ajouter qui soit digne de lui, qui soit nouveau pour vous, ou bien qui n'ait été entendu de personne ! En effet, les belles qualités d'un général ne sont pas les seules que l'on apprécie communément : application aux affaires, courage dans les dangers, activité dans les entreprises, rapidité dans l’exécution, sagesse dans les prévisions : ces qualités se trouvent aussi grandes chez lui seul qu'elles ne se trouvèrent jamais chez tous les autres généraux que nous avons vus ou bien dont nous avons entendu parler. 
 
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 Testis est Italia, quam ille ipse victor L. Sulla hujus virtute et subsidio confessus est liberatam. Testis est Sicilia, quam multis undique cinctam periculis non terrore belli, sed consilii celeritate explicavit. Testis est Africa, quae, magnis oppressa hostium copiis, eorum ipsorum sanguine redundavit. Testis est Gallia, per quam legionibus nostris iter in Hispaniam Gallorum internecione patefactum est. Testis est Hispania, quae saepissime plurimos hostes ab hoc superatos prostratosque conspexit. Testis est iterum et saepius Italia, quae, cum servili bello taetro periculosoque premeretur, ab hoc auxilium absente expetivit : quod bellum exspectatione ejus attentuatum atque imminutum est, adventu sublatum ac sepultum. Testes nunc vero jam omnes orae atque omnes exterae gentes ac nationes; denique maria omnia, cum universa, tum in singulis oris omnes sinus atque portus. 
Cicéron, de imperio Cn. Pompei, XI, 29-31
 
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 Témoin l’Italie qui, comme l'illustre L. Sylla l'avoua après sa propre victoire, fut délivrée grâce à la valeur et au secours de Pompée. Témoin la Sicile qui, de toutes parts entourée de nombreux périls, fut tirée d'affaires non point par l'épouvante de la guerre, mais par la rapidité de sa décision. Témoin l'Afrique qui, opprimée par de puissantes troupes d'ennemis, fut inondée de leur propre sang. Témoin la Gaule à travers laquelle Pompée fraya à nos légions un chemin vers l'Espagne par le massacre des Gaulois. Témoin l'Espagne qui vit fort souvent des ennemis très nombreux vaincus et terrassés par lui. Témoin plusieurs fois encore l’Italie qui, accablée par l'horrible et périlleuse guerre des esclaves, réclama le secours de Pompée alors absent;  cette guerre, que l’at-tente de son retour avait affaiblie et réduite, fut emportée et étouffée par son arrivée. Témoins maintenant encore toutes les contrées, toutes les populations et toutes les nations étrangères, enfin toutes les mers aussi bien dans leur ensemble que dans chacune d'elles, tous les golfes et tous les ports.
 
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Les maladies de l'âme,
ne sont-elles pas, elles aussi, curables?
 
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  Qui pecuniae cupiditate, qui voluptatum libidine feruntur, quorumque ita perturbantur animi ut non multum absint ab insania, his nullane est adhibenda curatio? Utrum quod minus noceant animi aegrotationes quam corporis, an quod corpora curari possint, animorum medicina nulla sit?  
 
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 A ceux qui sont entraînés par l'amour de l'argent, par la passion des plaisirs, et à ceux dont l'âme est tellement troublée qu'elle est bien près de la folie, aucun traitement n'est-il applicable ? Est-ce parce que les maladies de l'âme sont moins nuisibles que celles du corps, ou est-ce parce que l'on ne peut guérir que le corps, qu'il n'y aurait aucun remède pour l'âme? 
 
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  At et morbi perniciosiores pluresque sunt animi quam corporis. Hoc enim ipso odiosi sunt, quod ad animum pertinent eumque sollicitant : « animusque aeger, ut ait Ennius, semper errat, neque pati, neque perpeti potis est, cupere nunquam desinit ». Quibus duobus morbis (ut omittam alios), aegritudine et cupiditate, qui tandem possunt in corpore esse graviores? Qui vero probari potest ut sibi      animus mederi non possit, cum ipsam medicinam corporis animus invenerit, cumque ad corporum sanationem multum ipsa corpora et natura valeant, nec omnes qui curari se passi sunt continuo etiam convalescant, animi autem qui sanari voluerint, praeceptisque sapientium paruerint sine ulla dubitatione sanentur? Est profecto animi medicina, philosophia, cujus auxilium non, ut in corporis morbis, petendum est foris.
Cicéron, Tusculanes, III, 5 
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 Bien au contraire, les maladies de l'âme sont plus pernicieuses et plus nombreuses que celles du corps. Elles sont, en effet, odieuses précisément parce qu'elles concernent l'âme et la tourmentent :  « Une âme malade, comme le dit Ennius, est toujours dans l'erreur;  elle ne peut rien supporter ni rien souffrir avec patience, elle ne cesse jamais de désirer. » Quelles maladies peuvent donc, dans le corps, être plus graves que ces deux maladies (pour ne pas en nommer d'autres) la tristesse et la cupidité? Comment peut-on admettre, d'autre part, que l’âme ne puisse pas se guérir elle-même, alors que l'âme a justement découvert un remède pour le corps, que le corps lui-même et sa constitution ont beaucoup d'influence pour la guérison du corps et qu'il ne s'ensuit pas toujours que ceux qui se laissent soigner se rétablissent, tandis qu'il suffit que l'âme, si elle veut guérir, si elle obéit aux préceptes de la sagesse, guérisse sans retard? Il y a assurément un remède pour l'âme, c'est la philosophie, dont il ne faut pas, comme pour les maladies du corps, chercher le secours au dehors. 
 
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La discrétion de Papirius Praetextatus.
 
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 Mos antea senatoribus Romae fuit in curiam cum praetextatis filiis introire. Tum, cum in senatu res major quaepiam consultata eaque in diem posterum prolata est, placuit ut eam rem super quam tractavissent ne quis enuntiaret, priusquam decreta esset. 
 
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 C'était auparavant l'habitude, à Rome, pour les sénateurs, d'entrer à la Curie avec leurs enfants, vêtus de la toge prétexte. Or, un jour qu'au sénat une affaire assez importante avait été débattue et qu'elle avait été renvoyée au lendemain, on décida de ne pas révéler la question qu'on avait exposée, avant que fût prise une décision. 
 
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 Mater Papirii pueri, qui cum parente suo in curia fuerat, percontata est filium quidnam in senatu patres egissent. Puer respondit tacendum esse neque id dici licere. Mulier fit audiendi cupidior : secretum rei et silentium pueri animum ejus ad inquirendum everberat; quaerit igitur compressius violentiusque. Tum puer, matre urgente, lepidi atque festivi mendacii consilium capit : actum in senatu dixit, utrum videretur utilius exque republica esse unusne ut duas uxores haberet, an ut una apud duos nupta esset. Hoc illa ubi audivit, animus compavescit, domo trepidans egreditur ad ceteras matronas. Pervenit ad senatum postridie matrum familias caterva. Lacrimantes atque obsecrantes orant una potius ut duobus nupta fieret quam ut uni duae. Senatores, ingredientes in curiam, quae illa mulierum intemperies et quid sibi postulatio istaec vellet, mirabantur. Puer Papirius, in medium curiae progressus, quid mater audire institisset, quid ipse matri dixisset, rem, sicut fuerat, denarrat. 
 
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 La mère du jeune Papirius, qui était allé à la curie avec son père, demanda à son fils ce dont les sénateurs avaient débattu. L'enfant répondit qu'il fallait garder le silence et qu'il n'était pas permis de le dire. La femme devint plus désireuse de l'apprendre : l'affaire secrète et le silence de l'enfant avaient aiguillonné son esprit à s'informer; elle demande donc avec plus d'insistance et d'ardeur. Alors l'enfant, sa mère le pressant, prend la décision de commettre un mensonge joli et spirituel : on avait, dit-il, discuté au sénat la question de savoir s'il paraissait plus utile et conforme à l'intérêt de l'Etat qu'un homme eût deux femmes ou qu'une femme fût mariée à deux hommes. A ces mots, la mère est saisie de frayeur, tout agitée elle sort de chez elle et va trouver les autres dames romaines. Le lendemain, arrive au sénat une cohorte de mères de famille. En larmes et toutes suppliantes, elles demandent qu'une femme soit mariée à deux hommes plutôt que deux femmes à un homme. Les sénateurs, entrant dans la Curie, se demandaient avec étonnement ce que voulait dire cette agitation de femmes et cette pétition. Le jeune Papirius s'avance au milieu de la Curie et raconte ce que sa mère cherchait à savoir, ce qu'il avait dit lui-même à sa mère; il expose l'affaire telle qu'elle s'était passée. 
 
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 Senatus fidem atque ingenium pueri exosculatur, consultum facit uti posthac pueri cum patribus in curiam ne introeant, praeter ille unus Papirius, atque puero postea cognomentum honoris gratia inditum "Praetextatus" ob tacendi loquendique in aetate praetextae prudentiam. 
Aulu-Gelle, Nuits attiques, 1, 23
 
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 Le Sénat loue chaleureusement la fidélité et l'habileté de l'enfant et décide que désormais les enfants n'entreraient plus à la Curie avec leur père, sauf le seul Papirius, et par la suite, pour lui faire honneur, le surnom de Praetextatus fut donné à l'enfant pour sa sagesse à se taire et à parler à l'âge où l'on porte la toge prétexte.
 
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1 - quaepiam consultata eaque in diem posterum prolata est : quaepiam consultata eaque (= quaepiamque) in diem posterum prolata est.
2 - secretum rei et silentium pueri animum ejus ad inquirendum everberat ---> accord avec le sujet le plus proche (le secret de l'affaire et le silence de l'enfant avaient aiguillonné son esprit à s'informer).
3 - actum in senatu dixit : actum esse in senatu dixit.
4 - Hoc illa ubi audivit : quand elle eut entendu cela...
         Haec ubi (ut) dixit, abiit :
             Quand il eut dit ces mots, il s'en alla.
         Eo postquam pervenit, arma poposcit :
             Lorsqu'il fut arrivé, il réclama des armes.
                    -------> Le  passé antérieur correspond au parfait.
5 - apud duos nupta esset ---> nubo
 
Traduction de l'exercice.
 
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 1 - Epicurus non satis politus iis artibus, quas qui tenent, eruditi appellantur. Cic. Fin. 1
 
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 1 - Epicure n'est pas assez raffiné dans les sciences qui  font appeler savants ceux qui les possèdent.
 
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 2 - Neocles generosus fuit. Is uxorem Acarnanam civem duxit, ex qua natus est Themistocles. Qui cum minus esset probatus parentibus, quod et liberius vivebat et rem familiarem neglegebat, a patre exheredatus est. Quae contumelia non fregit eum, sed erexit. Nep. 
 
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 2 - Néoclès était de grande famille. Il épousa une Acarnienne ayant le titre de citoyenne dont naquit Thémistocle. <Or comme ce dernier> = or ce dernier qui n'était pas estimé de ses parents parce qu'il vivait trop librement et qu'il ne faisait pas attention à son patrimoine, fut déshérité par son père. Mais un tel affront, bien loin de le briser, le fit se relever. 
 
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 3 - Praetor pedestribus exercitibus praefuit et praefectus classis magnas mari res gessit. Quas ob causas praecipuus ei honos habitus est. Namque omnibus unus insulis praefuit, in qua potestate Pheras cepit, coloniam Lacedaemoniorum. Nep.
 
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 3 - Etant préteur, il commanda les armées de terre et, préposé à la flotte, il fit sur mer d'importantes actions. Pour ces raisons, une exceptionnelle marque d'honneur lui fut accordée : toutes les îles furent soumises à son commandement, et c'est investi de cette charge qu'il prit Phères, colonie lacédémonienne.
 
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 4 - Habebat avunculum Q. Caecilium, equitem Romanum, familiarem L. Luculli, divitem, difficillima natura: cujus sic asperitatem veritus est, ut, quem nemo ferre posset, hujus sine offensione ad summam senectutem retinuerit benevolentiam. Nep.
 
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 4 - Il avait pour oncle Q. Cécilius, chevalier romain, un assidu de L. Lucullus, homme riche et d'un caractère très difficile; mais il traita avec égard sa mauvaise humeur si bien que celui que personne ne pouvait supporter, il le garda dans son affection jusqu'à la fin de sa vieillesse sans jamais le mécontenter.
 
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 5 - Aristides, Lysimachi filius, aequalis fere fuit Themistocli atque cum eo de principatu contendit; namque obtrectarunt inter se. In his autem cognitum est quanto antestaret eloquentia innocentiae. Quamquam enim adeo excellebat Aristides abstinentia ut unus post hominum memoriam - quod quidem nos audierimus - cognomine Justus sit appellatus, tamen a Themistocle collabefactus testula illa exsilio decem annorum multatus est. Nep.
 
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 5 - Aristide, fils de Lymaque, était presque du même âge que Thémistocle, et il rivalisa avec lui pour le premier rang (dans l'Etat); et en effet ils furent rivaux l'un de l'autre". A propos d'eux, on apprit combien l'éloquence l'emportait sur la vertu. Aristide le surpassait par le désintéressement, si bien qu'il fut le seul de mémoire d'homme - du moins d'après ce que nous avons entendu (= du moins à notre connaissance) - à avoir reçu le surnom de Juste; et cependant Thémistocle ruina son influence et, à la suite du fameux vote de la coquille, Aristide fut condamné à un exil de dix ans.
 
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 6 - Quantum natura studioque valeat memoria, testis est vel Themistocles, quem unum intra annum optime locutum esse Persice constat; vel Mithridates, cui notae fuerunt duae et viginti linguae earum, quibus imperabat, nationum; vel Crassus ille dives, qui cum Asiae praeesset quinque Graeci sermonis differentias sic tenuit ut jus cuique redderet eadem lingua, qua quisque apud eum lingua postulasset; vel Cyrus, quem omnium militum tenuisse nomina traditum est. D'après Quintilien.
 
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 6 - Que vaut la mémoire grâce au don naturel et à l'exercice? Thémistocle le prouve, lui qui, c'est un fait certain, a parfaitement parlé le perse en un an; le prouve Mithridate qui connaissait les vingt-deux langues des peuplades qu'il commandait; le prouve Crassus, le riche, qui, alors qu'il gouvernait l'Asie, tenait en mémoire <cinq variétés de la langue grecque> = cinq dialectes grecs différents, si bien qu'il rendait la justice à chacun dans le même dialecte qu'on lui avait présenté la plainte; le prouve Cyrus qui, à ce qu'on rapporte, avait gardé en mémoire les noms de tous ses soldats.
 
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 7 - (Servius Sulpicius console Cicéron de la mort de sa fille). - Quae res mihi non mediocrem consolationem attulit, volo tibi commemorare, si forte eadem res tibi dolorem minuere possit. Ex Asia rediens cum ab Aegina, Megaram versus, navigarem, coepi regiones circumcirca prospicere : post me erat Aegina, ante me Megara, dextra Piraeeus, sinistra Corinthus, quae oppida quodam tempore florentissima fuerunt, nunc prostrata et diruta ante oculos jacent. Coepi egomet mecum sic cogitare : "Hem! nos homunculi indignamur si quis nostrum interiit aut occisus est, quorum vita brevior esse debet, cum uno loco tot oppidum cadavera projecta jacent? Visne tu te, Servi, cohibere et meminisse hominem te esse natum. Crede mihi cogitatione ea non mediocriter sum confirmatus. Hoc idem, si tibi videtur, fac ante oculos tibi proponas. Modo uno tempore tot viri clarissimi interierunt, de imperio populi Romani tanta deminutio facta est, omnes provinciae conquassatae sunt; in unius mulierculae animula si jactura facta est, tanto opere commoveris? Quae si hoc tempore non diei suum obisset, paucis post annis tamen ei moriendum fuit, quoniam homo nata fuerat.
Cic. Fam. 4, 5, 4. 
 
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 7 - Ce qui m'a apporté une grande consolation, je veux l'évoquer à ton intention, au cas où la même chose pourrait diminuer ton chagrin. A mon retour d'Asie, comme je voguais d'Egine en direction de Mégare, je me suis mis à jeter un coup d'oeil de loin sur les régions qui m'environnaient : derrière moi était Egine; devant, Mégare; à ma droite le Pyrée, à ma gauche Corinthe, des villes qui furent à une certaine époque très florissantes, mais qui aujourd'hui sont, sous nos yeux, abattues et détruites. Je me suis mis à penser en moi-même : "Hélas! chétifs humains, nous nous indignons que l'un de nous soit mort ou tué, nous dont la vie doit être particulièrement courte, alors qu'en un seul lieu gisent à terre les cadavres de tant de cités? Veux-tu bien, Servius, te ressaisir et te souvenir que tu es un homme (mortel)?" Crois-moi, ce n'est pas qu'un peu que j'ai été réconforté par ces réflexions. Si tu le veux bien, tâche de te mettre ce même spectacle sous les yeux : tout récemment, en un seul moment, tant d'hommes très illustres ont péri, l'empire romain a subi des pertes énormes : toutes les provinces ont été ébranlées; s'il y a eu la perte de la petite âme d'une seule faible femme, tu es à ce point bouleversé? Si ta fille n'était pas décédée à l'heure actuelle, elle aurait dû cependant mourir quelques années après puisqu'elle était mortelle.
 
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